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déjà vu un essai, puisqu'il me demanda, avant-hier au soir, le dessin d'un tableau dont il me donna le sujet. Ayant la plus grande envie de le satisfaire, je le finis pendant la nuit, et je le portai le lendemain matin de bonne heure à sa révérence : elle demeura fort étonnée, en me disant que, si elle ne m'en avait pas donné l'invention, elle aurait cru cru que je l'avais apporté tout fait. Nous sommes convenus du prix et j'ai commencé ces ouvrages: lorsqu'ils seront achevés, je vous en donnerai avis. Pendant ce temps-là, je me consolerai avec ces pères. Je suis tout à vous.

GEORGE VASARI.

A M. BENOÎT VARCHI, à Florence.

Rome, le 9 septembre 1536.

Je vois, par votre agréable lettre, que vous désireriez que nous nous trouvassions à Venise, afin d'y être plus commodément. Vous savez que tout ce qui vous est agréable ne me l'est pas moins qu'à vous ainsi, lorsque nous serous convenus du temps, j'irai dans cette ville et dans tous les autres lieux où il vous plaira. Je suis très-fàché que notre cher Lucas Martini ne puisse pas venir. Voyez, je vous prie, si, sans se déranger, il ne le pourrait pas à la fin de ce mois, ce qui me conviendrait beaucoup aussi, parce qu'Albertaccio del Bene, que j'aime beaucoup, partira aussi pour Padoue, où il va étudier. Cela étant ainsi, nous monte

rions tous à cheval pour aller voir Lorette ensemble. Si nous n'y trouvions pas notre cher Lucas, nous lui laisserions un mot, afin qu'à son retour il sût où nous sommes.

Vous me dites, mon cher monsieur, que notre maitre Pierre Bembo se laisse croître la barbe: cela me plaît beaucoup, parce que nous ferons une chose qui aura une beaucoup plus belle forme. A présent, pour vous dire la chose comme elle est, puisqu'il a cette fantaisie, je vous avertis qu'elle ne sera pas très-grande dans deux mois; que, n'ayant que deux doigts de longueur, elle sera imparfaite, de sorte que si je fais sa médaille de cette manière, elle ne sera plus ressemblante lorsque la barbe aura pris son accroissement: s'il venait à se raser, elle ressemblerait encore moins; de sorte que, voulant faire quelque chose qui soit fort bien, nous ferons mieux de la laisser grandir.

Mon bon vieux Piloto, orfévre fameux, doit être mort dans ce moment, d'après ce que m'écrit mon cher Lucas. Cela me cause beaucoup de chagrin : patience. Je suis à vos ordres. Portez-vous bien, et que Dieu vous garde.

Votre BENVENUTO CELLINI, orfévre.

A PIERRE ARETIN, à Venise.

Ferrare, le 5 avril 1537.

J'AI compris, en te demandant des nouvelles de

Sansovino, qu'il ne savait où il en était, parce que

la république de Florence étant redevenue libre par la mort d'Alexandre de Médicis (arrivée le 6 janvier 1536), lui a demandé de faire la statue du sauveur de la patrie, Pier Francesco de Médicis; cela vient de ce qu'il ne sait pas s'il doit mettre Laurent Pier Francesco à droite, ou bien Scoroconcolo, parce que, s'il y met ce dernier, met ce dernier, c'est trop d'honneur pour un serviteur, et, s'il y met l'autre, ce n'est pas assez pour un maître. Quoique vos bavardages sur nous qui sommes rebelles n'aient déplu, à cause de votre honneur, cependant je n'ai pu m'empêcher de rire lorsque vous dites d'eux que les portes de Florence sont le contraire de celles de l'enfer, parce que sur les premières on a écrit: Perdez toute espérance, 6 vous qui sortez! et sur cellesci: Perdez toute espérance, ô vous qui entrez ! Mais tu mens lorsque le Dante dit la vérité. Je n'ai besoin, mon bon ami, pour ce qui me concerne, que de ton appui, avec lequel je retournerai chez moi quand il me plaira. En attendant, je te recommande mon cuirassier, en te priant que, puisque tu ne parais pas le croire un prophète si parfait, tu laisses au moins courir à lui ceux qui ont cette passion. Le Titien et l'ambassadeur de France pensent comme moi; mais Jacques Sansovino ne se laisse pas encore entraîner dans notre parti. Sache, mon cher Arétin, que le petit vieillard qui a dans sa tête Daniel, Moïse et Jérémie, avec le reste du psalmiste, veut te faire patriarche du temple de Salomon, et te le jure; ainsi garde cela pour toi, et sache te

taire..... Nardo te salue, en disant qu'il a assez d'esprit pour en savoir faire autant que les autres, mais

qu'il n'en a pas autant

que toi.

LEONARD BARTOLINI.

A M. LIONE LIONI, sculpteur.

Venise, 25 mai 1537.

Vous ne serez, mon ami, ni d'Arezzo, ni un homme à talent, puisque vous n'avez pas l'esprit bizarre. Il faut envisager la fin des choses, et ensuite les louer ou les blâmer convenablement. Si monseigneur le cardinal Bembo a aussi généreusement récompensé Benvenuto Cellini pour l'ébauche de son portrait, vous devez vous en réjouir, parce que, étant d'une bonté parfaite et d'un jugement exquis, il paiera aussi le coin que vous lui ferez avec la même libéralité. Il faut remarquer que sa seigneurie a été bien aise de donner à Benvenuto cette marque de son estime et de l'opinion qu'elle a de ses talens; elle a eu égard aussi aux deux années qu'il a attendu pour venir la trouver de Rome à Padoue, et à l'amitié que cet artiste a pour elle.

Il me semblerait que vous devriez lui montrer le coin sur lequel vous avez gravé la tête de cet illustre cardinal, avec l'empreinte que vous en tireriez, afin de voir ce qu'il en pense,

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Le Titien et le Sansovin sont ici avec une troupe d'habiles gens, qui donneront leur avis sur vos travaux. Quant à moi, je ne pourrai jamais croire que

ce cardinal manque à son honneur, et qu'il n'ait pas assez de lumières pour discerner la différence des talens. Il est bien vrai que souvent une ancienne amitié offusque les yeux et les empêche de voir parfaitement les autres tels qu'ils sont.

Ensuite, quoiqu'il soit un très-grand connais

seur,

il n'est pas le seul qui puisse apprécier dignement votre ouvrage, qui sera vu non-seulement par lui, mais par tous ceux qui auront le plaisir de le considérer. Réservez donc votre colère pour d'autres occasions. Voilà tout ce que je puis vous dire pour le moment sur le conseil que vous me demandez.

PIERRE ARETINO.

Au divin MICHEL-ANGE.

Venise, le 15 septembre 1537.

HOMME vénérable! comme c'est avoir peu de soin de sa réputation, que de ne pas se rappeler de Dieu; de même c'est mépriser le savoir et manquer de jugement, que de ne pas avoir pour vous la vénération que vous méritez, puisque le ciel s'est plu à répandre sur votre personne toutes ses grâces et toutes ses faveurs. C'est pour cela que l'idée d'une nouvelle et plus parfaite nature respire, quoique cachée dans vos mains, et que la difficulté des lignes extrêmes (souveraine science de la subtilité de la peinture) vous est si facile, que vous renfermez dans les extrémités des corps le terme de l'art ; chose ce

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