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d'une profonde tristesse; et cette tristesse s'accroît encore quand, portant les regards vers l'avenir, on réfléchit aux catastrophes plus terribles encore que celles qui se produisaient autrefois, aux malheurs plus grands, aux désastres plus complets, qui peuveut accompagner, désormais, les guerres maritimes; l'application de la vapeur à la navigation, et l'adoption pour les vaisseaux de guerre des canons à la Paixhans 1), nous semblent de nature à rendre les guerres maritimes plus cruelles, plus meutrières, plus déprédatrices; plus courtes aussi, peut être !.......

Certes, dans les grandes guerres maritimes, les vaisseaux de ligne à voiles, de 1er, 2, 3 et 4 rang, et les frégates à voiles, de 1er, 2e et 3o rang, conserveront longtemps encore, toujours probablement, leur supériorité sur les bâtiments à vapeur, dans la construction desquels un emplacement considérable doit être réservé pour la machine, les chaudières, le foyer et le combustible; mais la navigation à la vapeur rendra plus faciles les manœuvres ayant pour but d'aborder les vaisseaux de ligne et les frégates qui doivent évoluer uniquement au moyen de leurs voiles, et qui peuvent se voir assaillis, simultanément et de tous les côtés à la fois, par des bâtiments à vapeur; elle facilitera également la remorque jusqu'à la distance favorable au combat, des bâtiments qui, contrariés par les vents, par l'état de la mer, ou par leur propre pesanteur, n'auraient pú, sans le secours des bâtiments à vapeur, atteindre les bâtiments, réunis ou isolés, cherchant à éviter l'attaque de bâtiments de ligne à voiles, plus nombreux, ou supérieurs par leur armement.

D'un autre côté, si la navigation à la vapeur est adoptée par les corsaires, elle deviendra l'origine de déprédations beaucoup plus répétées que par le passé, surtout dans les guerres maritimes entre nations dont les côtes sont voisines, telles que la France et l'Angleterre par exemple. Les corsaires naviguant à la vapeur, embossés dans les baies, cachés par les îles de la côte, s'élanceront sur leur proie sans défense, avec la rapidité de la foudre, et rentreront dans le port avant qu'aucun bâtiment armé de la nation ennemie ait pû se mettre en mesure de leur faire relâcher leur capture.

Enfin, si la navigation à la vapeur semble propre à protéger les côtes, d'une manière plus efficace que les croisières à voiles, elle permettra aussi à l'ennemi de simuler un débarquement sur

1) A l'effet desquels nulle charpente, nulle membrure de vaisseau, nulle construction navale ne saurait résister!

tel point de la côte, attirant ainsi sur ce point l'attention de la contrée menacée et la réunion des moyens de défense; et, mettant à profit l'obscurité d'une longue nuit, les bâtiments ennemis échappant aux croisières, quelqu'attentives qu'elles soient, iront opérer un débarquement à 25 ou 30 lieues plus loin.

Depuis l'adoption de ces deux terribles moyens de guerre (la navigation à la vapeur et les canons à la Paixhans), aucune guerre entre deux grandes Puissances maritimes n'a encore eu lieu. Si une guerre de cette nature venait à éclater, des systèmes nouveaux d'attaque et de défense seraient, sans aucun doute, introduits par les amiraux commandants les flottes belligérantes, car les deux moyens de destruction dont nous venons de parler nécessiteront forcément des modifications dans la science de la stratégie navale Dieu seul a le secret de ce que peut être, désormais, dans sa conduite et dans ses résultats, une guerre maritime entre deux nations dont les forces sont, de part et d'autre, assez considérables pour soutenir la lutte vigoureusement, et qui possèdent des équipages courageux, ainsi que des officiers habiles, énergiques et instruits. 1)

§ 25.

Du combat sous pavillon étranger.

Le combat sous pavillon étranger est un acte de félonie; il est réputé acte de piraterie: ce serait vainement qu'on voudrait faire envisager comme une ruse permise pour surprendre l'ennemi, de s'être avancé vers lui, couvert d'un pavillon ami.

Si, dans certaines circonstances, la ruse est licite, c'est uniquement, quand elle ne blesse ni l'honneur ni la morale.

Masquer son dessein d'attaque sous un pavillon ami, afin d'écarter toute défiance du côté du bâtiment qu'il s'agit d'appro

1) Sans contredit les marines militaires les plus imposantes sont celles de la Grande-Bretagne, de la France, de la Russie et des Etats-Unis; mais plusieurs Etats maritimes possèdent, également, des flottes importantes, la Suède, le Danemarck, l'Espagne, les Pays-Bas, l'Autriche, le Portugal, les Deux-Siciles; les forces navales de la Sardaigne, du Brésil, de la Grèce, etc. n'atteignent pas un chiffre fort élevé. - Il serait difficile de donner, avec une exactitude réelle, un apperçu statistique des flottes de ces divers gouvernements et de la force de leur armement d'une part non seulement le chiffre en est fort variable d'une année à l'autre: dautre part, la dénomination des bâtiments n'est pas la même dans tous les pays. De plus, divers États sont dans le cas d'entretenir, par suite de l'étendue de leurs côtes, un grand nombre de petites navires de 1 à 3 ou 4 canons, qui leur seraient fort utiles pour a défense, mais d'un bien faible secours pour l'attaque. C'est ainsi par exemple que la Suède possède plus de 400 chaloupes canonières, l'Angleterre plus de 50 navires de 2 à 8 canons, la France, 73 cutters, avisos, transport, etc. de 2 à 10 canons. Nous tâcherons, toutefois, de présenter un état des forces navales dont les chiffres CUSSY. I. 17

cher, est une action qu'aucun commandant de bâtiment de guerre ne voudrait, de nos jours, se permettre sa dignité personnelle, la dignité de son pays, l'honneur militaire s'opposeraient non pas seulement à la mise en œuvre d'un semblable moyen, mais même à ce que la pensée pût s'en présenter à son esprit.

Valin en parlant du coup de semonce tiré sous un faux pavillon, dit qu'il ne voit, dans ce fait, qu'un trait de lâcheté et de perfidie, que l'exemple même donné par l'ennemi ne saurait

(qui indiqueront le nombre des canons qui garnissent la flotte de chaque pays), se rapprocheront, autant que possible, de la vérité: nous le donnons, cependant, avec toute réserve.

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justifier; à plus forte raison, aurait-il pù et dù lancer le même anathème à l'occasion du combat sous pavillon étranger.

La loi française du 22 mai 1803 ordonne aux capitaines armés en course d'arborer le pavillon français avant de tirer à boulet sur le bâtiment poursuivi. 1),

Nous aurons à rappeler, ou Livre II, chapitre XXIV, § 4, une circonstance, dans laquelle les sentiments élevés qui doivent enchainer dans sa mise en œuvre, toute action injuste ou immorale que semble solliciter une mauvaise pensée, née d'une haine profonde, pour l'ennemi, ou du besoin d'arriver au succès à tout prix, n'ont pas retenu un commandant anglais, à la fin du siècle dernier; cet officier s'est donné, en effet, le tort inexcusable d'user d'un pavillon étranger pour pénétrer, de nuit, avec sécurité, dans un port, afin d'y surprendre deux bâtiments ennemis qui s'y trouvaient à l'ancre.

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Dénomination

des vaisseaux, corvettes, frégates, etc.

Vaisseaux de 1er, 2, 3e et

4e rang

Frégates de 1er, 2e et 3e rang

(ou valss. de 5e et 6erang)

Corvettes

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Nombre. Armement. Nombre. Armement. Nombre. Armement.

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Cutters, etc. bâtiments lé gers

30 »

6 à 20

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Bâtiments à vapeur moins

les paquebots

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Total de canons.

720

720

Dénomination

Brésil.

des vaisseaux, corvettes, frégates, etc.

Prusse.

Nombre. Armement. Nombre. Armement. Nombre. Armement.

Grèce.

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NB. Les chiffres de la colonne France sont de l'année 1854, ainsi que ceux de la Suède, du Danemarck et de la Prusse; les chiffres des autres colonnes sont ceux des années 1852 et 1853.

Le conseil d'État français a déclaré, en 1815, que la simulation de pavillon est permise pour se soustraire à la surveillance des belligerantes; mais qu'elle ne saurait jamais l'être quand il s'agit d'attaquer, de combattre, et même de tirer le coup de semonce, nommé également coup d'assurance, car il est tiré réellement pour assurer le pavillon national, hissé au moment où le croiseur veut procéder à la visite d'un bâtiment. (§§ 15 et 16.)

§ 26.

Des prises maritimes en général. 1)

Le droit des gens, origine du droit conventionnel international, est fondé sur la raison naturelle et sur la justice.

Or, n'est-il pas contraire à la raison comme à la justice, que la querelle qui éclate entre deux ou plusieurs gouvernements, devienne, en quelque sorte, la querelle personnelle de chacun des membres des nations dont les gouvernements sont entrés en hostilités ?

N'est-ce pas déjà trop que des bataillons, composés d'hommes, au cœur desquels n'existent aucuns sentiments personnels de haine les uns contre les autres, se précipitent, cependant, avec acharnement les uns contre les autres, à la voix de leurs chefs, et cherchent à se donner la mort, uniquement parce qu'ils marchent sous des drapeaux différents? n'est-ce pas trop qu'il en soit ainsi, disons-nous, sans qu'il faille encore que les hommes qui ne font point partie des bataillons chargés de soutenir et de faire prévaloir la querelle des gouvernants, aient à souffrir, dans leur personne et dans leurs propriétés, de la guerre juste ou injuste engagée entre les États ?

Quel homme ami de la justice, de la morale et de l'humanité ne trouve pas, en effet, que la guerre entre les gouvernements ne doit point se transformer en guerre entre les individus qui n'appartiennent point aux armées belligérantes?

Aussi nous élevons-nous et protestons-nous contre ce principe du droit des gens: « dans une guerre de nation à nation tout ce <«< qui est pris sur l'ennemi appartient au capteur.»> Ea quae ex hostibus capimus, jure gentium statim nostra fiunt (Justinien § 17 Institutiones de rerum divisione); aussi nous élevons-nous et protestons-nous contre l'usage barbare que repoussent également l'équité et l'esprit actuel de la civilisation, d'autoriser les bâtiments de guerre et les bâtiments corsaires à se saisir des navires de la marine commerciale appartenants aux négociants de l'État devenu momentanément ennemi. (§§ 20 et 21).

L'on comprend parfaitement que, dans un but de défense personnelle, dans un intérêt de propre conservation, et afin de hâter le moment du succès d'une entreprise qui entraine toujours à sa

1) Voir à la 2e section du § 10 la convention conclue en 1854 entre la France et la Grande-Bretagne.

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