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vers qu'on se donnerait dans le monde. Voilà comme pensent et comme parlent tant de mondains, à la confusion de notre siècle.

Que font-ils de mieux dans leur maison? ils prolongent leurs festins; ils les digèrent au jeu ou dans un doux sommeil. Des divertissemens d'une autre espèce tiennent au jeu : ils recommencent le plaisir de la table jusque bien avant dans la nuit : un nouveau jeu qui succède, termine pour eux le saint jour du dimanche: jours de fête pour les grands trop délicieusement passés! Sabbatum delicatum. Jours saints dont l'ennemi fait un sujet de risée : Viderunt hostes et deriserunt sabbata ejus... (Thren.)

Venez donc, chrétiens, venez dans nos temples: les chants de joie, les cantiques d'actions de grâces, les voix touchantes de l'Église étrangère sur la terre, la voix de ses enfans ramassés qui demandent à Jésus-Christ leur rédemption parfaite, cela se joint ici à la louange dont le ciel retentit à cet amen, à cet alleluia éternel que chante au Dieu très-haut et à l'agneau toute la cité rachetée. C'est le fils de David, seigneur de David, assis à la droite de Dieu, engendré de son sein avant l'aurore, dans les splendeurs de la sainteté; rapide conquérant dont nous sommes nous-mêmes les conquêtes, c'est lui que nous chantons dans nos psaumes... Où iriez-vous pour entendre de plus

admirables choses? iriez-vous au théâtre où des imposteurs vous raconteront des fables? iriezvous entendre les chants trompeurs de Babylone? Ah! les saints cantiques de Sion ont quelque chose de bien plus doux.

Arrêtez encore vos pas dans l'Église : il y a encore un sacrifice des lèvres et une élévation des mains qui sera reçue de Dieu comme le sacrifice du soir. Vous vous exciterez à sortir de la terre après avoir vu le Sauveur; vous vous mettrez entre les mains du Seigneur, et il vous y recevra, et vous y tiendra à couvert des entreprises malicieuses de l'ennemi; vous le prierez d'envoyer les saints anges pour faire la garde autour de votre maison; et celui qui garde Israël, sans s'endormir ni sommeiller, viendra lui-même veiller sur vous.... Si vous ne croyez devoir demeurer dans un coin du temple, pour vous échauffer encore dans la méditation des vérités saintes que vous aurez entendues, ou des choses glorieuses que vous aurez comme vues en esprit, retirezvous en paix, et allez recueillir dans le secret de votre maison le fruit de ces mêmes paroles et de ces mêmes cérémonies. Ceuxci pleins de la parole de Dieu et des mystères de Jésus-Christ, se diront les uns aux autres en s'en retournant: n'avons-nous pas senti notre cœur tout embrasé pour Dieu, pendant qu'il nous parlait par la bouche de ses ministres, ou que nous lui par

lions par celle de ses prophètes? Les autres retirés chez eux, s'entretiendront de la sainte solennité, du bonheur et du plaisir qu'il y a d'être à Dieu. Il faut nourrir la piété avec la piété. C'est à vous, lectures saintes, si recommandées en tout temps, si bien placées dans les jours saints, à inculquer davantage dans nos âmes, à y mettre plus avant, à y faire croître avec la lumière la crainte du Sei

gneur avec son amour que les exercices de la journée y auront fait passer. Et la très-sainte loi du Seigneur, quand est-ce que nous la repasserons dans nos cœurs..., si ce n'est aux jours singulièrement consacrés au service de Dieu ?...

Mais si quelque chose doit sanctifier nos dimanches et nos fêtes, si quelque chose doit rendre ces jours pleins devant Dieu, c'est l'œuvre de la charité. Visiter les pauvres, consoler les affligés, instruire des ignorans, à commencer par ceux de notre maison, se renfermer avec des malades, les édifiant, les portant à la patience par de bons discours voilà de quoi sanctifier les jours du Seigneur; et telle est la sanctification des dimanches et des fêtes, considérés comme jours saints. Il faut maintenant les considérer comme jours de repos.

SECOND POINT.

Le repos du genre humain est le second motif moins principal de l'institution du sabbat. Et en

effet, il était digne de Dieu de marquer cette compassion aux tristes enfans d'Adam, après leur avoir montré tant de colère. Un joug pesant était sur eux la terre maudite à cause d'eux, ne leur donnait le pain et les autres choses nécessaires à la vie, qu'à force de sueurs et de travail. Dieu ne put donc voir l'homme dans cet état sans avoir pitié de lui; et une de ses attentions quand il se fit un peuple, et qu'il lui donna une loi, ce fut, non pas de lui accorder, mais de lui ordonner un jour de repos.

Cette concession du repos a passé au peuple nouveau; seulement le jour en est changé, et ce jour se trouve en même temps le jour saint. Ne désunissons pas ce que Dieu a réuni dans ce jour, le culte de Dieu et le repos de l'homme. Sur ce fondeinent, voici ce que j'établis : le culte de Dieu dans les jours saints ne souffre rien sous le nom de repos, qui empêche le culte de Dieu: le culte de Dieu dans les jours saints ne souffre rien sous le nom de délassement, qui détruise le fruit du culte de Dieu : le culte de Dieu dans les jours saints, ne souffre rien sous le nom de divertissement, qui soit contraire au culte de Dieu.

1o. Il faut du repos à l'homme fatigué du travail : ce n'est qu'à ce titre que l'homme peut y prétendre, ce n'est qu'autant qu'il est dans la pénitence des hommes, accomplissant cet arrêt prononcé contre l'infortu

née postérité d'Adam: « Vous mangez votre pain à la sueur de votre visage; » (Genes. 3, 19.) c'est-à-dire, vous menerez tous, chacun dans votre état, une vie pénible, laborieuse, sérieusement occupée... Mais quel repos peut être dû à des hommes qui ne sont point dans les travaux des autres hommes? Quel repos et quels délassemens peuvent se devoir à elles-mêmes, ou prétendre de la religion, des femmes dont la vie n'est qu'un long repos et un divertissement continuel, des femmes qui ne sont incommodées que du trop de mollesse et du trop d'attention pour leurs corps, et qui n'ont que cela à craindre? Ah! de tels hommes et de telles fem mes ne devraient pas même manger, selon les principes de saint Paul. Tyrans de la nature entière, quand ils en tirent tant de cominodités et tant de délices; tyrans de la terre, quand ils l'obligent, ne travaillant pas,

à leur fournir seulement les besoins de la vie. Aussi toute créature soumise malgré elle à la sensualité ainsi qu'à la vanité de pareils hommes, gémit et souffre comme les travaux de l'enfantement, dit ce même apôtre, en attendant sa délivrance. Et alors ceux qui auront ainsi tout renversé et tout forcé, ceux qui auront vécu dans ce repos et dans ces délices, tomberont dans cette seconde mort, où il n'y aura de repos ni jour, ni nuit, mais des tourmens sans fin.

Il y a sur la terre une espèce d'hommes occupés toute la semaine; mais c'est pour l'accroissement de leurs biens qui sont déjà grands, et un accroissement sans bornes... Mais au milieu de leurs occupations, ils sont dans un état aisé dont les douceurs dominent de beaucoup sur les peines. Est-ce du plaisir sous le nom de repos qu'il faut à de telles gens, ou si c'est de la pénitence?Cependant voyez leurs jours de fêtes: ce sont ces sabbats voluptueux, et peut-être plus voluptueux que les jours ordinaires des grands de la terre. Un long sommeil les empêche de sanctifier le matin du jour du Seigneur : des parties de divertissement en remplissent le soir. Il faut du repos les jours saints, quand on a été occupé, et d'une manière qui est sans reproche dans la religion, la semaine tout entière. Il faut du repos et du divertissement; mais il faut que ce soient des divertissemens si purs et si innocens, qu'ils puissent eux-mêmes faire partie du culte de Dieu dans les jours saints. Il faut que ces divertissemens soient subordonnés au service de Dieu, qu'ils ne prennent que le reste du culte public, et des exercices particuliers de piété qui doivent accompagner le culte public. Il ne vous faut pas des divertissemens plus fatiguans que les travaux mêmes de la semaine. Il ne vous faut pas de ces plaisirs si attachans et si emportés, qu'ils vous détournent

tout-à-fait ou en grande partie du service de Dieu, qui vous y laissent agités, inquiets, impatiens de le voir finir pour retourner à ces divertissemens. Il ne vous faut pas des divertissemens qui vous fassent encore plus oublier le Seigneur et négliger votre sanctification que les affaires de la semaine... Un divertissement honnête vous est permis le jour du repos par les lois les plus exactes du christianisme; mais prenez garde que ce divertissement du jour du repos ne soit une occasion de manquer à la sanctification du jour saint... Vous ne manquerez peut-être vous-même à rien; mais il ne faut pas que pour vous servir à votre gré et pour éviter vos reproches, les gens de votre maison manquent à tout, et ne servent pas Dieu au jour où il veut régulièrement être servi... Prenez-y garde, celui qui fait violer le our du sabbat, est coupable du violement du jour du Seigneur, comme celui qui lui-même le viole.

2o. Le culte de Dieu aux jours saints ne souffre rien, sous le nom de délassement, qui détruise le fruit du culte de Dieu : c'est une seconde réflexion. Rien n'est plus dans l'esprit et dans le fond de la vie chrétienne, que le sérieux et une certaine gravité que Jésus-Christ nous a enseignée dans sa doctrine, et nous a montrée dans sa personne. Aussi tous les pères ontils regardé ce qui relâche trop

les sens et dissipe trop l'âme, comme directement opposé à l'esprit de Jésus-Christ. Dans l'esprit des pères, qui est celui de l'Évangile, les saints canons anciens et modernes, en réglant la sanctification du dimanche et des fêtes, ont défendu bien expressément ces jeux qui tirent trop l'âme hors d'ellemême, qui la mettent dans une trop grande émotion ou de joie ou de crainte; et la raison qu'ils en donnent, c'est que c'est le jour du Seigneur, où il faut être singulièrement occupé de lui, où il reprend particulièrement son empire sur tous nos sens, ainsi que sur toutes nos œuvres... C'est donc aux délassemens permis les jours de dimanche et de fêtes qu'il faut singulièrement appliquer cette parole de saint Paul : Réjouissez-vous dans le Seigneur, qui est le souverain plaisir des âmes saintes, et la joie des âmes bienheureuses dans la grande fête de l'éternité. (Philipp. 3.) Réjouissez-vous, mais que votre âme dans ce divertissement se tienne dans une modération qui porte tous les autres à la piété plutôt qu'au plaisir, et qui la conserve elle-même sous les de Dieu, parce que le Seigneur est proche, qu'il nous environne de toute part, que tout nous parle de lui, que tout nous le montre comme présent : Dominus enim prope est.

yeux

Que nos joies, pendant tout ce jour, soient donc pures et innocentes, et nos divertisse

SER

mens modérés, parce que le matin nous avons va Dieu dans sa majesté, assis sur son triae, environné de ses saints anges; parce qu'an milien des saints mysteres, nous avons élevé nos cœurs à Dieu, parce que nous avons suri en esprit dans le ciel la victime qui est allée s'offrir elle-meme sur l'autel sublime de Dieu : parce qu'il n'y a pas long-temps que nous avons parlé à Dieu, comme un ami parle à son ami, et qu'il nous a parlé cœur à cœur; parce que nous devons encore être reinplis, de la vertu secrète de nos saintes cérémonies, et que nous avons encore la louange de Dieu dans la bouche avec les sentimens d'un amour reconnaissant et empressé de le voir: Dominus prope est.

Si tout cela s'est passé en vous, si vous avez senti, si vous avez goûté Dieu, vous devez le montrer, et en même temps conserver ce goût et ce sentiment par votre retenue à vous délasser l'esprit et le corps sous les yeux de Dieu, comme l'ayant plus près de vous: Dominus prope est. Je vous demande maintenant de vous répondre à vous mêmes, si c'est manquer si fort à la sanctification du dimanche et des fêtes après le service divin, que de se livrer tout entier à la joie des sens, que de s'abandonner sans réserve au divertissement, comme pour se dédommager de la contrainte ou de l'ennui du service du Seigneur. Voyez avec vous-mêmes,

SER

si les maisons où vous aller apres le service de Dien, si les personnes avec lesquelles vous vous trouver, si les divertissemens que vous prener, sont propres à entretenir en vous cet esprit de renouvellement que l'on respire au milieu des exèrcices saints, et tout ce qui en a coulé en vous de grâce et de sainteté. Voyez si ces divertissemens ne sont, ni trop violens, ni trop longs, ni trop attachans; s'ils peuvent être pris en esprit de piété, c'est-à-dire, en esprit d'amour de Dieu, comme saint Paul le veut de toutes les actions du chrétien : Omnia vestra in charitate fiant.... (1 Cor. 16, 14.) Prenez garde que votre divertissement ne soit la dissipation entière du fruit du culte de Dieu, le saint jour du dimanche.

3°. Le culte de Dieu dans les jours saints ne souffre rien, sous le nom de délassement, qui soit contraire au culte de Dieu. On ne peut pas ces jours-là toujours prier et toujours lire, ditor, on ne peut pas être tout le jour dans l'Église; que faire tout le dimanche? Il vaut mieux jouer que médire; oui, parce qu'on peut jouer quelquefois, et qu'on ne peut jamais médire. Mais n'y a-t-il point d'alternative entre médire et jouer après la prière et la lecture? Mais peu prier, ou lire les jours de dimanche, et jouer beaucoup, est-ce remplir l'attente de l'Église et son commandement ? est-ce accomplir sa religion?...

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