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Léda, je vous avoue que celle de Michel-Ange me plaît extraordinairement. Il en est de même de cette Vénus peinte par Apelles, au moment où elle sortait de la mer. Ce sujet serait aussi très-beau à voir. Cependant, comme je vous l'ai dit, je serai très-content du sujet que vous choisirez vous-même. Quant à la grandeur du tableau, je veux qu'il soit sur une toile de cinq palmes de long sur trois de haut.

Je ne vous dirai rien sur votre autre ouvrage, puisque vous voulez que nous le voyions ensemble. En attendant, finissez-le tout-à-fait ; je suis persuadé que j'aurai peu d'autre chose à faire qu'à le louer. Portez-vous bien.

NOTE DU TRADUCTEUR. Annibal Caro, grand poëte, aimait les grands artistes. Il cherchait à s'entourer du charme inspirateur de leurs productions, dont il était très-bon juge. Il n'est pas étonnant, d'après cela, qu'il dise à Vasari que sa prestesse insignifiante d'opérer nuisait à sa réputation.

Il est deux manières d'avoir une pratique expéditive dans les beauxarts, quelle que soit la manière de peindre qu'on emploie.

La première est celle des Raphaël et des Lesueur, qui cependant vécurent si peu; et celle des Michel-Ange, d'Annibal Carrache, des Paul Véronèse, et des Rubens. Chez les grands artistes, la promptitude d'opérer, loin de nuire aux talens, les sert au contraire, et leur donne pour ainsi dire la puissance d'une seconde création: tant ils sont certains des principes qu'ils se sont faits de leur art!

La seconde est celle des Luca fa presto, des Vasari, des Vouet, et de mille autres plus extravagans encore, qui ont causé la ruine de l'art, en voulant imiter les peintres du premier ordre, dont ils ne possédaient nullement le savoir.

A M. ANTOINE-FRANÇOIS DONI, à Florence,

Rome, 14 septembre 1548.

J'AI reçu votre lettre avec le commencement du livre des médailles; elles m'ont fait le plus grand plaisir, et je ne puis assez admirer et louer votre esprit, qui tous les jours invente quelque belle entreprise. Je vous invite à continuer celle-ci, en vous certifiant que vous ne pourrez que retirer beaucoup d'honneur et d'utilité d'une chose semblable. Plût à Dieu qu'on pût graver de cette manière tous les portraits que j'ai dans mon musée, au moius ceux des hommes fameux, dans la guerre desquels j'ai commencé les éloges qui s'imprimeront bientôt ! Je désirerais seulement que l'on pût graver leurs portraits un peu plus en grand que les médailles antiques, pour y ajouter ensuite un peu coloris, afin de les rendre plus remarquables. Si cela pouvait réussir, je croirais que, depuis les anciens jusqu'à nous, il n'aurait pas paru un livre plus beau. Si je puis vous être utile en quelque chose, comptez sur moi en toute assurance. Portez-vous bien.

L'ÉVÊQUE GIOVIO.

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Nota. Doni, né à Florence, est auteur de plusieurs ouvrages curieux, et utiles aux artistes. Il était de l'ordre des frères Servites.

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A M. FRANÇOIS BONNANI, sécretaire de son excellence COSME Ier.

Rome, 18 mai 1550.

M. PIERRE VETTORI, en me répondant sur une affaire que je lui avais recommandée auprès de notre grand duc, me donna la bonne année de votre part; ce souhait agréable vint à propos rafraîchir mon esprit; fatigué des travaux que le que je fais pour pape. Vous êtes si aimable, et vous vous montrez avec tant de générosité envers les artistes, que vous n'avez pas craint de demander pour moi; de sorte que, si j'étais un misérable, au lieu d'être un galant homme, je vous dirais; Dieu vous le rende. C'est vous dire assez combien je suis sensible à votre politesse, et combien je suis dévoué au grand-duc Cosme de Médicis, que je brûle de servir. Plût à Dieu qu'un jour je pusse arriver à une telle perfection, par mes travaux, qu'ils fussent assez puissans pour aller au devant de ses pensées. Certes, c'est un homme si rare parmi les princes qui pensent plus à leurs plaisirs qu'à récompenser le mérite, que, si beaucoup d'entre nous ne fondaient en lui leur espoir, nous serions tous bien malheureux, puisque ceux-là ne cherchent jamais à employer nos talens. Que Dieu lui accorde donc une longue vie, afin que, les devançant toujours en jugement, en mérite et en libéralité, il nous trouve toujours unis et prêts à lui élever tant de monumens, que les artistes et les autres écrivains

passent avec lui à la postérité la plus reculée ! L'Etre suprême le voudra ainsi pour le salut et le bonheur de ses peuples.

Etant occupé à faire le portrait de sa sainteté, je l'ai déjà suppliée plusieurs fois de me donner des séances; mais, la goutte ayant changé ses traits, je ne puis mettre la dernière main à un portrait qui, en le satisfaisant, me contentait moi-même. Assurez son excellence qu'elle peut compter que la première copie lui en sera réservée. Ne manquez pas, en attendant, d'offrir mes services et mes adorations à notre duc illustrissime, auquel je baise les mains. Rappelez-vous que, si je suis peintre, je vaux peut-être encore mieux en quelque autre chose. Disposez de moi. Tout à vous.

GEORGE VASARI, peintre d'AREZZO.

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A M. CURZIO FRANGIPANI, à Rome.

Gradoli, 4 juillet 1550.

J'ENVOIE, par la poste, cinq faisans au cardinal de Ferrare (1), et quatre au cardinal Michel Silva (2). Ornate munus verbis. Maître Nanni s'en retourne. J'ai demeuré avec lui, afin que le pavé de la chapelle corresponde à la beauté du reste et soit bien travaillé. J'ai résolu d'employer des carreaux en brique taillés et passés sur la meule, ainsi

(1) Le cardinal Hippolyte II, frère d'Hercule II, duc de Ferrare (2) Le cardinal Michel Silva était Portugais.

qu'il vous le dira. Il faut aussi que les bancs placés tout autour soient élégans, puisque je me suis embarqué dans ces dépenses. Je veux y mettre jusqu'à cent écus. Vous les ferez faire tout de suite, afin qu'à mon retour je trouve la chapelle entièrement achevée. Quant à la peinture, je suis certain que Salviati vous servira promptement. N'ayant rien

autre, etc.

Le cardinal ALEXANDRE FARNÈSE.

Nota. Il est question, dans cette lettre, de la chapelle du palais de la chancellerie. On faisait alors, à Rome, des pavés de cette manière: ils ressemblaient à ceux des anciens; mais les briques étant aujourd'hui de mauvaise qualité, mal cuites, etc., ils durent très-peu, de sorte que l'on en fait moins d'usage aujourd'hui.

Au même VASARI.

Rome, 15 septembre 1550.

Mon cher George, croyez-vous que, si je pouvais me rappeler de quelle manière j'avais arrangé l'escalier de la bibliothéque de Saint-Laurent, à Florence, dont on m'a tant parlé, je me ferais prier pour le dire? Je me rappelle bien, comme on se rappelle d'un songe, un certain escalier; mais je ne crois pas que ce soit absolument le même que je composai alors, parce que, s'il était ainsi qu'il me revient à l'esprit, ce serait une bêtise. Cependant je vais l'écrire. Je pris une quantité de boîtes ovales, ayant une palme de haut, mais n'ayant pas la même longueur ni largeur, et je posai la plus grande et la première sur le pavé, aussi loin de la porte que vous vou

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