ÉCRITS SUR LOUIS XIII.

17.

HISTORIARUM Galliæ, ab excessu Henrici IV, libri XVIII, autore GABR. BARTHOLOMEO GRAMONDO, in sacro regis consistorio senatore, et in parlamento Tolozano præside: Tolosa, apud An, Colomerium, 1643, 1 vol. in-folio dédié à Louis XIV.

Gramond avoit, dit-on, dessein que son ouvrage servît de continuation au président de Thou, et il en approche autant qu'un continuateur peut suivre son original: Proximus, at longo proximus intervallo. Gramond a eu contre lui la différence des faits, bien moins intéressants après l'extinction de la ligue; inconvénient que nous éprouvons nous-mêmes. Le président de Toulouse n'avoit pas non plus l'esprit d'ordre, la facilité des transitions, le style nombreux et arrondi, propre à la majesté de l'histoire, qu'on admire dans le président de Paris. On dit qu'il s'étoit proposé Tacite pour modèle, et il est souvent aussi concis, mais ordinairement plus obscur et moins nerveux. Il finit à la prise de La Rochelle. On dit qu'il alla jusqu'à la mort de Louis XIII. Si nous avions cet ouvrage, nous aurions un éloge perpétuel de Richelieu; mais l'exactitude des détails auxquels Gramond paroît s'être principalement appliqué, feroit supporter la fadeur du panégyrique.

18. Mémoires chronologiques pour servir à l'his

toire profane de l'Europe, depuis 1600 jusqu'à

1716, avec des réflexions et remarques critiques: Amsterdam, 1725, 2 vol. in-12.

Ce sont les Mémoires du P. d'Avrigny, jésuite, très judicieux, clairs, brefs, écrits d'une manière piquante, quelquefois malins, toujours agréables. Les événements se suivent par ordre chronologique, et forment chacun un tout isolé. On y trouve une excellente critique des auteurs et des dates, sans aucun mélange du pédantisme qui a coutume d'accompagner ces sortes de discussions.

19. Histoire du règne de Louis XIII; par M. MICHEL LE VASSOR: Amsterdam, Zacharie Chatelain, 1750, 18 vol. in-12.

aussi est-ce

Quelques uns de ces volumes ont 8 à goo pages: l'histoire de toute l'Europe pendant le règne de Louis XIII. Le frontispice de chaque volume est chargé d'un passage latin, pris dans les auteurs qui ont montré le plus d'antipathie contre les grands, et qui ont eu en général la plus mauvaise idée des hommes : ainsi Le Vassor, sans le vouloir, fait connoître, dès la première page, le caractère dominant de son ouvrage. On y trouve peu d'éloges, beaucoup de satires, encore plus d'inductions caustiques et malignes, qui font voir qu'il croyoit peu à la vertu humaine.

C'est d'ailleurs un excellent répertoire, et qu'on peut lire avec fruit, en se tenant en garde contre le jugement de l'au

teur.

20. Histoire abrégée du siècle courant, depuis l'an 1600 jusqu'à présent, par le sieur DE CH... : Paris, Charles Coignard, 1 vol. in-12, avec privilége.

Cet abrégé des événements de chaque année jusqu'en 1622, a dû coûter à son auteur, dans un temps où il n'y avoit point

de gazette. C'est ce que seroit actuellement un extrait des papiers publics. On y trouve les naissances, mariages, enterrements, changements de ministres, et autres événements importants, avec leurs dates; toutes choses trop noyées dans le grand Mercure de France, que cet abrégé dispense de feuilleter sur ces objets.

21. Histoire de Louis XIII, composée par messire

CHARLES BERNARD, conseiller du roi, lecteur ordinaire de la chambre de sa majesté, et historiographe de France: Paris, Augustin Courbé, 1646, 1 vol. in-folio.

Il y a en tête un discours de la vie de l'auteur. On y lit qu'il étoit lié avec Antonio Perès, secrétaire d'état de Philippe II, réfugié en France, et avec le président Jeannin, et qu'il apprit beaucoup de particularités secrètes de ces deux personnages. Après cela, on est surpris de ne trouver, dans ce gros volume de mille pages, que des choses fort communes et sues de tout le monde. Elles sont écrites d'un style lâche, prolixe et fade: c'est une gazette continuelle. Bernard étoit, ou un homme simple, ou un trembleur; il a écrit avec la discrétion. d'un courtisan subalterne, ou l'ignorance d'un domestique borné à ses fonctions. Malgré les orages de la cour, il resta toujours dans son emploi ; apparemment il savoit plier à propos. Il fit imprimer, en 1633, à ses frais, la Guerre de la Rébellion, et n'en fit tirer que douze exemplaires. Cette précaution porte à croire que ce livre, s'il en existe encore quelque exemplaire, seroit plus curieux que son Histoire de Louis XIII.

22. Vie d'Armand-Jean, cardinal duc de Richelieu :

Cologne, 1696, 2 vol. in-12, par N.... LE CLERC, ministre des Remontrants d'Amsterdam.

Cette histoire d'un cardinal par un 'ministre protestant est bien conduite. Le'style en est clair, simple et châtié. L'auteur n'aimoit pas Richelieu, mais il l'estimoit, et méprisoit souverainement Louis XIII. Il laisse apercevoir son inclination pour les malheureux de ce siècle; inclination qui le rend injuste dans quelques uns des jugements qu'il porte du ministre, et qui le dispose à lui préter hardiment les plus mauvais motifs. Le Clerc s'est beaucoup servi de Siri et d'Aubery, les deux auteurs contraires : mais il a beaucoup plus suivi le détracteur que l'approbateur de Richelieu.

23. Histoire du cardinal de Richelieu; par le sieur AUBERY, avocat en parlement: Paris, Antoine Bertier, 1660, 1 vol. in-folio.

Lenglet dit qu'Aubery a voulu faire de Richelieu un trop honnête homme, et que ce n'étoit pas de quoi se piquoient la plupart des ministres de ce temps-là. Quoiqu'il y ait du style, de l'ordre, des réflexions judicieuses, c'est un mauvais ouvrage comme histoire, mais très bon comme factum, dans lequel l'avocat rapporte, avec beaucoup de netteté et de force, tout ce qui est avantageux à sa patrie, et pallie adroitement ce qui lui est contraire. Le Clerc traite Aubery de flatteur insupportable. L'avocat auroit pu appeler le ministre des Remontrants un satirique outré. La partialité en bien et en mal fait le caractère de ces deux ouvrages, qu'il faut lire avec une égale précaution.

A la fin de son ouvrage, Aubery a mis douze chapitres, qui contiennent 130 pages in-folio, dans lesquelles les récipiendaires de l'Académie françoise ont sans doute puisé, depuis cent vingt ans qu'ils font l'éloge toujours agréablement varié du cardinal.

24. Mémoires pour l'histoire du cardinal duc de Richelieu; recueillis par le sieur AUBERY : Paris,

Antoine Bertier, en 1660, 2 vol. in-folio, dédiés à M. de Lamoignon, celui à qui Louis XIV dit : «<que, s'il avoit connu dans son royaume un «<plus honnête homme, il l'auroit infaillible<<ment fait premier président. »

Le mérite de ces sortes de collections se tire ordinairement du choix des pièces. Celle-ci, à ce titre, est digne d'attention. On y trouve, non seulement les relations publiques, mais les instructions secrètes des correspondances suivies entre le ministre et les chargés d'affaires; une multitude de lettres originales et de mémoires importants, tirés, ou des cabinets des curieux, ou des dépôts du ministère. Il étoit possible d'y mettre plus d'ordre; mais ceux qui sont accoutumés à feuilleter ces sortes de recueils s'en passent, et une table qu'on fait pour soi-même y supplée.

25. Histoire du ministère d'Armand-Jean Duplessis,

cardinal duc de Richelieu, avec des réflexions" politiques et diverses lettres: Paris, Gervais Alyot, 1 vol. in-folio, 1649. A la tête se trouve une belle estampe de Melan, qui représente le cardinal dans toute sa grandeur, tenant d'une main l'aigle de l'Empire, qui veut se dégager, et de l'autre, le léopard Belgique, qui reste tranquille.

Ce livre, composé par Charles Vialart, religieux feuillant, puis évêque d'Avranches, mort en 1644, fut condamné par arrêt du parlement, et brûlé par la main du bourreau le 11 mai 1650. Sans doute il dut cette flétrissure au crédit de quelques familles qui n'étoient pas ménagées dans cet ouvrage. Vialart est peut-être l'ami le plus zélé et l'admirateur le plus sincère qu'ait eu le cardinal. Il paroît que c'est l'estime qui