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ou artificiellement; objet dont les parties sont fortement adhérentes, tassées et resserrées les unes contre les autres. La viande de porc est cassée; celle des éperlans, des soles et limandes est spongieuse, légère et comme soufflée. Il faut prononcer brièvement la première syllabe, comme dans massé; autrement le mot ne signifierait comme en français que brisé, rompu. CATACOUA, nom de la Cataugan. CERCLEUX ou cercleur, celui qui fait du cercle.

CEZ, corruption de chez. - Erou donc tu vas? - Mais je vas cez

nous.

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CHAMPROND en Gâtine', village du département d'Eure-et-Loir, prononcez Champ-Rond. Peut-être le nom de ce village n'était-il guère nécessaire ici. Cependant, comme il est composé de deux mots, qui ont une signification en français, et qu'on le rencontre dans d'autres pays latins, nous avons cru néanmoins devoir l'y placer.

Nous avons démontré de quelle utilté pouvait étre pour la géographie l'étude du vieux langage et des divers dialectes, idiomes et patois de la France. Voici maintenant de quelle utilité peut ètre pour le langage l'étude de la géographie ou plutôt des noms de lieux.

Nous avons dit comment on écrivait et prononçait Champrond en français, voici maintenant la manière de l'écrire dans d'autres langues ou idiomes latins:

En latin, Campus-Rotondus; dans le midi de la France, Campredon; en languedocien, Canredoun; en italien, Camporoton

1. Gâtine signifie friche ou terre in

culte. Ce mot n'est plus en usage dans la contrée.

do; en espagnol, Campo-Redondo.

Il y a des lieux portant les noms ci-dessus dans les contrées où les langues et idiomes indiqués sont en usage.

Il y a donc en France, en Italie, en Espagne communauté de noms de lieux, comme il y a parenté de sang et de langage.

Suivant toute apparence, Champ et rond viennent du latin, mais il n'en est pas toujours ainsi. Montesquieu s'appelait Charles de Secondat et portait le titre de baron de la Brède et de Montesquieu.

Brède vient de brai, boueux, marécageux. Voyez Brai. Il parait que cette dénomination convient parfaitement à la situation du château de la Brède qui, nous dit-on, est construit dans un basfonds.

Quant à Montesquieu, c'est en quelque sorte l'opposé, squiu, en celto-gaulois, signifie rapide, et Montesquieu, Montesquiou, Montesqiu signifient montrapide. CHARTRIE OU charretrie, hangar où l'on met les charrettes à l'abri : on prononce chertrie. - Pierre mettez don la oiture en tapis sour la chertrie.

CHATON. On donne ce nom à la fleur du tremble.

CHATONNER. Chatte qui fait ses petits. La chatte a chatonné; la chatte va chatonner. CHENELLE. On donne ce nom au fruit de l'aubépine. - V'là-t-i eune épine blanche qui a des chenelles. C'est-à-dire : Voici une aubépine qui a beaucoup de chenelles (fruits). CHIAULER, chienne qui fait ses pe

tits. La chienne va chiauler, ou la chienne a chiaulé: elle a six chiauts ou chiaux (six petits). CHU. Synonyme de tomber.- Quoi

don que t'as ou front, t'es tout

écorchai;-je sais chu l'aut'jou sus un tas d'pierres, je m'sais fait ben du ma (mal). CHUTAS, ou chutard, fruits verreux qui tombent prématurément et avant leur maturité. - Faut aller ramasser les chutas dans le champ de la forèt. CLABOT, œuf pourri. — V’la un œu qui n'vaut ren, il est clabot (gàté). CLARER, claquer, faire claquer son fouet. As-tu bentoût fini de clarer? ne clare don pas comme ça, tu m'impatientes. CLOQUE (poule qui), poule qui veut Maîtresse, la poule noire cloque, é veut couver. poule qui glousse. CLOUTER, clouer, à Paris et ailleurs, on dit clouer; dans le Perche on dit clouter comme on dit clouterie.

couver.

COGER. Décider en quelque sorte forcément quelqu'un à faire contre son gré une chose qu'elle refusait de faire. Sais-tu ben que mademoiselle Leroux se ma. rie avé M. Lefèvre. Non, je ne le sais pas, mais j'crayez que son père ne voulait pas donner son consentement. C'est vrai, mais on l'a cogé; i veut ben a c't'heure. Ce qui signifie que M. Leroux ne voulait pas consentir au mariage de sa fille avec M. Lefèvre, mais qu'on l'a conseillé de le faire et qu'il est présentement consentant, quoique le faisant cependant encore contre son gré.

Voici un mot qu'on nous dit venir du latin cogere et qui manque dans la langue française, et cela parce que les Parisiens n'en font pas usage. Notons, comme nous l'avons dit ailleurs, que la langue française est fille de la langue latine, tandis que les Anglais, qui se disent d'origine saxonne, l'ont dans leur langue avec plusieurs autres qui en dé

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Il est certain que ces neuf mots que possèdent les Anglais ont une étymologie identique à celle du mot coger des Percherons. On se plaint de la pauvreté de la langue française, mais à qui la faute? On rejette ses richesses pour aller puiser dans le grec des mots que personne ne comprend, si l'on en excepte les rares personnes qui ont fait des études, qui oserait employer le mot coger, ne le soulignerait-on pas comme on souligne éveux.

Les Anglais ont trouvé dans le latin ou mème chez nous des richesses que nous n'avons point trouvées :

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Les Anglais ont tous nos mots se terminant en i, o, n. Ils en ont mème beaucoup d'autres se terminant de la mème manière et que nous n'avons pas comme les trois que nous venons de citer, cogitation, nidification, nidulation.

Si des Percherons lisent ces observations, ils reconnaîtront bien le mot coger dans les mots anglais, et conviendront que ce mot signifie bien céder à la force, à la réflexion ou mème à la cajolerie, à la flatterie. Que les Parisiens, qui sont si dédaigneux

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de ce qu'ils ne comprennent pas, nous opposent donc un mot sur le même sujet qui ait une synonymie aussi étendue.

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COTTIN. On donne ce nom à la niche du chien. Jacques a-t-i enfermai le chien dans le cottin. Voyez aussi Sou. Cottin n'est pas applicable au toit à porc, tandis que sou désigne à la fois l'endroit où on enferme le porc et l'endroit où on enferme le chien. COUANE, nom du crotin de cheval. Ramasse don la couâne qu'est là dans la rue. COUDRE, coudrier. D'eïoù don que tu viens?-Je viens de serrer (cueillir) des noisilles dans la coudre qui est derrière la maison. COUET, poignée de filasse. Can

ben qu't'as de couets de filasse? J'en ai cinquante. COUETTE, mèche. - C'te couette de geveux-là m'gêne, é m'vient toujous dans l'œil; c'est-à-dire : cette mèche de cheveux me gêne,

etc.

COURILLE et quelquefois couriau, verrou. Mets donc la courille (ou le couriau); c'est-à-dire : pousse le verrou. COURSON, planche de terre plus courte que les autres. Lorsqu'une pièce de terre n'est pas parfaitement carrée, qu'une partie est en biais, les planches qui se trouvent dans cette partie plus courte que les autres sont nommées Coursons. Éïoù donc que tu vas labourer annui? - J'vas labourer dans les coursons. (Voy. aussi seiller). CRAIRE, croire. Tu ne veux pas me craire. Non, je ne veux pas te craire; t'as menti. CULOT, nom que les campagnards percherons donnent au bourdon. CULOT, nom que l'on donne au dernier né des enfants si c'est un garçon. (Voyez aussi bezou),

culot est également le nom du plus petit oiseau d'une couvée.

D

DAMPIS, limite. - V'là le dampis; c'est-à-dire, voilà la limite qui sépare ma propriété de celle d'un tel. - C'est dampis-là que c'est à moi; c'est-à-dire, c'est à moi jusqu'ici. S'il s'agit de couper un ruban, un morceau d'étoffe ou autre chose, on dit : coupe dampis-là, c'est-à-dire, depuis ici. DÉCRÉPITTER. Décourager. Tu connais ben le père Jumiau? -Oui.-Eh! ben, sa femme et ses enfants sont mo (morts), ça l'a décrépittai, i n'veut pus ren| faire, i dit qui veut mouri (mourir).

D'EDPIS, depuis.

DÉGOTTER. Voir au Jeu de got. DÉROQUER, retirer le roc, la pierre d'une terre. Comben qu'tu m'demanderas pour déroquer mon champ? On dit presque dans le mème sens : défoncer un champ, mais ce n'est pas identiquement la même chose. Défoncer n'indique pas toujours qu'il y a beaucoup de pierres a enlever, mais qu'on veut donner de la profondeur au terrain; tandis que déroquer, qui a la même signification, veut dire en même temps qu'il y aura beaucoup de pierres à retirer. DESSOLE, déboîté, disloqué. La roue

de la oiture à Toine Durand a passai sur le pied du geva à Pierre Martin, éïa (elle lui a) dessolé le sabot.

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a la même signification, ce qui n'est probablement ainsi que le deu percheron, qu'une abréviation de doul, douleur, doulour, douloureux. Il n'est pas bien sûr que deuil n'en dérive pas aussi. DEVANQUIÈRE Ou Devantière, tablier de femme de campagne, fermière fille de ferme, etc. - Mets don ta devanquière pour ne pas te sali.

DEYAU, morceau de cuir ou de toile en forme de doigt de gant, dans lequel on place un doigt malade. Attache-moi don mon deyau ou dayau. DRAIT, droit.

-

Quiens (tiens) tai

don drait. DRUE (jeu de), ce que l'on nomme à Paris: jeu de bouchon.-Veuxtu jouer à la drue avé moi? DRUGE, Gruge, déluge démon, qui use et détruit tout. - Druge, va! C'est-à-dire démon, va!

E, elle.

E

ÉCASSE, Sentiment d'incrédulité. — Quoi donc qu't'as fait pour être si longtemps dans ta course, qui don qui t'a retenu? Y avait Pierre Foucault qui était là et qui a voulu m'payer un p'tit verre. Ah! ça s'écasse don ben qu'il était là comme ça li Pierre Foucault. C'est-à-dire, ce n'est pas vrai, Pierre Foucault n'était pas là par hasard, c'est que vous vous étiez donné rendez-vous dans cet endroit. Je ne crois rien de ce que tu me dis là, c'est un mensonge que tu me contes.

Ce mot n'a pas positivement d'équivalent dans la langue française, si ce n'est dans un certain cas le mot hasard. ÉCHERDERONNET, petite houlette

très-étroite dont on se sert pour enlever dans les champs les chardons que les paysans per

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cherons appellent cherdrons; | Éïou, ouïoù, ioù, où.

l'action d'enlever les chardons ÉLOQUÉ, disloqué, ébranlé. On dit

s'appelle écherderonner. ÉCHERGOTTER, tourmenter, astico

ter.

cœur.

N'échergotte donc pas

tes dents comme ça. Ne s'emploie guère que pour les dents. ÉCOEURÉ, dégoûté, qui fait mal au | .-Veux-tu veni manger des prunes (ou preunes ou peurnes) avé moi? Non, j'en ai trop mangeai l'aut' jou, j'en sais écœuré. Oûte-tai donc de là,

tu es si malpropre, que tu m'é

cœures.

ÉCOUSSE, laps de temps écoulé. Y a-t-i longtemps que t'as étai à Nogent? Oui, y a déjà eune écousse; c'est-à-dire : il y a déjà quelque temps. EFFONDRER, défoncer. Y a eune vache à Pierre qui a donnai un coup de corne dans le ventre à l'autre, elle l'a effrondrée.-V'là la noire (la vache noire) qui donne des coups de corne à la caille (la vache caille) é va l'effondrer. EFFREULER, enlever les fanes du blé avec la main.-N'effreule don pas le blai comme ça. On dit dans le même sens érusser, quoique cependant on ne donne le nom de russe qu'à la moutarde sauvage, mais érusser a une acception plus étendue. Dans la Beauce on dit effaumer. ÉGANÉ, ennuyé, chagrinė, peiné.

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d'un arbre ou d'un pieu au pied duquel la terre n'est plus adhérente, il est éloqué. Ne t'appie (appuie) don pas toujou contre c't'âbre-là, tu vas l'éloquer ÉMENÉ, usé, en parlant du linge.Ta chemise est ben émenée; c'est-à-dire, pour ainsi dire usée. En parlant d'outils une chose est bien émenée lorsqu'elle marche sans difficulté. . Ton rabot va-t-i ben (va-t-il bien) - Oui, il est ben émené. ENNOUÉ, au figuré, qui étouffe, qui s'étrangle en mangeant, je m'ennoue; c'est-à-dire, ce que je mange passe avec difficulté, il est ennoué, il s'ennoue. EPIS, puis. EVEUX, aquatique. Autant qu'il nous en souvient, ce mot n'est pas en usage dans le Perche, mais nous voulons cependant le placer ici pour montrer combien l'étude des idiomes, dialectes et patois de la France pourrait être utile pour l'étude du langage.

Nous trouvons la note suivante dans Henri Martin, Histoire de France, t. 1er, p. 4, 1855, qui di en parlant de la Garonne :

<< Toutefois, le nom de la Garonne est gaélique, Garv-aon, impétueuse - eau; aven, avon, aon, on, eau courante, dans les différents dialectes celtiques, eau en vieux français, eave, eve vient d'aven, et non du latin aqua, dont les cas obliques, aquas, aquis (pluriel), ont fait le vieux français aix et le provençal aigues.

Nous croyons devoir citer la lettre suivante que nous trouvons dans le Journal de Chartres du 15 janvier 1860, dans laquelle figure le mot eveux, souligné par le rédacteur, ce qui semble indiquer qu'il ne l'a pas compris,

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