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Ennemi des Romains et de la tyrannie,
Je n'ai point de leur joug subi l'ignominie ;
Et j'ose me flatter qu'entre les noms fameux
Qu'une pareille haine a signalés contre eux,
Nul ne leur a plus fait acheter la victoire,
Ni de jours malheureux plus rempli leur histoire.
Le ciel n'a pas voulu qu'achevant mon dessein,
Rome en cendres me vît expirer dans son sein.
Mais au moins quelque joie en mourant me console:
J'expire environné d'ennemis que j'immole ;
Dans leur sang odieux j'ai pu tremper mes mains,
Et mes derniers regards ont vu fuir les Romains.
A mon fils Xipharès je dois cette fortune;
Il épargne à ma mort leur présence importune.
Que ne puis-je payer ce service important
De tout ce que mon trône eut de plus éclatant!
Mais vous me tenez lieu d'Empire et de couronne ;
Vous seule me restez : souffrez que je vous donne,
Madame ; et tous ces vœux que j'exigeais de vous,
Mon cœur pour Xipharès vous les demande tous.

MONIM E.

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Vivez, Seigneur, vivez pour nous voir l'un et l'autre Sacrifier toujours notre bonheur au vôtre.

Vivez pour triompher d'un ennemi vaincu,

Pour venger...

MITHRIDATE.

C'en est fait, Madame, et j'ai vécu.

Mon fils, songez à vous; gardez-vous de prétendre

Que de tant d'ennemis vous puissiez vous défendre.
Bientôt tous les Romains, de leur honte irrités,
Viendront ici sur vous fondre de tous côtés.

Ne perdez point le temps que vous laisse leur fuite
A rendre à mon tombeau des soins dont je vous quitte.
Tant de Romains sans vie, en cent lieux dispersés,
Suffisent à ma cendre, et l'honorent assez.

Cachez-leur pour un temps vos noms et votre vie.

Allez,

réservez-vous...

XIPHARE S.

Moi, Seigneur ! que je fuie!

Que Pharnace impuni, les Romains triomphans
N'éprouvent pas bientôt...

MITHRIDATE.

Non, je vous le défends.

Tôt ou tard il faudra que Pharnace périsse ;
Fiez-vous aux Romains du soin de son supplice.
Mais je sens affaiblir ma force et mes esprits.
Je sens que je me meurs. Approchez-vous, mon fils.
Dans cet embrassement dont la douceur me flatte,
Venez, et recevez l'âme de Mithridate.

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Ah, Madame! unissons nos douleurs,

Et par tout l'univers cherchons-lui des vengeurs.

FIN.

IPHIGÉNIE

EN AULIDE,

TRAGÉDIE.

1674.

PRÉFACE

DE L'AUTEUR.

Il n'y a rien de plus célèbre dans les poëtes

que le sacrifice d'Iphigénie ; mais ils ne s'accordent pas tous ensemble sur les plus importantes particularités de ce sacrifice. Les uns, comme Eschyle dans Agamemnon, Sophocle dans Électre, et, après eux, Lucrèce, Horace et beaucoup d'autres, veulent qu'on ait en effet répandu le sang d'Iphigénie, fille d'Agamemnon, et qu'elle soit morte en Aulide. Il ne faut que lire Lucrèce au commencement de son premier livre :

Aulide quo pacto Triviaï virginis aram
Iphianassaï turpárunt sanguine fœdè
Ductores Danaúm, etc.

Et Clytemnestre dit, dans Eschyle, qu'Agamemnon, son mari, qui vient d'expirer,

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