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et bonne, mais non pas aussi belle que l'original. Je l'achetai d'un riche marchand d'eau-de-vie de Reggio de Modène, et elle me plaisait autant que si elle n'avait pas été une copie.

Le Cagnacci a varié souvent ses manières de peindre; ce qu'il faisait à la lumière, mais toujours d'après nature. Il a fait des choses ordinaires ou négligées, et d'autres extraordinaires et merveilleuses. Je doutai que cette tête d'enfant fût d'un de nos Lombards appelé Vincent Lavizario, très-grand peintre de portraits, qui peignit mon père en pied, avec ses armes, des livres, un luth, etc. Il fit aussi les portraits des enfans de la famille Borromée, que j'achetai dans une maison de campagne, hors de la Porte du Peuple ; mais ce peintre était plus simple et variait moins ses teintes : de sorte que je conclus que cette tête est du Cagnacci, en la comparant avec le tableau du P. Laderchi, et ceux que j'ai vus à Bologne.

Je ne dis pas pour cela qu'elle soit de ce style corrégesque et si suave de sa sainte Mustiolla della regina, laquelle fut exposée dans cette ville, pour un jour de fête, parmi des tableaux de Simon da Pesaro. Lorsque ce peintre l'eut vue, il courait comme un fou dans les rues, en disant : « Ah! malheureux que je suis! Celui-là m'enlève ma réputation. » Je suis, etc.

SEBASTIEN RESTA.

NOTE DU TRADUCTEUR. Il suffit de lire les lettres du P. Resta pour le regarder commel 'un des plus grands connaisseurs de l'Italie. Aucun

amateur n'a mieux établi que lui les documens dont on doit se servir pour parvenir à connaître les productions des maîtres, l'époque à laquelle ils vivaient; l'école ou le professeur auquel ils doivent appartenir; les diverses manières qui les ont distingués. Sa rare sagacité invitera ceux qui jugent trop légèrement à se demander s'ils sont en effet parvenus, par une longue étude, et par des voyages indispensables en Italie et ailleurs, à acquérir toutes les connaissances qu'exige une aussi longue étude. Nous n'avons en France, parmi nos amateurs les plus célèbres, que Pierre Mariette qui l'ait peut-être surpassé.

Au même.

Il m'est tombé dans les mains un portrait de Galéas Sanseverino, gendre de Louis Sforze, duc de Milan, fait en clair obscur par le Bramante. Cet ouvrage est une preuve remarquable que ce grand architecte était en même temps un peintre distingué. Je veux vous faire voir ce portrait, et vous faire lire ce que j'ai écrit à ce sujet. J'avais besoin de savoir quel avait été le premier artiste de l'hospice de Milan. On m'a écrit de cette ville que ce fut Antoine Philarète de Florence. Ce portrait m'a engagé à faire un supplément à la vie du Bramante, loué, il est vrai, par Vasari lorsqu'il fut à Rome, mais maltraité par lui auparavant, comme n'ayant rien fait ou produit de remarquable tandis qu'il était en Lombardie.

Je m'occupe de l'énumération des grandes fabriques et des peintures qu'il fit à Milan, avant d'être appelé à Rome. Je pense qu'on pourrait en faire un extrait, afin qu'on réimprimât sa vie. Cela m'a conduit à dire quelque chose du Bramantino, mila

nais et plus ancien que le Bramante. J'y ai ajouté quelques détails sur les anciens professeurs de Milan. Je parle d'Andrino di Edesia, de Pavie, que Lomazzo, dans son traité, nomme après le Giotto. Il dit même qu'ils étaient contemporains, comme l'assure le P. Orlandi. Après le Giotto, il y eut un Michelino de Milan. Le Bramantino, qui existait dans le même temps que Masaccio et Pierre de la Francesca, étudia beaucoup la perspective: il fut le premier qui commença à donner à Milan quelque éclat à la peinture, dans le temps. de François Sforze I et du pape Nicolas V. Ier

Il y eut aussi Vincent Foppa, qui écrivit sur la perspective. Lomazzo le fait milanais; mais Ridolfi le croit de Brescia. Le Mantegna fut le premier qui posséda cet ouvrage. Ce manuscrit passa dans les mains du Bramante; il appartint après à Raphaël, ensuite à Jules Romain, et finalement à Cambiaso. Je ne sais s'il a été imprimé. Le Foppa peignit dans le premier portique de l'hôpital, avant 1456. Il y eut aussi Torso de Monza, dans le temps du Pérugin; il fut, à ce que je crois, élève du Bramantino. Je fus étonné de l'une de ses peintures, dans la rue delle Meraviglie, à cause de sa bonté, de sa beauté et de sa suavité. Il représente un sujet de l'histoire romaine.

Je vis ensuite, dans le traité de Lomazzo, qu'il ne faut pas que quelqu'un pense à égaler cette peinture, tant elle est parfaite. Le P. Orlandi ne connut pas ce Torso, ni même cet André Scoto, maître de

Gaudenzio Ferrari et de Lovino, quoique dans son abécédaire il dise que Gaudenzio fùt élève d'André Scoto, et qu'il dise aussi que Bernardino Luini fût élève d'André Scoto et non Scotto; de sorte qu'on ne peut faire grand cas de cet abécédaire. Il parle - aussi de Nolfo di Monza, d'Ambroise Borgognone et d'Altobello de Crémone, disciple du Bramente. Les deux premiers peignirent dans l'église de Saint-Satyre à Milan. Enfin, vous jugerez du tout quand je viendrai vous ennuyer avec ma légende. Je suis, etc.

SÉBASTIEN RESTA.

Au même.

J'AI arrangé le tout comme je l'avais dit, c'està-dire, avec votre joli Parmesan et une tête divine d'un apôtre, du Correge, dans l'attitude de la contemplation; on ne peut rien voir de plus beau. Il me reste seulement à vous remercier de votre obligeance. J'ai mis les deux têtes de Léonard près d'une très-belle tête du frère Bartholomée de SaintMarc; et, pour leur donner toute authenticité avec la plume de Léonard, j'irai au monastère où je tiens ma collection, pour y prendre un autre dessin à la plume, qui est indubitablement de Léonard; je mettrai à sa place le dessin de cet ancien Allemand Jean Butgmayr, augustin. Je suis étonné de ee qu'il connaissait si peu le et de ce que son goût était aussi sec et gothique, ayant été de l'école

nu,

d'Albert Durer, lequel était né en 1471, et Burmayr en 1473. Le P. Collorédo, qui entend l'allemand, doute que les lettres qui sont derrière le dessin puissent dire: « Jean Broshamar Fuldano, peintre allemand; » il croit au contraire qu'elles veulent dire : « Jean Burmayer, augustin, » et je suis de cet avis, parce que Fuldano peignait en 1532, et que le style avait déjà pris un goût plus moderne. Je vous demande s'il vous paraît probable qu'il soit plus ancien, parce qu'il ne me semble pas que ce dessin soit d'un homme qui ait reçu des leçons d'Albert Durer; les plis des draperies sont bons, mais le nu tient de l'ancien allemand. J'attends votre conseil et suis, etc.

SÉBASTIEN RESTA.

mmm

Au même.

On fait voir à Rome un petit tableau d'une Vierge avec l'enfant Jésus, qu'on attribue à Léonard de Vinci: l'enfant paraît en être, quant au dessin; mais la teinte est de César da Sesto; l'air de tête de la Vierge ne fut jamais dans le goût de Léonard.

Carle Maratte a dit, en voyant ce prétendu Léonard : Il est de lui ou d'un de ses élèves meilleur que lui. Léonard eut plusieurs disciples, parmi lesquels fut Salaï, beau jeune homme, qui le servait et qui fut un très-agréable peintre; André Boltrafio, Marc d'Oggione, César da Sesto, qui était

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