Immagini della pagina
PDF
ePub
[ocr errors]

peu

les vers de la jeunesse de Properce
(3), pourrait être invoqué à l'appui
des conjectures qu'a fait naître un
vers attribué à Properce, par Ful-
gence, et qu'on a cherché vaine-
ment dans les poésies de l'ami d'O-
vide, telles qu'elles nous sont par-
venues. Mais il ne faut pas se hâ-
ter de regarder ces conjectures com-
me des preuves suffisantes de la
perte d'une partie des poésies de
Properce. Celles dont nous jouis-
sons suffisent à sa gloire; et bien
de compositions du siècle d'Auguste
sont plus dignes d'être étudiées par
les amis de l'antiquité. L'élégie, na-
turalisée à Rome par Catulle, avait
souri aux chants un peu âpres de
Gallus, et surtout à la pureté des ac-
cents si vrais et si mélodieux du mé-
lancolique Tibulle. Properce voulut
être le premier dans l'élégie passion-
née. Quintilien, qui paraît préférer
le chantre de Délie, avoue que son
rival partageait de son temps les suf,
frages; et la postérité a long-temps
hésité entre ces deux poètes, comme
les Romains et les Grecs entre Phi-
létas et Callimaque, comme les cri-
tiques du dernier siècle, entre deux
autres amis, dont il n'est plus per-
mis de separer les noms de ceux de
Properce et de Tibulle: Bertin et
Parny. Aujourd'hui les rangs sont
fixés; et la place de Properce est
marquée un peu au-dessous de Ti-
bulle, mais beaucoup plus près de
lui que d'Ovide, leur ami commun.
Son style, fort de mouvements et d'i-
mages, plein dans sa précision, et
par sa précision même un peu obs-
cur, manque trop souvent, nous ne
dirons pas de naturel, mais de ce mol
abandon qui nous charme quand
nous lisons Tibulle. Il est vrai que

la

(3) Carmen juvenile Propert, épigr.I, 189,1. XIV.

lyre de Tibulle n'a qu'un ton; et, si
Properce a moins de sentiment, il
est plus varié, plus riche en idées.
« Né pour
la haute poésie, dit Par-

» ny, il a peine à se renfermer dans
» les bornes du genre élégiaque :
» il met trop souvent entre Cyn-
»>thie et lui, tous les dieux et tous
» les héros de la fable. Ce luxe d'é-
» rudition a de l'éclat : mais il fati-
» gue et refroidit parce qu'il manque
» de vérité. L'ame, préoccupée d'un
>> seul objet, se refuse à tant de sou-
»venirs étrangers: la passion ne con-
>> serve de mémoire que pour elle-
» même. » On a essayé de le justi-
fier, en disant que ces allusions conti-
nuelles à la mythologie, qui sont de
l'érudition pour nous, étaient pour
les Romains des souvenirs de tous
les jours. Mais ceux qui savent lire
Properce ne peuvent s'empêcher de
reconnaître un peu d'ostentation dans
toute cette science dont il surcharge
ses élégies; et l'on ne doit pas où-
blier que le même reproche a été en-
couru par Callimaque, celui de tous
les Grecs qu'il affectait le plus de
suivre comme modèle, puisqu'il se
glorifie du titre de Callimaque ro-
main. Le caractère même de la dic-
tion décèle fréquemment dans Pro-
perce, l'étude des poètes grecs. Sa
versification se distingue par le re-
tour presque habituel d'un mot po-
lysyllabe à la fin de ses pentamètres.
Ovide et Tibulle terminent presque
toujours leurs distiques par un ïam-
be; et, si l'on peut s'en fier au juge-
ment d'une oreille étrangère, cette
chute a bien plus de grâce et d'har-
monie. Properce a mérité un repro-
che plus grave, celui d'avoir outra-
gé plus d'une fois, dans ses Elégies,
cette décence que Tibulle respecte
toujours. On a blâmé ce dernier de
n'avoir pas été fidèle à des courtisa-

il

nes; mais Properce ne nous apprendpas lui-même que ses vers furent beaucoup plus fidèles à Cynthie que son amour? N'est-ce pas la volupté qui le ramène sans cesse auprès d'elle? Il chante ses sensations plutôt que sa maîtresse; et cette fougue ardente qui le caractérise, est bien plus dans son imagination que dans son cœur. C'est cette imagination qui l'entraîne à des mouvements vraiment lyriques, soit lorsqu'il célèbre les triomphes d'Auguste, soit lorsqu'il prie pour Cynthie malade, ou lorsqu'il gémit sur le naufrage de Pétus, soit dans son Dithyrambe à Bacchus (1. 3, el. 17), ou dans l'Hymne qu'il chante à la gloire d'Hercule (él. 9, 1. 4). C'est encore à l'imagination flexible de Properce que l'antiquité doit les deux plus beaux modèles qu'elle nous ait transmis dans l'Héroïde, celle de Cornélie à Paulus et celle d'Aréthuse à Lycotas (3o. et 11o., l. 4). L'édition princeps des Poésies de Properce porte la date de février 1472, petit in-4°., sans autre désignation. La seconde, en faveur de laquelle on a réclamé la priorité (Sexti Aurelii Propertii Eleg., 1. Iv, in-4°., de 164 p., sans date), paraît avoir été imprimée avec les caractères de Th. Ferrand de Brescia, vers 1473. Le manuscrit sur lequel avaient été faites les copies qui ont servi à ces éditions, était fort altéré par le temps. Turnèbe, Muret, Passerat et d'autres zélés commentateurs, se sont efforcés de rétablir le texte primitif, encore mutilé par les corrections de Scaliger. Mais la diction du poète, hérissée d'allusions aux traits les moins connus de la Fable et d'ellipses qui nelais sent presque jamais entrevoir les idées intermédiaires dont il craint d'em

barrasser sa marche, a plus d'une fois rebuté ses admirateurs ; et c'est peut-être le moins lu de tous les classiques. Nous citerons encore l'édition de Barth, Leipzig, 1777, in - 8o. ; celle de Burmann, publiée par Van Santen, 1780, in -4°., et celle de Kuinoel, Leipzig, 1805, 2 vol. in8°. Les Elégies de Properce accompagnent ordinairement les Poésies de Catulle. Parmi ses traducteurs en prose, nous nommerons Delongchamps, dont la version française, publiée en 1772, a été réimprimée, avec des éclaircissements très-utiles à l'intelligence du texte, en 1802 (2 v. in-8°.); il est difficile de vaincre plus de difficultés avec plus de bonheur;

La Houssaye, 1785; Piètre,

1801. La traduction en vers de Denne-Baron a paru en 1814; celle de J.-P.-Ch. de Saint-Amand a été annoncée comme la plus complète en vers français. Les Elégies de Pro. perce, réduites à trois livres, ont aussi été traduites en vers français, par M. Mollevaut de l'académie des inscriptions, qui en a donné une seconde édition in-18, en 1821. Properce a fourni des traits d'une heureuse imitation à André Chénier et à Bertin. F-T j.

PROSPER (SAint ), surnommé d'Aquitaine, pour le distinguer de quelques autres personnages du mêmenom, était né dans cette province, en 403, selon l'opinion la plus commune. Il s'appliqua, dès sa jeunesse, à l'étude des belles-lettres et de la poésie, et y fit de très-grands progrès. Il se retira dans la suite en Provence; et l'on présume qu'il était à Marseille, lorsque saint Augustin adressa au clergé de cette ville les livres de la Correction et de la Grá

ce.

Ces deux ouvrages ayant été critiqués amèrement par quelques ec

clésiastiques, comme tendant à détruire le libre arbitre, saint Prosper crut devoir informer l'évêque d'Hippone de ce qui se passait à Marseille: il fut confirmé dans cette résolution par Hilaire, homme pieux et instruit, avec lequel il s'était lié d'une étroite amitié; et saint Augustin leur répondit, en leur envoyant les livres de la Prédestination et de la Persévérance, qui contiennent une réfutation solide de toutes les objections de ses adversaires. Après la mort de l'évêque d'Hippone, saint Prosper fit, avec Hilaire, le voyage de Rome, pour instruire le pape des progrès des semi-pélagiens; et Célestin, qui occupait alors le siége pontifical, s'empressa de combattre les nouvelles erreurs dans une lettre dogmatique aux évêques des Gaules. Cédant aux instances d'Hilaire, saint Prosper entreprit aussi de réfuter une doctrine qu'il jugeait dangereuse; et ce fut alors qu'il composa le Poème contre les ingrats, c'est-à-dire contre les sémipelagiens, qui se montraient ingrats envers la grace de Jésus-Christ. Cet ouvrage, indépendamment du mérite du sujet, est écrit avec une élégance et une chaleur assez remarquables. Sur l'invitation du pape saint Léon-le-Grand, saint Prosper revint à Rome vers l'an 440, et acheva d'écraser le pélagianisme, qui recommençait à lever la tête dans la capitale du monde chrétien. Plusieurs auteurs assurent que saint Léon le prit pour secrétaire; mais Buonamici regarde ce fait comme inadmissible, à raison de la différence qu'on remarque entre le style concis et nerveux de saint Prosper, et celui des lettres qu'on a sous le nom de saint Léon (V. Buonamici, De claris pontificiarum epistolar.

XXXVI.

scriptoribus). La contestation qui s'éleva (444), touchant le jour auquel on doit célébrer la fête de Pâques, fournit à saint Prosper l'occasion de montrer l'étendue de ses connaissances dans les mathématiques et la chronologie. Il composa même à ce sujet un Cycle paschal de quatrevingt-quatre ans; mais ce curieux monument ne nous est point parvenu. D'après la chronique de Marcellin, on conjecture que saint Prosper vivait encore en 463. L'Église célèbre sa fête le 25 juin. Les ouvrages de saint Prosper ont eu un grand nombre d'éditions; les meilleures sont celles de Paris, 1711, infol., publ. par Mangeant et Le Brun des Marettes, ( et celle de Rome, 1752, donnée par Foggini, sur laquelle a été faite celle de Paris, 1760, ainsi que la Traduction française, ibid., 1762, avec des notes.) Les savants éditeurs l'ont enrichie d'un Index très-ample, et d'une Vie de saint Prosper, tirée du tome xvI des Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique, par Tillemont. Elle contient : les Lettres de saint Prosper et d'Hilaire à saint Augustin et à Rufin, avec les deux Traités de l'évêque d'Hippone, qui servent de réponse. Le Poème contre les ingrats, dont on a déjà parlé : il a été trad. en vers franç. par Le Maistre de Sacy, Paris, 1646; souvent réimprimé; 1650, etc., avec la trad. en prose, par le même, de la lettre à Rufin. -L'Epitaphe des hérésies de Nestorius et de Pélage, suivie de quelques autres petites pièces de vers.-Plusieurs Réponses aux partisans du pelagianisme, entre autres à Cassien.

-Une partie d'un Commentaire sur les Psaumes, abrégé de celui de saint Augustin. saint Augustin.- Un Recueil de sentences tirées des ouvrages de ce

10

saint docteur, en prose, et traduites en vers latins ; et enfin une Chronique qui finit à l'an 455 (1). Les autres ouvrages qui font partie de cette édit. ne peuvent point être attribués à saint Prosper d'Aquitaine, dont les OEuvres (authentiques) ont été trad. en français par Lequeux, Paris, 1762, in-12. On peut consulter, pour plus de détails, l'Histoire littéraire de la France, 11, 378-406. -PROSPER TIRO, poète que l'on a souvent confondu avec le précédent, était né dans les Gaules, et peut-être même dans la province d'Aquitai

ne,

sieurs passages qui semblent prouver que l'auteur partageait les erreurs du sémipélagianisme.-PROSPER D'AFRIQUE, ainsi nommé du lieu de sa naissance, florissait également dans le cinquième siècle. Il avait fait ses études à Carthage. Pour échapper à la persécution des Vandales, il passa dans l'Italie, où l'on conjecture qu'il se fixa. Il est auteur de divers ouvrages attribués à saint Prosper d'Aquitaine, et imprimés dans le Recueil de ses œuvres, tels que le Traité de la vocation des gentils, et l'Epitre à la Vierge Démétriade, etc. (2) W-s.

vers la fin du quatrième siècle. On conjecture qu'il tenait un rang distingué dans le monde par sa naissance, par ses richesses, ou par les charges qu'il exerçait. Les ouvrages qu'on lui attribue annoncent un esprit très-cultivé, et un talent remarquable pour la poésie. Dom Rivet, qui l'appelle un grand homme, regrette que l'antiquité ne nous four nisse pas de lumières sur un écrivain qui paraît avoir fait en son temps l'ornement de son pays (Hist. litter. de la France, 11, 326): il regarde Tiro comme le véritable auteur de quelques ouvrages publiés avec ceux de saint Prosper d'Aquitaine, entre autres du petit Poème adressé par un mari à sa femme (Poëma conjugis ad uxorem), que quelques critiques attribuent à saint Paulin. On sous le nom de Tiro, une Chronique imprimée plusieurs fois à la suite de celle de saint Prosper, dont elle n'est guère qu'un abrégé ; mais elle en diffère par plu

a,

PROSPER-ALPIN. V. ALPINI.

PROST (JEAN-CLAUDE ), surnommé le capitaine Lacuson, né à Longchaumois, près Saint-Claude, a laissé, dans son pays, une réputation qui a, pour ainsi dire, passé en proverbe. La tradition attribue les choses les plus extraordinaires et les plus atroces à ce militaire au service d'Espagne, qui fit la guerre de partisan en Franche-Comté de 1635 à 1659. La terreur qu'il avait inspirée aux habitants de la Bresse Jurassienne, était telle, qu'elle avait perpétué jusqu'à nos jours une oraison qui, assimilant Lacuson à la fièvre, leur éternelle encemie, servait à demander à Dieu de les préserver de ces deux fléaux. Une enquête faite par le parlement de Dole, sur la conduite de Lacuson, l'a justifié complètement des crimes qu'on lui imputait. En 1658, vingt communes, représentées chacune par trois députés, des magistrats, des docteurs en droit et un médecin, attestèrent sa générosité, ainsi que sa bravoure. Pour que l'é

(1) Cette Chronique et celle de Prosper-Tiro ont beaucoup occupé les savants. Outre les auteurs cités par Fabricius (Bibl. lat.), et dans la Bibl. histor. de la France, tom. II, no. 16005-7, on peut consulter l'ouvrage de Jean Vander Hagen, intitulé: Observationes in Prosperi Aquitanici Chronicon integrum ejusque 84 annorum cyclum, 1733, in-4o.

(2) Voy. Jos. Antelmi, De veris operibus SS.patrum Leonis M. et Prosperi Aquitanici dissertationes critica, Paris, 1689, in-4o.

loge fût complet, certains juges le louèrent même de les avoir aides dans l'instruction du procès de plusieurs sorciers. Lacuson défendit successivement, contre les armées de Louis XIV, les principaux châteaux du premier plateau du mont Jura : mais sa résidence favorite était le manoir de Saint-Laurent-la-Roche (près de Lons-le-Saunier), dont les ruines dominent les vastes plaines de la Bresse et le duché de Bourgogne. C'est de là qu'il partait souvent pour s'emparer des convois faiblement escortés, et pour rançonner les petites villes environnantes. Un monument singulier, que l'on voit encore à Cuiseaux, rappelle une de ses entreprises. Sur l'un des panneaux de la boiserie en chêne de l'église paroissiale, on remarque un renard dans une chaire, prêchant des poules qui ouvrent un large bec ceci, d'après un ancien titre et la tradition, rappelle qu'un soldat de Lacuson, déguisé en capucin, introduisit, par surprise, ses compagnons dans cette ville qu'ils pillèrent, et dont les habitants se vengèrent par cette allégorie. Cet aventurier mourut au siége de Milan, dans les rangs espagnols. Z.

PROST DE ROYER (ANTOINE FRANÇOIS), né à Lyon le 5 septembre 1729, fils d'un avocat, fut luimême destiné au barreau, et, après avoir achevé ses études dans sa patrie, vint entendre, à Paris, Cochin et Lenormant. Il n'avait pas vingt ans quand il revint à Lyon, et fut chargé de prononcer le discours pour l'installation des nouveaux magistrats. Il se distingua bientôt dans son état; mais, en même temps qu'il défendait des intérêts privés, il s'exerça sur des matières d'intérêt public. La confiance de ses concitoyens le

nomma administrateur des hôpitaux, puis échevin, en 1773 et 1774, et président du tribunal de commerce. Devenu lieutenant - général de police, en 1772, il se montra administrateur habile et magistrat désintéressé. Vainement lui offrit-on un jour mille louis s'il consentait à conserver le monopole pour la vente du grain. Il refusa également une somme de vingt mille écus, qui lui fut proposée pour qu'il permît la vente de bleds avariés. Cependant, alors, sa fortune avait beaucoup souffert de son dévouement au bien public. En 1780, sa commission fut révoquée; et Prost de Royer, rentré dans la vie privée, se chargea d'une nouvelle édition du Dictionnaire des arrêts de Brillun. Le cinquième volume était sur le point de paraître, quand le rédacteur mourut, dans le besoin, le 21 septembre 1784. On ne trouva chez lui qu'une pièce de vingt-quatre sous. M. Moulin prétend même que sa misère était extrême, et que son boulanger lui refusa du pain. Lyon se porta en masse à ses funérailles. La ville avait tenu sur les fonts baptismaux sa fille, qui fut, en conséquence, nommée Lyonne. Prost de Royer était, de son temps, le seul homme à Lyon qui connût le droit public. Turgot en faisait beaucoup de cas; Voltaire et le prince Henri de Prusse lui écrivirent: c'était l'homme que la ville de Lyon présentait aux voyageurs distingués, l'empepereur Joseph II, le grand - duc de Russie, depuis Paul fer., le roi de Suède, etc. On a de lui: I. Lettre à monseigneur l'archevêque de Lyon, dans laquelle on traite du prêt à intérêt à Lyon, appelé dépôt de l'argent, Avignon (Lyon, 1763), in8°. Le commerce de Lyon était alar

« IndietroContinua »