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HARVARD COLLEGE

OCT 15 1920

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Lave fund

AVANT-PROPOS

On trouvera sans doute étrange que nous ayons réuni dans cette brochure les divers éléments en apparence si opposés dont elle se compose; si cependant on veut bien se donner la peine de la lire en entier, on verra que ces éléments ne sont pas aussi hétérogènes en réalité qu'on pourrait le supposer; on verra qu'ils se lient entre eux, se complètent les uns par les autres et se condensent dans une seule et même idée, une seule et même pensée.

D'un autre côté, si nous voulions éviter le timbre, il fallait arriver à donner au moins dix feuilles d'impres sion, ce qui nous a obligé de nous étendre davantage que nous ne nous l'étions d'abord proposé, et nous a même conduit à donner au delà de ce que le timbre nous imposait.

Si maintenant nous abordons le sujet même de cet écrit en ce qui concerne spécialement le clergé, des classes bourgeoises et populaires, nous dirons :

Il semble que ce soient les choses les plus élémentaires et les plus simples qui éprouvent le plus de difficultés à se faire jour.

Comme nous disions il y a quelque temps à un cam

pagnard que nous nous proposions de démontrer prochainement aux membres du clergé plébéien que la révolution les avait aussi bien affranchis que nous de la servitude sous laquelle l'ancien régime les tenait, comme nous, courbés et enchaînés, celui-ci, saisissant aussitôt notre pensée avec la rapidité de l'éclair, nous répondit vivement :

« Mais ils avaient aussi leurs seigneurs dont ils étaient comme nous les esclaves, et comme nous ils n'étaient pas heureux. »

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Il est impossible que des prêtres, des évêques, des archevêques, des cardinaux, des hommes qui ont reçu une haute instruction, ne comprennent pas ce qu'a si vivement compris un simple paysan qui n'avait pour guide que son bon sens.

Nous avons l'intime conviction que lorsque le clergé plébéien se sera rendu compte que la révolution l'a débarrassé comme nous des entraves que l'ancien régime avait placées sur sa route, il comprendra que le moment est venu de placer le christianisme à la tête du progrès et de la civilisation au lieu de le laisser marcher péniblement à leur suite.

« Tout se meut dans le monde. »

Les Orientaux disent :

« Le monde n'a de constant que son instabilité. » Pourquoi au milieu de ce mouvement général le christianisme seul resterait-il stationnaire ?

Quel bien les ministres du christianisme placés à la tête de la civilisation ne pourraient-ils pas faire !

Citons-en un exemple:

Voici ce que nous lisons en tête d'un livre intitulé: L'Agriculture raisonnée1:

« Il faut marcher avec le temps, »

dit l'auteur, qui ajoute ensuite

« Cette vérité est surtout évidente en agriculture: on l'a dit cent fois, la culture de la terre est le premier besoin des peuples qui lui demandent le pain de chaque jour. >>

Plus loin il continue:

« Les besoins impérieux d'une population toujours croissante sont venus ouvrir enfin les yeux de tous les hommes éclairés et appeler leurs regards sur l'agriculture retardataire...

«<... Cultivant moi-même, dit-il, les quelques terres de mon modeste presbytère, rêvant depuis vingt ans dans ma solitude à l'amélioration physique et morale d'une population dont les produits agricoles ne sont plus en harmonie avec les besoins, j'ai vu le mal et dit au laboureur étonné: Il faut, ami, marcher aussi avec le temps, mieux faire, augmenter et varier vos récoltes.

« ... Je me suis donc fait cultivateur; et après avoir médité les œuvres des grands maîtres, voyagé dans le pays, beaucoup vu, observé, pratiqué, fabriqué moimême une nouvelle charrue économique, etc.

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<< Missionnaire d'agriculture, j'offre aujourd'hui à la contrée qui m'a vu naître ce faible tribut de mes tra

1. L'Agriculture raisonnée, ou Manuel complet et spécial du cultivateur dans les Deux-Sèvres et les départements de l'Ouest, par l'abbé Picard, desservant de la chapelle Gaudin (Deux-Sèvres). Ouvrage mis au concours et couronné par la Société d'agriculture des Deux-Sèvres. Niort, Robin et Ce, 1 vol. in-12 de 450 pages. Prix, 2 fr. 50 c. 1844.

vaux : j'ai tâché de le mettre à la portée de toutes les intelligences. Ainsi donc, agriculteurs, écoutez-moi : méditez profondément mes paroles, il y va de votre prospérité, de l'avenir de vos familles! Cultivant tous la terre d'une manière uniforme et trop souvent sans fruit, vous avez peut-être méconnu votre honorable profession, blasphémé contre elle dans vos peines, parce qu'au lieu de l'abondance elle ne vous apportait en retour que la détresse ! Ces peines, je les connais; ces angoisses, je les conçois et veux y mettre un terme ! Pour cela, regardons le mal en face; cherchons le remède et appliquons-le, etc., etc. »

Ainsi parle un ecclésiastique, l'abbé Picard, qui, bien certainement, si nous ne nous trompons, doit être adoré des personnes dont il est le pasteur.

Ah! pourquoi n'y a-t-il pas dans chaque presbytère de France un abbé Picard qui, sans se faire agriculteur, comprenne néanmoins comme lui le progrès et les besoins de son époque, et comme lui vienne en aide à ses concitoyens dans quelque genre que ce soit. Si la France est prospère, elle le serait bien davantage encore. Dieu veuille qu'à l'avenir il en soit ainsi Į

25 mars 1861.

PROSPER VALLERANGE.

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