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ANECDOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
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Chapitre des Regrets causés par Ignorance.

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Il y a juste cent ans (car c'était en 1735), que les Récollets d'Anvers, passant en reyue leur bibliothèque jugèrent à propos d'y faire une réforme et de la débarrasser d'environ quinze cents volumes de vieux livres tant imprimés que manuscrits, manuscrits, qu'ils regardèrent comme vrais bouquins de nulle valeur. On les déposa d'abord dans la chambre du jardibit, àu bout de quelques mois, le P. gardien décida dans sa sagesse qu'on donnerait tout ce fatras audit jardinier, en reconnaissance et gratification de ses bons sersatul suoleid'l mog coupuilor is compl pvices. Celui-ci, mieux avise que les bons pères, va trouver M. Vanderberg, amateur et homme de lettres, et lui propose de lui céder toute cette bouquinaille. M. Vanderberg, après y avoir jeté un coup-d'œil, en offre un ducat du quintal : le marché est bientôt conclu, et M. Vanderberg enlève les livres. Peu après il reçoit la visite de M. Stock, bibliomané anglais, et lui fait voir son acquisition: M. Stock lui donne à l'instant 14,000 francs des manuscrits seuls. Quels furent la surprise et les regrets des PP. Récollets à cette nouvelle! Ils sentirent bien qu'il n'y avait pas moyen d'en revenir; mais, tout confus qu'ils étaient de leur ignorance, ils allè~ rent humblement solliciter une indemnité de M. Stock, qui n'hésita pas à leur donner encore 1,200 francs, tant il était satisfait de son acquisition.

Un personnage distingué de la ville de B....... se trouva, à la mort de son père, propriétaire d'une ancienne bibliothèque consi

dérable, bien choisie, et surtout renommée par des manuscrits infiniment précieux dont ses aïeux, très connus jadis dans la république des lettres, l'avaient enrichie. Mais ce personnage distingué était plus au courant de la jurisprudence et du revenu de ses domaines, que du contenu de ces trésors littéraires. Il reçut un jour la visite d'un lord anglais de sa connaissance, et lui montra sa bibliothèque. Cet Anglais, amateur et cupide, comme ses compatriotes, de tout ce qui se rencontre de curieux sur le continent, distingue trois ou quatre manuscrits, et propose au propriétaire de les lui céder. Bah! dit celui-ci en riant, vous n'en donneriez pas 6,000 francs? (Et il croyait par là faire une plaisanterie d'exagération qui fermerait la bouche au lord.)-Mais, reprit l'Anglais après un moment de réflexion, pardonnez-moi, et même j'irais jusqu'à 8,000 francs. Le propriétaire, ébloui et séduit par cette proposition inattendue, accepte; cependant, à peine a-t-il accepté, qu'il voit qu'il aurait pu obtenir davantage, et il exprime ses regrets à l'Anglais. Celui-ci, pour le calmer, tire sa montre, chef-d'œuvre du premier artiste de Londres, qui valait plus de 100 louis, et le prie de lui permettre de l'offrir à madame. Ainsi fut conclu un marché qui priva la France de manuscrits uniques, pour les transplanter au delà de la Manche.

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Combien de pertes pareilles à déplorer, depuis le brigandage du duc de Bedfort, au xve siècle, jusqu'à nos jours!

Je possède un assez bel exemplaire d'un elzévir recherché, c'est le Plinii secundi Historia naturalis libri XXXVIII. Lugd.-Bat., ex off. Elzev., 1635, 3 vol. pet. in-12, reliûre primitive, bonne conservation, belles marges. La manière dont cet exemplaire a échappé à une espèce de Saint-Barthélemy elzévirienne, et est parvenu dans ma bibliothèque, mérite d'être racontée. Mais laissons parler le respectable ecclésiastique de qui je tiens l'exemplaire en question, et qui, comme on s'en apercevra facilement, est entièrement étranger aux connaissances bibliographiques:

«En 1829, me dit-il, je suis allé dans mon pays natal, petite commune près de B. L. D., en Franche-Comté; là réside un bon paysan qui, pendant la révolution, avait donné l'hospitalité à un sien frère, ancien jésuite. Ce frère mourut; il possédait un certain

nombre de livres dont le paysan hérita; mais ne sachant ni lire ni écrire, ces livres furent pour lui ce qu'était la margarita pour le coq de La Fontaine. Il se trouvait parmi ces livres deux à trois cents petits volumes de ceux que vous appelez des elzévirs, me dit l'abbé. Le bon paysan, n'attachant aucune valeur à ces petits volumes, en avait déjà distribué la majeure partie aux enfans du village, pour lire à l'école, dans le latin, en guise de psautier. Il en restait quelques uns qu'il m'engageait à prendre à 5 sous le volume; je ne m'en souciais pas, car j'avoue franchement que mon bréviaire m'est beaucoup plus familier que les elzévirs, dont j'avais peu ouï parler : enfin, par complaisance, je voulus bien prendre le Pline en trois volumes pour mes 15 sous. Revenu à D....., je mis fort négligemment ledit Pline dans ma bibliothèque. Quelque six mois après, un amateur, se trouvant dans mon cabinet, jette les yeux sur les trois volumes, et s'écrie: Ah! le charmant elzévir! Comment? lui dis-je, c'est une babiole. - Oui, me répondit-il, une babiole qui vaut 40 à 50 francs. -- Je ne revins pas de ma surprise, et je regrettai beaucoup de n'avoir pas pris chez mon paysan le restant de la collection, mais il n'était plus temps.

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Après ce récit lamentable, j'entrai en proposition avec mon cher abbé, et il me céda ledit Pline moyennant un superbe Virgile latinfrançais, 4 vol. in-8, pap. vélin, belles fig., rel., mar. r. Ce Pline est donc le seul objet sauvé de ces deux à trois cents elzévirs, trésor inappréciable à jamais perdu!

Tels sont les pertes et les regrets qu'entraîne toujours après elle l'ignorance. G. P.

SUR JACQUES MEYER,

HISTORIEN DE LA FLANDRE.

Rectification d'une assertion de la Biographie universelle.

Jacques de Meyer est un historien d'un grand mérite, mais qu'on n'a pas toujours apprécié avec justice en France, parce qu'en général il n'aimait pas lui-même les Français, ou croyait leur gouvernement hostile au bonheur de sa patrie. La première édition de son histoire parut à Anvers en 1538, sous le titre de Chronicon Flandria. Le privilége qui est à la fin, et qui est délivré au nom de l'empereur Charles-Quint, a cela de particulier que la permission d'imprimer est accordée à l'auteur à la condition exclusive d'effacer

de son ouvrage toutes les chartes, diplômes, titres de communautés qu'il y avait d'abord insérés. L'édition de 1561, plus ample, et publiée sous le titre de Annales Flandriæ, a été donnée par Antoine Meyer, neveu de Jacques. Loin d'ajouter au manuscrit original, il en a, au contraire, retranché quelques digressions que la liberté d'opinion, familière à l'auteur, rendait peut-être dangereuses à l'éditeur, qui s'était fait aider dans cette besogne par J. Hautsamus et Pierre Libbus. Le censeur J. Hentenius se chargea de nouvelles coupures, et c'est à lui probablement que l'on doit la suppression de l'éloge d'Érasme, amené d'une manière si naturelle dans la première édition d'Erasme, dont le docteur de Louvain s'était constitué l'impitoyable juge, et des œuvres duquel il a rédigé une expurgation qu'on lit dans le rarissime index du duc d'Albe. Paquot assure que, de leur côté, quelques gentilshommes flamands, peu amoureux, sans doute, de la célébrité de leurs ancêtres, s'opposèrent, autant qu'ils purent, à cette publication.

M. Weiss, dont je fais un cas particulier, M. Weiss, dont j'ai chaque jour l'occasion d'admirer l'érudition choisie autant que variée, mais qui, dans l'impossibilité de tout voir, de tout lire, de ne rien oublier, a dû tomber nécessairement dans quelques unes de ces erreurs microscopiques que les Ménage, les La Monnoye, les Bayle, les Prosper Marchand, les Le Duchat, les Goujet, etc., relevaient avec la joie dont était animé Christophe Colomb en découvrant l'Amérique, M. Weiss a écrit ces lignes dans la Biographie universelle, XXVIII, 500: « Cette chronique a été continuée par » Antoine Meyer, son neveu (neveu de Jacques), jusqu'à l'année » 1476, et publiée sous ce titre Commentarii, etc. » Ce qu'on vient de lire est le redressement de cette assertion.

Meyer avait donc revu lui-même son travail, et se proposait de le retoucher encore quand la mort vint le surprendre, la traîtresse, et sur son manuscrit il avait tracé ce vers de sa propre main :

Optime, postremam, lector, desidero limam.

Il serait intéressant de savoir ce que sont devenus les dix volumes in-folio d'Adversaria historica, laissés par J. Meyer, au dire de Paquot; c'est une recherche que je recommande aux explorateurs de monumens historiques, notamment à M. Techener.

Le Baron DE Reiffenberg,

Membre de la Société des Bibliophiles français, secrétaire de la commission royale d'histoire de Belgique, etc.

BULLETIN DU BIBLIOPHILE

OU

NOTICE

DES LIVRES VIEUX ET NOUVEAUX, TANT
IMPRIMÉS QUE MANUSCRITS, LETTRES
AUTOGRAPHES, ETC., QUI SONT EN
VENTE EN LA LIBRAIRIE DE

TECHENER,

AVEC UN BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

N° 16.

PARIS,

PLACE DE LA COLONNADE DU LOUVRE,

N° 12.

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