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à former un clair obscur parfait, par le moyen des ombres faites avec des traits qui passent des demiteintes aux lumières; et il exécuta le tout avec des pièces rapportées; il encastra dans les parties. ombrées les pierres les plus obscures de marbre noir, ou bien, pour faire des traits plus vifs et plus forts, il se servit d'un mastic noir; ensuite il employait les pierres d'un gris foncé, pour faire les demi-teintes.

Quant aux parties des clairs ou des lumières, après avoir choisi les morceaux de marbre les plus blancs, il les encastrait de même, pour former les lumières, et pour donner par ce moyen plus de force et plus de relief aux figures. Ce qui me fait dire que, si Beccafumi s'était servi de teintures sur le marbre, afin de faire les ombres, il aurait bien pu l'éclaircir aussi pour le faire devenir blanc, et donner ainsi les jours ou lumières dans les parties qui devaient étre plus éclairées. Cependant il ne se servit ni de l'un ni de l'autre moyen, comme l'expérience le démontre. Il n'était pas possible, d'ailleurs, de si bien enchâsser un morceau de marbre avec un autre, qu'on ne pût en apercevoir les joints.

Je ne veux pas oublier de dire que ce grand peintre, avant de commencer les travaux du dôme de Sienne, fit pour modèle un tableau en marqueterie de bois, avec lequel il forma d'une manière parfaite l'histoire de la conversion de Saint-Paul, avec les contours, les traits noirs pour les ombres, et ceux

pour
les demi-teintes, tels enfin qu'on les voit au
dôme de Sienne. J'ai vu ce tableau de marqueterie
dans l'appartement de M. le chevalier Vanni; il se
trouve à présent, d'après ce que j'ai appris, dans la
maison de M. le comte Fabio Delci.

Voilà tout ce que je pouvais avoir à dire en réponse à votre aimable lettre. Je vous conseille de ne donner aucune suite, ni d'avoir aucun ressentiment contre ces mensonges; ce serait un moyen de leur donner quelque prix. Ainsi s'évanouiront ces nouveaux secrets et ces merveilles modernes, qui sont privés de fondement réel; le vôtre, au contraire, restera considéré dans cette ville, où l'on fait un si grand cas des hommes de génie, el où l'on sait les récompenser en raison de leur mérite. Leur réputation s'étend alors dans les autres parties du monde dont Rome est la capitale; elle est la tête d'un corps d'où les talens parcourant les membres, se répandent dans les autres villes et dans les pays étrangers.

Je n'ai plus rien à vous dire sur l'objet de cette lettre. Je serai très-satisfait si elle est conforme à votre attente; autrement, excusez-moi, en agréant ma bonne envie d'y parvenir.

Je vous envoie une inscription que j'ai faite sur la mort du duc de Guise, arrivée dans son lit après son retour du bain, comme il arriva à Pandolphe Petrucci, tyran de Sienne, lequel, revenant du bain, mourut dans l'hôpital de Saint-Quirico.

Il est bien temps de finir, en vous baisant les

mains, etc.

De V. S. très-illustre,

D. THEOPHILE GALLACINI.

A M. FERRANTE CARLO, à Rome.

Naples, 19 avril 1641.

J'AI reçu les salutations de V. S. par mon frère Égidio, en même temps que la très-agréable nouvelle de votre santé ; et vous pouvez vous imaginer la joie que cela m'a causée. Il vous aura donné aussi la nouvelle de la mort du Dominiquin, qui a laissé son ouvrage imparfait, et un grand embarras pour ses héritiers, parce qu'il a tant retouché sa fresque avec du pastel, outre qu'elle tombe de toutes parts, que les commissaires de cette fabrique, qui étaient déjà mécontens auparavant, le sont encore bien davantage, et qu'à présent ils lui retourneront le poil, comme on a coutume de dire, Quoique je sois chargé avec d'autres de revoir et d'estimer l'ouvrage qu'il a fait, je lui nuirai le moins que je le pourrai, et même je lui serai favorable comme je voudrais qu'on le fût pour moi, quoique, lorsqu'il était en vie, il ne méritât autre chose que de le laisser en repos. Vous savez une partie de ce qu'il a fait contre moi. Cependant je ne le haïssais pas tandis qu'il vivait, et moins encore à présent qu'il est mort; j'ai désiré au contraire d'être son ami, et je ne lui ai jamais manqué. Il

ne faisait que me dire de ne pas venir cette année. Les commissaires m'ont chargé de finir la coupole. Ledit a eu dix-huit mille ducats dans l'espace de onze ans, tandis que j'en ai eu trente mille en sept années et demie. Je le dis, parce que je sais qu'il a répété à mon frère qu'il était stupéfait de ce qu'il avait si peu gagné. Cependant, le Dominiquin n'avait pas à faire les mêmes dépenses que moi ; d'un autre côté, il faut considérer qu'avec mille ducats on ne peut avoir que huit billets du Mont de Piété, à cause de la baisse actuelle de l'argent. Vous pour rez me dire que la différence de l'un à l'autre est trop considérable: alors je réponds que, quand le Dominiquin avait à faire deux habits, j'en avais à faire quatorze, et cela tous les jours. Je laisse mener une vie aussi retirée à ceux qui veulent s'enrichir, mais je la regarde comme misérable, et l'on voit quelle en est la fin. Il n'a point marié de filles, et je l'ai fait; il n'a pas voyagé comme moi : ce qui m'a coûté chaque fois, soit pour une chose, soit pour l'autre, au moins un millier de ducats, et toujours mal à propos. Je pourrais dire encore une autre chose, mais vous pouvez à peu près vous l'imaginer. Il faut enfin que je le dise, et voici ce que c'est S'il avait eu une femme de la nature de la mienne, il n'aurait pas gagné de quoi se faire ensevelir; et cependant, dans quelque occasion, on entendra dire que je n'ai jamais rien fait. Je me console en apprenant par d'autres maris que, s'ils ne sont pas abattus par de semblables animaux, du

moins ils sont sur le chemin qui conduit à leur ruine. Je m'attends à finir ainsi, par la grâce de Dieu. Je vous baise les mains.

JEAN LANFRANC.

P. S. Vous savez que je ne vous ai jamais parlé avec cette entière confiance; mais, en voyant que jamais, jamais cela ne finit, et que vous m'avez mis sur ce chapitre, je n'ai pu me contenir.

Au même.

Naples, 23 avril 1641.

COMME, par une de mes lettres, j'avais donné connaissance à V. S. de la mort du Dominiquin, et qu'en même temps on m'avait choisi pour terminer l'ouvrage qu'il avait conduità bon terme, de même il m'a paru que paru que je devais écrire de nouveau à V. S., pour me rétracter de ce que j'avais entendu, c'est-àdire, que les commissaires lui voulaient revoir le poil, parce que cela n'est pas vrai. Ces messieurs, au contraire, cherchent à traiter ses héritiers avec beaucoup de bonté, ayant mis des hommes instruits d'un côté et de l'autre, afin qu'on examine l'ouvrage, et qu'on satisfasse à ce qui est dû, s'il y a lieu. Lorsque j'écrivis à V. S., je dis ce que j'avais entendu dire. A présent, j'ai vu par moi-même; il n'y a pas tant de mal qu'on le disait, et c'est un bel ouvrage. Il est bien vrai qu'il y a des chicaneries, soit par la longueur du temps qu'il y a mis, soit que les premières choses qu'il avait peintes

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