Immagini della pagina
PDF
ePub

dans l'Almanach royal de cette même année, comme pour la pièce A ils ont été pris dans celui de 1789.

Que l'on consulte également à la pièce C la même liste puisée dans l'Almanach impérial de 1859, on verra encore la différence et si véritablement le clergé plébéien a intérêt à voir revenir l'ancienne dynastie.

Sans doute, nous diront les ecclésiastiques, il y avait des abbayes et nous avions la chance d'en devenir les abbés. Mais nous leur répondrons: Combien y avait-il d'abbés dans une abbaye? Il y en avait juste un. Et combien y avait-il au contraire de moines qui étaient ses très-humbles serviteurs, ce qui a donné naissance à ce proverbe :

« Le moine répond comme l'abbé chante? >>

Du reste, si vous pensiez qu'il vous serait tombé des abbayes en place d'évêchés, et en supposant que vous vous en fussiez contentés, vous seriez encore dans une grave erreur. Si là on rencontrait un peu plus de roturiers que dans l'épiscopat où on n'en rencontrait pour ainsi dire pas, cela ne veut du reste pas dire que ceux-ci mêmes jouissaient des bénéfices. N'y avait-il pas les grands seigneurs auxquels ces bénéfices étaient donnés ? Les autres étaient les administrateurs. Nous donnons du reste pour les deux premières lettres de l'alphabet les noms des abbés qui les desservaient1. Nous supposons qu'il ne vous sera pas difficile de vous former une opinion et un jugement sur la part qui aurait pu et pourrait vous revenir dans la distribution des titres d'abbé si jamais on pouvait revenir à l'ancien ordre de choses. D'ailleurs Capefigue nous dit positivement que les abbayes de second ordre étaient la récompense de la petite noblesse, celles de premier ordre étaient, comme il le dit, pour la noblesse titrée.

1. Voir la pièce justificative

Nos seigneurs les archevêques et évêques de France qui sont sortis des rangs du peuple et même de la bourgeoisie ne se doutent guère de ce que disent d'eux les princes de l'épiscopat. C'est cependant bien édifiant et bien capable de leur attirer des partisans. « Ne trouvez-vous pas que l'épiscopat perd beaucoup depuis l'introduction de la roture? » disait dernièrement l'un d'eux. Vous ne vous doutiez pas de cela, nos seigneurs du clergé bourgeois et populaire; c'est pourtant ainsi qu'on parle de vous dans le clergé de haute naissance. Voilà au moins quelque chose qui doit vous faire désirer le retour du prétendant après lequel soupirent ces messieurs.

Nous ne sommes, nous, gens du peuple et bourgeois du civil, pas mieux traités que vous.

«S'il pouvait revenir, dit-on en haut lieu, ces bourgeoillons, pour commencer, on leur donnerait les places pour les faire taire, puis, au bout d'un an, on leur donnerait leur congé, et nous prendrions cela, nous autres. »

Ne croyez pas toutefois que ce soient les hommes faits qui tiennent ce langage devant les « bourgeoillons. » De tels propos ne se tiennent qu'en petits comités d'amis et aussi secrètement que possible, mais la vérité sort de la bouche de l'innocence, et comme on ne se méfie pas de ses propres enfants, ceux-ci l'entendent dire aux parents et vont ensuite le reporter à ceux auxquels on se donnerait bien de garde d'en parler 1.

Bourgeoillons, s'il en est encore quelques-uns parmi vous qui soupirent après celui que dans le noble faubourg on voudrait bien voir revenir, voyez ce qui vous attend. Vous nous paraissez toujours à peu près assurés d'avoir les

1. Nous tenons ce propos de celui même auquel il a été adressé; celui qui le répétait devaît même avoir passé l'enfance et atteint lá jeunesse.

places pour un an; c'est quelque chose de plus que n'aurait bien certainement celui qui écrit ces lignes, car il est probable que si on lui donnait une place quelque part, elle ne serait pas lucrative. On trouverait bien quelque part quelque mont Saint-Michel ou bastille nouvelle pour lui donner un appartement à l'ombre des rayons ardents du soleil.

Laissez donc de côté, nous vous y engageons, nous vous en prions, nous vous en conjurons au nom du sang plébéien, roturier, qui coule dans vos veines, au nom de vos pères, de vos mères, de vos frères, de vos sœurs, au nom de ceux qui vous sont chers, au nom de tous ceux avec lesquels vous avez passé votre enfance, au nom du peuple, de la patrie française, de la grande patrie galloromaine, laissez de côté ce monde égoïste qui ne pense qu'à lui; quittez ce parti antinational qui deux fois a fait souiller le sol de notre patrie par l'étranger, lorsque ceux qui vous tiennent par les liens du sang se faisaient égorger pour le défendre; laissez de côté ceux qui étaient dans les rangs de nos ennemis, croyez-nous-en, votre cause n'est point la leur, et la leur, surtout, n'est point la vôtre. Venez vers nous, notre amitié vaut bien leurs perfides caresses. Ne voyez-vous pas que ce n'est que l'habit ecclésiastique qu'ils choient pour se faire des partisans, et non votre mérite. Si quelques-uns d'entre vous ont du talent, ils ne dédaignent cependant pas de s'en servir, afin d'avoir des partisans et des défenseurs de mérite pour leur mauvaise cause, la cause de l'oppression du peuple; car ce n'est pas, comme ils semblent le dire, leur fidélité qui leur fait désirer le retour de leur prince, mais, au contraire, ce qu'ils attendent de lui: c'est leur cupidité et non leur fidélité qu'il faut dire. Il est bon de s'entendre sur la signification des mots. Étaient-ils fidèles à leur prince, ceux qui se rangeaient du côté des Anglais sous Charles VII?

Étaient-ils fidèles à leurs princes, ceux qui tournaient leurs armes contre eux pendant les guerres de religion, la ligue et la fronde? Non. Ils n'étaient fidèles qu'à leurs intérêts comme ils l'ont toujours été, comme ils le seront toujours. Étaient-ils fidèles à leur roi, ceux qui, sous le règne de Louis XVIII, se rangeaient du côté du comte d'Artois, depuis Charles X, et faisaient une guerre sourde à leur souverain dans son propre palais, en conspirant avec son propre frère? D'ailleurs, la prétendue légitimité de leur prince, quelle est son origine? La légitimité, c'est là un mot sur lequel il faut encore s'entendre. Cette légitimité, elle ne date que de l'avénement de Hugues Capet; mais n'y avait-il point de rois en France avant lui; et son droit, de qui le tenait-il ce Hugues Capet? Ce droit était-il plus ancien que le droit carlovingien? Non.

Était-il plus ancien que le droit mérovingien? Non. Était-il plus ancien que le droit gallo-romain? Non. Était-il plus ancien que le droit celto-gaulois? Non. Qu'est-ce donc que ce droit dont on vante tant l'ancienneté et qui se trouve être au contraire le moins ancien de tous les droits, au point que celui auquel il est censé appartenir ne sait à quelle époque en fixer la date, qu'il ne sait comment déguiser; ce qui l'oblige d'avoir recours à un stratagème, à une supercherie pour en reculer l'origine, en usurpant même le titre de ceux que ses ancêtres ont dépouillés de leur couronne, c'est-à-dire en disant: Pendant quatorze cents ans, seuls, entre tous les peuples de l'Europe, les Français ont toujours eu à leur tête des princes de leur nation et de leur sang1?

Au moins voilà de l'histoire, ou nous ne nous y con

1. Nous sommes forcé de reconnaître que le stratagème a été habilement trouvé. Cependant M. de Chambord n'ose pas dire que tous ces rois fussent de sa famille.

1

naissons pas. D'abord, qu'entend-on par Français? Il nous semble qu'on mêle ici l'eau avec le vin, l'ivraie avec le bon grain. Nous entendons, nous, par Français, ceux qui autrefois ont porté les noms de Celtes et de Gaulois, puis ensuite celui de Gallo-Romains, et qui enfin forment aujourd'hui ce que l'on appelle le peuple français. Ce n'est bien certainement pas de ceux-ci dont il peut être question ici, parce que ceux-ci n'ont pas eu de souverains légitimes, depuis Vercingétorix 1, autres que l'empereur Napoléon Ier, qu'ils se sont donné au commencement de ce siècle, puis présentement l'empereur Napoléon III qu'ils viennent de se donner; par conséquent, c'est donc par subtilité qu'on voudrait leur donner le change en leur faisant croire que depuis quatorze cents ans les oppresseurs qui ont régné sur eux étaient de leur sang. Si cet artificieux langage a pu faire des dupes, celui qui écrit ces lignes n'est pas du nombre, et il renvoie à qui de droit la subtilité dont on a fait usage pour induire la nation en erreur.

Il y a bien eu en France des rois francs, des rois chevelus, des rois barbares, qui partageaient nos ancêtres comme des troupeaux, qui les ont pour ainsi dire dépossédés de tout, même de leur liberté. Ces rois-là ont toujours été et seraient encore les rois d'une coterie. Ce ne sont pas nos rois, nos souverains légitimes; ils n'ont jamais été et ne peuvent jamais être pour nous que des usurpateurs. Or, que l'usurpation remonte à quatorze cents ans, ou bien aux Carlovingiens, en l'an 768, ou bien aux Capétiens, en l'an 996, usurpateurs pour usurpateurs, oppresseurs pour oppresseurs, tout cela est toujours synonyme pour nous ce sont des rois dont nous ne voulons en aucune façon entendre parler. On nous parle de quatorze cents

1. Si même Vercingétorix était légitime, ce qui ne sera jamais prouvé, de même qu'on ne prouvera pas le contraire non plus.

« IndietroContinua »