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M. Duchesne, maître de poste à Evreux, et l'un de nos collègues, a fait semer quelques litres de cette graine sur les terres qu'il exploite aux environs de la ville d'Evreux.

Un premier semis avait été fait, au commencement de juillet 1840, près de Melleville, sur la route de SaintAndré, concurremment avec de la graine de sarrazin. Le seigle a bien levé; mais il paraît que les renseignements donnés sur la quantité de semence à joindre à celle de sarrazin n'étaient pas exacts, ou que la graine était de mauvaise qualité : car on ne voyait que des plantes fort rares de seigle.

Cependant, après la récolte du sarrazin, les touffes de ce seigle ont tallé et produit un fourrage, assez pauvre à la vérité, qui a été livré aux moutons en octobre 1840.

En 1841, ce seigle beaucoup trop clair, a rendu peu de grain.

Vous avez devant les yeux la paille provenant de cette récolte et le grain qu'elle a produit.

Malgré les éloges pompeux donnés par M. Bossin, grainetier à Paris, lequel, par parenthèse, nous a vendu sa graine au poids de l'or (60 francs l'hectolitre), le seigle multicaule ne paraît pas, au moins dans nos contrées, devoir ajouter beaucoup aux ressources de notre culture. Il occupe la terre trop longtemps, et le pâturage ou l'espèce de fourrage vert qu'il peut procurer la première année, ne peut compenser la perte de beaucoup d'autres produits qu'on aurait pu tirer du sol où on le place.

Beaucoup de praticiens reconnaissent au seigle ordinaire la faculté, ou plutôt la disposition à taller: il suffit pour cela qu'il ne soit pas semé dru.

Avec le seigle ordinaire semé à la Saint-Jean et même plus tard, des cultivateurs de ce pays ont obtenu des

pâturages d'automne pour leurs moutons, et l'année suivante la récolte de seigle n'en a pas été plus mauvaise.

Voici un pied de seigle que j'ai trouvé cet été dans une luzernière : il a 28 tiges. Sans doute cela ne peut se comparer aux 100 et 120 tiges annoncées pour chaque graine par plusieurs journaux agricoles; mais nous n'avons pas encore vu de ces phénomènes, qui me paraissent aussi rares que le chou-quintal de ce marchand de bas de Paris, dont tant d'honnêtes gens ont été les dupes.

Cependant, le seigle multicaule peut être employé utilement peut-être pour obtenir des fourrages verts dans les pays sablonneux, où la terre se refuse à donner du trèfle, de la luzerne et du sainfoin: je ne m'étonne nullement qu'on en ait fait l'éloge dans le Maine et le pays Angevin; mais en Normandie, je pense qu'on peut mieux employer sa terre.

FAIT A LA SECTION DE BERNAY,

SUR LA MACHINE A BATTRE

Du Sieur David, de Broglie (Eure);

Par M. Mongruel,

Membre de la Société.

MESSIEURS,

C'est le 10 janvier, à Beaumontel, où elle est actuellement, qu'a été soumise à l'examen de la commission que vous avez désignée, la machine à battre du sieur David, de Broglie; l'expérience a eu lieu en présence de plusieurs propriétaires ou cultivateurs du pays ou des environs, que la Commission avait invités à s'y rendre, et au nombre desquels étaient MM. Moutardier, propriétaire et maire à Tilleul-Othon; Fortier, au même lieu; Hervieu Frédéric, propriétaire et cultivateur, à Combon; Lebain, propriétaire et cultivateur, au Plessis-Mahiet, et Jean-Baptiste Hervieu, cultivateur, à Beaumontel. Des mesures avaient été prises pour faire fonctionner assez longtemps la machine deux hommes imprimaient le mouvement, un troisième était occupé à engréner le blé, et un quatrième était employé à relier la paille.

Il résulte de l'examen de la Commission et des faits qu'elle a pu constater:

1° Que la machine, telle qu'elle est aujourd'hui, est d'un travail grossier, exécuté avec peu de soin;

2o Que la force qu'elle exige actuellement ne demande

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pas moins de deux hommes pour la faire mouvoir consécutivement pendant plusieurs heures;

3o Que deux autres hommes sont également indispensables pour engréner le blé et relever la paille;

4° Que cependant il suffirait d'une femme ou d'un jeune homme pour engréner.

5o Que si l'on substituait des rouages en fonte ou en bois dur et justement compassés, à ceux mal faits qui y sont aujourd'hui, la rencontre des engrénages s'opérant sans choc et sans frottement, la résistance serait beaucoup moindre, un seul homme pourrait la faire marcher facilement, et trois hommes suffiraient alors à son action;

6° Que la quantité de blé qu'elle peut battre dans un temps donné, avec des hommes un peu habitués à ce travail, est de 25 gerbes par heure; soit 250 par journée de 10 heures de travail;

7° Qu'elle peut battre dans le même temps une quantité double d'avoine, d'orge, de sarrazin et d'autres grains à tiges courtes;

8° Que la paille qui a subi son action n'est nullement brisée :

9° Mais qu'elle est mêlée et tournée dans tous les sens, comme si elle avait été secouée à la fourche;

10° Que son action sépare de la tige principale une partie du menu, ou de la fane, qui tombe aux pieds de l'engréneur;

11° Qu'en général elle détache mieux le grain de la menue paille que le battage ordinaire, et qu'après le vannage il reste moins de halo ou revannes, sur le crible;

12° Qu'enfin la confection de cette machine est simple, facile, peu coûteuse, et qu'elle peut être exécutée par tout menuisier, charpentier ou autre ouvrier de ce genre.

Pour avoir des points de comparaison et pouvoir tirer de justes conséquences des faits énumérés ci-dessus, la Commission a dû s'enquérir de la quantité de blé, d'avoine et d'autres grains que peut battre un homme par jour; de la meilleure disposition que doit recevoir la paille battue pour l'usage auquel on la destine, etc., etc. Or, voici les observations qu'elle a recueillies de la part d'hommes compétents:

Avant de déterminer la quantité de blé que peut battre un homme dans un jour, il faut distinguer deux cas: celui où la paille battue est livrée aux moutons comme fourrage, et celui où elle est simplement destinée à faire de la litière. Dans le premier cas, on ne la fait battre qu'au deux tiers ou aux trois quarts seulement; c'est un usage bon ou mauvais, qui peut être serait blåmable; mais notre mission n'étant pas de le critiquer, nous devons simplement le constater; dans ce cas le fléau du batteur n'arrive point jusqu'au pied de la gerbe: il ne descend guère à plus de 40 centimètres au-dessous du maître épi, en sorte que celui des tiges plus courtes reste plein. La fane reste également attachée à la tige, attendu que le fléau ne descend pas assez bas pour l'en détacher, ce qui plaît davantage aux moutons, parce qu'ils trouvent en mêmetemps du grain et de l'herbe dans ce fourrage.

Dans le second cas, au contraire, quand la paille est seulement destinée à servir de litière, aucune raison ne peut porter à y laisser soit du grain, soit des fanes; aussi cherche-t-on à l'en priver entièrement les efforts du batteur doivent tendre vers ce double but, et parce qu'en y laissant du grain il s'expose à la voir couper en tas et réduire en moulinures, si nous pouvons nous servir de cette expression, par les rats et les souris, et parce que le cultivateur a intérêt à retirer de la paille les fanes et 2o Série, TOME II.

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