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DE L'HISTOIRE

DE LA PHILOSOPHIE.

TROISIÈME PARTIE.

TROISIÈME PÉRIODE.

PHILOSOPHIE MODERNE.

Opposition à la Scholastique par le retour et les combinaisons des divers systèmes antiques depuis le xv° siècle jusqu'à la fin du xvio.

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CE système exclusif, suivant lequel l'esprit humain prétendait fonder la philosophie par des définitions. et des combinaisons logiques sous l'empire d'un principe étranger, l'autorité, et d'après les idées d'Aristote, adoptées sans examen, la scholastique, en un mot, avait fourni sa destinée; les querelles des deux partis contraires avaient fait déchoir son

autorité les nominalistes portaient aux principales bases de l'édifice dogmatique des atteintes assez peu ménagées, et l'on commençait à sentir vaguement le besoin de consolider la science, et de lui donner un nouvel aliment par l'observation de la nature, et à l'aide d'une étude plus soignée des langues. Chez les mystiques, surtout, un sentiment plus profond et plus inquiet réclamait une nourriture intellectuelle plus forte que ne pouvaient la lui offrir une creuse dialectique et des formules pédantesque. Ce n'était point toutefois de ce côté qu'une révolution complète pouvait s'opérer.

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L'esprit humain fourvoyé s'était fait une trop longue habitude de cet emploi spéculatif d'idées traditionnelles pour pouvoir y renoncer aisément. Aussi voit-on encore dans ce nouvau mouvement, la pensée, entraînée par la méthode dominante, se porter bien moins vers la recherche de ses propres principes, des lois de la connaissance et de ses objets, que s'attacher à déduire et à développer les conséquences d'idées déjà admises. Peu exercée à observer le lien systématique des connaissances, accoutumée à confondre entre elles des notions puisées à des sources diverses, elle ne pouvait découvrir le vice de ses procédés; et ainsi se prolongeait l'empire des anciennes pratiques. Un attachement pédantesque aux idées d'Aristote, le défaut de connaissances

positives, l'absence du goût et d'une culture suffisante des langues; avant tout, l'autorité redoutable de la hiérarchie, un attachement servile aux décisions traditionnelles sanctionnées par l'Église, disposition universelle des esprits, sauf un petit nombre de glorieuses exceptions, enfin, le zèle jaloux veillant assiduement à la conservation du dogmatisme héréditaire, tous ces appuis de la scholastique dûrent maintenir long-temps encore sa domination, même après que quelques partis philosophiques ou quelques individus isolés eurent commencé à se révolter contre le joug imposé à la raison.

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Il se passa néanmoins sur la scène extérieure un certain nombre d'événemens importans qui, de près ou de loin, amenèrent un changement complet dans la constitution politique et ecclésiastique de l'Europe, ébranlèrent les soutiens de la philosophie dominante, en renversèrent même une partie, et par là produisirent dans le monde philosophique et savant une révolution féconde en grands résultats. Ces événemens sont les croisades, l'invention de l'imprimerie, la conquête de Constantinople, la découverte d'un Nouveau-Monde, la réformation et les conséquences plus ou moins immédiates de ces mêmes faits, telles que la formation d'une classe moyenne et d'une opinion publique, le pouvoir temporel raffermi par l'affaiblissement du pouvoir

spirituel, l'ordre politique assis sur des bases plus fixes, les connaissances expérimentales agrandies, l'acquisition de modèles et de ressources nouvelles

par

la renaissance de la littérature classique grecque et romaine, ainsi que le perfectionnement des langues modernes de l'Europe. Alors se fit sentir à la conscience humaine le besoin plus pressant d'une philosophie qui pût en tous sens la satisfaire, et les esprits réclamèrent une plus haute instruction; encore fallut-il d'abord se livrer à des guides étrangers, et l'on eut recours aux chefs-d'œuvre de la Grèce et de l'ancienne Rome. Ces nouvelles études de la littérature classique amenèrent avec elles un sentiment plus délicat d'humanité et d'urbanité, le respect pour le libre esprit de recherche, la honte des habitudes serviles de l'intelligence, enfin le mécontentement de l'état imparfait auquel la science était encore réduite, et l'ardeur pour l'améliorer.

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A côté de ce mouvement que provoquaient et conduisaient ainsi des circonstances extérieures, le besoin de certaines âmes les portait à s'enquérir d'une sagesse supérieure qui fût révélée de Dieu. Car les habitudes morales et intellectuelles du monde moderne avaient fortement empreint les esprits de cette persuasion, que toute certitude, toute sagesse pleinement satisfaisante ne peut venir que de Dieu même directement. De là il s'ensuivit que la Bible

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