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Du même, au prince d'Espagne qui fut depuis nommé roi d'Angleterre.

1551.

PRINCE sérénissime! j'ai reçu de votre ambassadeur d'Autriche un don plus digne de votre grandeur que de mes petits mérites; il m'a été bien cher sous plusieurs rapports; mais il me l'a été d'autant plus que c'est une grande richesse pour un débiteur d'être l'obligé par un aussi grand souverain.

Je voudrais, par reconnaissance, pouvoir faire l'image de mon cœur, déjà dévoué depuis longtemps à votre altesse, afin qu'elle pût voir, dans la partie la plus parfaite de moi-même, sa ressemblance et sa valeur. Mais, cela m'étant impossible, je mets tous mes soins à terminer la fable de Vénus et Adonis dans un tableau d'une forme semblable à celui de Danaé que possède déjà votre majesté; j'espère envoyer bientôt celui-ci à votre altesse, puisqu'il est très-avancé. Je me prépare à travailler aux autres, afin de les lui consacrer, en regrettant que mon terrain stérile ne puisse pas produire des fruits plus nobles et plus dignes d'elle. Je finirai en priant Dieu d'accorder une longue félicité à votre altesse, et de me faire encore une fois la grâce de la voir et de lui baiser humblement les pieds.

A la duchesse d'URBIN.

Rome, le.... juin 1551

BARTHOLOMÉE AMMANATI, excellent architecte et sculpteur de Florence, a pris ces jours derniers pour

épouse une sujette de M. le duc votre époux; il a appris, depuis, que l'intention de son excellence était que l'on ne se mariât pas hors des terres de sa souveraineté. Se trouvant par là dans le cas d'avoir commis une faute que l'ignorance rend excusable, il m'a prié de lui accorder ma recommandation, n'étant pas assuré d'obtenir sa grâce. Je regarde comme certain que, puisque la chose a été faite ainsi, son excellence ne mettra aucune opposition, surtout envers Ammanati, qui, n'en sachant rien, n'a pu désobéir. Lorsque son excellence le connaîtra pour un homme dont on doit faire beaucoup de cas, je pense qu'il lui paraîtra n'avoir pas fait une petite acquisition, en l'ayant au nombre de ses sujets. Enfin de quelque manière que veuille l'entendre son excellence, je la prie de prendre en bonne part ma recommandation, et de faire en sorte que le mariage d'Ammanati, qu'il a plu à Dieu d'agréer, reçoive aussi le consentement de son excellence, à laquelle j'offre mes services ainsi qu'à sa très-illustre épouse, à laquelle je me recommande moi-même.

SAINT PERE (1),

ALEXANDRE, Cardinal FARNESE.

Madrid, 16 septembre 1551.

J'ai appris, par le très-révérend nonce de votre sainteté, qu'elle désirait un portrait de la reine d'Espagne. Ayant accepté cette proposition, et la

(1) Pie IV.

regardant comme une faveur singulière, puisqu'elle me met dans le cas de servir votre béatitude, j'en ai demandé la permission à sa majesté, laquelle en fut très-satisfaite, et reconnut en cela l'affection paternelle que lui témoigne votre sainteté. Je profite de l'occasion d'un chevalier pour le faire parvenir entre vos mains. Si j'ai pu satisfaire au désir de votre sainteté, j'en aurai une consolation infinie. Je ne puis m'empêcher d'ajouter que, s'il était possible de représenter de la même manière, aux yeux de votre béatitude, les beautés de l'âme de cette sérénissime princesse, elle ne pourrait voir une chose plus admirable. Mais du moins, en me servant de tous les moyens que l'art peut employer pour rendre les traits extérieurs de sa majesté, j'y ai apporté également les plus grands soins, afin que votre sainteté en ait devant elle la plus parfaite ressemblance. Je finis en baisant ses pieds en toute révérence et humilité.

La très-humble servante de votre béatitude,

SOPHONISBE ANGUISCIOLA. (1)

Pie IV, Pape.

Rome, 15 octobre 1551.

NOTRE bien-aimée fille en J. C., nous avons reçu le portrait de la sérénissime reine d'Espagne, notre très-chère fille, que vous nous avez envoyé. S'il nous a été agréable à cause de la personne qu'il repré

(1) Sophonisbe était de Crémone. Vasari a écrit la vie de cet artiste célèbre.

sente, et que nous aimons paternellement, à tous égards, à cause de sa bonne religion et des autres très-belles qualités de son âme, il nous l'a été aussi pour être fait par vos mains avec beaucoup d'art et beaucoup de soin. Nous vous en remercions, en vous donnant l'assurance que nous le conserverons parmi les choses qui nous sont les plus chères, afin d'honorer votre talent, qui, quelque admirable qu'il soit, le cède cependant aux autres qualités que vous possédez. A ces fins, nous vous envoyons de nouveau notre bénédiction. Que Dieu notre seigneur vous conserve!

A M. le duc COSME de Médicis.

Florence, 12 novembre 1551.

VICTOR PISANO, excellent peintre, jouit d'une grande réputation dans les temps des papes Martin, Eugène et Nicolas. Il peignit les deux grandes parties de la grande nef de Saint-Jean de Latran avec beaucoup d'outremer; il en employa une si grande quantité, que les mauvais peintres de notre siècle se sont avisés plusieurs fois, en montant par des échelles, de râcler cette couleur, qui, par sa qualité précieuse, ne s'incorpore pas avec la chaux, et ne se gâte jamais. Pisano fut également très-célèbre dans les ouvrages de bas-reliefs, chose regardée comme très-difficile par les artistes, parce qu'ils tiennent le milieu entre la peinture, qui a une surface plate et la rondeur des statues : c'est pour cela que l'on voit, de sa main, beaucoup de médailles très estimées des

grands princes, et faites de la plus grande forme, comme ce revers du cheval armé que le Guidi m'a envoyé. J'ai, entre autres, celle du grand roi Alphonse, celle du sultan Mahomet qui prit Constantinople; il est à cheval, vêtu à la turque, avec un fouet à la main. Sigismond Malatesta avec le revers d'Isotta De Rimini, et Nicolas Piccinino avec un bonnet long sur la tête, et le même revers du Guidi, que je vous renvoie. Outre toutes celles-là; j'ai encore une très belle médaille de Jean Paléologue,empereur de Constantinople, avec ce chapeau de forme bisarre que les empereurs avaient coutume de porter. Elle fut faite par le même Pisano, à Florence, dans le temps des conciles du pape Eugène, où se trouva cet empereur; elle a pour revers la croix du Christ soutenue par deux mains, qui signifient l'église latine et l'église grecque; elles s'accordèrent enfin sur ces mots sur lesquels on avait tant disputé, consubstantialem patri per filium, en parlant du Saint-Esprit. Il me reste à dire à votre excellence que j'ai fait en son honneur le premier livre de la seconde partie de l'histoire que j'ai entreprise ; j'irai à Pise pour terminer le second que j'ai déjà commencé. J'y joindrai dix autres livres déjà mis en ordre, afin de pouvoir les faire imprimer à l'honneur de son excellence. Lorsque les chemins seront un peu plus secs, je me mettrai en route; je séjournerai dimanche à Montelupo avec Simon Botti; lundi à Pontadera par la faveur de M. le majordome, lequel aura la complaisance de changer mon

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