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qu'il réservat le coupable aux travaux publics; et on trouve une nouvelle application de la servitude infligée directement comme peine, vers le commencement de l'empire, dans le sénatus-consulte Claudien il frappait la femme libre mariée à un esclave et ne prévoyait pas moins de dix-huit cas différents1. Or c'était bien là un véritable et complet esclavage. Le condamné qui parvenait à s'y soustraire et se faisait soldat était, comme l'esclave, puni de mort; l'enfant d'une femme esclave de la peine naissait et demeurait lui-même esclave de la peine, servus pœnæ3.

III

Mais c'est surtout du dehors que vinrent plus abondamment les esclaves. On sait avec quelle rigueur les Romains pratiquaient le droit de la guerre; ils le respectaient jusque contre eux-mêmes le citoyen, comme l'ennemi, fait prisonnier, était mis hors la cité, hors la loi, et cessait d'être, en quelque sorte, une personne. Plus d'une fois le séna appliqua ces maximes sévères qui frappaient de la mort civile ceux qui avaient sauvé leur vie au prix de la liberté. On les laissait à l'esclavage qu'ils avaient préféré à la mort On refusait de les reprendre à rançon3: après la bataille

1. « Ut ignaro domino ad id prolapsæ, in servitute; sin consensis<«<set, pro libertis haberentur.» (Tac. Ann. XII, 53.) L'affranchi Pallas était l'auteur de cette loi, qui fut renouvelée par Vespasien. (Suét. Vesp. 11.) Amendée plus tard par Théodose le Jeune (1. 179 C. Th. XII, 1), elle fut supprimée par Justinien (1. un C. J. VII. XXIV). Voyez Blair, Inquiry, etc., et le chapitre x du volume suivant.

2. L. 4, D., XLIX, xvi, De re militari.

LXVII, De pænis.

2. L. 4 (Anton.) C. J., IX,

3. Tite Live, XXII, 59-61. Annibal irrité vendit les uns et tua les

de Cannes, on aima mieux racheter et armer huit mille esclaves; et, si l'ennemi, comme le fit Pyrrhus, les renvoyait de lui-même, si les besoins de l'État faisaient une nécessité de les recevoir et de les employer encore, ce n'était plus au même rang. Abaissés d'un degré, le cavalier parmi les fantassins, le fantassin parmi les auxiliaires, ils devaient servir et porter la marque de leur humiliation jusqu'au jour où ils la rachèteraient par la dépouille de deux ennemis . Ces mêmes rigueurs du régime militaire se maintenaient dans les règles du droit civil. Le prisonnier était mort, son mariage dissous, sa succession ouverte, ses biens vacants. Seulement, là aussi, la fiction vint de bonne heure tempérer la dureté de la loi. Quand le captif revenait, libéré par le rachat ou par la fuite, il était censé n'avoir jamais été captif, et rentrait en possession de tous les droits dont la prescription, cette gardienne de la sécurité publique, ne l'avait point dépouillé (4).

Ce droit de la guerre, Rome l'appliquait aux ennemis, moins les fictions qui, pour les citoyens, en affaiblissaient ou en détournaient l'atteinte. Les vaincus étaient faits prisonniers, et les prisonniers n'étaient pas encore assurés de vivre plusieurs, après le triomphe, étaient régulièremen

autres. (App. Guerre d'Ann. 28.) Dans le cours de cette guerre, il y avait eu échange de captifs entre les deux partis. Fabius même vendit son champ pour parfaire le compte d'échange au taux convenu de 2 livres 1/2 d'argent par tête. (Tite Live, XXII, 23. Cf. Dion Cassius, Fragm., p. 23, 1. 57, et p. 64, 1. 64.) De même, on avait traité de la rançon des captifs avec Pyrrhus. (App. Guerre des Samn. x, 4.)

1. Valère Maxime, II, vii, 15. Les compagnons de Varus, rachetés par leurs parents, furent tenus hors de l'Italie. (Dion Cass. LVI, 22, p. 822, 1. 36.)

2. «< Postliminium fingit eum qui captus est in civitate semper ◄ fuisse.» (Instit. I, xv, 4.) ¡

mis à mort'; d'autres fois, ils étaient égorgés dans le camp, ou encore, on les faisait s'entr'égorger eux-mêmes dans des luttes qui servaient à l'amusement du soldat 3. Le reste, quand il n'y avait pas lieu d'en faire l'échange, subissait l'esclavage. Des exemples s'en trouvent dès les premiers temps de Rome*; ils se multiplient dans toute la suite de ces guerres italiennes où la république eut à soutenir une lutte si vive contre les tribus voisines. Pendant les guerres d'Annibal, où elle combattit encore dans les mêmes lieux, pour son salut, elle eut aussi, après tant de funèbres journées, ses jours de victoire et ses captifs. Plusieurs, avant la bataille de Cannes, avaient fait l'objet d'un échange; plus tard, quinze mille furent vendus au profit de l'État, et, quand la défaite de Carthage, en 202, étendit la lutte au monde entier, tous les champs de bataille donnèrent à l'esclavage ses victimes. Déjà la Sicile avait vu

1. Appien dit que Pompée, après la guerre de Mithridate, ne se conforma point à cet usage : Παρελθὼν δὲ ἐς τὸ Καπιτώλιον, οὐδένα τῶν αἰχμαλώτων ἔκτεινεν, ὡς ἕτεροι τῶν θριάμβους παραγόντων. (Guerre de Mithr. 117.)

2. Dion Cassius, XLVII, 48, p. 525, 1. 8 (dans le camp de Brutus). 3. Annibal avait ainsi fait combattre des soldats gaulois, mais en offrant liberté aux vainqueurs. (Tite Live, XXI, 42.) Sextus Pompée donna un combat naval de captifs près de Rhegium. (Dion Cassius, XLVIII, 19, p. 539, 1. 45.) Sous Auguste, on fit ainsi combattre des troupes de Daces et de Suèves. (Ibid. LI, 22, p. 655, 1. 92. Cf. LIII, 1, p..696, 1. 27, et LV, 5, p. 775, 1. 62.)

4. Malgré la loi de Romulus, dont Denys d'Halicarnasse a évidemment exagéré la portée. Tullus Hostilius a de nombreux esclaves, et l'on voit que Tarquin l'Ancien avait fait vendre tous les habitants de Corniculum. (Denys d'Hal. III, 50.)

5. Trois mille huit cent soixante-dix à la bataille d'Aquilonie, trois mille, puis deux mille autres dans la suite de la guerre, etc., etc. (Tite Live, X, 42, 46.) Dans l'appareil du triomphe qui suivit était portée une somme de 3 533 000 as, que l'on disait provenir de la vente des prisonniers. (Ibid.)

sa population, comme ses terres, décimée; la Sardaigne, par ses continuelles révoltes, renouvela.t ses défaites et les générations de ses captifs; la Gaule Cisalpine, l'Espagne, payèrent aussi en troupes d'esclaves les légions romaines qui s'usaient à les réduire', et plus tard la Transalpine cut son tour dans cette rude guerre que lui fit César. Les exemples s'en trouvent à chaque page de ses fameux commentaires. Ce sont des peuples entiers. Rien n'égale l'horreur du fait que le sang-froid du narrateur... César tue, prend et vend: « Senatu necato, reliquos <«< sub corona vendidit». En une fois, il vend cinquante-trois mille hommes. Si l'on en croyait Plutarque et Appien, il aurait fait un million de captifs avant d'atteindre à cette victoire complète qui devait ouvrir à la Gaule, dans un avenir assez prochain, les portes de la cité et du sénat'. Rien de plus difficile à prendre que ces esclaves, rien de plus difficile à garder; les Espagnols étaient trop dangcreux, les Sardes trop indociles: ils ont la gloire d'avoir, à

1. Tite Live, XLI, 28; App. Guerres d'Espagne, 99, etc. Il y en eut qui échappèrent à ce sort. Les Stènes, tripu gauloise des Alpes Graia, attaqués à l improviste par les Romains, tuèrent leurs femmes et leurs enfants et se jetèrent dans les flammes. Ceux qui furent pris s'étranglèrent ou se laissèrent mourir de faim: « Nullusque omnino vel par<< vulus superfuit, qui servitutis conditionem vitæ amore toleraret. » (Orose, V, 14; cf. Liv. Epit. LAI.) — Tite Live parle de cinq mille six cent vingt captifs Istriens vendus sub corona. (XLI, 11.)

2. De bello Gall. III, 16.

3. Sectiouem hujus oppidi universam Cæsar vendidit. Ab his qui emerant, capitum numerus ad eum relatus est milaum Làш. » (Ibid. II, 34.) 4. App. Guerres des Gaules, 2; Plut Cés. 15. Le texte de Reiske (t. IV, p. 196) porte, sur trois millions d'ennemis, le nombre des morts à un million, et celui des captifs à deux fois autant: das di dis Tocaúras iÇúypnov. Coray a supprimé l'adverle ds, comme le voulaient le bon sens et un autre texte de Plutarque. (Pomp. 67, t. III, p. 845.) Velleius Paterculus en estime le nombre à plus de quatre cent mille (cité par M. Blair).

ce titre, donné lieu au proverbe : « Sardes à vendre'. » li n'y avait donc rien de bon à tirer de là pour les besoins du service. Quand Cicéron voyait César porter plus loin la guerre, jusqu'en Bretagne, il s'apitoyait sur le triste butin qu'il en devait ramener : des esclaves probablement bien peu instruits dans la musique et les belles-lettres *!

Mais, en même temps que Rome soutenait en Occident ces guerres opiniâtres et obscures, en Orient, de faciles et éclatants triomphes lui donnaient, à moins de frais, des populations mieux façonnées aux arts et aux habitudes de l'esclavage. Les nations helléniques, si malheureusement divisées dès le commencement de la lutte de la Macédoine contre les Romains, l'Épire, qui, d'abord alliée de Rome, se tourna contre elle sans entraîner de l'autre côté la victoire; l'Illyrie, qui vint s'unir à l'Épire et à la Macédoine à la veille de la défaite, tous ces peuples du nord de la Grèce payèrent un bien lourd tribut à l'esclavage, quand Paul-Émile cut consommé la ruine de Persée. A la suite du roi macédonien figuraient, dans la solennité du triomphe, l'image des nations vaincues : c'étaient presque des nations,

1. Sardi venales, alius alio nequior, etc. » (Festi Fragm. e cod. Farnes. 1. XVIII, p. 322, éd. C. O. Müller.) Festus fait dériver le proverbe d'une coutume étrusque, sous prétexte que les Étrusques sont originaires de Lydie, de Sardes. Cela n'a aucune vraisemblance.

2. « Neque ullam spem prædæ nisi ex mancipiis, ex quibus nullos puto te litteris aut musicis eruditos exspectare. » (Cic. ad Att. IV, 15, p, 527.)-C'est cependant au théâtre qu'Auguste attacha les captifs qu'il avait tirés de la Bretagne. Il est vrai que c'était pour y lever le rideau :

<< Purpurea intexti tollant aulæa Britanni. »

(Virg. Georg. III, 25.)

Servius dit sur ce passage: « Hoc secundum historiam est locutus (Virgilius). Nam Augustus postquam vicit Britanniam plurimos de captivis quos abduxerat donavit ad officia theatralia. »

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