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l'art moderne : il en fut ainsi chez les Grecs. Il est certain qu'il vit les ouvrages d'André Mantegna, ainsi que ceux des artistes remarquables qui avaient paru avant lui. La beauté de l'antique ne lui fut pas inconnue, et, quoiqu'il en soit de la modicité de sa fortune ou de celle de ses parens, on ne peut douter qu'il n'eut l'esprit très-cultivé. Elle devient un grand moyen d'éloges pour le Correge, puisqu'il n'épargnait ni soins, ni temps, ni l'outremer et autres couleurs les plus chères, mises à profusion dans ses tableaux, si grassement et si fortement empâtés. Ce qu'il recevait de ses peintures était en très - grande partie absorbé par ses dépenses; le reste servait à l'entretien de sa femme, d'un fils et de trois filles dont on ignore la destinée.

Le Correge reçut, pour ses travaux de la coupole et de la nef de SaintJean, à Parme, quatre cent soixante-douze ducats d'or ou sequins de Venise; et pour ceux plus considérables du dôme de la même ville, trois cent cinquante. Ces deux grands ouvrages l'occupèrent pendant dix ans, c'est-à-dire, depuis 1510 jusqu'en 1540. Avec toutes les études qu'il lui fallut faire, il n'est pas probable qu'il ait fait d'autres petits tableaux dans cet intervalle. Son Saint Jérome lui valut son entretien et quarante-sept ducats ou sequins pendant les six mois qu'il mit à le faire. Il put donc vivre facilement de son talent sans amasser de la for tune. Il devait peindre aussi la tribune du dôme de Parme; mais il en fut dégoûté par les mauvais propos tenus sur ses peintures: il ne vécut que quatre ans après avoir achevé ces deux coupoles. Sa mort arriva en 1534, et le Correge n'avait que quarante ans. Il avait si peu d'estime de lui-même, qu'il ne s'est point nulle part, et que tous les portraits qu'on nous donne pour être le sien n'ont aucune authenticité.

Au même M. GHEZZI.

Le petit tableau du Christ, sous la forme de jardinier, n'est pas certainement de Raphaël, parce que, lorsqu'il arriva à ce coloris, il s'était déjà surpassé dans le dessin. Il faut faire attention que les élèves de Léonard ont quelque analogie avec la manière de Raphaël, puisque Raphaël lui-même abandonna celle du Pérugin lorsqu'il eut vu les pein

tures de Léonard, et celles de Buonaroti. Je dis donc que les deux écoles du Pérugin et de Léonard ont de la ressemblance entre elles, parce que ces deux maîtres furent élèves d'André Verrochio et qu'autant le Pérugin fut surpassé en talens par du Vinci, autant les élèves de ce dernier le furent par ceux de Raphaël. Cependant le coloris fut d'abord plus parfait dans son genre parmi les élèves de Léonard que parmi ceux de Raphaël, dans le temps même de leur plus grande perfection dans cette partie. Raphaël ayant appris davantage le coloris du frère Bartholomée que du Pérugin, celui-ci n'améliora le sien, quoique bien peu, que lorsqu'il eut vu les nouveaux progrès de Raphaël, parce qu'il était trop vieux pour pouvoir changer de manière.

Revenant maintenant au petit tableau, je vous dirai qu'il est beau, mais qu'il est absolument d'un élève milanais de Léonard, parce que la tête de la Magdelène, ainsi que celle du Christ, sont les vrais airs de tête de ce maître. J'ajouterai ensuite qu'aucun des disciples de du Vinci n'a eu,autant que Césarda Sesto, cette substance de couleur et cette forme de plis dans ses draperies. Je l'ai cru pendant quelque temps de Bernard Lovino le vieux, parce que j'ai vu de César da Sesto des choses encore plus parfaites et plus tendres dans leurs contours, quoique celles-ci le soient assez. Mais ce peintre, comme tous les autres, eut ses commencemens, son milieu et sa fin. Si la tête de la Magdelène eût été de son dernier temps, elle au

rait un mouvement encore plus gracieux, et elle serait aussi d'une plus belle proportion.

Quoiqu'on puisse dire que le Christ n'a pas de défaut; cependant, s'il avait été fait après que ce peintre eut connu Raphaël à Rome, on y verrait certainement une plus grande élégance de l'art. Je disais que j'aurais voulu le voir nettoyé, afin de pouvoir observer si le superbe paysage est aussi de sa main, ou de César Barnazzano, également Milanais, qui demeura avec César da Sesto, pour lui faire ceux dont il avait besoin dans ses tableaux d'histoire.

Le premier avait coutume de faire des paysages finis dans leurs détails, quoique grandioses dans leur ensemble; et quoiqu'il les terminât beaucoup, ils n'en étaient pas moins suaves et d'un grand accord. En voyant le paysage de ce petit tableau du Christ, il me semble, sans être nettoyé, qu'il est aussi de César da Sesto, et il me plaît encore plus que s'il était de ce paysagiste. Mais cependant, s'il était de ce dernier, nous aurions une preuve de plus que les figures sont de César da Sesto, parce qu'on voit plus de tableaux de ce maître avec les paysages faits par Barnazzano, que peints par César da Sesto. Mais faites attention que je ne suis pas fàché que le tableau ne soit pas nettoyé, et que je l'estime mieux étant tel qu'il est.

Vous pouvez donc dire qu'il est de César, parce que je le crois aussi. Il n'est pas de Lovino, ni

des autres élèves ou des peintres de l'académie que Leonard avait instituée à Milan; elle était dans un état très-prospère lorsqu'il partit de Milan en 1500; mais Lovino et Gaudenzio, élèves de Sesto, milanais, n'entrèrent dans cette académie qu'après son départ. Je suis, etc.

SÉBASTIEN RESTA.

Au même.

Qut plus que vous a cherché à m'être favorable? C'est une chose étonnante de voir comme le dessin du chevalier Mutiano fait pendant à celui de JulesCésar Procaccini pour la grandeur, et même pour le style. Je mettrai encore volontiers ce dessin parmi ceux du Correge, à cause de la partie corrégesque à laquelle il a du rapport, quoique le goût en général tienne plutôt de Michel-Ange. Quand même il ne tiendrait pas du Correge, il mériterait d'occuper cette place, pour être voisin de Jules Romain, parce qu'il l'accompagne admirablement.

Celui qui est en clair-obscur, et qui paraît être de Jean de Vecchi, m'est cher, parce qu'il est du chevalier Belisario Correnzio, de Naples, le premier de tout son siècle, entre Marc de Pino, de Sienne et l'école des Carraches, introduite à Naples après le chevalier Joseph d'Arpino. Belisa ri surpassa ce dernier; il vécut cent vingt ans.

Il fut remis, à l'âge de deux ans, par don Juan d'Autriche le vieux, entre les mains d'un peintre,

pour lui apprendre son art, après que ce prince eut fait trancher la tête, pour un certain crime, à son père, Grec d'origine. J'en rapportai de Naples quelques dessins. Mais celui-ci m'est très-précieux, parce qu'il a du rapport à ce temps-là. Le chevalier Belisario a peint dans le tribunal de Nido et dans beaucoup d'autres lieux. Il me paraît probable que le chevalier d'Arpino l'imita étant jeune, quoique l'on sache que ce peintre ait cherché à se former à Rome, sur Raphaël da Reggio, qui eut pour maître Lelio da Novellara, lequel s'était formé sur le Correge et Michel-Ange. Ces dessins me suffisant, je vous renvoie celui du Boscoli. Quel feu et quelle promptitude d'opérer avait André Boscoli! Si vous en avez beaucoup de cet auteur, regardez-les attentivement, vous y trouverez des choses prises dans André del Sarto, qui vous paraîtront originales, les ayant toutes copiées avec une grande vitesse et facilité. Il fit la vie et la passion de J.-C., que l'on grave actuellement. Il inventait avec la même facilité qu'il copiait. Je suis, etc.

SÉBASTIEN RESTA.

Au même M. GHEZZI.

La tête de l'enfant est véritablement de Guido Cagnacci, et je le dis affirmativement. Venez ici, chez le P. Laderchi, et voyez la Vierge avec le Jésus que Guido Cagnacci copia sur celle du Guide, son maître et son ami; elle est vigoureuse

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