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en m'apportant quatre piastres qu'il voulut me faire accepter absolument, quoiqu'en faisant le projet du travail que vous demandiez, je ne me fusse pas proposé ce but, mais seulement celui de me rappeler à votre souvenir. Je n'ai pas oublié les faveurs singulières que votre bonté infinie m'a fait obtenir de l'illustrissime et révérendissime cardinal Barberini à Florence.

Si je ne puis baiser vos mains, du moins je baiserai votre portrait, que j'ai dans une médaille obtenue du magnifique Gaspard Mola, artiste célèbre dans ce genre.

JACQUES LIGOZZI.

A M. FERRANTE CARLO, à Rome.

Naples, 11 septembre 1639.

Je ne pourrai jamais assez vous répéter combien votre lettre est obligeante; V. S. illustrissime me confond, n'ayant jamais fait pour sa personne que quelques bagatelles que V. S. illustrissime aura désirées; encore y a-t-elle répondu par des présens tels, qu'il suffit de dire qu'ils les égalent.

Pour en venir à présent à cette petite curiosité que je vous ai envoyée, et à laquelle votre intention est de satisfaire, je vous dirai que cela ne me coûte rien, l'ayant fait peindre par un de mes élèves; je l'ai seulement retouchée, de sorte que je suis trop bien payé de la bonne grâce que vous me montrez. C'est par cette raison que j'ose trop dans le pressant besoin dont je vous ai entretenu par une dernière

lettre, comme je vous supplie par la présente, afin que vous daigniez vouloir recommander ladite affaire à l'éminentissime cardinal Barberini mon maître. Cette affaire est, qu'ayant terminé les ouvrages des moines de Saint-Martin, et eux ne me payant pas un certain reste de mille six cents ducats qui m'étaient dus, je me recommandai à M. le cardinal, lequel daigna par sa grâce ordonner à M. le nonce de me faire payer; celui-ci ayant pressé ces moines, ils m'envoyèrent une lettre de change de huit cents ducats, avec un billet à monseigneur, qui disait que dans quinze jours ils payeraient le reste. Au bout de huit mois j'en demande une partie pour mes besoins; le prieur m'a répondu par une lettre injurieuse; ensuite il m'a fait un procès; que dis-je! non un seul, mais plusieurs, avec de telles insultes, qu'il n'y a pas d'exemple d'une chose semblable. M. le chevalier mon patron, je vous le dirai en confidence, afin que vous puissiez, dans la poursuite de cette affaire, en parler à son éminence, la cause des ennuis que j'endure vient de ce qu'au commencement de mon travail, j'étais très-aimé de l'architecte et du sculpteur des moines de SaintMartin, ce qui faisait que les moines m'aimaient aussi; mais ayant depuis ce temps-là marié ma fille aînée à M. Julien Finello, excellent sculpteur, laquelle était désirée par le susdit architecte pour un de ses fils (trop inférieur), mais cependant jeune homme bien élevé, il n'a plus été mon ami, ni par conséquent les moines qui ne font que ce que leur

architecte veut. Il faut savoir encore que ledit M. Julien mon gendre a tous les grands ouvrages, à cause de son grand talent. Voilà d'où naît cette rivalité terrible, de laquelle je souffre moi-même.

J'ai voulu tout expliquer à V. S. illustrissime, parce qu'il n'est pas vraisemblable que l'on soit aussi maltraité, tandis que j'ai fait le contraire avec eux, et que je ne leur ai jamais fait de mal; sans compter la peine d'aller, matin et soir, à la cime de la montagne, pour mon ouvrage très-considérable et trèsfatigant.

Je ne crains pas de perdre ce procès; mais, en attendant, je m'y ruinerai. C'est pour cela que l'autorité de son éminence serait bien nécessaire, afin d'avoir un autre billet, puisque ces moines avaient répondu à M. le cardinal qu'ils auraient payé entièrement au bout de quinze jours. Voilà huit mois passés, et non-seulement ils disent qu'ils ne me doivent rien, mais ils emploient tout leur pouvoir à m'ôter la réputation par plusieurs fausses inventions; ce qui m'a mis dans le cas d'en informer aussi monseigueur l'illustrissime Pancirolo, par le moyen de mon procureur.

Je supplie V. S. illustrissime de me faire cette grâce, laquelle est bien grande pour moi, sous plusieurs rapports. Dieu vous en récompensera, parce que vous êtes juste. Je vous supplie de me pardonner l'embarras que je vous donne; je vous fais ma très-humble révérence.

JEAN LANFRANCE.

A M. NICOLAS TORNIOLI, à Rome.

Sienne, 13 octobre 1640.

ENFIN, autant que je puis comprendre l'avis que vous me donnez, il faudra que je m'entende avec Martial, poëte espagnol, qui dit que chacun est ingénieux sur sur les ouvrages d'autrui; ce qui signifie vouloir faire rendre compte de ce que font les autres: comme si on leur eût accordé le privilége singulier d'inspecter avec un jugement indiscret et sans bon sens la censure des travaux d'autrui. Ces bouffons nouveaux, ou bien ces Siennois romanesques, n'ont d'autre plaisir que d'enlever et dégrader le mérite. Ils se maintiennent dans ces habitudes odieuses de leurs chimères imaginaires et de fausses opinions, sans aucune raison que celle de suivre le mal auquel ils sont enclins. Mon cher M. Nicolas, ne vous embarrassez pas du tout, et n'en faites pas plus de cas que des aboiemens des chiens contre la lune.

Quant à l'invention de Francesino pour attendrir les marbres, je vous réponds qu'elle est vraie, ainsi que j'ai pu le savoir de maître Bernardino de Cortone, tailleur de marbre à Pantaneto, qui me l'a dit lui-même. Il usait de ce secret pour éviter d'avoir besoin de se servir des ciseaux des autres ouvriers, en pouvant ainsi faire facilement les contours, les lignes et les ombres des figures avec des pointes de fer. Il ne passait pas, pour cela, de couleur sur le marbre, pour former les ombres et les

demi-teintes; mais il y mettait une pierre de couleur gris foncé, ou qui ressemblait plutôt à celle d'un lissoir, ainsi que l'avait déjà fait Dominique Beccafumi sur le pavé du dôme de Sienne. Cette pierre est la même que celle dont on se sert pour aiguiser à l'huile les couteaux, les rasoirs, et les ciseaux des menuisiers. Il en a chez lui un morceau de la longueur de près de deux brasses.

On avait fait anciennement, avec cette pierre, les marches qui sont au bas de la colonne de l'empereur, le long de la prairie, à Camollia, devant la grande porte de la vierge; elles furent bientôt enlevées, dès qu'on eut reconnu qu'elles étaient bonnes pour faire des pierres à aiguiser à l'huile, comme on le fit aussi des pierres qui servaient de bancs.

Tout le pavé du dôme est orné de marbres dans les figures, dans les ornemens et dans les compartimens, et quelques sujets sont en pierres rapportées. Il y a seulement un ouvrage de mosaïque fait de petits morceaux de marbre de diverses couleurs, un peu au-delà du grand portail de l'église, dans lequel on voit figurées, dans une forme circulaire, les armes des villes confédérées avec la république de Sienne, au milieu desquelles il y a la louve allaitant Rémus et Romulus, enseigne de cette ville lorsqu'elle était colonie romaine.

Ce fut pour imiter ce travail de mosaïque en marbre, qu'à Florence, du temps du grand-duc Ferdinand Ier., on inventa la mosaïque en pierres fines et précieuses, en joyaux, en pierres gravées,

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