grand homme, et il a raison. Ces nouveaux Mémoires sont beaucoup plus agréables que les anciens. Cependant, comme le plus beau portrait ne rend jamais l'air de l'original, après avoir lu ceux-ci, on desire encore de revoir les autres.

5. Décade, contenant la vie et gestes de Henri-leGrand; par BAPTISTE LE GRAIN : Paris, Jean Laquehay, 1614, 1 vol. in-folio.

Panégyrique dont on ne soutiendroit pas la lecture, si les louanges ne regardoient pas Henri IV. Les faits font pardonner la manière.

6. Décade, commençant l'histoire du roi Louis XIII, depuis 1610 jusqu'à 1617 inclusivement; par Baptiste Le GRAIN, conseiller et maître de l'hòtel ordinaire de la reine mère du roi : Paris, Guillemot, 1618, 1 vol. in-folio.

Il a partagé 450 pages en dix livres, pour remplir son titre de Décade; et pour remplir les feuilles, il a inséré une foule d'exemples étrangers à la matière. Il promet des pièces originales, et il n'en a mis que très peu. Le Grain étoit grand partisan du parlement : il fait profession de haine ouverte contre les favoris. Pour un homme attaché par ses charges à la reinemère, il traite bien mal le maréchal d'Ancre et sa femme.

Il ne faut pas confondre cet in-folio avec un in-4° que je ne connois pas, et que Le Grain désavoue.

7. Histoire de Henri IV, roi de France et de Navarre, et des choses les plus mémorables arrivées sous son règne; par feu messire PIERRE MATTHIEU, historiographe du roi : Paris, veuve Nicolas Buon, 1631, 1 vol. in-folio.

On trouve à la fin le crayon des premières années de Louis XIII; très court précis, et assez bon, par le fils de l'historiographe, qui annonce une histoire plus longue, que je ne connois pas.

On voit à la page 779, que Henri IV lisoit l'ouvrage à mesure que Matthieu le composoit. Ce seroit une raison pour n'y pas ajouter grande foi, si on ne voyoit en même temps que ce prince l'encourageoit à tout dire. «Il faut, disoit-il « page 36, qu'il y ait des ombrages dans les tableaux pour re<< hausser les vives couleurs. Si on ne parloit de l'un, on feroit «< douter de l'autre. La flatterie rendroit la vérité suspecte. » Aussi doit-on regarder l'ouvrage de Matthieu comme une des meilleures histoires de Henri IV, sauf les négligences de style, les digressions, l'affectation d'érudition et les autres défauts, qui appartiennent autant au siècle qu'à l'auteur.

8. Examen de la nouvelle Histoire de Henri IV, de M. DE BURI; par M. le marquis de B...., lu dans une séance d'académie, auquel on a joint une pièce analogue: Genève, Claude Philibert, 1768, 99 pages in-12.

Cette brochure s'est vendue à Paris 36 livres, on ne sait pourquoi, à moins que ce ne soit parcequ'on s'est dit à l'oreille qu'elle étoit de M. de Voltaire. Sur l'objection que le style n'est pas digne de ce célèbre auteur, on a répondu qu'il vouloit se cacher: mais il pouvoit garder son style: en ne parlant ni contre la religion, ni contre les mœurs, il étoit assez déguisé. L'auteur n'apprend rien de nouveau, il reproche à M. de Buri, dans la première partie, d'écrire ce que personne n'a jamais su; et, dans la seconde, de n'écrire que ce que tout le monde sait. M. de Buri, s'il existe, est bon pour se défendre.

Ce qui se lit page 60, sur les prétendus complices de Ravaillac, est fort, mais n'est pas concluant. Du rapprochement

, à

de quantité de faits séparés et indépendants l'un de l'autre, à la conclusion d'une complicité, la conséquence n'est pas juste.

9. Histoire des amours de Henri IV, avec un recueil de lettres, d'anecdotes, bons mots, etc. : Cologne, 1667, 1 vol. in-12.

On a rajeuni le style de cet ouvrage dans le tome IX des 'Amusements de la Campagne, et on n'en a pas mieux fait. Il a été composé par Marguerite de Lorraine, qui s'étoit flattée, pendant le second siége de Paris, d'épouser Henri IV; qui a ensuite épousé le prince de Conti, et qu'on dit être morte de chagrin de la prison de M. de Bassompierre, auquel on croit qu'elle s'étoit mariée secrètement. Il paroît dans son ouvrage un peu d'humeur contre Henri IV: peut-être est-ce ressentiment d'avoir manqué sa main.

10. Petit recueil in-16 où se trouvent,

1o Le traité de mariage de Henri IV;
2o Le jugement et la mort de Biron;
3o La trahison de L'Hoste;

4° Toute l'affaire d'Entragues;

5o Le rétablissement des jésuites en France;
6o La guerre contre le duc de Bouillon.

Il paroît que ce petit recueil est composé de pièces qui se vendoient alors sous le manteau.

11. Lettres et ambassades de messire PHILIPPE CA

NAYE, seigneur de Fresne: Paris, Étienne Richer, 1635, 2 vol. in-folio.

Canaye étoit ambassadeur à Venise. Il a eu souvent occasion d'avertir Henri IV des conspirations qui se formoient contre sa vie. On trouve, à la fin du second volume, une bonne relation du procès et de la mort du maréchal de Biron, par M. DE LA GUESLE, procureur-général.

12. Les OEuvres d'ÉTIENNE PASQUIER : Amsterdam, 2 vol. in-folio.

A la fin sont les Lettres de Nicolas, fils d'Étienne, desquelles il est ici question. On y remarque un peu de crédulité pour les prédictions. Nicolas étoit moins savant que son père, mais aussi studieux et aussi soigneux de ramasser les faits. Il les accompagne de réflexions un peu longues et de discussions bien raisonnées. Son style est grave, et on diroit que ses lettres ne sont point faites seulement pour les personnes auxquelles il écrivoit, mais qu'il les destinoit à la postérité.

13. Mémoires du cardinal BENTIVOGLIO, etc., traduits de l'italien en françois, par M. l'abbé DE VAYRAC: Paris, André Cailleau, 1713, 2 vol.

in-12.

Bentivoglio a été long-temps nonce à Bruxelles, à la cour de l'archiduc, où se trouvoient beaucoup de François exilés sous Louis XIII. Il a pu savoir d'eux, dans la conversation, nombre d'anecdotes, et il étoit homme d'assez bon sens pour en discerner la vérité : néanmoins on lui trouve du penchant à croire le mal qu'on lui disoit de Richelieu; et cela n'est pas surprenant : il vivoit avec les martyrs du cardinal, et n'entendoit qu'eux.

14. Histoire de la vie du connétable de Lesdiguiè

res; par Louis VIDEL, secrétaire dudit connétable: Paris, Pierre Rocolet, 1638, 1 vol. in-fol.

Cette histoire, de 478 pages, divisées en douze livres, est dédiée au cardinal de Richelieu. Elle est écrite dans le goût des Mémoires de du Bellai et de Montluc, qne Lesdiguières égala en activité et en capacité. C'est un très bon journal d'opérations militaires; on y trouve beaucoup de ruses et de

stratagèmes : le style est pur, la narration vraie, et quelques récits ont de la chaleur.

Videl raconte ce qu'il a vu, et remarque qu'alors les secrétaires alloient au feu avec leurs maîtres. La noblesse de Dauphiné, de Provence, de Languedoc, jalouse de la gloire de ses ancêtres, doit avoir ce livre, pour y étudier leurs actions. 15. Histoire de Henri de La Tour-d'Auvergne, duc de Bouillon, où l'on trouve ce qui s'est passé de plus remarquable sous les règnes de François II, Charles IX, Henri III, Henri IV; la minorité et les premières années du règne de Louis XIII; par M. MARSOLLIER, chanoine et ancien prévôt de l'église cathédrale d'Uzès : Paris, Barrois, 1719, 3 vol. in-12.

M. Marsollier étoit chanoine régulier, et membre de la congrégation de France; il a fait beaucoup d'ouvrages qui sont tous écrits avec gravité et majesté : on sent mieux le mérite de celui-ci, quand on sait combien il lui a manqué de matériaux, dont le public n'a été enrichi que depuis sa mort. 16. Les jésuites, criminels de lèse-majesté dans la pratique et dans la théorie; troisième édition : La Haye, chez les frères Raimont, 1759.

Nous ne citons cet ouvrage, que parcequ'on y a ramassé, depuis la page 258 jusqu'à la page 359, tout ce qui peut servir à prouver que Ravaillac fut un émissaire des jésuites, et qu'il eut encore d'autres complices. Cependant, rien de moins concluant que toutes ces preuves, presque toujours fondées sur des redites.

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