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et la Cabbale furent encore fréquemment invoquées comme sources philosophiques. Un préjugé dont les Pères de l'Église avaient hérité des Juifs, et la contradiction d'un grand nombre de systèmes rivaux favorisèrent et entretinrent cette soif d'une science mystérieuse et divine.

§ 279.

Il résulta de ces diverses causes que le monde s'enrichit d'une grande variété de connaissances offrant plus ou moins de solidité; les vues particulières et l'horizon sientifique s'étendirent; on se prit de prédilection pour certains systèmes de la philosophie grecque, et on disputa sur ces préférences; on en combina plusieurs, soit en totalité, soit en partie, pour les accommoder aux doctrines fondamentales du christianisme. De là, comparaison et jugement de ces systèmes, effort pour étendre et raffermir le terrain scientifique, surtout dans les connaissances naturelles, si imparfaites encore ; d'un autre côté, penchant obstiné pour une science occulte, qui ne fût pas également accessible à chacun; enfin, travail pour fondre ensemble les idées de la raison et celles de l'entendement, la théologie et la philosophie, Platon et Aristote, en un même corps de doctrine.

F

Renaissance de la littérature classique des Grecs en Italie; conséquences qui en résultèrent immédia

tement.

§ 280.

Lorsque les Grecs, chez qui une certaine culture intellectuelle n'avait jamais cessé d'être entretenue par les immortels ouvrages de leurs ancêtres (voyez § 254), vinrent solliciter, en Italie, des secours contre l'invasion menaçante des Turcs, et qu'ensuite un assez grand nombre d'entre eux y obtinrent, après la prise de Constantinople, un séjour plus tranquille que celui de leur patrie, ils apportèrent avec eux des connaissances, des trésors littéraires de toute espèce, et par là communiquèrent un nouvel esprit aux nations occidentales, préparées à en profiter (1). Parmi ces précieux débris de la Grèce

(1) Les savans grecs et italiens auxquels on doit la restauration de la littérature classique, sans appartenir proprement à la philosophie, ne laissent pas d'intéresser l'histoire littéraire de cette science. Les poètes Dante Aligieri (né en 1265, mort en 1321), Francesco Petrarca (né en 1304, mort en 1374), Giovanni Boccaccio (né en 1313, mort en 1375), et les deux maîtres de ce dernier, Barlaam et Léonce Pilate, tous deux de Calabre, propagèrent, dès avant la venue des Grecs, le goût de la littérature ancienne, et répandirent ça et là beaucoup d'idées philosophiques. Nous citerons encore parmi les Grecs, outre ceux que nous avons déjà nommés, Emmanuel Chrysoloras (mort en 1415), Jean Argyropulus (de Constan

se trouvaient les œuvres de Platon et d'Aristote dans leur langue originale; la connaissance s'en répandit dans l'Italie et de là en Europe avec une rapidité singulière; les Grecs attachés aux deux écoles contraires, tels que Georges Gemistius Pletho (1), partisan des principes néoplatoniciens, et de l'autre

tinople, mort en 1486), commentateur d'Aristote, les deux Lascaris et Démétrius Chalcondyle (morts en 1511). Ces savans, et quelques autres encore, furent les premiers à enseigner la littérature grecque, et servirent utilement les études philosophiques, secondés par des Italiens ou d'autres occidentaux qui s'étaient formés à leurs leçons, par exemple: Ambrosio Traversari (mort en 1439), Gianozzo Manetti (né à Florence en 1396, mort en 1449), Giov. Aurispa (né en Sicile en 1369, mort en 1459), Fr. Philelphe (né à Tolentino en 1398, mort en 1481). Ces trois derniers voyagèrent en Grèce pour s'y procurer des manuscrits; Guarini Guarino, de Vérone (né en 1370, mort en 1460), Laur. Valla (voyez le S suivant), Franc. Bracciolini ( né en 1380, mort en 1459), Nic. Perotti (mort en 1480), Rodolphe Agricola, Jovien Pontanus (morts en 1303), Hermolao Barbaro, Ange Politien (voyez S 282), Marsile Ficin (S 286), Philippe Beroalde (mort en 1505), J. Keuchlin (§ 283).

Consultez Humphr. Hodius, De Græcis illustribus linguarum gr. litterarumque humaniorum restauratoribus. Lond. 1742, in-8. —Heeren, Hist. de l'étude de la littérature classique, t. 1 (all.). Chph. Fr. Barner, De doctis hominibus. græcis litterarum græcarum in Italia restauratoribus. Lips. 1750, în-8.- Chph. Meiners, Biographie des hommes célèbres (all.).

(1) De Constantinople: venu à Florence en 1438.

côté, Georges Scholarius, appelé depuis Gennadius; Theodore de Gaza (1), et surtout Georges de Trébisonde (2), voués à la doctrine d'Aristote, provoquèrent un vif débat (3) sur la prééminence entre ces deux philosophies, et toute la modération du cardinal Bessarion (4) put à peine tempérer la chaleur de cette querelle.

Georgii Gemistii Pletonis de Platonicæ atque Aristotelicæ philosophiæ differentia; gr. Ven. 1540, in-4.

Parmi ses autres ouvrages philosophiques, on compte : Libellus de Fato, ejusd. et Bessarionis epist. amoeboeæ de eod. argumento cum vers. lat. H. S. Reimari. Lugd. B. 1722, în-8. De IV virtutib. cardinalib. gr. et lat. Adr. Occone interprete. Bas. 1552, in-8, et al. Voyez Fabric. Bibl. gr. t. x, p. 741.

(1) Venu en Italie vers 1430, mort vers 1478. Il était né à Thessalonique.

(2) Né dans l'île de Crète en 1395, professeur de littérature grecque en divers endroits de l'Italie, mort en 1484 ou 86.

Outre plusieurs commentaires, on a de lui l'ouvrage polémique Comparatio Aristotelis et Platonis. Ven. 1523, in-8. (3) Voyez à ce sujet une dissertation de Boivin dans les Mém. de l'Acad. des Inscr., t. 11, p. 775 seq.

(4) Né en 1395 à Trébisonde, venu à Florence en 1438, mort en 1472.

-

Voyez son ouvrage In Calumniatorem Platonis, libb. iv. Ven. 1503 et 1516, dirigé contre les aristoteliciens. — Ejusd. epist. ad Mich. Apostolicum de præstantia Platonis præ Aristotele, etc.. gr. c. vers. lat., dans les Mém. de l'Acad. des Inscr., t. 1, p. 3o3.

Lutte contre la scholastique.

§ 281.

La première conséquence des nouvelles études grecques fut une déclaration de guerre contre la scholastique, provoquée par le mauvais goût des formes de cette dernière, et par la barbarie de son style, ainsi que par la différence entre les prétendues doctrines aristotéliques, et l'esprit véritable qui respire dans les écrits originaux. Les philologues Hermolaus Barbarus (1), traducteur d'Aristote, de Thémistius et de Dioscoride, et Ange Politien (2), furent les premiers à entrer en lice; Laurent Valla (3), et l'allemand Rodolphe Agricola (4) s'efforcèrent de déblayer le terrain de la logique, et de rendre son étude plus utile; ensuite vinrent Henri Cornelius

(1) Ermelao Barbaro, de Venise, né en 1454, mort en 1493. (2) Proprement Angelo Ambrogini, ou Cino, dit Poliziano, né à Monte Pulciano en 1454, mort en 1494.

(3) Lorenzo Valla de Rome, né en 1408, mort en 1457. Laurentii Vallæ opera. Basil, 1543, in-fol. De dialectica contra Aristoteleos. Venet. 1499, in-fol. De voluptate et vero bono libb. I. Basil. 1519, in-4. De libero arbitrio. Ibid. 1518, in-4.

(4) Rudolph Husmann ou Hausmann, né à Bafflen, près de Groningue, 1443, mort en 1485.

Rudolphi Agricola, De inventione dialectica, lib. 11, Colon. 1527, in-4. Ejusd. Lucubrationes. Basil. 1518, in-4; et Opera, cura Alardi. Colon. 1539, 11 voll. in-fol.

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