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je ne ressens plus que sûreté et tranquillité. Je voudrais bien écrire à M. le cardinal, mais ma plume n'ose prendre cette hardiesse : vous suppléerez de vive voix aux fautes que je pourrais commettre. Grâces à Dieu et à saint Janvier, j'ai surmonté toutes les difficultés que l'enfer connaît ou peut élever; je n'avais absolument pour cela que le temps nécessaire, lorsque, pour comble de malheur, le viceroi me commanda quelques tableaux, que je lui fis avec mon peu de savoir; cependant je ne voulus pas le servir, si, afin de ne pas me nuire, il n'obtenait d'abord lui-même de MM. les députés l'ordre et la permission que je pusse m'en occuper. Lorsque je demandai une prolongation de temps pour les tableaux faits, et pour les deux autres qui me restaient à faire, je n'ai jamais pu avoir aucune réponse satisfaisante ni du vice-roi, ni des députés, sinon qu'ils me firent dire par l'un d'eux qu'ils étaient résolus de m'ôter les tableaux d'autels que je devais peindre à l'huile. Je lui répondis qu'ils voulaient donc me faire partir? Hé bien! allez-vousen, et pensez-y bien, me dit-il. Afin d'en finir, je lui dis que je voulais que mes conventions fussent maintenues. Quand il y en aurait cent, me dit-il, vous n'auriez pas même ce que vous croyez. Il me fit ensuite cette question: Qui est le maître à Naples? Le vice-roi, lui répondis-je. Cela suffit. On me prévint le jour suivant que je recevrais un billet de S. Exc. Soupçonnant alors qu'il y avait quelque grande machination contre moi, parce que,

dans ce pays, la force passe par-dessus la raison, je préférai de me mettre plutôt dans le cas de perdre la vie que ma réputation, pour laisser faire aux autres ce qu'il y avait de plus beau et le plus commode, tandis que je serais chargé de la partie la moins intéressante et la plus difficile. Je vous réitère mes remercîmens pour la chambre et les autres douceurs que votre amitié sait me procurer. Lorsque je me sentirai plus rassuré, je ferai un voyage à Rome. Je finis en me recommandant à vous. Je suis, etc.

DOMINIQUE ZAMPIERI.

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A M. le chevalier DEL POZZO, à Rome.

Avignon: du couvent, le 28 décembre 1635.

J'ENVOIE à V. S. illustrissime le portrait de madame d'Aubignan, que je vous avais promis il y a long-temps; j'aurais voulu y joindre celui de madame d'Ampus que vous désirez; mais quelles qu'aient été mes instances, elle n'a jamais voulu se laisser peindre. Je vous propose, puisque cela n'est pas possible, de vous en envoyer un que je fis, il y a deux ans, d'après une très-jolie femme, me trouvant alors chez son père, qui est mon ami. Je vous prie de l'accepter, parce que j'y ai mis tous mes soins et que j'avais toujours désiré qu'il fût dans les mains d'une personne intelligente dans les arts. Assurément il ne peut être mieux placé que dans les vôtres sous ce rapport, comme sous celui de ma reconnaissance : ce n'est point ici comme à Rome,

où mes supérieurs me laissaient passer mon temps à faire quelques peintures pour mes amis. Je suis comme un esclave, ne pouvant me livrer à exécuter quelque honnête pensée ou à la dessiner; mais j'espère trouver quelque occasion de retourner à Rome et de quitter des gens qui ne font aucun cas des belles choses.

Le jeune M. Pierre Mignard part d'Avignon pour Rome; il a déja des talens rares dans la peinture. Je ne pouvais manquer de vous le recommander, sachant que vous êtes le protecteur et l'ami de tous les hommes de mérite, et particulièrement des peintres.

M. Dupeiresc m'a écrit pour me donner avis que la caisse renfermant le modèle que je vous avais demandé, était arrivée.

Enfin, j'avais décidé madame d'Ampus à se laisser peindre; elle me promit de me donner un jour. J'y ai été plusieurs fois, le tout en vain; j'ai en attendant commencé celui de la plus belle et de la plus gracieuse dame de tout le pays; je le fais de la même grandeur que celui de madame d'Aubignan.

Je suis toujours tourmenté par notre général : c'est un moine, mon ennemi, qui fait tout ce vacarme. Il a été lui dire dernièrement que je lui avais donné un soufflet; il s'en est lamenté comme s'il l'avait reçu, ce qui est très-faux, comme V. S. pourra le lire dans l'attestation que m'ont donnée tous les pères et frères de ce couvent. En faisant remettre ma lettre au révérend père général de

notre ordre, faites-moi le plaisir de lui faire savoir que, si l'on continue à me tourmenter, je serai forcé de quitter cet habit de moine et de me faire prêtre séculier, comme le désirent plusieurs évêques qui me veulent du bien. Pardonnez-moi tous les ennuis que je vous donne; mais je n'ai pas à Rome de plus puissant protecteur que vous, et en qui j'aie plus de confiance. Je perds la plus grande partie de mon temps à écrire des lettres et à chercher à me défendre de sorte que je ne puis plus peindre, ayant toujours l'esprit inquiet. Adressez-moi, je vous prie, vos lettres et la réponse du général sous le couvert de M. Zanobi, docteur ès-lois; sans cette précaution tout serait pris à la poste et caché, comme cela m'est déjà arrivé plusieurs fois. Je salue M. Charles Antoine, votre frère, et madame Theodora, votre très-digne épouse. Je leur baise à tous les mains comme je le fais à V. S.

:

Frère JEAN SALIANO, Augustin.

A M. N. N.

Sienne, 12 juillet 1636.

Je suis parti de Pise en bonne santé, et je suis arrivé à Sienne de la même manière. .

Le tableau de la Circoncision que le Guide a fait pour MM. Gori, est arrivé ici depuis peu de jours.

Il est en tout admirable, soit pour la composition, pour le dessin, pour la beauté des formes, pour la manière de draper, gracieuse et modeste.

C'est un ouvrage qui surpasse tout ce qu'on peut croire. Quelques personnes y désireraient des ombres plus fortes, un coloris plus prononcé ; qualités qui tiennent au génie de l'école de Sienne.

Je n'ai pu voir cette peinture sans ressentir plus vivement le désir d'avoir un tableau des Innocens, peint par notre aimable Albani. Faites-moi l'honneur de lui dire que je ne me reconnais pas véritablement digne d'une si grande faveur, mais que je mets toute ma confiance dans le mérite de celui qui veut bien intercéder pour moi. La saison qui donne des jours très-longs, une récompense honorable, et par-dessus tout la bonté et la bienveillance de l'artiste, devraient l'inviter à me faire ce plaisir.

Le dessin que V. S. m'a envoyé il y a un mois, a été jugé par tous nos peintres comme un ouvrage très beau du Guide. Il y a quatre jours que j'en ai fait présent au sérénissime prince Léopold, lequel en a fait tant de cas, qu'il l'a mis dans son recueil de dessins les plus rares et les plus beaux. Je finis, etc.

GERARD SARACINI.

Nota. Nous avons vu, il n'y a pas long-temps, ce tableau du Guide: c'est en effet un des plus beaux qu'ait jamais faits ce maître.

A FRANÇOIS JUNIUS, à Londres.

Londres, 4 août 1636.

Le baron Canuwe m'a envoyé par mer un exemplaire de votre livre de Pictura veterum. Il l'estime

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