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de Schelling: ce qu'elle se propose, c'est de connaître, au moyen des idées de la raison, l'essence et la forme de toutes choses; pour elle, être et connaître sont identiques; de là son titre : Système de l'identité absolue, ou Théorie de l'identité; c'est un idéalisme transcendental (Schelling l'appelle absolu), qui fait sortir toute science non plus du principe trop exclusif du moi, mais d'un principe plus élevé, de l'absolu renfermant dans son sens et le moi et la nature; cette philosophie aspire en conséquence à la connaissance de la nature par les idées (Philosophie de la nature, construction à priori de la nature), et elle s'applique à établir un parallélisme constant entre les lois de l'intelligence et celles du monde; enfin c'est l'idéalisme et le réalisme ramenés à un point de vue supérieur, celui de l'absolu.

$ 400.

L'absolu n'est ni infini ni fini, ni être ni connaître, ni sujet ni objet : c'est ce en quoi se confondent et disparaissent toute opposition, toute diversité, toute séparation, comme celle de sujet et objet, de savoir et être, d'esprit et nature, d'idéal et réel, c'est donc indivisiblement l'être et le savoir absolus, ou l'essence collective de tous deux. C'est l'absolue identité de l'idéal et du réel, l'absolue indifférence

du différent, de l'unité et de la pluralité; c'est l'Un, l'unité, qui est en même temps l'univers, la totalité, le tout (1). L'absolue identité est, et hors d'elle il n'est rien réellement; par conséquent il n'est rien de fini qui existe en soi. Tout ce qui est, est l'identité absolue, et son développement propre. Ce dévelopment a lieu par les oppositions de termes qui, résultant de l'absolu identique comme le type et l'empreinte, comme la face et le revers, comme le pôle et son antipode (loi de polarité), sortent du sein de cet absolu avec un caractère dominant, tantôt plus idéal, tantôt plus réel, et qui rentrent réunis de nouveau (indifférentifiés) par la loi de totalité ; d'où cette proposition : l'identité dans la triplicité est la loi du développement. Or ces dégagemens de l'absolu, sortant de son immobile uniformité, Schelling les qualifie de diverses manières, les nommant tantôt division de l'absolu ou mode de différence (dans son Exposition des vrais Rapports de la Philo sophie de la Nature avec la Théorie de Fichte); tantôt révélation spontanée de l'absolu, tantôt encore chute des idées tombées de Dieu (dans son ouvrage intitulé: Philosophie et Religion). Cette manifestation nous donne la possibilité de connaître d'une manière ab

(1) Voyez Considérations sur les divers Principes de là Philosophie, et en particulier sur le Principe de Schelling, dans les Archives Philosophiques de Fischhaber, 1o cahier,

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solue, et la raison est elle-même, en tant qu'absolue, l'identité de l'idéal et du réel. La forme essentielle de l'absolu est la connaissance absolue, connaissance dans laquelle l'identité, l'unité, passe à l'état de dualité, et peut se rendre par cette formule: A—A. En conséquence, voici les principales propositions de cette doctrine: 1o Il n'existe qu'un seul être identique : toute différence entre les choses relativement à leur réalité est purement quantitative et non qualitative, et réside dans la prédominance du point de vue objectif ou subjectif, de l'idéal ou du réel. Le fini, produit d'une réflexion toute relative par sa nature, n'a qu'une réalité apparente. 2° L'être absolu se révèle dans la génération éternelle des choses, lesquelles constituent les formes de cet être unique. Toute chose est donc une manifestation de l'être absolu sous une forme déterminée, et il ne peut rien exister qui ne participe de l'Être divin. De là suit que la nature elle-même n'est point morte, mais vivante et divine, ainsi que l'idéal. 3° Cette manifestation de l'Absolu s'est produite par les oppositions ou corrélations qui apparaissent à différens degrés du développement total où se rencontre une prédominance diverse tantôt de l'idéal, tantôt du réel; ces oppositions ne sont donc que l'expression de l'identité. La science est la recherche de ce développement; elle est une image de l'univers en tant qu'elle déduit les idées des choses de la pensée fondamentale de l'absolu, d'après le principe de l'identité dans la

triplicité, et en tant que dans cette construction, comme l'appelle Schelling, elle reproduit la marche de la nature, c'est-à-dire la succession des formes qu'elle revêt tour à tour. Or cette construction idéale est la philosophie (science des idées) : le plus baut point de vue philosophique est celui suivant lequel on n'envisage dans la pluralité et la diversité qu'une forme relative, et dans cette forme que l'identité absolue. Voici le dessin général de cette construction:

I. L'Absolu, le Tout dans sa forme première (Dieu) se manifeste dans

II. La Nature (l'Absolu selon sa forme secondaire).
Il s'y produit dans deux ordres de Relatif, savoir:
Le Réel.
L'Idéal.

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Au-dessus, comme formes réfléchies de l'univers,

se placent:

L'Homme (le Microcosme)

l'État.

Le Système du Monde (l'Univers extérieur) l'Histoire.

S 401.

C'est ainsi que Schelling, en s'attachant à la contemplation intellectuelle, a cru avoir découvert dans les idées l'essence des choses et leur forme nécessaire ; c'est ainsi qu'il a prétendu corriger Kant qui ne nous accorde qu'une notion toute subjective du monde phénoménal, et une simple croyance relativement aux choses en soi ; ainsi il a prétendu réfuter Fichte pour qui le Moi est la réalité unique, et la nature une nonréalité sans âme et sans vie, se produisant uniquement comme limite ou négation opposée à l'activité absolue du Moi; ainsi, enfin, il s'est flatté de fournir à la science une construction idéale de l'univers, rapportée non pas à ce qu'il peut nous paraître, mais à ce qu'il est en soi. Schelling a développé ses grandes vues avec une habileté supérieure, sans se conformer aux divisions de la philosophie jusque là en usage, et il a su tirer très-heureusement parti des idées de Platon, de Bruno et de Spinoza. Après avoir donné plusieurs expositions de sa doctrine fondamentale, prise dans son ensemble, il s'est attaché principalement à l'une de ses deux parties, c'est-à-dire au point de vue réel, ou à la philosophie de la nature, comme étude du principe vivant et fécond qui produit par lui-même en se divisant sous la loi de la dualité. Quant à la partie idéale il n'en a traité que quel

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