Immagini della pagina
PDF
ePub

chose arrive aussi à nos écrivains. Portez-vous bien, et dites à notre petit Camille, enfant qui donne de si grandes espérances, qu'il travaille beaucoup, et croie toujours de savoir peu; c'est par là qu'on arrive à la perfection que l'on désire, en quelque chose que

ce soit.

LOUIS DOLCE. (1)

www

A M. JEROME SUPERCHIO.

Rome, 5 mai 1551.

MONSIEUR, Si vous connaissiez mes grandes occupations, vous ne me demanderiez pas des choses qui exigent du temps et une foule d'idées. Cependant, afin de ne pas passer pour un paresseux, je vous dirai tout de suite qu'il ne me vient rien, pour le moment, dans la tête pour l'inscription du mur que vous faites faire. Je ne me souviens d'aucun fragment antique en grec ou en latin; vous ne me donnez pas le temps d'en chercher. Voyez, en attendant, si ce demi vers vous conviendrait :

Secura sub monte quies,

ou bien celui-ci de Virgile :

Alti sub fornice montis ;

Ajoutez-y, si vous voulez :

Tutus agam,

ou bien toute autre chose semblable. Au-dessous de ce lieu de repos, on pourrait représenter un Endy

(1) Auteur d'un ouvrage sur la peinture en forme de dialogues.

mion qui dort; une figure qui fuit quelque tempête, ou tout autre sujet de ce genre. Si vous voulez mettre des figures dans la grotte, placez-y des bergers qui chantent, des nymphes qui dansent; des satyres, des faunes, des sylvains, des silènes; ou bien, puisque c'est un lieu souterrain, choisissez un Vulcain qui, avec ses trois Cyclopes, fabrique des armes puisque le pape veut faire la guerre, et l'inscription pourrait être :

Jovi ultori.

Mais, comme cela pourrait être mal interprété, je me rétracte.... Faites plutôt des gens qui travaillent aux mines. Faites-y des chercheurs de pierres précieuses, des sorciers, un enlèvement de Proserpine; le mariage d'Énée avec Didon: un Ulysse, qui crève les yeux à Polyphème; la prison de Circé, qui change les hommes en bètes de toute espèce. Ce sujet me paraîtrait le meilleur de tous.... Si vous n'y voulez pas des figures, remplissez cet endroit de grotesques, de verdures, de toutes sortes d'oiseaux. Je ne sais plus que vous dire, ni ce que vous voulez. Je ne connais pas le local, et je ne puis savoir ce qui vous conviendrait le mieux; je n'ai pas d'ailleurs le temps, comme je vous l'ai dit, ni la tête assez libre, pour m'occuper de ces choses-là. Excusez-moi donc si je vous ai dit des folies. Rappelez-moi au souvenir de M. Jean Antonio, le secrétaire. S'il me ressemble, et s'il écrit autant que moi, il vous suffira à tous les deux de lire cette lettre. J'ai reçu dernièrement votre demande pour la dispense de la

religieuse; lorsque je saurai ce que vous désirez de la pénitencerie, je vous en donnerai avis. En attendant, je me recommande à vous.

ANNIBAL CARO.

A l'excellent seigneur, le seigneur PIERRE ARÉTIN.

Milan, 11 juillet 1551.

TRÉS-EXCELLENT seigneur, c'est une bien grande affliction pour des amis que de ne pouvoir pas manifester la grandeur de leur attachement par quelques preuves qui l'égalent; malgré cela, je n'hésiterai pas de vous donner une marque du mien, espérant qu'elle vous sera agréable, si vous faites attention au sentiment de celui qui vous l'offre. Vous voudrez bien, en cela, recevoir mes excuses, et vous attribuerez la petitesse de mon présent à l'ignorance et à l'avarice des riches, qui tiennent les talens ensevelis. C'est en vain qu'on s'est donné mille fatigues pour apprendre son art, et qu'on a donné des preuves de son savoir, puisqu'il n'y a personne par l'intelligence de laquelle on puisse arriver à connaître ceux qui peuvent récompenser les artistes. Le Titien et ses ouvrages ne doivent leur réputation et les grandes faveurs qu'il mérite qu'à la plume et aux éloges de l'Arétin. Voilà la raison pour laquelle mon génie n'a pu prendre son essor, puisqu'il a fallu combattre avec le pain. Mais je ne doute pas qu'un jour je ne trouve l'occasion de me montrer, et que Dieu ne m'aidera par le moyen de

mes amis. Si je suis pauvre de biens, je suis riche en talens.

Seigneur Arétin, n'ayant pas, pour le moment, de sujet plus convenable à vous offrir, je vous envoie le portrait d'une très-honnête fille; et, afin qu'on ne la reconnaisse pas, j'ai changé ses vêtel'on samens et caché son nom, ne voulant pas que che quelles sont les personnes qui m'ont fait faire cet ouvrage. Vous voudrez bien vous en contenter, puisque je me joins moi-même au présent que je vous en fais. Disposez de moi pour ce que je vaux; je suis à votre service, et vous pouvez me compter parmi vos serviteurs les plus zélés: daignez me recommander à Doni; je vous baise les mains.

FRANÇOIS TERZO,

Peintre et graveur de Bergame.

NOTE DU TRADUCTEUR. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit de l'influence extraordinaire exercée par l'Arétin. Voilà un pauvre artiste qui vient lui faire sa cour, en lui offrant le portrait d'une jeune fille. Il se sert de moyens malhonnêtes pour faire un présent qu'il sait bien être du goût de son excellence.

Parmi toutes les richesses que renferme Venise, il n'y aurait rien de plus curieux à y voir aujourd'hui que la collection que s'était faite l'Arétin, en présens des souverains, en tableaux, en dessins de tous les grands maîtres, en sculptures, ciselures, en portraits, etc.... Quel catalogue de tributaires que celui qui commencerait par les noms de Charles-Quint, de Michel-Ange, du Titien, etc., etc.....!

Bien loin de penser comme le pauvre Terzo, nous sommes très-persuadés que le Titien n'avait pas besoin de la plume ni des flagorneries de l'Aretin pour faire sa réputation

A l'honorable M. JACQUES GUIDI,

1551.

J'ÉCRIVIS, ces jours derniers, à M. le duc; mais, craignant que le trop grand désir que j'ai de le servir ait pu lui paraître incommode, je prie V. S. de le lui rappeler en temps opportun. J'ai donné avis à son excellence de la désunion existante entre le capitaine des sbires et le secrétaire des huit magistrats établis pour juger les affaires criminelles. Ce qui me déplait beaucoup plus encore, c'est de voir la division des citoyens et leur façon de penser qui change souvent. Si cela était possible, je voudrais qu'on leur otât la consolation et le plaisir qu'ils trouvent dans une discorde qu'ils cherchent à augmen. ter par toutes sortes d'astuces. Je vois clairement les graves et déraisonnables inconvéniens qui en résultent, mais je ne vois personne qui cherche à y remédier; je vois au contraire qu'ils s'en mocquent; je n'y puis rien, parce que je ne suis pas assez dans les bonnes grâces de leurs seigneuries: cependant j'en ai parlé avec M. Lelio Torelli, auditeur de M. le duc, auquel cet état de choses déplaît beaucoup. La source d'un mal auquel il importe de remédier, étant connue, son excellence le fera lorsqu'elle le croira convenable.

Ayant été l'un des juges de la magistrature criminelle, j'ai toujours trouvé M. Lelio et le secrétaire d'une telle vertu, qu'ils méritent d'être conservés dans leur emploi. Ce dernier a donné beaucoup de

« IndietroContinua »