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Les gravures de Mme. Diana, de Mantoue, sont admirables: ce Repas des dieux est une chose si étonnante, que, quelque opinion que j'eusse de ses talens, je conviens qu'elle était au-dessous de son mérite. Je deviendrai quelquefois importun, par la nécessité où je suis de vous prier de me faire part des travaux d'une fenime aussi rare, et vous pardonnerez à ma curiosité si je ne puis pas modérer le désir que j'ai de connaître les belles choses.

Il est venu de Lorette un autre dessin de N., pour le tombeau du cardinal: ce dessin est chez moi; je ne cherche pas à vous en dire mon sentiment, parce que, lorsque nous serons ensemble, vous le jugerez mieux vous-même. Il a beaucoup de ressemblance avec le premier; et, dans les parties où il en diffère, il n'y a pas une idée qu'on puisse louer. On connaît la pauvreté du génie de l'auteur et sa stérilité ; l'art ni les convenances ne lui prêtent aucun secours. Le caudataire du cardinal m'a dit que vous en avez fait aussi un dessin qui lui paraît trèsbeau : je l'ai cru très-facilement, en sachant ce qu'on doit attendre de vos mains. Ce seigneur voudrait vous voir, et en parler avec le chevalier della Porta (architecte et sculpteur fameux), afin de savoir si l'ouvrage se ferait avec moins de dépenses à Lorette qu'à Rome, en examinant ce qu'il faut pour les ouvriers, les voitures, l'achat des matériaux, etc. Je crois que M. Pierre Americi vous écrira la même chose de la part de M. le cardinal, lequel, ayant su par moi que dans votre dessin vous placez sa statue

du côté du Saint-Sacrement, m'a dit qu'il lui plairait davantage qu'elle regardât la maison de la Vierge.

J'ai devant les yeux le plan de l'église de Lorette ; s'il peut vous servir, vous me l'écrirez, et je vous le ferai remettre de suite. Je vous baise les mains, en vous priant de me recommander à Mme. Diana (1).

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A M. ALBERT DEL BENE, à Padoue.

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Rome, 27 juin 1542.

Il y a plusieurs jours, mon cher Albert, que j'ai reçu votre lettre, aussi aimable qu'élégamment écrite je vous réponds beaucoup plus tard que je ne l'aurais voulu; mais j'en ai été détourné par beaucoup d'occupations journalières. Ensuite j'ai assez de confiance en vous pour croire que je n'ai pas commis une grande faute.

Je croyais bien que le Bacchus de bronze que l'on voit à l'Impérial, palais de l'illustrissime duc d'Urbin, était une figure antique et belle, comme on me l'a assuré plusieurs fois ; mais qu'elle fût d'une

(1) Diana, petite-fille de J.-B. Mantouan, et épouse de François de Volterre. Cette femme, justement célèbre par son talent dans la gravure, florissait vers 1570. On trouve quelques-uns de ses ouvrages dédiés en 1571; dans d'autres, elle prend le titre de citoyenne de Volterre. Elle a gravé une grande pièce en trois morceaux, représentant, dans celui du milieu, une Bacchanale; Vénus et Adonis dans le bain, servis par des Amours, etc., d'après Jules Romain. Cette gravure est admirable de dessin et de fermeté dans le burin,

que

l'Arracheur d'épines ou la

aussi grande beauté petite femme qui lui sert de pendant au Capitole, je n'aurais jamais pu le croire, à moins que quelqu'un qui connaît et qui juge aussi-bien que vous les figures antiques ne me l'eût affirmé. Je suis plus rassuré à présent que je connais votre avis. J'espère pouvoir aller bientôt examiner cette figure; mais, quand je ne la verrais pas, l'excellente et belle description que vous m'en avez faite devrait me suffire. Portez-vous bien. Saluez de ma part notre Varchi, l'élu de Cosenza, et M. Laurent Lenzi, s'ils sont près de vous, comme je le crois.

P. BEMBO.

A M. FLAMINIO TOMAROZZO, à Padoue.
Rome, 23 août 1543.

Je ne puis plus contenir le désir que j'ai de revoir mes médailles, et les autres antiquités que j'ai dans mon cabinet. Apportez-les-moi quand vous reviendrez à Rome, non toutes, mais celles que je vais vous dire toutes les médailles d'or, celles en ar gent, celles de bronze; le Jupiter, le Mercure et la Diane de bronze, avec celles encore que vous croirez devoir y joindre. Vous trouverez, dans le cabinet espagnol, d'autres médailles d'or et autres dans les petits tiroirs de la caisse. Faites attention que ces objets n'en puissent sortir pendant leur trans, port. Vous prendrez aussi la petite cassette de velours qui se place dans une autre, laquelle est re

couverte de cuir, que je tiens ordinairement à terre, sous les armoires en bois de ce cabinet. De cette manière, vous pourrez m'apporter et les médailles et la cassette de velours saines et sauves. Vous mettrez les autres soixante-douze médailles d'or dans un petit sac; vous en ferez de même pour celles d'argent et de bronze, en les séparant entre elles. Vous m'apporterez aussi les bagues, les pierres gravées et autres petites choses semblables. Vous y ajouterez les autres objets de petite pesanteur que vous jugerez à propos. Ne parlez à personne de l'ordre que je vous donne, parce que je ne veux pas qu'on le sache; à moins que vous ne le fassiez à votre retour à Rome, avec notre ami, à qui j'ai fait part de ma sensualité, et que je veux avoir pour témoin du spectacle de tous ces objets je suis bien certain qu'il n'en dira pas un mot, parce que, quoique jeune, il est discret, prudent et fort intelligent en antiquités. Je veux donc m'en donner le plaisir avec lui, ce que je ferais avec peu d'autres. Il y a déjà deux heures qu'on a appris la nouvelle de la prochaine mort du cardinal Contarino: la cour en est très-affligée. Il me semble que Dieu veut permettre

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que le saint siége éprouve plus de malheurs qu'on ne croyait, puisqu'il lui enlève la première colonne et le soutien de son église. La tranquillité a fui loin de moi, et j'ai le cœur rempli de larmes.... Conser

vez votre santé.

P. BEMBO.

Au comte DE LANDI.

Rome, le 14 novembre 1542.

Je ne puis attribuer qu'à votre affection particulière le désir que vous m'avez annoncé

par vos dernières lettres; mais cette affection m'a paru avoir deux motifs; l'un dirigé vers l'étude, et l'autre vers ceux que vous aimez : d'où il s'ensuit que, pouvant très-difficilement résister à l'une de ces causes, comment le pourrais-je lorsqu'elles sont réunies?

Ayant donc déjà mis par écrit ce nouveau traité d'architecture, je vous l'envoie, comme vous le désirez. Croyez, cher comte, que, si les princes faisaient une petite partie de ce qui conviendrait à leur propre gloire, nous ferions, de notre côté, un très-grande partie de ce qui convient à nos obligations. Mais les étoiles ne brillent pas sans les rayons du soleil ainsi, donnez, je vous prie, quelques louanges à ma bonne volonté dans tous les endroits où vous reconnaîtrez que les forces m'ont manqué, et lisez.

On a déjà pleinement démontré, par de trèsbeaux et véritables raisonnemens, combien l'architecture plaît, combien elle est utile, et combien elle mérite d'être honorée. On a souvent dit aussi que son étude est digne d'être favorisée par les grands princes, puisqu'en effet ce sont eux qui peuvent donner l'existence aux merveilles qui naissent de ce bel art, comme l'attestent les restes de tant d'édifices superbes dans les diverses parties du monde,

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