MÉMOIRES concernant l'Hiftoire, les Sciences, les Arts, les Mœurs 610 pages, PREMIER EXTRAIT. O N s'eft attaché à rendre ce nouveau volume intéreffant par l'importance & par la variété des matieres, c'est-à-dire, qu'il renferme des Mémoires fur une infinité de fujets différens, telles font diverfes Obfervations Météorologiques & Aftronomiques; d'autres concernant les animaux domeftiques, les bêtes à laine, & les : les chevaux ; de courtes notices relatives à la Botanique, & aux Minéraux ; diverfes remarques fur l'Art de travailler le fer, de pein-, dre fur glace, fur pierre, de dorer fans or, & fur la teinture. Un Mé. moire fur l'ufage de manger de la viande, un autre fur l'évaluation du taël d'argent, comparé à la valeur de notre monnoie fur la gomme élastique fur l'Imprimerie en caracteres mobiles; enfin des Lettres qui renferment des détails très-étendus fur les derniers événemens arivés à la Chine, & fur divers autres objets relaufs à l'Electricité, au Magnerifme & à l'Aérostatique; car les Chinois ne veulent point être au-deffous des autres Nations, & pretendent retrouver chez eux, & fur tout chez leurs ancêtres, tout ce que les autres Nations découvrent. Dans le compte que nous allons rendre de cet Ouvrage, nous nous arrêterons un moment fur ces prélen tions, que l'on peut regarder comme imaginaires. Dans les Lettres de M. Amiot, un des Miffionnaires de ces derniers tems, qui s'eft le plus diftingué par differens Ouvrages qu'il a envoyés, qu'il envoie encore en Europe, & qui font imprimés dans ces volumes, on lira avec plaifir des traits curieux. Après l'Avertiffement, on trouve quelques petites pieces de Poéfies Chinoifes, qui font imprimées dans ces Recueil, que Mde. du Bocage, entraînée par fon penchant pour les Chinois, a cru devoir mettre en vers François. Les Obfervations Météorologiques que l'on rapporte dans ce volume ne concernent que celles qui ont été faites pour les villes qui de Nan-King & de Kai-Fongfou, & elles remontent fort haut. Celles de la premiere à l'an 190 avant J. C; celles de la feconde à l'an 180. Il est bien remar quable que la Chine, dit le Miffionnaire, qui les a traduites quoique devenue idolâtre & infidelle depuis tant de fiecles, défere à la pratique des premiers âges, jufqu'à charger l'Hiftoire de faire le récit détaillé des calamités & des fléaux naturels de chaque année, pour inftruire une génération , par les déftinées de celles qui ont precedé, & apprendre à tous les fiecles que le fort des peuples & des Empires ne tient à rien d'humain. Bien plus, de crainte que cette grande & importante inftruction ne perdît de fa force, ou du moins de fon intérêt, en embraffant tout l'Empire pour une dynastie en- tiere, on l'a fait entrer pour toutes les dynasties du Gouvernement -dans les Annales particulieres des -provinces & même des grandes Villes avec leur diftri&t. » Cette obfervation ennoblit beaucoup une conduite qui n'eft qu'une fuite de la fuperftion des Chinois dans tous les tems; c'eft ce dont le traducteur auroit dû nous aver⚫tir. Les Chinois obfervent & écrivent tous les phénomenes qu'ils apperçoivent, non pour étendre, comme chez nous, les connoiffan ces phyfiques, mais pour parvenir à prédire & prévoir une infinité de malheurs qu'ils fuppofent être la fuite de ces phénomenes, & enfuite tâcher d'appaifer la colere des Dieux par des facrifices. Pour parvenir à cette connoiffance ils ont un très-grand foin, après avoir indiqué le phénomene, de marquer dans leurs registres qu'ila été fuivi ou de la mort de l'Em-pereur, ou de celle d'un grand, ou d'une guerre, &c. Ces obfervateurs Chinois, pour ne point être en défaut dans leurs predictions, étendent l'influence du phénomene jufqu'à 7, 8 ou 10 ans après. Le Traducteur auroit pu mous inftruire de ces circonftances. |