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des anciens, en traitant principalement des quatre peintres les plus célèbres de la Grèce.

On pourrait bien rapporter les raisonnemens que plusieurs font contre ce que nous avons avancé en faveur de la peinture, en disant que la sculpture, par ses reliefs, représente plus au naturelles objets.

Ce sont là les motifs qui me font embrasser le parti de la peinture, et que j'ai cherché à faire connaître à V. S., non aussi bien que je l'aurai désiré, mais seulement pour la satisfaire; espérant m'en acquitter mieux lorsque nous serons de retour avec la cour à Florence, où la quantité de livres, qu'on ne trouve pas en abondance à Livourne, pourra suppléer au défaut de ma mémoire. En attendant l'approbation de V. S., je lui fais mes très-humbles révérences.

BENOÎT BRESCIANI (1).

A M. le comte VENTURA CARRARA, à Alzano.

Bergame, 11 juillet 1696.

JE manquerais trop à ce que je me dois, si je ne rendais pas V. S. participante de l'incomparable beauté du tableau que peint, dans ce moment, M. Pierre-Paul Raggi, pour ce temple auguste, puisque elle s'est plue à m'accorder sa confiance, autant pour rendre hommage à ma bonne foi, que pour

(1) L'auteur de cette lettre était secrétaire du cabinet du prince sérénissime Jean Gaston, qui fut depuis grand-duc de Toscane.

veiller à tout ce qui peut être utile à ce lieu sacré. Vous me croirez lorsque je vous dirai que ce grand artiste nourrit en lui un désir extrême de s'immortaliser autant que tout autre peintre distingué pourrait le faire ainsi, V. S. aura le mérite et la gloire de l'avoir fait connaître très-avantageusement. Je désire seulement que MM. les députés lui témoignent toute l'estime que mérite un peintre si recommandable, en lui envoyant l'azur dont il a besoin, accompagné de quelques arrhes, comme une marque de leur satisfaction. Cela lui servira de stimulant pour maintenir dans toute sa vivacité la bonne volonté qu'il manifeste de bien servir cette église. V. S. sait d'ailleurs que cela se pratique ainsi avec le plus petit peintre, auquel l'on donne la toile imprimée, l'azur, et quelque somme d'avance. J'ai donc cru bien faire en en donnant avis à V.S., étant persuadé qu'avec ses manières aimables, elle fera connaître à ces MM. l'obligation dans laquelle ils se trouvent de donner d'avance une partie de la somme entière, convenue pour le payement de cet ouvrage. Je suis, etc.

CHARLES QUARISMINI.

NOTE DU TRADUCTEUR. Le nom du souscripteur de cette lettre est bien inconnu sans doute; mais il a élevé sa voix en faveur du mérite. Il parle en connaisseur équitable et sensible: a-t-il besoin d'autres titres à notre reconnaissance? Et l'homme qui sert dignement les talens, dans quelque état que le ciel l'ait placé, ne doit-il pas être admis à partager leur gloire ? Razzi, surnommé le Sodoma, est assurément l'un des plus grands peintres qui aient existé. C'est à Sienne et dans les environs de cette ville, qu'il faut voir ses ouvrages, peu connus en France, comme tant d'autres maîtres de l'Italie. C'est sans

doute à ce défaut de connaissance qu'il faut attribuer la sorte de mésestime actuelle dans laquelle sont tombés, à Paris et ailleurs, les tableaux italiens. Qui croirait que la mode peut exercer son empire sur les beaux-arts avec un tel despotisme? Écoles de Rome, de Florence, de Sienne, de Bologne, de Venise, de Lombardie, de Ferrare, vous n'êtes plus aimées..... L'on admet à peine quelques-unes de vos productions dans nos cabinets, tandis que les peintures flamandes et holandaises en occupent toutes les surfaces.

L'Italie, mère féconde des arts et des plus grands artistes, sourit à ce triomphe passager de ses élèves du nord : c'est celui des bambochades sur le genre noble, élevé de l'histoire; c'est le langage des halles qui l'emporte sur Tite-Live. Quel que puisse être le goût des autres pays, l'Italie ne craint point de se voir ravir un sceptre que tant d'artistes justement célèbres ont placés dans ses mains; et du palais du Vatican jusqu'au Campo-Santo de Pise, elle commande le respect et l'admiration du monde.

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Au très-révérend père SÉBASTIEN RESTA.

Corregio, 10 mars 1688.

LE Christ au Jardin des olives, dessiné à la plume par le Correge, est sur un papier de teinte obscure, ombré et rehaussé de blanc, à la manière du clair obscur. Il est vu en face et à genoux, regardant un ange en l'air, avec les trois apôtres dans l'obscurité, et la troupe dans le lointain. Sa grandeur est de huit pouces dans sa longueur; il est dans un petit cadre noir, et dans le même état que quand le vicaire Toricella le possédait.

Le peintre qui a écrit l'histoire du Correge s'est trompé en disant que notre Antoine Allegri fut riche, puisqu'en voyant seulement la maison qui lui appartenait, il faut avouer que c'est plutôt celle d'un pauvre que d'un peintre. Outre que l'on sait; par tradition, qu'il était sans fortune, comme le

prouve incontestablement le mémoire ci-dessous, trouvé parmi les livres de la famille Pratonieri, de Reggio, lequel l'a envoyé à S. A. le duc de Modène, qui était désireux de le voir. Il est conçu

en ces termes :

Le premier tableau de la Nuit, du Correge, fut fait pour M. Albert Pratonieri, de Reggio, en 1527, et a été payé cent livres à la main, et cent vingt-huit en fournitures, monnaie de Reggio.

Le Correge fit un autre tableau pour le même Pratonieri, qui appartient maintenant au comte Vezzani de Reggio; il fut payé au Correge en quinze brasses d'étoffes de laine, et le reste en blé.

D'autres conjectures pourraient encore prouver qu'il était pauvre; mais, afin de ne pas être regardé comme trop riche en bavardages, je ne veux pas les laisser échapper de ma plume. Je suis, etc.

JOSEPH BIGELLINI.

NOTE DU TRADUCTEUR. Ce n'était pas le sentiment de Raphaël Mengs, qui trouve dans la cherté des couleurs que le Correge employait, et dans le soin avec lequel il finissait ses ouvrages, autant de moyens de prouver qu'il avait de la fortune. Lisons la lettre suivante.

Au très-révérend P. SÉBASTIEN RESTA, à Rome.

Bologne, 3 mai 1713.

J'ENVOIE à V. R., et en même temps à M. Joseph Ghezzi, l'écrit fait par Albert Pratonieri à maitre Antoine Correge pour le prix convenu entre eux deux, du tableau de la fameuse Nuit. Il est dans les mêmes caractères de l'original fait dans ce

temps-là. Je désire l'occasion de vous servir dans de plus grandes choses, en protestant à l'un et à l'autre un attachement comme il a été et sera.

JOSEPH MAGNAVACCA.

Reggio, 14 octobre 1522.

ÉCRIT fait pour le très-célèbre tableau appelé la Nuit du Correge, extrait de l'original qu'avait M. le chevalier Douzi, préfet de la galerie du sérénissime duc de Modène :

« Par cette note, écrite de ma main, moi, Albert Pratonieri, j'atteste à chacun que je promets de donner à maître Antoine Correge, peintre, la somme de deux cent huit livres en vieille monnaie

de Reggio; et cela pour le paiement d'un tableau qu'il promet de me faire en toute excellence, représentant la Nativité de Notre Seigneur, avec les figures attenantes, selon les mesures et grandeurs conformes au dessin que m'a apporté maître Antoine, et fait de sa main. »

On lit ensuite au-dessous de cette obligation:

« Et moi, Antoine Lieto de Corregio, je reconnais avoir reçu, le jour et le millésime ci-dessus, ce qui y est écrit; en signe de quoi, j'ai écrit ceci de ma

main. »

Les deux cent huit livres de ce temps-là font aujourd'hui huit doppie de notre monnaie, ou seize sequins.

Le Correge, comme tous les grands peintres, eut plusieurs styles. Le premier était sec; ce défaut est inhérent à la première époque de

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