Immagini della pagina
PDF
ePub

:

santé. Il m'a dit que vous désiriez avoir le dessin des portes de la Rotonde et de Saint-Adrien, je vous les envoie si elles ne sont pas aussi bien que vous le mériteriez, vous m'excuserez. Si vous y trouvez quelque défaut dont je ne me sois pas aperçu, vous m'en dirai votre avis, et je mettrai sur ces dessins, comme sur toute autre chose, tout le savoir dont je serai capable, afin de faire quelque chose qui vous soit agréable.

Votre très-humble serviteur,

ANTOINE LABACCO.

Nota. Antoine Labacco, célèbre architecte, a fait paraître plusieurs livres très-estimés sur son art: ils sont tous rares. Ils ont été publiés vers 1559.

Cette lettre, écrite derrière le dessin de ces deux portes, avait fait partie de la belle collection de dessins de Vasari. Elle avait passé dans les mains de M. P. Mariette.

Les professeurs et les amateurs seront bien aises de trouver ici une notice de ce grand volume de dessins dont cette lettre a été tirée. Il comprend une grande quantité d'architectures de l'invention du Bramante, de Sangallo, de Palladio, de Vignola, de Scamozzi et de Tiberio Calcagni, et d'autres grands architectes. Il y a aussi des projets pour l'église de Saint-Pierre de Rome, par Antoine de Saint-Gallo, avec beaucoup de fragmens d'antiquité, qui existaient de son temps. On y voit aussi le plan d'un vaste palais, inventé par Julien de SaintGallo pour les ducs de Médicis. La façade devait être sur la rue Laura ou de la Colonne, et commencer de l'église de la Nunciata jusqu'à la rue di Pinti. Le derrière de ce palais allait jusqu'aux murs de la ville.

Au magnifique et très-docte M. PIERRE ARÉTIN.

Mantoue, le re". Juin 1529.

J'AI eu beaucoup de plaisir à recevoir votre lettre; elle m'est une preuve que vous avez la bonne vo

lonté de persévérer dans la conduite et l'affection que vous gardez envers moi : je vous en remercie, en vous certifiant que, si vous continuez à le faire, vous y trouverez plus de satisfaction, parce que je veux vous avoir pour le meilleur ami que j'eus jamais. Vous pouvez attendre de moi, en tout temps, ce qu'il me sera possible de faire pour votre commodité et pour votre profit.

Quant à ce que vous m'avez écrit sur le portrait de mad. Laure, je vous dirai que j'ai fait chercher s'il en existait quelqu'un chez moi, et jusqu'à présent on n'en a pas trouvé. Si j'avais besoin de celui que vous avez, je vous le ferai savoir. Je suis toujours tout prêt à faire ce qui peut vous être utile et agréable.

FRÉDÉRIC, marquis DE MANTOUE.

Note du traducTEUR. Cette lettre est une preuve nouvelle de ce que nous avons remarqué ailleurs. L'Arétin exerçait sur les princes et les souverains de son temps un despotisme qui les faisait trembler. Lorsque ses louanges n'étaient pas suivies du tribut pécuniaire qu'il en attendait, il trempait alors sa plume dans le fiel des satires les plus amères. On ne pouvait apaiser le Cerbère avec du lait et des gâteaux; c'était avec de l'or..... La crainte qu'il avait su inspirer était telle, qu'un empereur tel que Charles-Quint était obligé de lui écrire des choses flatteuses pour se le rendre favorable. On juge bien, d'après cela, que le marquis de Mantoue et autres n'auraient osé se dispenser de se mettre à sa merci. Sa cupidité le rendait ingénieux. Tantôt, comme ici, c'est un tableau qui est le prétexte d'une lettre; tantôt c'est un dessin qu'il demande à Michel-Ange ou à d'autres artistes célèbre s. Le Titien en était quitte pour quelques tableaux : c'est ainsi qu'il fallait acheter sa familiarité ou ses bonnes grâces. Le titre de compère qu'il donnait au Titien ne nous paraît pas ajouter un grand lustre à sa gloire. L'Arétin s'était fait, de cette manière, une fort belle galerie de tableaux, dessins, sculptures, etc.; quelques phrases ou quelques vers avaient suffi pour cela.

Tel on a vu, dans ces derniers temps, le cher abbé Geoffroy déchirer sans pudeur, dans ses feuilletons déjà mis en oubli, la réputation et le talent des auteurs les plus célèbres. Mais que pouvait la lime de ce Pygmée contre ces colosses de bronze? Aussi trouva-t-il qu'il était plus lucratif d'exercer sa furie contre les auteurs et les acteurs vivans. Si les sarcasmes les plus virulens cessaient, si des expressions plus modérées et même quelques traits de louange leur succédaient, on devinait aisément qu'un cadeau avait rendu M. l'abbé plus sensible et plus juste. On employait aussi quelquefois d'autres moyens pour lui marquer plus fortement sa reconnaissance.......

Laissons les vampires littéraires pour nous occuper un moment d'un portrait de la belle Laure. Les beaux sonnets de Pétrarque ont rendu célèbre celui que Simon Memmi, de Sienne, fit pour obéir au désir qu'il lui témoigna de posséder une image de l'objet de son adoration. Le même artiste le peignit ensuite une seconde fois dans le chapitre de Sainte-Marie Novella, à Florence. On en aura probablement fait beaucoup d'autres d'après celui-ci, qui était peint sur le mur. Dans le nombre, il y en aura eu d'excellens, puisque l'on sait que Raphaël fit aussi le portrait de cette femme si tendrement aimée.

Nous en avons vu un fort beau à Milan, peint par le Pordenon. La tête est presque de profil. Elle tient dans ses belles mains les œuvres de Pétrarque.

Au magnifique et très-docte M. P. ARÉTIN.

Mantoue, 23 octobre 1529.

M. PIERRE, mon très-cher ami, j'attendais, d'après vos lettres, avec un extrême empressement, la pierre gravée d'un combat, fait par maître Valerio; et certainement je m'imaginais voir une chose très-rare. En considérant la grande réputation du graveur, je pensais que cet ouvrage ressemblerait à ceux qu'il m'est arrivé de voir du même auteur. Mais celle-ci que je reçois, grâces à vos soins, mérite d'être conservée précieusement: aussi la compterai-je au nombre des choses les plus chères et les

:

plus rares que je puisse posséder. Vous avez tort de vous plaindre, et de dire que je vous veux peu de bien. Mais parlons de M. Valerio, dont les ouvrages divins ont besoin, pour être loués dignement, de votre éloquence et de la beauté de votre style laissant donc cette entreprise à votre esprit divin, je vous dirai seulement que vous me ferez une chose très-agréable en lui offrant mon attachement, ma bienveillance, et tout ce que je puis faire pour son utilité. Plût à Dieu qu'il me fût possible de lui donner l'immortalité! mais on doit y parvenir lorsqu'on fait des travaux aussi admirables que les siens.

Votre tout dévoué marquis DE MANTOUE.

A l'excellent M. P. ARÉTIN, à Venise.

Mantoue, le 20 octobre 1529.

Je n'ai pu avoir que dans ce moment le dessin de maître Jules, que vous m'avez demandé. Je ne sais sí cela vient de ses grandes occupations, ou s'il n'a pas voulu me le donner plus tôt ; cependant je n'ai cessé de le tourmenter. Enfin j'ai eu cette Diane, et je vous l'envoie. Si je puis servir votre seigneurie en quelque autre chose, je la prie de m'envoyer ses ordres; elle ne pourrait me faire de plus grand plaisir. Je me recommande toujours, etc.

CARLO, de Bologne.

NOTE DU TRADUCTEUR. Voici encore un autre courtisan subalterne et plus obscur de son excellence : il écrit, pour lui faire sa cour, une

lettre tout opposée à celle du pauvre Jules Romain, qui ne peut s'en douter, après avoir apporté des motifs aussi légitimes de son retard à envoyer à l'Arétin le sujet obscène qu'il lui avait demandé. On connaît l'estampe de ce dessin, représentant les amours de Diane et d'Actéon, et l'on sait le goût qu'avait l'homme divin pour ces sortes de représentations. Si M. Carlo méritait d'ailleurs d'être connu, sa lettre serait un joli petit passe-port pour la postérité. Que de Carlo!

A l'unique M. P.'ARÉTIN.

Rome, 4 décembre 1531.

Je crois, mon très-cher frère, que vous serez étonné de ce que j'ai passé autant de temps sans vous écrire la raison en est que je n'avais rien à vous dire qui eût valu le port de ma lettre. Mais à présent que le pape m'a fait moine, je ne voudrais pas que vous crussiez que mon nouvel état m'a gâté, et que je ne suis plus ce même Sébastien, peintre et bon compagnon, comme je l'ai toujours été par le passé. Je suis cependant fàché de ne pouvoir être avec mes chers amis à jouir de ce que Dieu et notre pape Clément m'ont donné. Je crois que ce n'est pas le moment de vous raconter de quelle manière, et quoi, et comment. Vous saurez tous ces détails par M. Marco, notre ami commun; il vous dira que j'ai eu cet emploi sans en rien savoir et sans le demander. Enfin je suis fra del piombo, frère du plomb: c'est la même place qu'avait frère Mariano. Et viva le pape Clément! Plût,à Dieu que vous m'eussiez cru! Patience, mon frère!... Je crois bien, et très-bien, et cela est le fruit de ma foi. D'après cela, dites à Sansovino que l'on pêche à

« IndietroContinua »