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Vous voudrez bien me pardonner si je ne vous

pas satisfait; c'est ma plume qu'il faut en accuser, parce que je ne m'en sers pas aussi facilement qué du pinceau. Je vous avoue que j'aurais fait plus vite et plus volontiers un tableau que cette lettre. Portez-vous bien, et aimez-moi.

Votre GEORGE VASARI D'ARREZZO (1).

NOTE DU TRADUCTEUR. Benoit Varchi, homme de lettres très-estimé, était chéri par tous les grands artistes et amateurs de son temps. Ses relations avec eux prouvent qu'il était lui-même un grand connaisseur. Il voulut remettre en question un sujet déjà souvent discuté, savoir: Laquelle de la peinture ou de la sculpture devait être préférée ?

Varchi écrivit, à ce sujet, une circulaire aux peintres et aux sculpteurs les plus distingués, afin d'avoir leur avis et d'être sans doute mieux éclairé. On parla, on écrivit beaucoup; on fit valoir, de part et d'autre, toutes les raisons que l'on crut bonnes et convaincantes: on ne s'entendit pas davantage. Les sculpteurs, à la tête desquels était encore le puissant Michel-Ange, soutinrent que la sculpture méritait la prééminence, les peintres en firent autant pour leur art; et le résultat fut que chacun demeura attaché à son parti ou à sa profession. Nous en sommes au même point, et cela ne saurait changer. Telles on voit les deux sœurs, très-belles, réunir d'abord tous les suffrages, et laisser leurs admirateurs indécis. Cependant leurs yeux avides cherchent si quelques défauts ne déparent pas tant d'attraits. On examine, on trouve que l'une a trop de pâleur; qu'elle a trop d'immobilité, et même de la pesanteur dans son maintien. Elle est belle sans doute, mais elle ressemble trop à une statue. Voyez sa sœur; elle est vive, légère et brillante du plus beau coloris! Que d'expression dans ses regards! je la préférerais....

Ce n'était pas l'avis du terrible Michel-Ange. Peu sensible aux gråces, il voulut que les femmes créées par son ciseau eussent des traits måles et robustes. S'il ne s'était pas trompé, il faudrait briser la Vénus de Medicis. Mais Vénus est sûre de son triomphe; elle sait que les erreurs de l'art le rendent encore plus éclatant, et qu'on n'admirera jamais des formes auxquelles les siennes n'auront pas servi de modèle.

Plus excellent dans l'architecture que dans la peinture.

MichelNous avons les réponses faites, sur l'invitation de l'archi, par Ange, Cellini, le Pontorme, Tribolo, Tasso, excellent graveur en bois; Angelo Bronzino, François Sangallo, et Vasari.

Après les avoir toutes lues, nous n'avons pas jugé à propos de les traduire toutes: on conçoit qu'elles doivent offrir des répétitions ou des raisons qui, dictées par la passion, manquent de justesse et de vérité. Nous nous sommes contenté de donner celles de Michel-Ange, de Cellini et de Vasari. On peut n'être pas de l'avis des deux premiers. Quoique Vasari ait bien plaidé la cause qu'il était chargé de défendre, nous avons regretté que les Léonard, les Raphaël, les Jules Romain, les Bembo, et les comte Castiglioni, n'aient pu se faire entendre dans les ce litige fameux et interminable. Nous remarquerons, en passant, que orateurs de la sculpture s'exprimèrent, comme on a pu le voir, avec moins d'égards et de politesse que ceux de la peinture.

Michel-Ange est sans passion, vers la fin de sa lettre, lorsqu'il dit que, les deux sœurs devant leur origine à une même intelligence, il faut leur faire faire une bonne paix, et laisser toutes les vaines querelles. Nous pensons que tout le monde partagera son opinion, et qu'on les verra vivre désormais dans une intelligence aussi parfaite que désirable.

Au sérénissime COSME, 1er. duc de Florence.

7 décembre 1547.

Duc illustrissime, vous savez mieux

que

moi qu'il n'est pas possible que tant de statues colossales et pour autres en marbre et en bronze, que j'ai faites vous, soient l'ouvrage de mes élèves; votre grande intelligence dans les beaux-arts vous l'aurait fait connaître, et mes travaux n'auraient pas reçu de votre excellence d'aussi grandes marques d'approbation : mais une longue expérience dans mon art m'a fait demander l'aide de deux élèves, qui sont bien loin de suffire aux ouvrages dont je suis chargé. J'en ai rapporté un exemple à votre excellence, en lui citant les portes de bronze de Saint-Jean, faites

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par Laurent Guiberti et le Donatello; en me rappelant que quelques personnes qui ont connu ce dernier, m'avaient dit qu'il avait toujours dans son atelier dix-huit ou vingt élèves. Comment aurait-il jamais pu faire l'autel de Saint-Antoine de Padoue et ses autres travaux? Comment aurait-il pu sculpter les colonnes historiées qu'il fit à Rome, et dont chacune demanderait la vie de vingt maîtres? L'on voit donc clairement que le dessin, l'invention et le principe de toute l'excellence d'un ouvrage viennent d'un seul génie, qui le conduit à sa perfection. Cependant les figures, qui sont en très-grand nombre, sont travaillées par plusieurs mains, sont toutes bonnes et belles, parce qu'un grand artiste guida tous ces maîtres: s'il en était autrement, on ne pourrait jamais terminer de semblables ouvrages. Je me rappelle aussi que, lorsque j'étais avec le pape Léon, sa sainteté, étant à Florence, demanda l'avis de Raphaël d'Urbin et de Buonarroti avant de se déterminer à faire la façade de Saint-Laurent. Quant aux statues, il ordonna que Michel-Ange en ferait les modèles de la même grandeur que celle devaient avoir les marbres, et ce fut sous sa que conduite que ces travaux furent exécutés par plusieurs élèves. Pour ce qui concerne les travaux de bronze que j'ai à faire, j'avais raison d'en parler, comme je l'ai fait, à votre excellence, parce que je ne veux pas qu'il m'arrive avec elle comme il arriva au vieux Cosme, père de la patrie, avec Donatello, en lui donnant à faire les chaires et les portes de

bronze de Saint-Laurent, lorsqu'il était trop vieux; de sorte que la force de la vue lui manqua pour conduire ces beaux ouvrages à leur terme; et, quoiqu'ils soient d'une bonne invention, jamais le Donatello n'en fit de plus mauvais.

Je ne pense pas que vous vouliez en agir ainsi avec moi pour un lieu aussi célébre, et j'espère qu'attendu l'âge qui me presse, vous donnerez bientôt vos ordres pour des travaux qui feront à votre excellence un honneur immortel; ils seront faits d'ailleurs avec toute l'épargne et toute la célérité possibles.

Lorsque votre excellence me dit que je voulais plus gagner que travailler, j'eus l'honneur de lui représenter que Florence et les environs étaient une preuve suffisante de la quantité de mes travaux, et que j'avais cherché, comme tous les autres artistes, à rendre votre nom glorieux : je serai satisfait, lors même que votre excellence ne m'accorderait pas d'autre ouvrage que celui que je demande. Je veux vous servir tandis que je vis encore, et je dispose tous mes enfans et mes élèves à avoir les mêmes sentimens pour votre excellence.

Laissant donc à part tant de travaux si grands et si honorables pour votre maison, je confesse avec tout le monde que ceux du chœur du dôme de Florence, étant terminés, seront semblables à une couronne brillante pour cette belle cité, qui peut se dire la vôtre.

J'attends la grâce que je demande à votre excel

lence avec toute la confiance que je mets dans votre justice et dans votre libéralité, en lui baisant humblement la main.

BACCIO BANDINELLI.

A M. GEORGE VASARI, peintre, à Florence.

Rome, 11 décembre 1547.

Vous m'avez donné une nouvelle vie, en me communiquant une partie du commentaire que vous avez écrit sur la vie des artistes. Je l'ai lu avec un très-grand plaisir, et il me paraît digne de l'être par tout le monde, à cause de l'histoire que vous retracez d'une quantité d'hommes excellens, et de la connaissance qu'on y retrouve de beaucoup de choses faites en divers temps. Votre ouvrage me paraît écrit purement et accompagné de bons préceptes. Je désirerais seulement que vous en fissiez disparaître certaines manières de parler exagérées, et certains verbes placés à la fin des phrases par élégance, lesquels dans notre langue me causent un déplaisir extrême. Je voudrais, dans un ouvrage de cette nature, qu'on écrivit absolument comme on parle ; c'est-à-dire que le style fût approprié au sujet, plutôt que de tendre au métaphorique et au recherché; qu'il fût simple plutôt qu'affecté. Il est presque partout écrit de cette manière, excepté en très-peu d'endroits, que vous sentirez en les relisant, et que vous corrigerez facilement. Au reste, je me réjouis avec vous de ce que vous avez certainement fait un

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