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premièrement, que lesdites obsèques puissent être célébrées dans l'église de Saint-Laurent, bâtie par ses ancêtres, et dans laquelle Michel-Ange a fait de si beaux ouvrages tant pour la sculpture que pour l'architecture, et auprès de laquelle son excellence illustrissime a le projet de vouloir qu'on élève l'édifice, qui, semblable à un nid, réunisse l'académie et une continuelle étude de l'architecture, de la sculpture et de la peinture.

« Secondement, les professeurs de cette académie la prient de vouloir charger M. Benoit Varchi, non-seulement de faire l'oraison funèbre, mais encore de la prononcer lui-même, comme il a promis de le faire très-volontiers, lorsque nous l'en avons prié, pourvu toutefois que votre excellence illustrissime le voie avec plaisir.

» En troisième lieu, nous la supplions et prions, qu'il lui plaise, par sa même bonté et libéralité, de se souvenir de tout ce qui peut leur être nécessaire pour célébrer lesdites obsèques, outre ce qu'ils pourront mettre du leur; ce qui est peu de chose.

» Chacun de ces objets a été traité et discuté en présence et avec le consentement de M. Vincent Borghini, prieur des Innocens, vice-président de son excellence illustrissime, dans l'académie et compagnie du dessin, laquelle, etc. >>

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Réponse du grand-duc à cette lettre.

Pise,

8 mars 1563.

« Nos très-chers, nous sommes très-content de donner à vos demandes une satisfaction pleine et entière, par la grande affection que nous portons à la rare perfection des talens de Michel-Ange Bonarroti, et que nous portons à tous ceux de votre profession. Ainsi faites tout ce qui dépendra de vous pour l'exécution de ce que vous avez résolu de faire pour ses funérailles : quant à nous, nous n'oublierons pas de subvenir à tout ce qui vous sera nécessaire; déjà nous avons fait écrire à M. Benoît Varchi pour le discours, ainsi qu'à M. Borghini pour tout le reste, dont nous avons gardé trèsexactement le souvenir. Portez-vous bien. »>

Lettre du grand-duc à BENOÎT VARCHI.

Pise, 9 mars 1563.

<< MONSIEUR notre très-Benoît Varchi, l'affection que nous avons pour Michel-Ange, ainsi que pour ses rares talens, nous fait désirer que sa mémoire soit honorée et célébrée de toutes manières. D'après cela, ce sera nous faire plaisir, si, par attachement pour notre personne, vous prenez le soin de faire l'oraison funèbre qui sera prononcée le jour de ses obsèques, d'après l'ordre et l'arrangement pris par les députés de l'académie (1). Elle nous

(1) Les députés de l'académie pour les obsèques furent, Angelo Bronzino et George Vasari, peintres; Benvenuto Cellini, et Bartho

paraîtra plus belle si vous la prononcez vous-même. Portez-vous bien. »>

NOTE DU TRADUCTEUR. Afin d'honorer la mémoire des grands artistes, Rome leur éleva des tombeaux dans le Panthéon, sans s informer quelle fut leur patrie. La ville éternelle n'a fait que changer de sceptre. Jadis elle dut sa gloire à ses guerriers valeureux; aujourd'hui, moins puissante peut-être, mais plus heureuse, ses triomphes ne sont plus teints du sang des peuples; ils ne font plus le malheur des nations, et les nations irritées ne méditent plus de justes vengeances contre elle. Deux grands génies, Raphaël et Michel-Ange, y commandent le respect et l'admiration de l'univers. Leur règue, que rien ne saurait détruire, est immortel, et les louanges qu'on leur donne ne ressemblent point à celles que dictent souvent la crainte, la flatterie ou le vain espoir. En vain les siècles se succédent. La gloire des Apelles et des Phidias de la Grèce, comme celle des Zeuxis, des Praxitèle de notre Age, est impérissable. O puissance des talens! vous êtes incommensurable!

Florence, la première, éleva de magnifiques mausolées aux beaux génies qui, en grand nombre, illustrèrent la Toscane; le temple où leurs cendres reposent est l'un des plus saints de la terre (1). La vénération et l'admiration s'attachent, en Italie, aux pas du voyageur, et le suivent en tous lieux. La maison de Médicis voulut faire dire de Florence ce qu'Auguste avait dit de Rome avant sa mort. Le Toscan, non moins fier et belliqueux que les peuples dont il descendait, vit d'abord succéder avec déplaisir la gloire des beaux-arts et des sciences à celle des armes. Si le Dante ne jeta pas son bouclier comme Horace, il le suspendit pour ne le reprendre jamais. Il préféra dès lors tirer de sa lyre des sons divins, et précipiter, dans un enfer qu'il créa, les ennemis de la liberté de sa patrie. Les dissensions civiles éteintes, le Toscan regretta le règne des Médicis, qui, par politique et par nécessité, comme Numa et Périclès, cherchèrent à détourner l'homme d'une férocité à laquelle il est trop enclin. Notre admiration pour les

lomée Ammanati, sculpteurs. Mais tous les artistes, vieux ou jeunes, se disputèrent à l'envi l'honneur de coopérer à la magnificence de ces funérailles, célébrées le 14 juillet 1564, dans la même chapelle de Saint-Laurent, dans laquelle se faisaient celles de la cour de Florence et de tous les autres souverains de l'Europe.

(1) L'église de Sainte-Croix.

conquérans, si l'on veut réfléchir à toutes les calamités qui suivent ce qu'on appelle triomphes, est de peu de durée. Quelle impiété! chaque peuple les célèbre à sa manière par des chants, dans lesquels il remercie la Divinité de ce qu'il a été assez heureux pour égorger un plus grand nombre de ses semblables. Heureux le monarque dont la couronne, cueillie par les Muses, n'est souillée ni de sang, ni de larmes!

La capitale de la France a son Musée, appelé des Petits-Augustins, nom qui ne donne pas une grande idée des objets précieux qu'il renferme. Ce local, mal situé, entouré de toutes parts de murs qui le dominent, n'a ni l'air, ni l'espace convenables. M. Le Noir, créateur et conservateur de cet établissement, auquel nous nous plaisons à rendre toute la justice qui lui est due, tant pour la distribution et le goût, que pour les soins qu'il a apportés à la conservation de cette foule de monumens nationaux, ne serait jamais parvenu à le rendre digne de sa destination, à moins qu'une concession des maisons environnantes n'eût permis de les abattre, et d'isoler ainsi l'enceinte de ce Musée; regardé comme national, et placé dans la capitale, il demandait un local plus digne de son institution. Cet objet, intéressant sous tant de rapports, n'a pas échappé à la sagesse ni à la vigilante prévoyance de S. M. Louis XVIII. Par une ordonnance, elle a statué que le transfèrement du Musée national des monumens français se ferait dans l'église de Saint-Denis, destinée depuis long-temps à renfermer les tombeaux de nos rois.

L'Angleterre a, depuis plusieurs siècles, consacré l'ancienne abbaye de Westminster à la gloire de tous les talens qui l'ont illustrée. Nous ne connaissons ce grand et bel établissement que par divers rapports; mais tous s'accordent à convenir que sa gloire et sa magnificence ne le cèdent à aucune des belles et grandes institutions de ce peuple libre.

A l'illustre M. CASTALDO.

MONSIEUR, j'ai vu par vos dernières lettres, qui me sont toujours si agréables, l'extrême désir que vous avez d'avoir quelque nouveau tableau de ma main. J'ai donc résolu de vous envoyer le portrait d'une de vos amies, afin que ma volonté, toujours empressée à vous plaire, pût vous faire voir par quel

que

effet remarquable, que M. Castaldo est préféré à mille autres seigneurs comme lui. J'ai cru ne pouvoir vous faire un don plus agréable; en connaisseur habile, vous contemplez déjà ce peu d'àme que fait transmettre mon pinceau à un sujet qui lui plaît, et lorsqu'il travaille pour un personnage aussi illustre, etc.

TITIEN VECELLI.

TITIEN VECELLI, peintre, à l'invincible empereur

CHARLES-QUINT.

1551.

PRINCE invincible! si la fausse nouvelle de ma mort a causé du chagrin à votre majesté, j'en ai reçu la consolation d'avoir encore une plus grande certitude que votre grandeur se rappelle de mon dévouement pour son service; ce qui me rend la vie doublement chère. J'adresse à Dieu mes humbles prières, afin qu'il me conserve la vie (sinon long-temps), du moins assez pour me donner le temps d'achever l'ouvrage que j'ai commencé pour votre majesté ; il est assez avancé pour pouvoir paraître devant votre grandeur dans le mois de septembre prochain : je m'incline, en attendant, devant elle en toute humilité, en me recommandant avec révérence à ses bonnes grâces.

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