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Sprengel, Vie de Bacon, dans le Biographe (de Halle.) t. VIII, n° 1 (all.).

François Bacon, lord de Verulam, vicomte de Saint-Alban, commença en Angleterre la réforme de la philosophie; homme doué de facultés supérieures, d'une sagacité profonde, possédant une vaste science avec la connaissance du monde et des hommes, mais avec un caractère qui ne fut pas entièrement exempt de reproches. Né à Londres, en 1561, il remplit les charges les plus éminentes de l'État, et mourut en 1626. Dans sa jeunesse, il étudia la philosophie scholastique d'Aristote et la littérature classique. Celle-ci lui apprit à mépriser le vide et l'inutilité de la première, et les occupations de la vie publique, où il entra ensuite, durent augmenter en lui cette disposition. Parvenu à l'âge mûr, il entreprit la réforme (magna restauratio) qu'il jugeait nécessaire d'introduire dans la philosophie; il n'exécuta que quelques parties de ce grand ouvrage, savoir: De la dignité et des progrès des sciences (1), et l'Organon (2)

(1) De dignitate et augmentis scientiarum. En anglais. Lond. 1605; en lat, 1623. Lugd. Bat. 1652, in-12. Argent. 1654, in-8; en all. par J. Herm. Pfingsten. Pesth, 1783, in-8. Ses OEuvres, publ. par Will. Rawlay (avec une Biographie de Bacon). Amsterd. 1663. vi voll. in-12. The works of Fr. Bacon en iv voll. Lond. 1740, in-fol., par Mallet; édit. la plus complète. Lond. 1765, v voll. in-4; édit. latine. Franc

ou méthode universelle; mais l'influence qu'il exerça sur la science philosophique par ces essais, fut sans doute plus grande qu'elle ne l'eût été s'il eût à lui seul produit un système complet.

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Bacon prit une route opposée à celle qu'on suivait habituellement; au lieu de s'adresser aux notions de l'entendement à l'aide de la dialectique ce fut sur l'expérience à l'aide de l'induction (méthode essayée imparfaitement par Télesio, § 296) qu'il prétendit reconstruire l'édifice des connaissances humaines. Tout en reconnaissant que sa philosophie a bien aussi le défaut d'être trop exclusive, on ne saurait trop rendre hommage aux services qu'elle a rendus, à l'influence qu'elle a exercée du vivant de son auteur et long-temps après, en détrônant la philosophie de l'école, en dirigeant l'attention des esprits vers la nature et l'expérience, en rejetant les causes finales de la physique pour les reléguer dans la métaphysique, en développant avec clarté certains points d'observation

fort, 1666, in-fol. Lugd. Bat. 1696, vi voll. Lips. 1694, in-fol. Amstel. 1684, vi voll. in-12. 1730, vII voll. in-12.

(2) Novum organum scientiarum. Lond. 1620, in-fol. En angl. Lugd. Bat. 1650 et 1660, in-12. En all., par G. W. Bartholdy. Berlin, 1793, 2 voll. in-8.

psychologique, tels que l'association des idées. Á tous ces services rendus par Bacon il faut en ajouter beaucoup d'autres encore: sa lutte grave et réfléchie contre les superstitions contemporaines, son Organum pour les sciences naturelles, destiné à répandre une nouvelle méthode, l'art d'acquérir des connaissances par l'induction (1), enfin ce tableau systématique de toutes les sciences, ramené dans sa base a trois divisions, et les vues de l'auteur pour étendre et perfectionner toutes ces branches diverses (2). Au reste, pour prouver combien se trompent ceux qui ne voient dans Bacon qu'un empiriste vulgaire, il suffit de rappeler en quels termes il déclare son opinion sur la science et sur l'objet de la philosophie. La science, dit-il, n'est autre chose qu'une image de la vérité, car la vérité dans la réalité des choses, et la vérité dans la connaissance, ne sont qu'une seule et même vérité, et ne diffèrent pas entre elles plus qu'un rayon de lumière direct et un rayon refléchi(3). L'objet de la philosophie est triple : Dieu, la nature et l'homme; la nature s'offre à notre intelligence comme le rayon direct, tandis que c'est pour ainsi

(1) Nov. Org. L. 1, Aphor. 19 sq.

(2) Il est très-probable que ce furent les idées de Bacon qui suggérèrent à J. Barclay son Traité de Psychologie spéciale Icon animorum. Lond. 1614, in-8. Nous parlerons plus tard de Cumberland et de Hobbes.

:

(3) Augm. scient. 1, col. 18.

dire par un rayon réfléchi que Dieu se manifeste à nous (1).

II. Philosophie de la nature de Campanella.

$315.

Thomæ Campanella, De libris propriis, et recta ra tione studendi syntagma (ed. Gabr. Naudæus). Par. 1642, in-8. Amstel. 1645. Rotterd. 1692, in-4; même ouvrage dans Eh. Crenii, collectio tractatuum de philologiæ studiis, liberalis doctrinæ informatione et educatione litteraria. Lugd. B. 1696, in-4.

:

Ern. Sal. Cypriani, Vita et philos. Thomæ Campanellæ. Am stelod. 1705, in-8. Ed. 2, 1722, in-8.

Sur Th. Campanella, dans le Deutsches Museum, 1780, n° 12, p. 481 (all.); et Schroeckh, Biogr., etc. t. 1, p. 281 (all.).

Prodromus philosophiæ instaurandæ, id est dissertationis de natura rerum compendium secundum vera principia ex scriptis Th. Campanellæ præmissum (par Tob. Adami). Francof. 1617, in-4.

Doctrine de Thomas Campanella sur la connaissance humaine, avec quelques remarques sur sa philosophie par Fulleborn, Beitrage, vr cahier, p. 114.

Outre l'ouvrage de Campanella, déjà mentionné (§ 297, en note), nous indiquerons ses autres écrits qui sont assez rares. De sensu rerum et magia. Francf. 1620.-Philoso

(1) Ibid. 1, cap. 1.

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phiæ rationalis et realis partes v. Paris, 1638, in-4. Universalis philosophiæ sive metaphysicarum rerum juxta propria dogmata partes tres. Par. 1638, in-fol. Atheismus triumphatus, Romæ, 1631, in-fol. — Ad doctorem gentium de gentilismo non retinendo et de prædestinatione et gratia. Par. 1636, in-4- Realis philosophiæ epilogisticæ partes iv: hoc est de rerum natura, hominum moribus, politica, cui civitas solis adjuncta est, æconomica cum adnotationibus physiologicis a Tobia Adami nunc primum edita. Francof. ad M. 1623, in-4.-Le prodromus philosophiæ instaurandæ.-Civitas solis. Ultraj, 1643, in-12.

Une entreprise analogue à celle de Bacon, pour fonder la philosophie sur la nature et l'expérience, fut conçue par l'un de ses contemporains, Thomas Campanella, né en 1568, en Calabre. Né avec les dispositions les plus heureuses, et élevé avec soin, il entra dans l'ordre des Dominicains, et fit ses cours de philosophie, en qualité de novice, dans le monastère de Cosenza : à cette époque, il fut induit, tant par ses propres réflexions que par les objections de Télésio (§ 296), à se méfier de la philosophie d'Aristote, et s'affranchissant de tout attachement servile pour cette doctrine, il chercha à satisfaire ses doutes en recourant aux autres systèmes de l'antiquité. Il reconnut comme sources uniques de toute connaissance, la révélation et la nature. La première est le fondement de la théologie, la seconde de la philosophie; ces sciences ne sont autre chose que l'histoire de Dieu et celle de l'humanité. Le scepti

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