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aly, 1899.

From the Library of

PROF. F W

VI 6709

Soc 1832.1.2

31-001 47-2

HISTOIRE

DE

L'ESCLAVAGE
DANS L'ANTIQUITÉ

LIVRE II

DE L'ESCLAVAGE A ROME DEPUIS LES ORIGINES
JUSQU'À L'ÉPOQUE DES ANTONINS

CHAPITRE PREMIER

DU TRAVAIL LIBRE ET DE L'ESCLAVAGE DANS LES PREMIERS
SIÈCLES DE ROME.

Les conclusions que nous avons tirées de l'histoire intérieure de l'Orient et de la Grèce, touchant l'influence de l'esclavage, doivent trouver à Rome leur contrôle et leur confirmation. En Orient, les textes nous manquent pour étudier dans le détail les conditions particulières où il fut placé et l'action qu'il cut sur la société tout entière. En Grèce, les faits sont plus abondants, mais la scène est plus restreinte. Rome, au contraire, comprend le plus grand nombre de faits sur le plus vaste théâtre; sa domination

réunit, autour de la péninsule italique, les extrêmes de la civilisation et de la barbarie, les nations helléniques et les races de l'Occident, Carthage et l'Égypte, et les tribus du Nord. Elle a vécu, àge de peuple, développant, dans ces limites si larges et de temps et de lieu, toutes les conséquences des principes qui étaient entrés dans sa constitution, sans que rien en troublât la marche, en suspendit le progrès. Elle tomba quand ces conséquences arrivèrent à leur terme; et, lorsqu'elle tomba, son génie, dominant encore les ruines de sa puissance, se continua, toujours vivant, par sa langue et par son droit. Nous avons ses poètes, ses orateurs, ses moralistes, ses historiens, quoique plusieurs aient péri et que tous aient souffert de l'incurie des âges barbares. Nous avons son corps de droit, quoique mutilé et amoindri par le cadre même qu'une main plus débile lui traça pour le garder. En somme, on peut dire que Rome nous est restée dans son ensemble, comme nous sont restés plusieurs des monuments consacrés par elle, debout encore au milieu des sociétés modernes, malgré les outrages du temps. Quelques parties ont pu être détruites, les détails effacés; mais la masse a traversé les âges de destruction ou d'indifférence; l'esclavage, placé à la base de l'édifice, pourra donc être étudié dans sa constitution même, el dans ses rapports avec la société dont il était le fondement.

Dans cette formation progressive des institutions d'un grand peuple, quelle part eut-il au mouvement et au progrès ? Dans celte initiation du monde à la civilisation, quelle influence exerça-t-il sur la transformation des races barbares? C'est ici ou nulle part ailleurs qu'il doit produire ses titres; et, s'il reste démontré qu'il fut ce que nous l'avons vu partout, une cause de démoralisation et

de ruine pour les esclaves et pour les maîtres, on pourra dire que sa cause est jugée. Devant ces lumières de la raison et de la foi qui proclament l'égalité du genre humain, on ne cherchera plus à s'envelopper dans quelques replis des voiles du passé : ils tombent pour nous montrer à nu cette plaie hideuse de l'humanité qu'on veut rejeter sur la Providence, comme si la Providence devait reprendre le rôle de la fatalité antique, force aveugle et inerte, qui, tout en laissant à l'homme la liberté d'agir, acceptait la responsabilité de ses actions.

I

L'histoire de Rome, dans les douze siècles qu'il lui fut donné de remplir, présente ¡plusieurs périodes distinctes de grandeur et de décadence; mais on peut les ramener à trois principales. Dans la première, Rome se fonde et s'affermit les institutions qu'elle s'est données sous les rois se développent et se complètent dans les commencements de la république. Elle a rangé l'Italie vaincue aux degrés divers d'une hiérarchie habilement calculée, en même temps qu'elle a établi l'unité dans son sein; de là, cette harmonie parfaite et cette vigueur dont elle fait preuve dans ses luttes contre Annibal: elle combattit pour son salut et y gagna l'empire du monde. Dans la seconde période, la conquête s'achève avec la république et s'organise avec l'empire; c'est l'âge de la puissance et de la grandeur, et il dure de trois à quatre siècles, depuis la fin de la deuxième guerre punique jusqu'au temps des Antonins. Mais déjà les causes de ruine qui se trouvaient dans la constitution de la société romaine se sont accrues

avec elle. Le gouvernement impérial, dans ses meilleurs jours, est impuissant à les combattre; tout tombe, les institutions, l'esprit public et les mœurs; et quand l'empire dresse le tableau de son administration, ce n'est plus qu'une forme vide où les. barbares s'établiront à l'aise, sans autre peine que d'y entrer.

L'histoire de l'esclavage à Rome, bien qu'il soit plus difficile de la partager nettement en périodes distinctes, peut cependant se prêter à peu près à ces divisions. L'esclavage existe dans la première période avec le vieil esprit romain pur encore; il se développe et s'organise dans la seconde, sous l'influence des idées et des besoins que la Grèce soumise a su lui communiquer; dans la troisième, il entre en décadence.... Serait-ce donc que les destinées de Rome eussent été liées à celles de l'esclavage et qu'elle dût perdre l'empire du monde, quand l'autorité du père de fa mille, cette image de la souveraineté de l'Étaf, fut diminuée? Ce résultat serait bien favorable aux défenseurs de l'esclavage; mais avant d'accepter pour le monde romain une conclusion si contraire à ce que nous avons vu chez les Grecs, il faut soumettre les idées que nous avons émises dans la première partie à l'épreuve des faits que l'histoire de Rome nous présente. Nous dirons donc comment l'esclavage y fut établi, étendu, organisé; nous chercherons, pour chacune des deux premières périodes, dans quel rapport il fut avec les institutions où Rome puisait le principe de sa force, le secret de sa domination dans le monde, et nous verrons ensuite par quelles causes commença pour lui la décadence, et ce qu'elle eut de commun avec la décadence de l'État (1).

L'esclavage eut peu de développements à Rome dans la période primitive. Le peuple romain était pauvre et belli

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