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maison quant au reste, je m'en remets à la sagesse et à la prudence de votre excellence en vous baisant les mains comme un serviteur fidèle.

BACCIO BANDINELLI.

A M. JEAN BERNARDO, peintre.

1557.

QUOIQUE l'amitié que vous avez pour moi ajoute à ma propre estime, cela ne m'empêche pas de nie plaindre de ce que vous n'en usez pas plus librement avec moi. Je sais que vous avez besoin d'un sonnet; je suis assez familier avec les bienheureuses Muses, pour pouvoir leur voler quelques vers; cependant, je vous le dis par amitié pour vous, je courrais le risque de faire quelque chose que vous pourriez peindre. Je vais vous faire deux propositions envoyez-moi votre portrait que je porterai au Parnasse, où je monterai en plaisantant; je pourrai peut-être, en faisant rire ces belles, leur entendre dire quelque chose, et je deviendrai poëte: ou bien, faites le mien d'une manière plaisante, et je vous chanterai une chanson populaire, una franceschina.

Je sais que vous êtes mal avec Marco, de Sienne, parce que vous finissez vos tableaux, tandis qu'il s'attache à faire de gros muscles sans fondre ses couleurs. Je ne sais ce que vous lui voulez : laissez-le faire à sa fantaisie, et faites à la vôtre. Il suffit vous travailliez tous les deux. Si le délicat vous

que

plaît, rendez-en grâce à la nature. Mais laissons là les plaisanteries... Ne ressemblez pas à un chien hargneux, parce que cela serait honteux pour vous. Vos ouvrages feront assez voir lequel de vous deux est le plus excellent peintre.

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A. M. BARTHOLOMÉE AMMANATI, sculpteur et architecte, à Florence.

De la campagne, 21 juin 1559.

Il me paraîtrait, ainsi que je vous le dis lorsque yous me fites voir le modèle si riche de votre fontaine qui doit être exécutée sur la place du GrandDuc, que les quatre inscriptions dont vous avez besoin devraient être faites de cette manière la principale en prose, et les autres en vers. Je vous envoie, pour la première, une inscription latine; si on la trouve trop longue on pourra la rendre plus courte; ou bien, dans le cas contraire, on y ajoutera. Je vous envoie aussi quatre distiques, afin que si vous préférez qu'elles soient toutes en vers, vous les ayez aussi. J'ai fait pour le mieux, et le plus tôt que je l'ai pu. Avant de les placer à votre belle fontaine, faites-les voir à quelques personnes. Si j'étais à votre place, j'en ferais faire à d'autres, afin que son A. S., qui n'est pas moins judicieuse en cela qu'en toute autre chose, ne vous regardât pas comme un négligent. Je serais allé jusqu'à Florence; mais je suis si occupé, que je ne laisserai les affaires im

portantes qui me retiennent ici, que pour aller voir les fêtes. Portez-vous bien.

Nota. Cette lettre n'étant pas écrite par Benott V ́archi, ni par Vincent Borghini, laisse de l'incertitude sur son auteur. Son style tient beaucoup au dernier.

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A M. DOMINIQUE TEMPESTI, à Rome.

1559.

JE reçois trois lettres de V. S., et j'éprouve une grande satisfaction de ce qu'étant arrivé promptement dans cette belle ville, vous n'avez perdu aucun temps pour aller voir les choses qui donnent un si grand plaisir à tous ceux qui aiment l'art du dessin et de la peinture. Je vous y avais invité souvent; rappelez-vous que ce n'est pas une seule fois qu'il faut les voir et les considérer, mais qu'il faut s'y attacher comme fait un professeur, les raisonner en soi-même avec toute la force dont l'esprit est susceptible, et prendre la ferme résolution de former son goût sur l'idée de ces beaux ouvrages.

Je ne dois pas oublier de vous dire que, de tous ceux qui virent ces belles choses, il y en a eu peu qui en aient su tirer la véritable substance. Ce que je vous affirme est la vérité; ceux qui en ont profité se mirent à l'étude sans relâche.

C'est ainsi que, chaque jour, ils entreprenaient ce qu'ils devaient faire pour forcer leur main à obéir à leur intelligence. Ne soyez pas avare ni ménager crayons; faites beaucoup de traits; voyez à ac

de

quérir une belle facilité, et ne perdez jamais de vue que tous vos travaux aient un but d'utilité. La vraie manière d'un grand artiste consiste à en acquérir une grande et belle qui le distingue du commun des gens du métier.

Lorsque vous commencez quelque ouvrage, arrêtez votre idée sur ce qu'il y a de mieux; soyez prudent, laborieux; ayez une application déterminée et ne perdez jamais courage. Recevez, avec mes sentimens les plus affectueux, l'ardent désir que je ne cesse d'avoir pour votre bonheur.

BALDASSAR FRANCESCHINI.

NOTE DU TRADUCTEUR. Ce peintre distingué de la Toscane était le Volterrano, parce qu'il était originaire de l'ancienne ville de Volterre. Malgré les excellens conseils dont sa lettre à Tempesti, l'un de ses élèves, est remplie, il ne put devenir qu'un peintre de portraits et un graveur distingué au burin, genre de talent pour lequel il semblait né, mais dans lequel il s'exerça peu. On peut remarquer dans quelques artistes la même bizarrerie de l'esprit humain; souvent ils préfè ent s'exercer sur des objets qu'ils entendent moins, que sur ceux qu'ils possèdent parfaitement.

L'une des premières attentions des maîtres est de savoir discerner le genre de talent qu'il convient à leurs élèves d'embrasser, et de les diriger constamment vers la route que leur naturel et leurs dispositions indiquent. De cette manière, on ne perd pas un temps d'autant plus précieux, que l'étude des beaux-arts est longue, et la vie de peu de durée.

A M. le cardinal DI CARPI.

De ma maison, 13 septembre 1560.

M. FRANÇOIS DANDINI m'a dit hier que votre S. illustrissime et révérendissime lui avait dit que la fabrique de Saint-Pierre ne pouvait aller plus mal

qu'elle allait ; ce qui m'a fait beaucoup de peine, parce que V. S. n'a pas été informée de la vérité, et que, comme je le dois, je désire, plus que tous les autres hommes, qu'elle aille à bon terme ; je crois même pouvoir assurer, si je ne me trompe, qu'elle ne saurait être en meilleur état, d'après les travaux qui s'y font pour le moment. Mais, comme mon propre intérêt et ma vieillesse peuvent facilement m'en faire accroire, et porter préjudice à ladite fabrique, contre mon intention, j'entends, aussitôt que je le pourrai, demander la permission à S. S. de me retirer; et même, afin de gagner du temps, je veux supplier, comme je le fais, V. S. illustrissime et révérendissime, de vouloir bien me débarrasser de ces soins fatigans auxquels je me suis livré gratuitement depuis dix-sept ans, d'après les ordres des papes. Il est facile de voir combien, pendant ce temps-là, il a été fait de travaux à la susdite fabrique. Je supplie une seconde fois V. S. de me faire accorder la permission que je demande ; elle ne pourrait m'obtenir une grâce plus singulière. Je baise humblement et en toute révérence les mains de V. S. illustrissime et révérendissime.

MICHEL-ANCE BUONAROTI.

Nota. On est vraiment étonné qu'un cardinal pût croire que, sous la vigilance et avec les talens d'un Michel-Ange, la basilique de SaintPierre fût dans un mauvais état de construction. Il ne faut pas chercher ailleurs que dans l'envie et les voleurs, qui n'aiment pas les réverbères, les motifs d'une telle imposture et d'une telle calomnie.

On compterait à peine une grande entreprise dont on n'ait pas cent fois dégoûté les auteurs par des écrits, par des lettres anonymes, par

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