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soir entre Saint-Claude et Saint-Jean, villages situés audessous de Bouche-d'Aigre, sur le Loir, elle se mit à crier merci; l'homme d'armes qui devait la suivre jusqu'à Saint-Jean, pour la retirer morte ou vive, eut pitié de ses plaintes; il retira la cruelle machine et en fit sortir la pauvre victime dans un piteux état. Elle demanda des vêtements pour se couvrir, on lui apporta un manteau, et quand elle l'eut mis sur elle, elle s'écria: « Ah! froid mantel!» Ce furent ses dernières paroles1.

C'est depuis cette époque que les villages de SaintClaude et Saint-Jean portent le surnom de Froidmantel.

Il existe dans l'église de Saint-Claude-Froidmantel une pierre tumulaire, autour de laquelle sont gravés ces mots :

CY GIST FEUN NOBLE HOME JEHAN DE MONTIGNY, EN SON VIVANT SEIGNEUR DE VILLE-PUERE2, QUI TRESPASSA LE 14 DE MAY 1545.

Peut-être ce seigneur était-il celui dont il est parlé plus haut.

X.

(Écho Dunois et Journal de Chartres.)

1. Autre version. Arrivée près de Saint-Jean, elle demanda où elle était; l'homme qui la suivait le lui ayant dit, elle s'écria : « Ah! froid mantel!» après quoi le tonueau s'enfonça dans l'eau.

2. Villeprover.

DU FRANÇAIS, DU LATIN ET DU CELTO-GAËLIC

A PROPOS DES PATOIS

Bien souvent nous avons pensé que ce devait être à tort que les latinistes allaient chercher dans le latin des étymologies de mots français dont l'origine devait être toute celto-gaélique.

Pierquin de Gimbloux, dans son Histoire des patois, partage aussi cette opinion, et comme exemple il cite les articles le, la, les, que possèdent le français et le celtic, et que ne possède pas le latin: ce n'est donc pas, comme on doit le penser, du latin, mais du celtic que le français a dû en hériter.

Voltaire a dit :

« Il n'y a point de langue mère. Toutes les nations voisines ont emprunté les unes aux autres: mais on a donné le nom de langue mère à celles dont quelques idiomes connus sont dérivés. Par exemple le latin est langue mère par rapport à l'italien, à l'espagnol, au français; mais il était lui-même dérivé du toscan (étrusque), et le toscan l'était du celte et du grec. >> Si, comme le dit Voltaire, le latin remonte au celte par le toscan ou étrusque, le latin n'aurait fait que nous rendre, sous une forme défigurée, ce qu'il nous aurait emprunté, comme les Anglais nous rendent, sous la forme beef, qu'ils prononcent bif, le mot bœuf qu'ils nous ont emprunté. Un savant géographe, M. Houzé, qui s'occupe de l'étude des noms de lieux et auquel nous empruntons les variantes du mot breuil, qui figurent dans cette brochure, nous dit qu'il trouve dans toutes les contrées de l'Italie et de l'Espagne qui ont été celtiques les mêmes noms de lieux que dans la Gaule, et qu'il ne trouve plus ces mêmes noms dans les contrées non celtiques de ces pays.

Lehuerou, dans une lettre datée du 21 mars 1838 et insérée dans une notice publiée sur lui par M. Laferrière, dit, en parlant de Vossius et de son ouvrage, qu'il « cherche le plus souvent dans les langues sémitiques les racines latines qu'il fallait chercher beaucoup plus près dans les langues occidentales. » Il attribue les raisons qui ont induit les savants jusqu'à ce moment en erreur à ce sujet, à ce que ceux qui connaissaient les langues classiques ne connaissaient pas le celte, et que ceux qui connaissaient le celte ne connaissaient que peu ou point de latin et de grec. Il ajoute que pour se livrer à ces études il faut préalablement «se rendre maitre de toute la langue celtique en l'étudiant simultanément dans ses diverses branches: l'irlandais, le gallois, le bas-breton, et peut-être le basque. »> « C'est, dit-il encore, de l'autre côté du détroit qu'il faut se placer tout d'abord; et encore aujourd'hui il est exactement vrai de dire que c'est dans les îles de l'Océan que sont cachés les mystères du monde celtique..... >>

Nota. M. Lehuerou nous annonçait dans cette lettre qu'il avait réuni à la bibliothèque de Rennes une partie des livres qui pouvaient faciliter cette étude, et notamment, dit-il, les excellentes collections que les Anglais ont publiées sur cette matière.

Aux observations qui précèdent, l'espace nous manquant, nous ajouterons cette simple réflexion:

Il n'est pas suffisant de s'occuper du grec, du latin et du celtic pour aider à arriver à une solution; nous pensons qu'il faut encore s'occuper sérieusement des patois et idiomes de la France, et dans ce but nous avons donné comme exemple l'essai de glossaire percheron qui suit.

ESSAI

D'UN

GLOSSAIRE PERCHERON

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Le peuple est maître, en fait de langage.

M. J. BRISSET.

Un jeune homme d'Alençon, aujourd'hui décédé, nous disait un jour que dans trois villages des environs de cette ville on terminait la prononciation des mots d'une manière différente :

Dans l'un, on disait : J'allas, je couras, je revenas.

Dans l'autre J'allant, j'courant, je revanant.

Dans l'autre J'allis, j'couris, je revenis.

On pourrait ajouter pour la commune de Champrond en Gatine et les communes voisines, où on dit en parlant au pluriel : J'allains, je courains, je revenains.

Voici maintenant une conversation prise sur le fait à Raismes, près Valenciennes (Nord).

Une bonne vieille avait pris un logement chez une de ses amies, qui lui dit un jour :

- Eh ben! Zabeth, comment vous trouvez-vous?

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Eh bien! Agathe, sinon | ANNUI et en parlant plus mal, an-
ni, aujourd'hui.
AOINE, avoine.

bien (si ce n'est) qu'il faut tou-
jours que je monte et que je des-
cende, cela irait encore.

On peut juger par là de la cinquième variante que l'on pourrait ajouter aux mots j'allas, je couras, etc.

Si quelques-uns de ces patois offraient peu de curiosité, il en est qui en offriraient beaucoup, comme on aura occasion de le voir par quelques mots de cet essai de glossaire percheron. ALLOUZER, littéralement éloger, faire l'éloge de quelqu'un-Jen' sais pas si ce que Jacques dit est vrai, mais il allouze toujous ben Pierre et y s'allouze ben itou; c'est-à-dire, j'ignore si ce que dit Pierre est vrai, mais il fait toujours bien l'éloge de Pierre et le sien aussi.

ALOUETTIAU, nom du petit de

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l'alouette. J'sais ben un nid d'alouettes; quand les p'tits seront drus, je l'dénicherai; ia quatre alouettiaux dedans.

On récite quelquefois aux enfants les vers suivants :

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AOUTERONS (prononcez oûterons), moissonneurs, travailleurs du mois d'août. On va bentoût coupai le blé dans la biauce, voilà l'z'outerons qui passent. D'éïoù que vous v'nez. Je venons de faire l'oût dans la Biauce (Beauce).

APONICHÉ, acoufflé. Ne reste
donc pas aponiché comme ça,
relève-tai don.
Se dit
AROSSI, devenu rosse.
des animaux maladifs, mais
principalement des arbres et des
J'vas
plantes qui végètent.
arracher c't'abre-là, car il est
arossi.

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ATAURÉ (mal), mal accoutré, ha-
billé sans goût.
Mais com-
ment donc que t'es atauré?
AUBUFIN, Aubifin, Aubufoin, nom

du bluet.

AVÉ ou Avai, ové, ouvé, ouvec, ovec, avec.

AVERRAS ou Aveiras, animaux de basse-cour et autres. J'vas soigner mes averras.

B

BAÏNNE, auberge isolée sur la route. Peut-être est-ce venu du mot bailler, faire bailler, reposer les chevaux un moment. - Tu as été ben longtemps dans ton oyage, t'arrives ben ta. C'est parce que je sais revenu de Courville avai Quentin; j'nous sommes amusais à la baïnne en passant. BARATTÉ, lait de beurre. - Veux-tu boire du baratté? (Voyez Caboussas.)

BARVOLLE, qui voltige. Il barvolle de la neige, i va en chas ben seux. C'est-à-dire : il voltige de la neige, il va bien sûr en tomber. Neige qui barvolle, c'est si doux, qu'on en ferait

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- On les

aux pommes sauvages que l'on trouve dans les bois et ailleurs, et dont l'arbre qui les produit n'a pas été greffé. - V'là-t-il un abre qui a d'belles petites pommes! Oui, mais c'est des bauquettes, çà ne vaut ren. appelle aussi pommes d'aigre. BÉCOT, impair. Canben (combien) que vous avez de poulets dans vout pagné (panier)? — J'en ai quat' couples et un de bécot. c'est-à-dire j'ai neuf poulets,

Ce qui en véritable français voudrait dire quatre paires et un d'impair; mais, chez les paysans du Perche, ou au moins de certaine contrée du Perche, le mot impair est inconnu, et comme nous l'avons dit, le mot pair y signifie impair. Voyez pair (on prononce pai). BEN, bien.

BENTOUT, prononcez bentoue, bientôt.

BERZILLER, ou bresiller, briser.

Faut que j'aille chercher eune aut' calotte (soupière), Toine (Antoine) ma cassai la mienne à matin, il me l'a berzillée en mille morciaux.

BEZOU Ou Bezot, le dernier né des enfants ou le plus petit oiseau d'une couvée. Voyez aussi Culot. BILBATIAUX, bois de toutes façons et autres objets de peu de valeur.

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n'crie pas mon p'tit José (Joseph), si t'es ben mignon, je te vas faire un boulot tantoût. BRAI. On nomme brai la partie d'un chemin ou d'une route où passent les roues des voitures et les chevaux. Ornière n'indique que le passage des roues, mais brai est plus étendu et comprend aussi le passage des chevaux. Ce mot n'a pas chez les paysans du Perche d'autre signification que nous sachions.

En terme de marine, on nomme brai le suc résineux et noirâtre dont on se sert pour calfater les navires.

Bescherelle dit que ce mot vient du latin Brutia qui se trouve dans Pline, et qui a été pris de Brutia, colonie des Phéniciens, abondante en bonne poix.

On trouve encore dans Besche. relle, bray, brahie, braich, broue, brouet, s. m., braie, broye, s. f. du bas latin braium (boue), fange, boue, terre grasse, dont on fait les murs de bauge, le corroi dont on enduit les bassins des fontaines et les chaussées des étangs.

On nous dit que brai ou bray vient du celtique. Bescherelle donne à ce mot deux origines latines différentes. Nous ignorons qui a raison. Nous croyons cependant que le mot latin braium pourrait bien avoir une origine celtique, d'autant plus qu'il est bas latin, c'est-à-dire du latin de la dernière époque. BRAVOTTE, brayette, ouverture du pantalon.

BRÉAUDAGES, broussailles.-Tu sais ben la grande pièce de terre qu'était de l'aut'coutai de la vallée de Saint-Jean et qui n'était remplie que de bréaudages? - oui. Hé ben, elle est défrichée, é rapporte du bon blé, à c't'heure, va!

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