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CHRONOLOGIE.

DE

LA SUITE DES CONSULS

DEPUIS L'AN DE ROME 690 JUSQU'A L'AN 711.

Caton. Varron. Av. J. C.

689. 690. 64. L. Jules César, C. Marcius Figulus.

190. 691. 63. M. Tullius Cicéron; C. Antonius. 691. 692. 62.

692.

D. Julius Silanus, L. Licinius Murena.

693. 61. M. Pupius Pison, M. Valerius Messala. 693. 694. 60. Q. Cécilius Metellus Celer, L. Afranius.

694. 695. 59. C. Jule César, M. Calpurnius Bibulus.

695. 696. 58. L. Calpurnius Pison Césoninus, A. Gabinius.

696. 697. 87. P. Cornelius Lentulus Spinther, Q. Cécilius Metellus Nepos.

697. 698. 86. Cn. Cornélius Lentulus Marcellinus, L. Marcius Philippus.

698. 699. 55. Cn. Pompée (le Grand) II, M. Licinius Crassus II.

699. 700. 54.

700. 701. 83. 701.

702. 52.

702. 703. 81.

703. 704. 50.

704.

705. 49.

705. 706. 48.

706. 707. 47.

707. 708. 46.

708. 709. 48.

L. Domitius Ahénobrabus, Ap. Claudius Pulcher.

Cn. Domitius Calvinus, M. Valérius Messala.
Cn. Pompeé (le Grand) III.

Ser. Sulpicius Rufus, M. Claudius Marcellus.

L. Émilius Paullus, C. Claudius Marcellus.

C. Claudius Marcellus, L. Cornélius Lentulus.

C. Jules César II, P. Servilius Vatia Isauricus.

C. Jules César II, dictateur, M. Antoine maître de la cavalerie.
C. Jules César III, M. Émilius Lépidus.

C. Jules César, Consul IV, et Dictateur II, M. Emilius Lépidus, maître
de la cavalerie.

709. 710. 44. C. Jules César V., M. Antoine

710. 711. 43. M. Vibius Pansa, A. Hirtius.

A C. HÉRENNIUS.

INTRODUCTION.

On a longtemps et longuement discuté la question de savoir si la Rhétorique à Hérennius devait être comptée parmi les ouvrages de Cicéron. De respectables témoignages parmi les anciens la lui ont attribuée de la manière la moins douteuse, entre autres Rufinus, Priscien, et surtout saint Jérôme, qui dit en propres termes : lege ad Herennium Tullii libros.... Après eux, et sur la foi des plus anciens manuscrits, presque tous les éditeurs du quinzième et du seizième siècle se sont rangés à cette opinion. Quelques-uns même ont désigné ce traité sous le nom de Rhetorica vetus, pour le distinguer de celui de l'Invention, sur l'authenticité duquel on n'a jamais élevé de doute.

Mais plus tard, quelques savants remarquèrent que Quintilien, dans plusieurs passages, cite comme empruntées à Cornificius des expressions qui se rencontrent dans les livres à Hérennius. On ne manqua pas d'en conclure que la Rhétorique avait été attribuée à tort à Cicéron, et sur un si faible indice, on en disposa en faveur de Cornificius. Dans le plaisir que leur causait cette découverte, ces savants ne firent pas attention qu'on trouve dans le même Quintilien beaucoup d'expressions de Cornificius qui ne se voient pas dans la Rhétorique, et que rien n'est plus simple et ne doit prêter moins à des conjectures de ce genre que quelques définitions semblables de certaines figures dans un sujet spécial, où doivent se reproduire inévitablement des classifications pareilles et des nomenclatures identiques. Mais les érudits ne renoncent pas facilement à leurs inventions; aussi persista-t-on à mettre Cornificius en possession de la Rhétorique. Mais quel était ce Cornificius? Quintilien he l'ayant pas fait suffisamment connaître, il fallut bien accumuler les hypothèses. On finit par trouver trois Cornificius au lieu d'un. Un critique plus sévère, Schütz, ayant démontré qu'aucun d'eux ne pouvait être celui qu'on cherchait, les conjectures prirent une nouvelle direction, sans autre règle alors que le caprice particulier; on se passa de Quintilien, et on étendit d'autant plus les bornes de la discussion, qu'il devenait plus difficile de la soutenir.

Nous ne discuterons pas toutes ces hypothèses. M. Leclerc a trop bien résumé ce long débat, et établi trop solidement les faits, pour qu'il ne nous suffise pas de donner un aperçu de son grave et ingénieux travail. Encore, parmi toutes les raisons qu'il développe pour conserver à Cicéron le titre qu'on lui dispute, ne nous arrêterons-nous qu'à celles qui ressortent de l'ouvrage lui-même et qui sont les plus concluantes parce qu'elles sont les plus sûres. Partout où nous pourrons retrouver des traces des sentiments et des habitudes de celui qui plus tard ne laissa rien ignorer sur lui-même, nous pourrons nous y fier plus sûrement qu'aux hypothèses des érudits, et après avoir une fois reconnu l'homme, nous serons bien près d'avoir aussi retrouvé l'écrivain.

D'abord, la première phrase de l'ouvrage ne permet pas de l'attribuer à un rhéteur de profession; car comment CICERON. TOME 1.

un homme qui aurait tenu école de rhétorique se plaindraitil de n'avoir pas assez de loisir pour écrire sur son art, parce que son temps serait pris tout entier par le soin de ses affaires domestiques et l'étude de la philosophie? Et ne savons-nous pas au contraire que, dès ses plus jeunes années, Cicéron montra pour la philosophie le goût le plus prononcé, et qu'il ne cessa jamais pendant toute sa carrière de lui demander ses plus pures jouissances et ses délassements les plus doux? Ajoutons que le caractère de cette philosophie, tel qu'il se montre dans l'invective lancée con⚫ tre les stoïciens, liv. II, chap. 1, est le même que dans la plupart des autres ouvrages philosophiques de notre auteur. C'est cet éloignement, c'est ce dédain pour la doctrine du Portique, que manifeste en toute occasion l'admirable et abondant interprète des doctrines de l'Académie.

Les opinions, ou plutôt les impressions politiques qui se remarquent dans cet ouvrage, ne trahissent pas moins la main du jeune Cicéron, du Cicéron des premiers discours et même de l'adversaire de Verrès. A cette époque de sa vie il n'a de sympathie que pour les Gracques et pour les autres chefs du parti vaincu par Sylla dont il déteste et flétrit le triomphe; il justifie Saturninus et parle avec amertume des cinq tribuns égorgés dans l'espace de quarante-cinq ans. Ce sont enfin les sentiments et le langage de celui qui écrivait à la même époque le poëme de Marius, le défenseur des idées démocratiques.

Aucun des faits contemporains cités dans l'ouvrage ne contredit cette remarque, que fortifient au contraire toutes les concordances historiques. Depuis le traité honteux de Popilius Lénas, l'an de Rome 646, un an avant la naissance de Cicéron, jusqu'au meurtre du tribun Sulpicius, vingt ans après, tous les événements dont il est ici question étaient pour lui ou présents, ou si récents, qu'ils devaient s'offrir naturellement à son esprit, toutes les fois qu'il cherchait des sujets ou des exemples. Le choix de citations empruntées de préférence à Ennius, à Pacuvius, et aux autres poëtes dramatiques, n'est pas un signe moins certain. On sait de Cicéron lui-même qu'il eut dès sa jeunesse un goût particulier pour le théâtre. Il avait été l'admirateur passionné de Roscius avant d'en être l'aini et le défenseur. Si de ces observations, qui regardent l'homme, nous passons maintenant à celles qui concernent plus particulièrement l'écrivain, nous trouvons tout aussi peu de motifs de doutes.

Ce n'est pas un maître qui a fait ce livre, ce n'est qu'un disciple. On sait que les premiers ouvrages d'un jeune écrivain sont presque toujours empreints de l'esprit de ses modèles. Or ce qui frappe tout d'abord dans les livres à Hérennius, ce sont des divisions trop multipliées et trop confuses, un certain désordre dans l'énumération des parties et dans celle des figures, un abus de conclusions après chaque matière qui, sous le prétexte de transitions, ne sont le plus souvent que des redites, enfin les défauts qui accusent avant tout une soumission trop docile à la méthode des rhéteurs grecs. Cicéron n'avait entendu dans

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sa jeunesse que des maîtres de cette nation;

étail donc

tout naturel qu'il leur empruntât dans ses premiers essais la forme de leurs compositions et qu'il en reproduisit tous les vices. De plus, c'est dans leur langue qu'il s'exerçait le plus souvent (Brutus, chap. 90); de là un penchant presque irrésistible à transporter dans sa langue maternelle les formes propres sa langue adoptive. C'est ainsi que s'expliquent les fréquents hellénismes qui se rencontrent dans la Rhétorique. Au reste nous n'accordons à personne que cet essai soit indigne de Cicéron. Les défauts, qui tiennent à une imitation un peu trop servile de ses maîtres, sont rachetés par une élocution généralement simple, facile, harmonieuse; par des mouvements et une vivacité de tour qui sont déjà d'un grand écrivain. On sent dans cette facilité à tout exprimer, l'homme auquel il sera donné plus tard de déployer toutes les richesses de la langue latine arrivée à son point de perfection; de même que, selon la remarque de M. Leclerc, on reconnaît avec intérêt dans les amplifications du quatrième livre, riches de sentiments, de pensées et d'images, les premières traces de ce grand art qui devait un jour le faire régner sur un peuple libre.

si

Mais l'autorité la plus incontestable peut-être, et celle à laquelle on a le moins songé, c'est Cicéron lui-même, c'est l'auteur non contesté de l'Invention, qui ne paraît être qu'une nouvelle édition de la Rhétorique à Hérennius. Ou ces deux ouvrages appartiennent au même auteur, ou le dernier venu n'a fait que copier l'autre; or, comme il est hors de doute que les livres à Hérennius ont précédé ceux de l'Invention, il faut admettre que le plus fécond des écrivains romains a commencé par n'être qu'un plagiaire, ou que, de son droit d'auteur, en même temps qu'il s'est corrigé, il s'est quelquefois copié lui-même. Entre autres preuves frappantes, que l'Invention n'est qu'une seconde édition, ou un développement de la Rhétorique, nous ne citerons que le passage de ce dernier ouvrage où l'auteur se félicite (liv. I, chap. 9) d'avoir distingué le premier les trois circonstances où l'on doit employer l'exorde par insinuation. Ouvrez le premier livre de l'Invention; cette distinction s'y trouve reproduite dans les mêmes termes. Il faut donc bien reconnaître qu'il n'y a qu'un seul auteur, mais à deux époques distinctes de sa vie, et qu'un seul ouvrage, mais sous deux formes différentes. Ce que Cicéron avait fait pour la rhétorique, il le fit également pour les Académiques, et on a été longtemps sans distinguer en quoi diffèrent les deux éditions qui se succé dèrent.

Concluons donc de ces courtes observations, qu'il faut laisser à Cicéron, quelque indifférent que cela puisse être pour sa gloire, un ouvrage qu'une saine critique ne saurait lui disputer sans injustice.

Au reste, s'il est très-vrai que ce traité pourrait être retranché du corps de ses œuvres sans que la grandeur en fût diminuée, la Rhétorique à Hérennius est loin d'être un ouvrage sans importance historique. C'est un monument curieux de l'abus que peut faire l'esprit humain de ce qu'il a imaginé lui-même pour se retenir et se renfermer dans le simple et véritable usage des choses, nous voulons dire les règles et la méthode. Sous ce rapport, non moins que par le détail, souvent exagéré, mais plus souvent exact, des ressources infinies de l'esprit se manifestant par la parole, la Rhétorique à Hérennius mérite d'être lue avec attention, et ne saurait être étudiée sans fruit.

ARGUMENTS.

LIVRE PREMIER.

Après une courte préface, l'auteur expose les trois genres sur lesquels s'exerce l'éloquence, et il distingue les qualités nécessaires à l'orateur : il exige de lui l'invention, l'art de la disposition, l'élocution, la mémoire, la prononciation. Il consacre ce premier Livre à l'INVENTION en général; et d'abord, il parle de l'exorde, depuis le chapitre III jusqu'au chapitre VII; il traite de la narration dans les chapitres VIII et IX, et de la division au chapitre X; il s'occupe ensuite de la confirmation et de la réfutation; et comme elles dépen

dent de l'état de la cause, il établit, jusqu'au chapitre XVII, les principes des trois états de causes ou questions, savoir : la question conjecturale, ou question de fait; la question de droit, et la question juridiciaire.

LIVRE SECOND.

Après avoir rappelé succinctement ce qu'il a dit, et annoncé ce qu'il va dire, l'auteur considère particulièrement l'invention dans le genre judiciaire. Comme ce genre embrasse les trois différents états de questions, la question de fait, la question de droit, et la question judiciaire; qu'il en avait expliqué la nature et les divisions dans le Livre ler, et qu'il avait montré le moyen de reconnaître le point à juger (tò xpivóμevov), quand l'orateur connaissait l'état de la cause et les preuves qui viennent à l'appui ; il enseigne maintenant la manière de traiter chacune de ces questions selon les règles de l'art. Il développe avec beaucoup d'étendue, depuis le chapitre II jusqu'au chapitre IX, ce qu'on entend par question de fait. Il donne des préceptes sur la narration judiciaire, sur la probabilité, les rapports, les indices, les suites, les preuves simples, les preuves confirmatives. Ensuite, depuis le chapitre IX jusqu'au chapitre XIII, il trace la conduite que doit tenir l'orateur en traitant la question de droit, lorsque le sens d'une loi ou d'un écrit donne lieu à la controverse. Enfin, depuis le chapitre XIII jusqu'au chapitre XVIII, il expose les moyens dont il faut faire usage dans les deux espèces de question judiciaire, et surtout ceux de la question judiciaire accessoire, l'alternative, la récrimination, l'aveu, la déprécation, le recours. Apres ces développements, il indique la manière de fortifier les preuves, et distingue dans l'argumentation l'exposition, les raisons, les raisons confirmatives, les ornements des preuves, la conclusion, dont il nous apprend à connaitre les qualités et les défauts. Ces règles sont la matière de tous les chapitres, depuis le dix-huitième jusqu'au dernier. L'auteur termine ainsi les préceptes particuliers qu'il avait promis sur l'invention dans le genre judiciaire, et il remet les deux autres genres au Livre suivant.

LIVRE TROISIÈME.

L'auteur parle, comme il l'avait promis, de l'invention, dans le genre délibératif et dans le genre démonstratif. Il enseigne, depuis le chapitre II jusqu'au chapitre VI, quelles sont les preuves dont il faut se servir pour persuader une chose, ou pour en dissuader. Il découvre ensuite, chapitres VI, VII et VIII, quelles sont les sources de la louange et du blame. Après avoir terminé ainsi la première partie de l'art, l'invention, il passe aux autres devoirs de l'orateur. Par les règles de la DISPOSITION, il lui apprend à distribuer le sujet, il établit l'ordre des preuves; c'est la matière des chapitres IX et X. Il remet l'élocution au quatrième Livre, et les chapitres XI, XII, XIII, XIV et XV, ont pour objet la PRONONCIATION, c'est-à-dire la voix, la physionomie et le geste de l'orateur. Les derniers chapitres, qui sont surtout dignes de remarque, renferment des préceptes sur la Mnémonique, ou l'art de la MÉMOIRE, propre à fortifier et à augmenter la mémoire naturelle. L'auteur enseigne la manière de trouver

ce qu'il appelle des emplacements et des images; c'est en cela qu'il fait consister principalement la mémoire artificielle, et il traite cette partie avec beaucoup de soin, d'étendue et de subtilité.

LIVRE QUATRIEME

Comme l'auteur a dessein, en parlant de l'ÉLOCUTION, d'accompagner ses définitions d'exemples écrits par lui-même, et

qu'il prévoit les reproches que lui attirera cette innovation,

il indique, dans une espèce de préface, les raisons qui l'ont

déterminé à s'écarter de la coutume des autres rhéteurs. Il s'attache à prouver la sagesse de son opinion, comparée à

l'opinion de ceux qui choisissent leurs exemples dans les meilleurs ouvrages des poètes et des orateurs. C'est la matière des sept premiers chapitres. Depuis le chapitre VIII jusqu'au

chapitre XII, il s'occupe de l'élocution elle-même, et des trois genres de styles. Il parle ensuite des qualités de l'élocution, de la correction, de l'élégance, et enfin de la noblesse, qu'il

fait consister dans le bon usage des figures de mots et de pensées. Il s'étend beaucoup sur chaque figure, dont il donne des exemples: c'est ce qui fait l'objet des derniers chapitres de ce Livre et de ce Traité, depuis le chapitre XII jusqu'à l'épilogue ou la conclusion.

LIVRE PREMIER.

pas paraître en savoir assez, et pour faire croire la science beaucoup plus difficile qu'elle ne l'est réellement, ils sont allés chercher des choses qui n'ont aucun rapport avec leur sujet. Pour moi, je me suis renfermé dans ce qui me semblait du domaine de la rhétorique. Ce n'est en effet ni l'espérance du gain, ni l'ambition de la gloire qui m'engagent, comme beaucoup d'autres, à écrire; mon seul but est de répondre à vos vœux, autant qu'il est en mon pouvoir. Mais pour ne pas trop prolonger ce préambule, je vais entrer en matière, après vous avoir donné cet avis, toutefois : que l'art, sans l'exercice assidu de la parole, n'est pas d'un grand secours, d'où vous devez conclure qu'il faut joindre la pratique aux préceptes que je vais tracer.

II. Le devoir de l'orateur est d'être en état de parler sur toutes les questions de l'ordre civil, qui sont réglées par les coutumes ou par les lois, en se conciliant, autant que cela peut dépendre de lui, l'assentiment des auditeurs. Il y a trois genres de causes qu'il est obligé de connaître le démonstratif, le délibératif et le judiciaire. Le démonstratif, qui a pour objet la louange ou le blâme d'une personne en particulier; le délibératif, qui, reposant sur l'examen d'une question douteuse, se propose de conseiller ou de dissuader; et le judiciaire, qui consiste dans une controverse, et renferme l'accusation ou l'attaque en même temps que la défense. J'enseignerai d'abord quelles sont les qualités nécessaires à l'ora

I. Bien que mes affaires domestiques ne me permettent guère de me livrer à l'étude, et que je consacre plus volontiers à la philosophie le peu | de moments qu'elles me laissent, toutefois, C. I Hérennius, ainsi que vous m'en avez prié, je me détermine à traiter de l'art oratoire : vous ne penserez pas du moins que j'aie reculé devant les difficultés d'un pareil travail, ou que je m'y sois refusé, quand c'est vous qui me le demandiez. Et même, je m'y suis mis avec d'autant plus d'ar-teur; je ferai voir ensuite comment il convient deur que ce n'est pas sans motif, je l'ai bien vu, que vous voulez connaître les préceptes de la rhétorique. L'abondance de la parole, la facilité de l'élocution, ne sont pas de médiocres avantages en effet, lorsque c'est un jugement droit, un esprit sage et mesuré qui les gouvernent. Voilà pour quoi j'ai laissé de côté tous ces ornements dont la vanité des rhéteurs grecs a fait un étalage aussi pompeux que frivole. Car, dans la crainte de ne

LIBER PRIMUS.

I. Etsi negotiis familiaribus impediti, vix satis otium studio suppeditare possumus, et id ipsum, quod datur otii, libentius in philosophia consumere consuevimus; tamen tua nos, C. Herenni, voluntas commovit, ut de ratione dicendi conscriberemus: ne aut tua causa noluisse nos aut fugisse laborem putares. Et eo studiosius hoc negolium suscepimus, quod te non sine causa velle cognoscere rhetoricam intelligebamus. Non enim parum in se fructus habet copia dicendi, et commoditas orationis, si recta intelligentia et definita animi moderatione gubernetur. Quas ob res illa, quæ Græci scriptores inanis arrogantiæ causa sibi assumserunt, reliquimus. Nam illi, ne parum multa scisse viderentur, ea conquisierunt quæ nihil attinebant, ut ars difficilior cognitu putaretur: nos autem ea, quæ videbantur ad rationem dicendi pertinere, sumsimus. Non

de traiter ces différents genres. Il faut dans l'orateur l'invention, la disposition, l'élocution, la mémoire et la prononciation. L'invention lui fait trouver les moyens sûrs ou vraisemblables d'assurer le succès de sa cause. La disposition est l'ordre dans la distribution des parties; elle lui indique la place où chacune doit être mise. L'é locution approprie aux idées fournies par l'invention les mots et les tours qui leur conviennent

enim spe quæstus, aut gloria commoti venimus ad scribendum quemadmodum ceteri; sed ut industria nostra tuæ morem geramus voluntati. Nunc, ne nimium longa sumatur oratio, de re dicere incipiemus; si te unum illud monuerimus, artem sine assiduitate dicendi non multum juvare: ut intelligas, hanc rationem præceptionis ad exercitationem accommodari oportere.

II. Oratoris officium est, de his rebus posse dicere, quæ res ad usum civilem moribus ac legibus constitutæ sunt, cum assensione auditorum, quoad ejus fieri poterit. Tria sunt genera causarum, quæ recipere debet orator: demonstrativum, deliberativum, judiciale. Demonstrativum est, quod tribuitur in alicujus certæ personæ laudem, vel vituperationem : deliberativum est, quod in consultatione positum, habet in se suasionem et dissuasionem : judiciale est, quod positum in controversia, habet accusationem, aut pe. titionem cum defensione. Nunc, quas res oratorem haberet

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