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Il y a deux jours que je travaille au tableau de Saint-Torpé, lorsqu'il sera fini, je vous en donnerai avis. Je vous prie, en attendant, de m'aimer et de penser à nous revoir, ne pouvant plus différer long-temps. Lucrèce mon épouse, et mon Auguste, vous saluent; ils sont bien impatiens de vous revoir. Nous ne faisons autre chose, tous les jours, que de nous rappeler des événemens de Strozzavolpe, de cette maison de campagne si agréable et si pittoresque. Un baiser en mon nom à M. Fabretti. Je vous embrasse de toute mon âme. Votre vrai ami, S. ROSA.

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A M. le chanoine, comte MALVASIA, à Bologne.

Rome,

1676.

Vous avez eu la bonté de m'apprendre l'arrivée de M. Noël Coypel, et en même temps la manière avec laquelle vous voulez le recevoir, ainsi que moi. Il emportera le souvenir de vos politesses à Paris, tandis que je les conserverai toujours dans mon cœur, en y joignant l'estime de votre rare mérite. Plat à Dieu que je pusse jouir encore une fois en personne de ces conférences si utiles, et dont chacune valait un trésor. Oh! combien je les désirerais dans ce moment! J'en aurais le plus grand besoin pour augmenter ma mémoire stérile, et la remplir de ces pensées dont vous êtes si riche.

J'espère, en attendant, que vous me permettrez de vous détourner quelquefois de vos travaux pour

vous faire connaître mes idées fantastiques, afin d'avoir vos avis. Gardez-vous d'une trop grande application et de médicamens. V. S. m'excusera si mon attachement pour vous m'a fait devenir médecin. Je suis, etc.

DOMINIQUE-MARIE CANUTI (1).

Nota. M. Noël Corpel fut directeur de l'académie de France, à Rome, et rappelé à Paris, en 1676, pour être premier peintre du roi. Cet artiste avait un talent formé sur les bons maîtres; sa manière tient beaucoup de celle du Poussin.

A. M. FRANÇOIS ANGELONI, à Rome.

Naples, 12 juin 1685.

que

L'AVIS que vous m'avez donné, dans votre précédente, sur le tableau de Saint-Sébastien, que j'ai fait pour l'église de Saint-Pierre, est qu'ils ne disent pas du bien de la draperie, qu'ils trouvent trop ample, parce qu'ils ne font pas attention le costume du saint l'exigeait ainsi pour la représentation d'un semblable sujet. Ils peuvent dire quelque chose de la partie supérieure, parce que, pour vous dire la vérité, je voulais y faire certains nuages; mais je n'en eus pas le temps, devant me rendre en toute hâte à Naples, comme je le fis, sans avoir vu l'ensemble de mon tableau d'en-bas et sans le retoucher, après que l'échafaud aurait été enlevé; je chargeai même quelqu'un d'y passer le vernis pour moi. Je voudrais causer plus long

(1) Canuti, élève distingué de l'école des Caraches.

temps avec vous, mais la chaux de ma fresque m'attend, ayant commencé à peindre la coupole de Saint-Janvier.

DOMINIQUE ZAMPIERI.

NOTE DU TRADUCTEUR. Ce grand peintre, toujours poursuivi par ses envieux, à Rome et à Naples, ne put achever cet ouvrage. On prouva qu'il ne valait rien; on allégua d'ailleurs qu'il mettait trop de temps à le terminer, qu'il ne travaillait pas assez, etc.; enfin il fut contraint de quitter Naples, que ses peintures eussent ren due plus célèbre. Après son départ, on fit abattre tout ce qu'il avait peint, et l'infâme Lanfranc, l'un de ses plus cruels détracteurs, fut chargé de repeindre cette coupole.

A M. N. N.

Du château vieux de la citadelle de Livourne, le 18 février 1695.

LA dispute amicale survenue entre ces messieurs sur la peinture et la sculpture, me fait ressouvenir de l'ancienne et difficile question qui fut agitée dans les conversations privées et dans les académies publiques, pour décider lequel de ces deux nobles arts devait être regardé comme le premier.

Les factions sont déjà divisées, et cependant le nombre des partisans va toujours en augmentant. L'on produit des raisons de leur primauté, des preuves de leur ancienneté et des raisonnemens excellens, tantôt pour la peinture, tantôt pour la sculpture.

Parmi tant de débats ingénieux je serais volontiers l'un des spectateurs, en conservant ma neutralité, si vous ne m'ordonniez, ainsi que ces autres messieurs, de vous manifester ma façon de voir, et ce qui pourrait me décider plus pour l'un que pour

l'autre de ces deux arts. Je n'ai pas une telle connais sance de leur perfection, que je puisse prononcer avec une entière certitude; si vous en exceptez une certaine inclination pour le fondement de ces deux arts, qui est le dessin, dont je me suis toujours occupé, je ne trouve rien autre en moi qui m'excite à en parler.

Je pourrais suivre le jugement qu'en ont porté tant d'hommes savans, tant d'écrivains d'un grand poids, et de professeurs des plus habiles, qui, en divers temps, ont illustré les beaux arts, soit en donnant d'excellens préceptes, ou en les enrichissant d'ouvrages merveilleux. Mais, sans recourir aux documens qu'ils nous ont laissés dans leurs livres, qu'il est difficile de se procurer promptement, je ne sais si je pourrais me souvenir de tout ce dont j'aurais besoin pour donner plus de force à mes raisons. Je penserais, néanmoins, que ce serait le plus sûr moyen dont je pusse me prévaloir dans mes recher ches sur les avantages de la peinture ou de la sculpture. Voici donc mon sentiment motivé d'après toutes ces observations.

La sculpture est très-ancienne, et, selon ce qu'en dit Eusèbe de Césarée dans son troisième livre de la Préparation évangélique, il reconnaît que sa première origine vient de Dieu, lequel, en formant l'homme avec de l'argile, fut le maître de ceux qui formèrent leurs simulacres de la même matière. Mais l'idolâtrie portant les hommes à une adoration l'on devait à Dieu seul, elle se servit en tout

que

temps des images de ceux-ci : de sorte que la façon de penser de ceux qui veulent que la première naissance de la sculpture fat en même temps celle de l'idolatrie, semble très-raisonnable.

Saint Cyprien, dans son Traité des idoles, observe que l'amour des sujets envers leurs souverains fit naître l'idée d'en faire faire les portraits, comme une consolation de leur perte après leur mort, et pour en conserver une mémoire plus parfaite. Cet usage devint ensuite superstitieux, jusqu'à leur élever des autels, jusqu'à brûler de l'encens en leur honneur, en leur sacrifiant des victimes.

Combien sont éloignés de nos siècles les temps pendant la durée desquels de semblables adorations prirent leur origine, sans considérer que les les premiers habitans de l'Égypte furent idolâtres, comme on le voit dans Hérodote, deuxième livre de son Histoire, et dans Strabon, livre quinzième de sa Géographie, qui disent que Bélus, père de Ninus, fut adoré de ses peuples! Il suffit, d'ailleurs, de se rappeler de la belle Rachel, laquelle suivant son mari Jacob fuyant dans la Mésapotamie, emporta avec elle plusieurs idoles de Laban, comme le rapporte l'hébreu Joseph, dans ses Antiquités judaïques.

Si l'on oublie les souvenirs que nous avons de ces temps idolâtres , pour rechercher à quelle antiquité remontent ceux qui firent des statues, on trouvera une grande quantité d'écrivains qui disent que, dès les temps les plus reculés, il y en eut qui montrèrent beaucoup de genie dans de semblables travaux.

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