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Celle-ci ne laisse pas cependant d'être morale: ce vieillard est le modèle d'une personne prudente qui, ayant goûté de l'amertume des cours, se retire pour goûter la douceur de la vie civile ou privée. Dans tous les cas, V. S. m'accordera une faveur en regardant seulement l'ouvrage pendant qu'il se fera, parce que ses regards, qui savent observer avec maturité, ne pourront faire moins que d'en connaître les défauts, et pourvoir aux choses nécessaires. Il suffira donc que V. S. se contente de voir quelquefois ces travaux pour sa propre satisfaction. Je finis en baisant les mains de V. S.

J.-B. AGUCCHI.

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A M. N. N.

EN proposant à V. S. la personne de Louis Carrache, afin de l'employer à faire un tableau pour l'église de Saint-Pierre, j'ai été conduit à cela par mon respect particulier pour ce temple fameux, et par le désir de fournir à Louis l'occasion de déployer ses talens; je voulais en même temps faire honneur à ma patrie; ce que je regarde comme une obligation pour moi.

Louis Carrache est un homme connu, très-estimé des premiers peintres de l'Italie, déjà avancé en àge et consommé dans son art. En faisant beaucoup d'ouvrages remarquables en divers lieux, il s'est exercé spécialement à peindre de grands tableaux pour les églises. Les artistes qui sont aujourd'hui à

Bologne assurent tous qu'il tient le premier rang parmi eux. V. S. pourra prendre des informations non-seulement de ceux qui le connaissent dans cette ville, mais même des étrangers. Je ne crois pas qu'il y ait à Rome d'autres tableaux de sa main, qu'un Saint-Bastien, et une Sainte-Catherine qui me fut envoyée par un ami. J'ai fait passer celle-ci à V. S., ainsi qu'elle a paru le désirer; elle pourra la voir et la montrer aussi à des amateurs, ainsi qu'à des gens de l'art, parce que je ne doute point que cette peinture ne leur plaise. Au reste, si cela était nécessaire, je ne craindrais pas d'assurer qu'il fera aussibien que qui que ce soit dans son art. Je suis certain, dans tous les cas, que, si V. S. lui donne de l'emploi, elle me saura gré de ma proposition; l'extrème satisfaction que j'en attends fait que j'aurai une obligation particulière à V. S., si elle lui fait avoir cet ouvrage. Je lui baise humblement les mains.

J.-B. AGUCCHI.

A M. LOUIS ZAMBECCARI, à Rome.

Bologne, 8 juillet 1611.

J'ai été obligé, malgré ma volonté, de répondre bien tard à votre lettre qui m'a été très-agréable, puisqu'elle a été suivie de la promesse que vous m'aviez faite de m'envoyer le dessin du nouvel obélisque, avec la suite de la composition des changemens à faire sur la place. J'ai admiré avec étonnement

l'ouvrage de la sculpture qui consiste plus en inscriptions qu'en dessins: si c'est cet obélisque qui était à terre et en plusieurs morceaux dans le lieu circulaire qui est près de Saint-Sébastien, il me semble qu'il est de la grosseur d'une colonne de bois de lit; il parais. sait peut-être plus grand à cause de la colombe qu'on avait mise au sommet, laquelle, selon moi (autant que je puis m'en rappeler), paraissait être de la gros. seur d'un buffle. En somme, je conclus que le dessinateur a égalé, ou peut s'en faut, le poëte.

Pendant que je suis à vous écrire, voici qu'il m'arrive un nouveau dessin avec de la poésie ; je lirai ces octaves plus à mon aise; parce que, étant nuit, et sentant que je suis encore attendu par quelqu'un qui veut me parler, je lui demanderai la permission de sortir.

Je vous prie de m'excuser, en vous remerciant, pour moi et pour M. Jean-Marie Galli, appelé Bibiena; nous saluons tous deux V. S. de tout notre cœur. Je vous prierai de faire mes révérences à M. Alexandre Algardi, qui ne m'a pas fait savoir s'il avait reçu, par le moyen du père Guerra, les marbres qui étaient dans ma caisse.

FRANÇOIS ALBANI.

Note nu traducTEUR. La famille Zambeccari, de Bologne, s'est fait remarquer depuis long-temps par son amour pour les beaux-arts. Il n'était aucun voyageur qui, en passant dans cette ville, n'allât admirer la belle collection qu'elle avait formée avec beaucoup de soins. Eugêne Beauharnais, prince non moins distingué par son goût éclairé que par ses autres rares qualités, en fit l'acquisition, il y a quelques années, pour enrichir le musée que la ville de Milan doit à sa munificence.

A la sainteté de notre seigneur le pape PAUL V.

Rome, 30 mai 1613.

SAINT-PERE, il y a plus de cent ans que l'ancien temple du Vatican élevé par le grand Constantin et par le bienheureux Silvestre, en l'honneur de Dieu et du prince des apôtres, était resté sans être terminé. Ce fut pour cela que Jules II, d'heureuse mémoire, en jeta une partie à terre, et fit commencer dans le même lieu le fameux temple actuel sur les dessins du Bramante, qui furent suivis par Antoine de Sangallo et autres, jusqu'à ce qu'enfin le fameux Michel-Ange l'embellit et l'acheva dans la forme qu'il a actuellement.

J'ai fait graver l'union des deux plans; celui de Michel-Ange est déjà fini; afin de publier et faire connaître au monde cette église, son portique, le palais du Vatican, sa façade et celle des deux clochers très-élevés dont on fait les fondemens. Je dé

die cet ouvrage, comme je le dois, à V. S., en la suppliant de daigner l'agréer comme une faible preuve de mon total dévouement, etc.

CARLO MADERNI (1).

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A M. BARTHOLOMÉE CESI, à Bologne.

Sienne, 26 juin 1613.

IL paraîtra sans doute extraordinaire à V. S. de recevoir mes lettres d'une manière aussi inattendue.

(1) Maderni est mis au rang des grands architectes italiens.

chanter les louanges de cette jeune personne d'une beauté virginale extraordinaire. Elle a la taille d'une femme, quoiqu'elle n'ait que quinze ou seize ans. Elle parle avec tant d'éloquence, elle est si polie, élle a tant de grâces, que je n'ai jamais entendu sur la scène une actrice si belle, et qui fit des mouvemens et des gestes aussi à propos.

Je vous envoie aussi ce qu'elle me dit : je ne connais pas le poëte. Je vous prie de me répondre et de me pardonner si j'ai trop de hardiesse; elle part de ma grande confiance en vous. Je prierai votre muse de faire à sa manière accoutumée. Je vous baise les mains de tout mon cœur.

Le nom de la jeune personne est Angele.

LOUIS CARRACHE.

Note du traducteur. Nous aurions désiré de pouvoir écrire au bas de cette lettre, les vers récités à Louis Carrache par cette renommée, dont les formes si belles avaient enchanté ce grand artiste; mais il n'y étaient pas joints. Voilà encore un tableau charmant à faire !

Au même FERRANTE CARLO, à Crémone.

Bologne, 19 juillet 1617.

QUANT à votre tableau, il n'est pas encore fini; mais j'espère me retirer à la campagne et l'y terminer. Tous les premiers peintres sont ici dans ce moment le Dominiquin, avec cette réputation que vous connaissez. Antoine Carrache sera avec nous

:

d'ici à quinze ou vingt jours. Il est à présent à

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