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de ses Membres ne se sont pas démentis; et d'un autre côté, nous avons la satisfaction de voir que nos exploitations agricoles tiennent toujours le premier rang dans les récompenses qui sont annuellement décernées à la bonne culture.

Continuons donc, Messieurs, à nous rendre dignes de la mission que nous avons adoptée; mission modeste, mais utile. Les rapports que nous établissons, d'abord avec les cultivateurs de notre arrondissement, puis avec ceux du reste du département, ne peuvent manquer d'avoir des résultats de plus en plus favorables à l'industrie agricole.

Pour qui observe la marche de l'agriculture, il est facile de se rendre compte de ses progrès remarquables. Les instruments aratoires se perfectionnent, les assolements deviennent de plus en plus variés, et le nombre des bestiaux, malgré la rareté et la cherté des fourrages de l'année 1840, s'accroît incessamment; tout annonce que sous ce dernier rapport, la France pourra bientôt se passer des bestiaux de l'étranger, sur lesquels toute diminution de droits d'entrée, quant à présent, serait une mesure désastreuse pour notre agriculture.

De toutes les parties de mon administration, celle concernant les chemins vicinaux a toujours fixé mes soins d'une manière toute particulière, parce que je savais, et nous savions tous, que la facilité des communications, qui est un élément de la civilisation et des prospérités publiques, était devenue, dans cet arrondissement, d'une nécessité indispensable pour l'industrie agricole et commerciale.

Le magistrat qui dirige l'administration de ce département, s'occupe avec un zèle dont nous ne saurions trop le remercier, de cette partie du service public, et chacun de vous est à même d'apprécier le résultat qu'il obtient chaque année. C'est ainsi que l'administration, en s'occu ́pant des intérêts réels du pays, peut obtenir des droits à sa confiance.

Si la mission de la Section générale que j'ai l'honneur de présider, devait se borner à sa principale occupation, l'agriculture, ici, Messieurs, cesserait la mienne; mais les sciences et les arts sont encore des objets de préoccupation pour elle.

Le Conseil général de l'Eure, sur la proposition d'un de ses Membres, a voté une première somme de 1,000 fr. pour élever une statue en bronze au Poussin; nos souscriptions ne se feront sans doute pas attendre.

Déjà la Section des Andelys, qui la première a eu cette heureuse idée, s'était organisée en commission pour poursuivre cette œuvre; mais elle a désiré que le Conseil général sanctionnat son vœu par un vote approbatif; c'est ce qu'il vient de faire dans sa dernière session: la Section l'en remercie très-vivement.

La ville des Andelys, qui a donné naissance au plus célèbre des peintres de l'école française, méritait l'honneur de voir sa statue érigée dans son sein.

Puisqu'un hommage a été rendu à une illustration de notre pays, vous approuverez, Messieurs, que je remplisse un devoir d'affection envers un illustre citoyen, qui manquera désormais à nos réunions, et dont la bonne amitié était si honorable pour moi.

M. Bignon, à qui vous avez donné si souvent des marques de sympathie et de confiance, n'est plus. Sa dernière consolation, avant de mourir, a été de voir les honneurs rendus par le Roi des Français aux cendres impériales; il a vu le jeune prince, qui brille parmi nos meilleurs officiers de marine, venir apporter le glorieux dépôt qu'il était chargé d'aller demander au rocher de Sainte-Hélène ; il a vu le temple des Invalides rempli de gloire et de deuil: ça été sa dernière sortie.

L'émotion de M. Bignon, l'un des plus illustres servi

teurs de l'Empire, a été profonde; peut-être les sentiments qu'il a éprouvés étaient-ils au-dessus de ses forces, presqu'épuisées par une autre douleur.

Il est mort, mais sa mémoire vivra éternellement parmi nous, qui avons pu apprécier son dévoûment à nos libertés, sa constance, sa modération et ses talents dont il a laissé des preuves si nombreuses et si patriotiques. Nos regrets ont été un premier hommage à sa vie glorieuse et utile au pays.

Un autre hommage lui sera rendu par l'un de ses plus dignes amis, qui après avoir été son disciple en politique et l'admirateur de ses vertus, lui a succédé dans la haute mission que lui a confiée cet arrondissement, et qui le remplace aussi dans celle non moins honorable de représentant de deux cantons près de l'administration départementale.

Dans ce dernier hommage, nous en sommes certains, Messieurs, la vie du vertueux citoyen dont nous déplorons la perte, sera dignement appréciée.

Mais passons, Messieurs, à des idées plus consolantes. Nous allons décerner des récompenses aux cultivateurs et à leurs domestiques. Ces récompenses, qui les honorent à jamais, données par la plus stricte impartialité, encourageront tous ceux qui, par leur persévérance dans le bien, par une vie honnête et occupée, aspireront à l'estime de leurs concitoyens.

Nous allons voir paraître de modestes citoyens, d'honnêtes serviteurs, obscurément attachés à leurs devoirs; mais tous auront la certitude que, sous l'empire de nos institutions, le plus humble mérite ne saurait échapper aux louanges et aux récompenses publiques.

SUR

LES TRAVAUX DE LA SECTION GÉNÉRALE DES ANDELYS,

Lu en séance publique, le 12 Septembre 1841,

APRÈS LE CONCOURS AGRICOLE DE VILLERETS,

Par M. Mettais-Cartier,

Secrétaire de la Section.

MESSIEURS,

Le temps n'est pas encore loin de nous où l'agriculture dédaignée, et le cultivateur considéré comme un homme attaché à la glèbe, ne recevaient aucun encouragement; à peine si, à de rares et longs intervalles, apparaissaient quelques génies bienfaisants, que bénissaient nos aïeux et dont ils nous transmettaient les noms avec reconnaissance; c'est à ce titre que nous est connu OLIVIER DE Serres, qui, quoique seigneur de Pradel, serait oublié depuis longtemps, si ses travaux agronomiques ne l'eussent recommandé aux générations à venir par le glorieux surnom de Père de l'Agriculture en France.

Quel changement s'est opéré depuis lors, depuis que l'homme a reconquis la dignité de son être, qu'une sage liberté est venue à jamais planter son drapeau sur le sol de notre belle patrie! l'agriculture, dès ce jour, a repris le rang honorable qu'elle doit occuper dans la société; c'est de ce moment aussi que datent les véritables progrès : de celui surtout où, après 25 ans de gloire, la France écrasée par le nombre de ses ennemis, trahie, mais non vaincue,

dut reporter toute l'activité de son génie vers les arts de la paix.

Le progrès s'annonça rapidement; depuis lors tout a tendu vers le développement des richesses de l'agriculture, secondée par les découvertes des sciences et des arts. La chimie lui apprit à classer les sols, à distinguer les marnes, à mieux distribuer les engrais, à en créer mème de nouveaux; la botanique lui a révélé le secret de l'existence et de la nourriture des plantes, et résolu le problème de la succession des plantes les unes aux autres, suivant qu'elles sont à racines pivotantes ou traçantes, et qu'elles opèrent principalement leur nutrition par leurs racines ou par leurs feuilles; la mécanique a simplifié les instruments aratoires, et appliquant ses immenses découvertes à l'industrie manufacturière, elle a restitué aux travaux des champs une partie des bras qu'elle occupait.

Admirez, Messieurs, cette alliance des arts et des sciences, concourant au développement de la plus noble des professions, de leur sœur aînée, de l'agriculture dont vous célébrez aujourd'hui la fête; c'est ici que vous pouvez en constater les heureux effets; dans cette contrée sont en présence l'industrie manufacturière et l'industrie agricole, toutes deux concourant à la richesse du pays, trouvant l'une et l'autre les moyens de se suffire sans se poser en rivales, grandissant et déployant la splendeur de leur prospérité, ou luttant, dans les temps moins heureux, avec succès contre l'adversité.

Agriculteurs! vous êtes l'espoir du pays, vous en faites la richesse principale: c'est sur vous, sur vos produits qu'il compte dans sa bonne comme dans sa mauvaise fortune. Ainsi le pensait le plus grand génie des temps modernes, NAPOLÉON, que ses ennemis ont pu lâchement faire périr sur un rocher, mais dont le nom emplit le

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