DÉFRICHEMENTS.

Trois concurrents se sont présentés pour le prix de défrichement M. Mouton, de Damville; M. Suchetet, d'Elbeuf, et M. Dumont, de Bernay.

M. Mouton a mis en culture depuis très-peu d'années plus de 20 hectares de bruyères improductives, situées sur le territoire de Damville et sur celui des Minières.

Vous jugerez de la difficulté de cette opération, Messieurs, lorsque vous saurez que le sol des terrains ainsi défrichés est composé de silex pyromaque, parmi lequel se trouve une quantité d'énormes morceaux de poudding qu'on a été forcé d'enlever au levier et de porter hors des terrains défrichés.

Il a fallu toute l'énergie de M. Mouton pour ne pas se laisser rebuter par un pareil ouvrage.

Ces terrains ont été nivelés autant qu'il a été possible par des labours croisés et de fréquents hersages, et on y vient de récolter de bonnes avoines: du colza bien levé a été semé sur les portions plus récemment mises en culture.

Les défrichements de MM. Suchetet et Dumont sont, pour leur étendue et pour la nature des difficultés vaincues, tellement inférieurs au beau travail de M. Mouton, que la Commission n'a pas balancé à décerner le prix à cet intelligent fermier.

PLANTATION DE BOIS.

Trois concurrents aussi ont disputé le prix pour plantations de bois, savoir:

M. Loisel, directeur des travaux agricoles et forestiers de M. de Clermont-Tonnerre, à Glisolles.

Une étendue d'environ 50 hectares de terrains incultes, ou couverts en partie de bruyère, a été défrichée, pour y pratiquer des semis et des plantations de pins de diverses espèces et des bouleaux.

Ces travaux faits avec soin sur une aussi vaste étendue, font espérer que, dans peu d'années, des bois bien venant garniront les côtes de Glisolles, jusqu'à ce jour privées d'un ornement si utile.

Sur le territoire d'Appetot, dans l'arrondissement de Pont-Audemer, M. Lebœuf d'Osmoi vient aussi d'opérer le défrichement de 20 hectares de mauvais terrains en côte.

Sur une partie on a semé des graines de pin laricio, mais elles n'ont pas levé.

Une autre a reçu les graines du pin maritime et du pin d'Ecosse; ces essences ont mieux réussi.

Quelques rigoles ont été garnies de plant de bouleau qui paraît s'y bien enraciner.

Quinze cents pieds de jeune hêtre doivent couronner ces plantations que M. d'Osmoy compte exécuter successivement pendant quatre autres hivers, à raison de 20 hectares par an.

Enfin, dans la forêt d'Evreux, M. Lefebvre-Meuret, propriétaire d'un des lots de cette forêt, a fait exécuter des regarnissements sur une superficie qu'on peut évaluer à environ 34 hectares. Cette opération n'a pas eu partout le succès qu'on s'en était promis; la bruyère a reparu dans beaucoup d'endroits et étouffé le plant.

Des semis à graine perdue dans la bruyère n'ont pas réussi.

Cependant une plantation de bouleau, entre le hameau des Bruyères et la ferme de la Chapelle, est bien venante

et promet d'améliorer beaucoup cette partie de la propriété de M. Lefebvre-Meuret.

Ces travaux divers ont été faits sous la direction de M. Louis, inspecteur de cette partie de forêt.

Le Jury, après avoir examiné les rapports des commissaires, a donné la priorité aux travaux exécutés par M. Loisel, de Glisolles, qui lui ont paru faits plus judicieusement et sur une étendue bien autrement considérable que ceux de ses deux compétiteurs.

Mais elle mentionne très - honorablement ceux de M. Leboeuf d'Osmoi, et elle espère le retrouver l'année prochaine sur la liste de ceux qui concourront de nouveau pour obtenir le prix.

lci se termine, Messieurs, la partie de ce rapport, relative aux encouragements aux agriculteurs.

Le but d'exciter les progrès agricoles par tous les moyens qui sont à sa disposition, ne serait point complétement atteint, si la Société ne portait son regard sur cette classe intéressante d'agents secondaires qui sont toujours les auxiliaires immédiats de ces progrès, et quelquefois même en sont les auteurs: je veux parler des domestiques ruraux.

Depuis quelques années, on se plaint de la difficulté que les agriculteurs éprouvent à s'attacher de bons serviteurs. L'industrie manufacturière offre à beaucoup d'entre eux des salaires plus élevés, et moins de fatigue; ils quittent le village pour aller accroître la population des villes, et lorsque les travaux de l'atelier se ralentissent, ils deviennent un embarras et menacent souvent la sécurité publique.

Vous avez voulu, Messieurs, récompenser ceux qui résistent à la dangereuse tentation d'abondonner les travaux des champs, et qui continuent de bons et honorables services.

43 d'entr'eux ont produit cette année des certificats

qui fixent leur position relative et leurs droits à vos récompenses, soit par l'ancienneté de leurs services, soit, dans des cas rares à la vérité, par des actes de courage et de dévoùment bien prouvés, qui priment la condition de temps.

La Commission a eu encore cette année à regretter que les certificats continssent aussi peu de détails.

Il est bien à désirer qu'à l'avenir les maîtres précisent davantage les faits qui peuvent militer en faveur de leurs domestiques; car, lorsque la durée du service est à peu près la même, il est difficile de faire un choix qui satisfasse la conscience du jury.

La lecture de la liste de ceux de ces bons serviteurs, à qui la Commission a cru devoir décerner les récompenses, vous fera connaître l'ancienneté de leurs services ou les faits qui les ont fait préférer à des compétiteurs plus

anciens.

Trois cours publics et gratuits ont été professés cette année dans cette enceinte, sous les auspices de la Société, par trois de ses membres.

Un cours d'horticulture, par M. Beaucantin;

Un cours de dessin, par M. Massot;

Enfin, un cours d'anatomie élémentaire, par M. Fortin. La Société est reconnaissante du zèle que ces Messieurs ont déployé, en mettant à la portée de la classe ouvrière des notions utiles.

Un concours a eu lieu entre les élèves du cours de dessin, et entre cinq jeunes jardiniers de cette ville, qui ont suivi avec assiduité le cours d'horticulture.

Des médailles vont être décernées à ceux de ces élèves qui ont été dignes de cet encouragement.

Vous allez entendre proclamer leurs noms.

ENCOURAGEMENTS A L'AGRICULTURE.

Agriculture perfectionnée.

PRIX DE DÉPARTEMENT.

Prix unique M. Pierre-Désiré Coutil, de Villers-surAndelys [Andelys.] (Médaille d'or de 500 francs.)

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Mentions honorables: 1re M. Adolphe Tillard, de la Commanderie [Evreux]; 2e M. Mathieu Mouton, de Damville [Evreux]; Se M. Guéroult, de Capelle - les Grands [Bernay]; 4e M. Edouard Renard, de Fours [Andelys]; — 5e M. Alexandre Legrand, de Guitry [Andelys].

PRIX DES ARRONDISSEMENTS.

ÉVREUX.

1er Prix M. Adolphe Tillard, de la Commanderie. (Médaille d'or de 150 francs).

2o prix: M. Mathieu Mouton, de Damville. (Médaille d'or de 100 francs).

Mentions honorables: 1re M. Michel Buzot, de Courteilles; 2 M. Languet, de Mousseaux, près Damville; 3e M. Pierre Hellard, de Roman.

ANDELYS.

1er Prix: M. Auguste Catheux, de Saussay - la - Vache. (Médaille d'or de 150 francs).

2o prix Mme veuve Poitevin, de Cahaignes. (Médaille d'or de 100 francs.)