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maison de Satan; mais, que ceux qui sont vertueux, en vivant en bonne intelligence avec ce prince, vivent de la même manière avec Dieu : ce qui le prouve, c'est que, après l'avoir fait duc, il le conserve, il combat, et est victorieux par son secours. Mais j crains de vous fatiguer. Que V. S. prenne donc une ferme résolution en toutes choses, avec la certitude que mon esprit adore vos talens et vos actions. Saluez de ma part Urbino. Vivez heureux.

GEORGE VASARI.

A N. N.

Florence, 1554.

PUISQUE SON excellence illustrissime veut connaître le prix que je dois mettre à ma statue de bronze représentant Persée, laquelle a été placée sous la loge de la place du Grand-Duc en 1554, avec des applaudissemens si universels, que cela n'est jamais arrivé à aucun maître; je vous dirai que je prie humblement son excellence de me donner, pour des travaux qui ont duré neuf années, ce qu'elle croira convenable. Quel qu'en soit le prix, accompagné de ses bonnes grâces, je serai plus satisfait qu'en faisant une demande, en supposant même que j'en reçusse par ce moyen un prix plus considérable.

Cependant, afin de ne pas attendre aussi longtemps que cela m'est déjà arrivé par le passé, étant comme obligé d'obéir, je dirai que, si j'avais à faire un aussi grand ouvrage pour tout autre prince, je ne le ferais pas pour la valeur de quinze mille ducats

d'or, et que quelque autre homme que ce soit né saurait l'avoir qu'à ce prix. Mais, afin de me montrer en vassal affectionné, en serviteur dévoué à son excellence, je serai très-content s'il lui plaît de m'en donner cinq mille ducats d'or comptant, et les cinq mille autres en immeubles, parce que j'ai résolu de passer le reste de ma vie au service de son excellence.

Si je lui ai fait un premier ouvrage de cette beauté, j'espère faire l'autre plus merveilleux encore, et de surpasser les anciens et les modernes, lorsque tout le monde aura jugé que de mes travaux il rejaillit une gloire louable et immortelle sur votre excellence.

Mais je la conjure, par la valeur et la puissance de Dieu, de se décider très-promptement, parce que cet état d'incertitude me tue, et de se rappeler, comme je le lui ai toujours dit, que je voulais lui donner en garde ce reste de ma pauvre existence, puisque je n'ai conservé, de l'état très-heureux où j'étais, que mon seul talent pour courir avec résolution la même fortune que son excellence. Qu'elle considère la quantité d'or que j'aurais entassée, si j'avais joui jusqu'à présent des grands avantages que me faisaient les barbares..... Je ne les regrette pas; je suis beaucoup plus content d'un écu avec votre excellence, que de cent que m'offrirait tout autre prince, en priant Dieu qu'il la conserve en toute félicité.

BENVENUTO CELLINI.

NOTE DU TRADUCTEUR. La lettre de cet artiste célèbre peint très-bien son caractère. Il était dévoué, comme on le voit, à son prince. Brave, emporté, et fier de son talent, il était toujours prêt à repousser toute injustice. Les révolutions dont il avait été le témoin, n'avaient fait qu'exalter son génie. On peut et on doit être plus modeste que Cellini; mais il est certain que s'il n'a pas surpassé les anciens, il s'est placé à côté d'eux. L'art de l'orfévrerie fut d'abord son talent. Les vases et autres objets ciselés de ses mains étaient d'une rare perfection. Un is grand talent ne pouvait échapper à François Ier., qui l'attira à sa cour. Il y fit de très-beaux ouvrages en ce genre. La richesse de la matière a causé leur perte, comme elle fit périr depuis ceux de Germain, sous Louis XIV.

Cellini, de retour dans sa patrie, écrivit sa vie, dans laquelle l'historien trouve des détails curieux sur ce temps-là, et l'artiste beaucoup de choses à apprendre. Cet ouvrage curieux a eu deux éditions. La manière intime avec laquelle Cellini vécut avec les Bembo, les Varchi, et autres hommes du plus grand mérite, repousse suffisamment ce que Michel-Ange disait de lui: «< Qu'il ne savait pas comment tant de lalens pouvaient être réunis à tant de vices. » Baccio Bandinelli, son élève, fut en guerre ouverte avec Cellini; et Baccio ressemblait à son maître, dont les sentimens jaloux ne sont pas un titre de gloire. Mais puisque Hésiode disait que le potier porte envie au potier, il faut admirer les talens, et jeter un voile sur les effets odieux de cette passion funeste, en plaignant ceux qui en furent ou en sont les victimes.

A l'illustrissime et excellentissime M. le duc de Florence (1).

JE

Florence, 12 octobre 1554.

Je promets à votre excellence tout le temps que je pourrai travailler et être en santé pour suivre les travaux en marbre que votre excellence m'a ordonnés; je promets d'y mettre toute mon industrie, soit pour la sculpture, soit pour donner les dessins des compositions, selon la commodité des maîtres. Quant

(1) Cosme ler,

aux marbres dont votre excellence me donnera l'intendance, elle les fera porter dans mon atelier; le tout à ses frais, comme c'est la coutume, et comme cela a été fait jusque à présent.

Le premier de ces travaux est le tombeau du seigneur Giovanni, père de votre excellence, lequel est tout-à-fait terminé et muré, excepté un bas-relief représentant une bataille dont la composition plut tant à votre excellence, qu'elle me la fit exécuter en marbre, il y a déjà long-temps; il y a de plus la statue dudit seigneur Giovanni, que votre excellence a vue entièrement terminée dans mon atelier.

Le second travail est la grande salle d'audience, dans laquelle votre excellence m'a fait faire plusieurs niches, pour y placer les plus illustres personnages de votre maison; j'y ai déjà mis le pape Clément VII, la statue de votre excellence, celle du seigneur votre père, et celle du duc Alexandre; il y manque le pape Léon, Cosme le vieux, le duc Julien, et le duc Laurent. Il ne peut aller dans cette salle, ni plus de niches, ni plus de figures que celles qui y sont.

Le troisième travail est l'autel du dôme, sur lequel votre excellence veut que l'on place le groupe de la Trinité; il n'y manque plus que Dieu le père, auquel je travaille et qui est très-avancé.

Le quatrième travail est le pourtour du chœur du dôme de Florence, haut d'environ deux brasses, tout en marbre, orné des prophètes et des apôtres.

Il y a de plus de plus sur ce pourtour, et sous l'arcade qui est au-dessus, le groupe d'Adam et d'Ève, que j'ai terminé. Il n'y manque plus que le figuier, qui doit être de marbre, selon le modèle qui y est placé.

Le pourtour étant terminé, il y aura une colonnade et des balustres, ainsi que le fait voir le projet approuvé par votre excellence; ce travail est déjà en partie achevé.

Je promets de finir tous les ouvrages indiqués ci-dessus; je parle seulement des marbres, qui doivent être posés et enlevés de mon atelier, sans frais et risques pour moi, comme cela est juste.

Je supplie, de mon côté, votre excellence de faire faire le compte des susdits ouvrages, en y comprenant jusqu'à ce jour ce qu'elle m'a donné en argent ou en biens, de manière qu'ils me soient assurés ainsi qu'à mes descendans. Je désire aussi que votre excellence fasse examiner les deux erreurs que l'Altopascio trouve dans les comptes s'il y a d'autres difficultés élevées à mon préjudice par vos ministres, je demanderai qu'elles soient levées, afin que par vos ordres il soit fait, entre l'Altopascio et moi, un contrat qui assure mon entier paiement; après cela mon silence sera éternel.

Quant aux appointemens de deux cents écus par an que me donne votre excellence, il est juste qu'ils durent autant que moi, étant obligé de travailler toute ma vie, en bonne santé ou infirme. Je travaillerai toujours pour l'honneur et l'utilité de votre

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