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avoir été à Basle, et qui depuis ce temps là, le Trône Imperial fut vacant.

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La vraye, et, peut-être, la seule raison pour laquelle quelques Auteurs de ce temps-là n'ont pas voulu mettre Richard au nombre des Empereurs, c'est qu'ils ne croyoient pas qu'on pût l'être legitimement sans la confirmation du Pape. Aussi en ont-ils exclu et Alphonse, et Guillaume de Hollande. Aujourd'hui, on est revenue de cette erreur, qu'aucun des Etats d'Allemagne ne voudroit, ni n'oseroit soutenir. Richard, quoiqu'assez complaisant pour le Siege de Rome, ne croyoit nullement en dependre par rapport à sa dignité Imperiale; Il ne voulut pas même debattre ses droits devant le Pape. Mais comme il avoit d'autres affaires en tête, il se contenta d'être reconnu pour Roi d'Allemagne par le Pape Alexandre IV. aussi bien que par toutes les Puissances de l'Europe. Alphonse, qui savoit bien que ce titre étoit, dans le fond, peu different de celui d'Empereur, eut beau s'y opposer par des Protestations, les Etats n'y eurent aucun egard. Bien plus ils s'opposerent eux-mêmes formellement à ce qu'il prît les titres d'Empereur, et de Roi d'Allemagne, et à ce qu'il mit l'Aigle Imperiale dans son sceau. Du reste, tous les Actes publics se faisoient au nom de Richard, dont les Constitutions ont toûjours été receûës, et le sont encore. Si Rodolphe I. cassa l'Acte de l'investiture de l'Autriche, que notre Richard avoit donnée à Ottocar Roi de Boheme, ce fut parce que ce Roi refusa de le reconnoître pour son Seigneur, et prétendit être independant de l'Empire par rapport à la Boheme. (Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il s'est trouvé des gens qui ont contesté à Richard le caractere d'Empereur. A l'élection de Charles Quint, l'Electeur de Mayence en parle d'une maniere peu favorable au sentiment de Mr. Gundling. Voici ses paroles (1).

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Après

(1) Secutum est Interregnum, quod duravit annos fermè octodecim

>>Frideric 11. vint un Interregne d'environ dix-huit ans, »durant lequel, quelques Electeurs appelloient en Allemagne >>Richard Frère du Roi d'Angleterre, pour lui donner l'Em>>pire. Cependant, la Republique étant sans Roi, les Villes >>d'Italie se revolterent, et la Nation Allemande tomba dans »>le mépris de tout le monde. » Nous avons crû que les Lecteurs seroient bien aises de voir ce passage.) Venons à l'Histoire de Richard.

(1) Autant qu'Innocent IV. s'étoit rejouï de la mort de l'Empereur Conrad, autant Alexandre IV. fut-il affligé de celle de Guillaume. Car outre qu'il lui avoit avancé des sommes considerables, qui étoient perdues par cette mort, il craignoit que les Allemands ne lui donnassent un Successeur contraire aux intentions de la Cour de Rome. En

effet, l'affection pour la Maison de Suabe n'étant pas

éteinte en Allemagne, l'Electeur Palatin, Louis, surnommé le severe, pensa à faire élire Conradin. Et peut-être que cet Electeur auroit réussi, s'il ne s'étoit pas rendu odieux par le supplice auquel il eut la dureté de condamner sa propre femme, sur des supçons legers et mal fondez.

D'autres Princes jetterent les yeux sur Mainfroi (2), quoique bâtard. Mais le Pape, dont les affaires avoient repris le dessus en Italie, intimida les uns et les autres. Il avoit dessein de placer le Prince Anglois sur le thrône

in quo nonnulli Electores accersiverunt in Germaniam ad Imperium Richardum, fratrem Regis Britannici. Interea, cum sine Rege esset Respublica, non solum defecerunt in Italia civitates; sed etiam in contemtum venit apud omnes Germanica Natio. Archiep. Mog. in GEORGII SABINI Historia Electionis Caroli V.

(1) Voy. ci-dessus pag. 211.

(2) Ses amis prétendoieut qu'il avoit été légitimé par le marriage de sa Mere avec l'Empereur Frideric II. qui l'épousa, lorsqu'elle étoit sur le point de mourir.

Imperial. La reconnoissance qu'il devoit à Henri se réunissoit heureusement avec ses interêts. Richard, de son côté, possedoit de grandes qualitez, qui le rendoient aussi considerable dans toute l'Europe, qu'il l'étoit en Angleterre, où les Seigneurs avoient plus d'égards pour lui que pour le Roi; Grande raison pour Henri de souhaitter à son frere une Dignité qui l'éloignât. Le Pape se proposoit aussi de mettre Edmond de Lancastre en possession du Royaume de Sicile, dont il vouloit dépouiller Mainfroi; et le succès de cette entreprise paroissoit infaillible, n'étant pas apparent que Mainfroi pût resister aux forces de l'Empire, soutenues de celles du Pape et de l'Angleterre.

Ce pontife recommanda donc fortement Richard (1) aux Electeurs, qui s'assemblerent à Francfort, après les Rois, l'an 1257. L'Archevêque de Cologne étoit dans les interêts de l'Anglois. Il y attira celui de Mayence, en persuadant le Roi d'Angleterre de le tirer de la prison où il avoit été mis par le Duc de Brunswick, avec lequel il étoit en guerre. Le Palatiu étoit aussi du même parti. Mais l'Archevêque de Treves étoit à la tête d'un autre, formé par S. Louis, Roi de France. Celui-ci craignoit, avec raison, l'élevation d'un Prince, qui, lié par le sang et par les interêts avec Henri, Roi d'Angleterre, ne manqueroit pas de se mêler dans les guerres qu'ils pourroient avoir ensemble, et faire une redoutable diversion en faveur de

(1) Il paroît d'abord assez extraordinaire qu'on n'ait jetté les yeux sur aucun des Princes d'Allemagne, et qu'il n'y en eût point alors qui briguassent l'Empire. Mais, dans le fond, personue ne s'en soucioit. C'étoit un véritable fardeau. Les brouilleries des Empereurs précedens avec la Cour de Rome; l'extrême diminution des Domaines; la liberté que s'étoient donnée les Etats de l'Empire, tout cela degoùtoit ceux qui étoient à portée de savoir, au juste, l'état des affaires.

son frère. On dit que Louis essaya d'abord de faire tomber les voix sur lui-même, mais que, ne pouvant y réuissir, il se contenta de traverser, à force d'argent, l'élection de Richard. L'Electeur de Treves avoit pour lui celui de Saxe, et le Roi de Boheme, dont l'Envoyé fut gagné par des presens. Pour la Maison de Brandebourg, elle étoit (1) partagée.

Les Electeurs de Cologne et de Treves tinrent bon. Celui-ci fit fermer les portes de Francfort, et élut (2) Alphonse, Roi de Castille, Prince savant, mais vain, qui regarda, dit-on, l'Empire comme un honneur que le Ciel ne pouvoit se dispenser de lui donner. D'autre côté, l'Electeur de Cologne élut Richard, et trouva bientôt le moyen de fortifier son parti du Duc de Saxe, de ceux des Margraves de Brandebourg qui lui manquoient, et du Roi de Boheme, auquel il promit l'Autriche, (vacante par la mort de Frideric, dernier Duc de la premiere Race.)

Il y eut, de part et d'autre, des protestations de Nullité; mais la raison du plus fort l'emporta, et, malgré l'opposition de l'Electeur de Treves et de sa faction, celui de Cologne et le Palatin envoyerent leurs Deputez à Richard. Ce Prince ignoroit, à ce qu'assure l'Historien Anglois, les intrigues que son Frere avoit pratiquées pour lui procurer l'Empire. Ainsi, lorsque les Ambassadeurs

(1) C'étoit alors les Maisons Electorales qui votoient. Tous les Princes de ces Maisons avoient le droit d'envoyer leurs Ambassadeurs à l'élection. Cette coûtume fut abolie environ un siecle après.

1

(2) Mr. Heiss Libre 11. Ch. 20. marque l'élection de Richard la premiere, et celle d'Alphonse, le Carême suivant: mais c'est tout le contraire, Alphonse allegue, dans la suite, parmi ses raisons, la primauté de son élection; et une marque qu'il disoit vrai, c'est que l'Archevêque de Cologue fit changer de parti le Roi de Boheme, qui avoit déjà donne son suffrage à Alphonse.

Allemands lui notifierent son élection, il fut aussi véritablement surpris que Henri le fut peu, quoiqu'il affectât de le paroître. Les Lettres des Electeurs portoient que jamais Empereur n'avoit été élú si unanimement, puisqu'il n'avoit pas manqué une seule voix à Richard. On le crut (1), et là dessus, grands raisonnemens sur la Vocation divine du Comte du Cornuaille; grandes exhortations de la part du Roi d'Angleterre. Il n'en fut pas de même des Seigneurs. Ils aimoient Richard; ils craignoient pour lui les suites des troubles de l'Allemagne, et des divisions des Empereurs précedens avec les Papes; leur interêt ne vouloit pas aussi que ce Prince sortit du païs. Mais Henri soutint toûjours que son frere ne pouvoit refuser l'Empire sans lâcheté ni resister à la Vocation Miraculeuse que Dieu lui adressoit. Les Courtisans ne manquerent pas d'applaudir à ses raisons. L'Evêque de Winchester, entr'autres contribua beaucoup à déterminer Richard. Ce Prince accepta donc l'Empire, en protestant que ce n'étoit ni par ambition, ni par avarice, mais uniquement pour le remettre dans un état florissant et paisible. En un mot, il fit verser des larmes à tous ceux qui n'étoient pas du secret, c'est-à-dire, sans doute, au plus grand nombre.

Malgré cette réponse, que les Ambassadeurs allerent porter en Allemagne, Richard ne laissoit d'être encore irrésolu sur le parti qu'il devoit prendre. Il voulut savoir exactement ce qui s'étoit passé à son élection, et envoya deux Seigneurs Anglois pour s'en informer. Mais on eut

() Matthieu Paris fait la reflexion suivante sur la credulité des Anglois dans cette occasion. «J'ai rapporté ceci, pour apprendre à >>la posterité combien les Etrangers, savent en imposer à la simplicité >> des Anglois.» Ut discant posteri, quam callide noverint alieni Anglicanam simplicitatem circumvenire. [Les choses ont bien changé à cet égard.]

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