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ton et C. César; et, puisque le sujet m'en a fourni l'occasion, mon intention n'est point de les passer sous silence, et je vais, autant qu'il est en moi, faire connaître leur caractère et leurs mœurs.

LIV. Chez eux donc la naissance, l'âge, l'éloquence, étaient à peu près pareils : grandeur d'âme égale, comme aussi gloire égale, mais sans être la même. César fut grand par ses bienfaits et sa générosité; Caton, par l'intégrité de sa vie. Le premier s'était fait un nom par sa douceur et par sa clémence; la sévérité du second avait ajouté au respect qu'il commandait. César, à force de donner, de soulager, de pardonner, avait obtenu la gloire; Caton, en n'accordant rien. L'un était le refuge des malheureux ; l'autre, le fléau des méchans. La facilité de celui-là, la fermeté de celui-ci, étaient également vantées. César s'était proposé pour règle de conduite l'activité, la vigilance: tout entier aux intérêts de ses amis, il négligeait les siens, ne refusait rien de ce qui valait la peine d'être accordé; pour lui-même, un grand commandement, une armée, une guerre nouvelle, voilà ce qu'il ambitionnait, afin que son mérite pût y briller dans tout son éclat. Mais Caton faisait son étude de la modération, de la décence, et surtout de l'austérité : il ne le disputait ni d'opulence avec les riches, ni d'influence avec les meneurs de factions, mais bien de courage avec les plus fermes, de retenue avec les plus modérés, de désintéressement avec les plus intègres : aimant mieux être homme de bien que de le paraître; aussi, moins il cherchait la gloire, plus il en obtenait.

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LV. Lorsque le sénat, comme je l'ai dit, se fut rangé à l'avis de Caton, le consul, jugeant que le mieux à faire était de devancer la nuit qui était proche, de peur qu'il

viros quæ supplicium postulabat, parare jubet : ipse, dispositis præsidiis, Lentulum in carcerem deducit; idem fit ceteris per prætores. Est locus in carcere, quod Tullianum adpellatur, ubi paullulum descenderis ad lævam, circiter duodecim pedes humi depressus. Eum muniunt undique parietes, atque insuper camera, lapideis fornicibus vincta sed incultu, tenebris, odore, fœda atque terribilis ejus facies est. In eum locum postquam demissus Lentulus, quibus præceptum erat, laqueo gulam fregere. Ita ille patricius, ex clarissuma gente Corneliorum, qui consulare imperium Romæ habuerat, dignum moribus factisque suis exitum vitæ invenit. De Cethego, Statilio, Gabinio, Copario, eodem modo supplicium sumtum est.

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LVI. Dum ea Romæ geruntur, Catilina, ex omni copia quam et ipse adduxerat, et Mallius habuerat, duas legiones instituit; cohortes pro numero militum complet: deinde, ut quisque voluntarius, aut ex sociis in castra venit, æqualiter distribuerat; ac brevi spatio legiones numero hominum expleverat, quum initio non amplius duobus millibus habuisset. Sed ex omni copia circiter pars quarta erat militaribus armis instructa; ceteri, ut quemque casus armaverat, sparos, aut lanceas, alii præacutas sudes, portabant. Sed postquam Antonius cum exercitu adventabat, Catilina per montis iter facere, ad urbem modo, modo in Galliam versus, castra

n'éclatât, durant cet intervalle, quelque nouvelle tentative, ordonne aux triumvirs de tout préparer pour le supplice. Lui-même, ayant disposé des gardes, conduit Lentulus à la prison. Les autres y sont menés par les préteurs. Dans cette prison l'on trouve un lieu appelé Tullianum, en descendant un peu sur la gauche, à environ douze pieds de profondeur. Il est partout entouré de murs épais, et couvert d'une voûte cintrée de grosses pierres. La saleté, les ténèbres, l'infection, en rendent l'aspect hideux et terrible. Dès que dans ce cachot Lentulus eut été descendu, les exécuteurs, d'après l'ordre qu'ils en avaient reçu, lui passèrent au cou le nœud fatal. C'est ainsi que ce patricien, de la très-illustre maison des Cornelius, qui avait exercé dans Rome l'autorité consulaire, trouva une fin digne de ses mœurs et de ses actions. Cethegus, Statilius, Gabinius et Céparius furent exécutés de la même manière.

LVI. Tandis que ces évènemens se passent à Rome, Catilina, avec toutes les troupes qu'il avait amenées, et que commandait Mallius, organise deux légions; il proportionne la force de ses cohortes au nombre des soldats; ensuite, à mesure que des volontaires ou quelques-uns de ses complices arrivaient au camp, il les répartit également dans les cohortes. Ainsi, en peu de temps, il parvint à mettre ses légions au complet, lui qui d'abord n'avait pas plus de deux mille hommes. Mais, de toute cette troupe, il n'y avait guère que le quart qui fût régulièrement armé : les autres, selon ce qui leur était tombé sous la main, portaient des bâtons ferrés ou des lances; quelques-uns, des pieux aiguisés. A l'approche d'Antoine avec son armée, Catilina dirige sa marche à travers les montagnes, portant son camp tantôt vers

movere; hostibus occasionem pugnandi non dare. Sperabat propediem magnas copias se habiturum, si Romæ socii incepta patravissent. Interea servitia repudiabat, cujus initio ad eum magnæ copiæ concurrebant, opibus conjurationis fretus; simul alienum suis rationibus existumans, videri caussam civium cum servis fugitivis communicavisse.

LVII. Sed postquam in castra nuncius pervenit Romæ conjurationem patefactam, de Lentulo, Cethego, ceteris quos supra memoravi, supplicium sumtum, plerique, quos ad bellum spes rapinarum aut novarum rerum studium illexerat, dilabuntur : reliquos Catilina per montis asperos magnis itineribus in agrum pistoriensem abducit, eo consilio uti per tramites occulte profugeret in Galliam. At Q. Metellus Celer cum tribus legionibus in agro piceno præsidebat, ex difficultate rerum eadem illa existumans, Catilinam agitare; igitur, ubi iter ejus ex perfugis cognovit, castra propere movet, ac sub ipsis radicibus montium consedit qua illi descensus erat. Neque tamen Antonius procul aberat, utpote qui magno exercitu, locis æquioribus, expeditos in fugam sequeretur.

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Sed Catilina, postquam videt montibus atque copiis hostium sese clausum, in urbe res advorsas, neque fugæ

Rome, tantôt vers la Gaule, sans jamais laisser à l'ennemi l'occasion de combattre. Il espérait avoir au premier jour de grandes forces, dès qu'à Rome les conjurés auraient effectué leur entreprise. En attendant, il refusait les esclaves qui, dès le commencement, n'avaient cessé de venir le joindre par troupes nombreuses. Plein de confiance dans les ressources de la conjuration, il regardait comme contraire à sa politique de paraître rendre la cause des citoyens commune à des esclaves fugitifs.

LVII. Mais, lorsque dans le camp arriva la nouvelle qu'à Rome la conjuration était découverte; que Lentulus, Cethegus et les autres conspirateurs, dont je viens de parler, avaient subi leur supplice, la plupart de ceux qu'avait entraînés à la guerre l'espoir du pillage ou l'amour du changement, se dispersent. Catilina conduit le reste à marches forcées, à travers des montagnes escarpées, sur le territoire de Pistoie, dans l'intention de s'échapper secrètement, par des chemins de traverse, dans la Gaule Cisalpine. Mais Q. Metellus Celer, avec trois légions, était posté en observation dans le Picenum. D'après l'extrémité où Catilina se trouvait réduit, il avait pressenti le dessein qu'il méditait. Aussi, dès que, pár des transfuges, il fut instruit de la marche de Catilina, il se hâta de décamper, et vint stationner au pied même des montagnes par où celui-ci devait descendre. De son côté, C. Antonius n'était pas éloigné, bien qu'avec une armée considérable il fût obligé de suivre par des chemins plus faciles des gens que rien n'arrêtait dans leur fuite.

Catilina, se voyant enfermé entre les montagnes et les troupes de l'ennemi, tandis qu'à Rome tout avait tourné

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