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qui répandent dans tout l'ouvrage la variété & la vie; l'auteur parle à l'imagination auffibien qu'à la raison, & ce n'eft pas fans droit qu'il cite pour fes modeles, chez les Grecs, Longin & Denis d'Halicarnaffe; chez les Latins, Cicéron & Quintilien.

Un grand mérite encore de cet ouvrage, c'est qu'il eft par-tout à la portée de ceux mêmes qui n'ont aucune connoiffance de la mufique; enfin, c'est un titre diftingué que l'auteur ajoute encore à tous fes titres littéraires.

Cet ouvrage doit avoir une feconde partie : & la premiere, quoiqu'elle forme un tout com. plet, la fait certainement defirer.

(Journal des Savans.)

COSME DE MÉDICIS, grand-duc de Tofcane, ou la nature outragée & vengée par le crime, poëme: Par M. MERO. A Paris, chez Gueffier, imprimeur - libraire, au bas de la rue de la Harpe, vis-à-vis la rue Saint-Severin, à la Liberté; & Moutard, libraire de madame la Dauphine, rue du Hurepoix, à S. Ambroife. Avec approbation & permiffion. Pe tit in 8vo. 112 pag. & les préliminaires 16.

Cofme, fils de Jean de Médicis, & aïeul de

Marie de Médicis, fut un prince diftingué par la politique & par l'amour des lettres. Son regne

fut long & illuftre; il eût pu paffer pour heureux, fans la terrible & funefte aventure de deux de fes fils, » Jean, l'aîné de ces deux » princes, étoit d'un caractere doux & bien» faifant; Garcias, le cadet, avoit l'ame bar» bare; ; les vertus de fon frere exciterent fa ja»loufie. Un jour qu'ils étoient ensemble à la » chaffe, ils fe trouverent par hasard séparés » de leurs gens; Garcias ne laiffa pas échap» per l'occafion d'affouvir fa rage; il s'élança » sur Jean, le tua d'un coup de poignard, & » rejoignit ceux de fa fuite, fans paroître ému » de fon forfait.

» On trouva le cadavre fanglant'; le meur» trier diffimula comme auroit pu faire un » fcélérat nourri depuis long-tems dans le crime; » mais le pere fe doutant de la vérité, ren» ferma fa douleur, & fit publier que fon fils » étoit mort fubitement. Le jour d'après il or» donna à Garcias de le fuivre dans le lieu où » étoit étendu le corps du prince affaffiné : là » le défefpoir & la douleur s'emparent de l'ame » de Cofme: Voilà, (dit alors ce pere infor❤tuné) voilà le fang de votre frere qui vous ac

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cufe & demande vengeance à Dieu & à moi» même. Garcias fit l'aveu de fon forfait; mais » il accufa Jean d'avoir voulu attenter à ses » jours. Le pere, loin de recevoir fes excufes, » le tua du même poignard dont Jean avoit été » affaffiné. «

Tel eft le fujet de l'ouvrage que nous annonçons; fujet mieux expofé dans cette profe du difcours préliminaire que dans les vers du

poëme. Voici le parallele que le poëte fait des deux freres :

L'un fut fage & foumis, l'autre plein de caprices.
Jean eut plufieurs vertus, Garcias tous les vices.
L'un voulut mériter l'hommage des mortels;
L'autre du crime feul encenfa les autels.

Jean avoit la candeur peinte fur son visage,
Garcias la laideur & le maintien fauvage.
Chez l'un & l'autre enfin tout fut fi différent,
Qu'on doutoit s'ils étoient iffus du même fang.

L'auteur, pour rendre Jean plus intéreffant, a cru devoir lui donner une maîtreffe; il la nomme Herzilie. Si l'on veut connoître comment l'auteur fait peindre l'amour, on en peut juger par les vers fuivans:

Avec les yeux de Jean les, fiens fe rencontrerent.
Elle pâlit, trembla, tous fes fens fe troublerent.
Quels defirs, quels tranfports entrerent dans fon cœur!
Enivrée à l'instant d'une douce langueur,
Elle ne put former aucune résistance :
L'amour, de ce héros, avoit pris la défense.
A peine elle le vit que fon cœur fut aimer.
Et quel autre que Jean auroit pu l'enflammer?
C'étoit le feul mortel digne de fa tendreffe.
Son port majestueux, fa taille, fa jeuneffe;

Son maintien, en un mot, ces dons chers & charmans
Que recherchent en vain tant d'orgueilleux amans,
Mais qu'on tient feulement des mains de la nature,
Les charmes de l'efprit & ceux de la figure,
Forcerent Herzilie à lui céder fon cœur.
Elle n'obligea pas un perfide vainqueur.

Avant de tracer ce tableau, avant de pein

dre ainfi Herzilie & fon amant, l'auteur avoir pris foin de rappeller le fouvenir d'Armide & de Renaud. Obfervons que l'événement tragique qui fait le fujer de ce poëme, forme un problême hiftorique. Il fe trouve, à la vérité, dans le trente-unieme livre de M. de Thou ? mais il n'étoit pas dans la premiere édition, & n'a été ajouté que dans celle de Geneve après la mort de M. de Thou; ce qui fait que beaucoup d'auteurs rejettent ce fait, & croient que les deux freres moururent de la peste, comme le grand duc le fit publier.

Pour ne rien négliger de ce qui peut jetter quelque jour fur le fait dont il s'agit, nous allons inférer ici la traduction de deux lettres qui n'avoient point encore été publiées, & que l'on vient d'extraire de l'ancien fecrétariat de Florence. La premiere de ces lettres fut écrite par Cofme au prince François, fon fils, qui fe trouvoit alors en Espagne, pour lui apprendre la mort du cardinal. Dans la feconde, écrite peu de tems après, le grand-duc inftruit fon miniftre, alors réfident à la cour d'Espagne, de la perte qu'il fit fucceffivement de Don Garcias fon autre fils, & de fon époufe Eléonore de Tolede. Sans douter de l'authenticité de ces deux pieces, qui donnent à ces morts une caufe bien différente de celle que leur attribue l'opinion commune, chacun fera libre de leur donner le poids qu'il croira qu'elles méritent.

» Mon fils, puifque c'eft Dieu qui nous a » fait naître, il faut prendre le bien & le mal » comme venant de sa main ; nous ne devons

donc en aucune maniere réfifter à fa volon» té, parce qu'en le faifant, ce feroit résister à » notre créateur, au difpenfateur de tout bien, » & au créateur du ciel & de la terre; je te » dis ceci, afin que tu faches que els font » mes fentimens, & que telle eft la vérité. Je » defire que tu penfes ainfi, afin que te con» formant à mes volontés que je viens d'ex

primer, tu te conformes auffi à celle de » mon fauveur; & bien que je voudrois avoir » à t'écrire toute autre chole que ce que je » t'écris, cependant il me paroît plus conve»›nable que tu l'apprennes de moi que d'un » autre. Dimanche le cardinal ton frere, étant » à Rofignano, fut faifi d'une fievre maligne, » & fans en dire rien, quoique je lui fiffe » plufieurs questions, il monta à cheval, & » s'en fut à Livourne, l'air affez gai, fans que » perfonne s'apperçût de fon mal; lui-même » il ne le fentoit pas. Mardi matin, comme il » vouloit partir pour Pife, les symptômes de » la fievre fe firent connoître; elle devint fi » violente qu'au bout de fix heures, il n'eut » plus affez de force pour marcher vers fon » lit; le mercredi, il fut faigné, & parut fou» lagé; mais quelques heures après, il fut faifi » de nouvelles douleurs; le jeudi au foir, il » parut que le mal vouloit attaquer la tête; » le matin du vendredi avant le jour, on lui » mit les fangsues, & dans les deux opérations » on lui tira bien deux livres de fang; fans » oublier tous les autres remedes poffibles, qui, comme tu fais, ne nous manquent pas

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