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LETTRE DCLII.

Tusculum, fin de décembre 708.

CICERON A ATTICUS.

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NOTRE neveu est venu chez moi avec un air fort triste. Je lui demandai pourquoi il était si rêveur. — Vous me le demandez, dit-il, à moi qui suis à la veille de partir pour une guerre où je courrai de grands dangers, et qui ne me fera pas beaucoup d'honneur? - Et qu'est-ce qui vous y oblige?-Ce sont mes dettes, je n'ai pas même d'argent pour partir. En cet endroit je me servis de cette sorte d'éloquence qui vous est ordinaire, je ne répondis rien. Il reprit : Ce qui me fait le plus de peine, c'est mon oncle.-Pourquoi? lui dis-je.—C'est qu'il est en colère contre moi. —Que ne l'empêchez-vous? car je ne voulais pas dire, pourquoi y donnez-vous lieu? — Je l'empêcherai, me répondit-il, et je ferai cesser le sujet qu'il a de se plaindre. - Je lui dis là dessus qu'il ferait très bien, mais que si cela ne lui faisait point de peine, je voudrais bien savoir de quoi il s'agissait. C'est, me dit-il, que j'ai eu quelque peine à épouser la femme que ma mère voulait me donner; ce qui m'a mis mal avec elle, et par elle, avec mon oncle. A présent cela m'est assez indifférent, et je ferai ce qu'ils voudront. — Je souhaite, lui dis-je, que ce mariage vous réussisse, et je suis ravi de vous y avoir déterminé; mais quand se ferat-il? Le temps, dit-il, m'est assez indifférent, puisque je n'y ai plus de répugnance. --- Je vous conseille, lui dis-je, de le faire avant que de partir; par là vous con

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Sed heus tu, diem meum scis esse III non. jan. aderis igitur. Scripseram jam ecce tibi, orat Lepidus ut veniam. Opinor augures nil habere ad templum effandum. Eatur: μiaopa Spuós! Videbimus te igitur.

EPISTOLA DCLIII.

(ad div., VII, 30.)

Scrib. Romæ, initio januarii, A. V. C. 709.

CICERO CURIO S. D.

Ego vero te nec hortor, nec rogo, ut domum redeas ; quin hinc ipse evolare cupio, et aliquo pervenire, ubi nec Pelopidarum nomen, nec facta audiam. Incredibile est, quam turpiter mihi facere videar, qui his rebus intersim. Næ tu videris multo ante providisse, quid impenderet tum, quum hinc profugisti. Quamquam hæc etiam auditu acerba sunt, tamen audire tolerabilius est, quam videre. In campo certe non fuisti, quum H. 11 comitiis quæstoriis institutis, sella Q. Maximi, quem illi consulem esse dicebant, posita esset : quo mortuo nuntiato, sella sublata est. Ille autem, qui comitiis tributis esset auspicatus, centuriata habuit; cos. H. vii renuntiavit, qui usque ad kalendas jan. esset; quæ erant futuræ mane postridie.

tenterez aussi votre père. Il me promit de suivre mon avis, et ainsi finit notre conversation.

Mais à propos, vous souvenez-vous que le 3 janvier est le jour de ma naissance? ne manquez donc pas de venir souper chez moi. Comme je venais d'écrire cette lettre, on est venu de la part de Lepidus me prier de venir à Rome. Je crois qu'il n'y a pas assez d'augures pour la consécration de ce temple. C'est la profanation du chêne de Dodone. J'aurai donc le plaisir de vous voir plus tôt.

LETTRE DCLIII.

Rome, commencement de janvier 709.

CICERON A CURIUS.

En vérité loin de vous exhorter et de vous engager par mes prières à revenir ici, je souhaite moi-même d'en sortir promptement, et de me retirer dans quelque lieu où je n'entende plus parler des Pélopides ni de leurs actions. Vous ne sauriez croire combien je me crois déshonoré d'assister à tout ce qui se passe ici. Que vous avez sagement pénétré dans l'avenir, lorsque vous avez pris le parti de la fuite! Le seul récit de tant d'excès est odieux mais il est toujours plus supportable que la vue. Vous aviez du moins le bonheur de n'être pas au Champ-de-Mars, lorsqu'à huit heures du matin, dans les comices qui se tenaient pour l'élection des questeurs, on plaça dans l'assemblée la chaire de Q. Maximus, que ces gens-là soutenaient être consul. Sa mort fut ensuite déclarée, et l'on fit disparaître la chaire. Notre homme, qui avait pris les auspices pour les co

Ita Caninio consule scito neminem prandisse. Nihil tamen eo consule mali factum est. Fuit enim mirifica vigilantia, qui suo toto consulatu somnum non viderit. Hæc tibi ridicula videntur. Non enim ades. Quæ si videres, lacrymas non teneres. Quid si cetera scribam ? Sunt enim innumerabilia generis ejusdem; quæ quidem ego non ferrem, nisi me in philosophiæ portum contulissem, et nisi haberem socium studiorum meorum, Atticum nostrum: cujus quum proprium te esse scribis mancipio, et nexu, meum autem usu, et fructu, contentus isto sum. Id enim est cujusque proprium, quo quisque fruitur atque utitur. Sed hæc alias pluribus.

Acilius, qui in Græciam cum legionibus missus est, maximo meo beneficio est. Bis enim est a me judicio capitis, rebus salvis, defensus: et est homo non ingratus, meque vehementer observat. Ad eum de te diligentissime scripsi, eamque epistolam cum hac conjunxi : quam ille quomodo acceperit, et quid tibi pollicitus sit, velim ad me scribas.

mices des tribus, ne laissa pas de tenir celles des centuries. A deux heures après midi il annonça un consul, qui devait l'être jusqu'au 1er janvier; c'est-à-dire, jusqu'au lendemain.

Apprenez par conséquent que sous le consulat de Caninius personne n'a dîné. Cependant il n'y a point de reproche à faire au gouvernement du consul; sa vigilance a été si merveilleuse, qu'il n'a pas dormi pendant toute la durée de son consulat. Ce récit vous paraît comique; mais si vous étiez présent comme nous, vous auriez peine à retenir vos larmes. Que serait-ce, si j'entrais dans le détail? Je ne finirais point. Il me serait impossible de soutenir ce spectacle, si je ne m'étais réfugié dans le port de la philosophie, avec notre cher Atticus, qui s'est rendu le compagnon de mes études. Vous m'écrivez que vous lui appartenez par droit de propriété, et que vous êtes à moi pour l'usufruit. Je suis très-content de mon partage; car la jouissance et l'usage sont une sorte de propriété. Mais nous traiterons une autre fois cette matière avec plus d'étendue.

Acilius, qui est envoyé en Grèce avec les légions, m'a de grandes obligations. J'ai pris sa défense avec succès dans deux causes capitales. Aussi suis-je très-satisfait de sa reconnaissance et des témoignages de son attachement. Je lui écris très-expressément en votre faveur, et je joins ma lettre à celle-ci. Ne manquez pas de m'apprendre comment il l'aura reçue, et ce qu'il vous aura promis.

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