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monde, dont les opinions font autorité, et qui, vainqueur, ne craignant pas de proposer la paix à son implacable et déloyal ennemi, s'exprimait en ces termes sur les ressources de la France, au moment où l'Angleterre espérait la ruine de nos finances « Des finances fondées sur une bonne agriculture ne se détruisent jamais. » (Lettre de Napoléon au roi d'Angleterre, du 2 Janvier 1805.)

Que cette grande pensée soit pour vous, Messieurs, un legs que le grand homme vous a chargés d'exécuter: qu'elle vous anime de ce feu sacré qui fera de la France la plus riche et la plus puissante de toutes les nations.

Tous vous êtes dans une bonne voie, tous vous avez imprimé à l'agriculture une marche ascendante, dont le terme ne peut être calculé. Pour le constater, je n'ai besoin que de vous rappeler le résultat des statistiques agricoles qui ont été dressées par les commissaires désignés pour opérer cette année, et dont le travail se recommande par le soin et la conscience qui y ont présidé.

Vos progrès ne se proclament-ils pas assez hautement par ce prix départemental qui, pour la quatrième fois et sans partage cette année, est venu, non pas récompenser, mais attester votre supériorité sur tous les agriculteurs du département? Soyez fiers de cette distinction, car elle est aussi le signe de l'honneur, c'est l'un de ces titres que l'on est glorieux de pouvoir transmettre à ses enfants; il est noblement acquis: la faveur et l'intrigue ne le font pas obtenir.

La sagesse et l'habileté président à la combinaison de vos assolements, pour assurer les productions en céréales de manière à pourvoir à tous les besoins. L'abondance des fourrages permet d'augmenter le nombre des bestiaux qui est déjà plus que doublé. Espérons-le, désormais nous n'aurons plus à craindre la pénurie des grains qui jeta

trop souvent l'inquiétude et le désordre dans les populations.

La Société a cherché depuis son organisation à stimuler votre zèle: elle n'avait pas de grands efforts à faire sa mission a été promptement comprise, et tous vous vous êtes empressés de seconder ses vues; apôtres du progrès, vous l'avez prêché non-seulement par la parole, mais par l'exemple; les faits ont répondu aux détracteurs des nouvelles méthodes.

Les encouragements offerts aux éleveurs de bestiaux ont aussi produit des résultats. Vous approchez du but que vous vous proposez d'atteindre. Les produits qui ont été présentés sont venus attester que sur ce sol du Vexin l'on peut aussi-bien que partout ailleurs faire de beaux et bons élèves en bestiaux.

Des chevaux, des génisses, des béliers ont été amenés par les cultivateurs qui les ont élevés, tous satisfaisant aux conditions du programme; à la vue des nouvelles conquêtes de l'agriculture de cette contrée, espérez-le, vous cesserez bientôt d'ètre tributaires des départements voisins à votre tour, vous serez un pays de production où l'on viendra réclamer de belles et bonnes races d'ani

maux.

N'avez-vous pas été frappés d'étonnement en voyant ces bœufs magnifiques engraissés dans les herbages de récente création que l'on trouve dans la vallée d'Andelle, animaux qui par la taille et le poids peuvent rivaliser avec les plus beaux produits du pays d'Auge? c'est à l'un de nos honorables collègues, M. Viel, que nous devons l'introduction de ce nouveau genre d'industrie, qui a déjà trouvé des imitateurs; je serai votre interprète en lui votant des remerciments.

Vous n'avez pas été seuls, Messieurs, pour arriver à un

mieux progressif. Plusieurs propriétaires ont compris qu'ils devaient joindre leurs efforts aux vôtres: ils ont amélioré les constructions rurales et ont approprié les anciennes aux besoins de la culture moderne; la Société a cru qu'elle devait décerner une médaille d'honneur aux citoyens qui font un si noble usage de leur fortune; elle ne leur offre pas une récompense, ils ne l'accepteraient pas; ce n'est pas un encouragement, ils n'en ont pas besoin; c'est un témoignage de reconnaissance qui leur est donné, et qu'à ce titre ils s'empressent d'accepter; heureux qu'ils sont de vos succès, parce qu'ils intéressent le pays en général. Aussi vos réunions ont pour eux l'attrait d'une fête de famille à laquelle ils viennent prendre part.

La médaille d'or, pour cette année, a été décernée à M. Louis Quesnel, propriétaire de la ferme d'Hacqueville. Il me reste à vous parler de vos concours. Plus heureux que les autres arrondissements du département, ils n'ont rien perdu de leur importance primitive. Cette année encore, de nombreux concurrents sont venus y prendre part. Ce n'est pas pour vous que le terme de ces solennités approche ceux-là seuls qui ne peuvent en organiser de profitables, doivent en demander la cessation. Dans cette contrée les concours de charrues ont trop de portée pour les abandonner je vous en ai dit les motifs l'an dernier ; qu'il me suffise de répéter cette vérité, que l'opération d'un labourage bien fait importe à toute bonne culture: par cela même vous devez exiger les épreuves du concours de charrues.

Je viens de vous retracer rapidement l'état de l'agriculture de cet arrondissement, les résultats obtenus, vos espérances fondées; je termine en vous rendant un compte sommaire des travaux de quelques membres de la Section. Des observations d'un haut intérêt vous ont été com

muniquées par M. Legrand fils, sur la nécessité d'une loi qui, en organisant sous le patronage du Gouvernement une garantie puissante, serait de nature à atténuer les désastres terribles d'un fléau qui vous a frappés si cruellement en 1839, et qui, il y a huit jours encore, a causé de grands dégâts dans plusieurs parties de cet arrondissement.

Ces observations ont été transmises à la Société centrale. Vous lui avez également adressé le travail de M. Drely, sur l'emploi de la marne dans l'agriculture, sur les terres qui la réclament, et ses effets; notre honorable collègue, mettant à profit des observations faites par lui avec un grand soin, a émis en cette circonstance des idées neuves appuyées sur des faits.

Nous lui devons également des réflexions sur la nécessité du concours des propriétaires et des fermiers pour håter les progrès agricoles.

Toutes ces observations seront insérées dans le Recueil que publie la Société.

Un travail plus vaste et d'une utilité incontestable a été proposé; mais son importance exige le concours d'un assez grand nombre de collaborateurs pour le rendre complet et fructueux; il ne pourra être exécuté que dans le cours de l'année prochaine.

A cela, Messieurs, se bornent les travaux de l'année et le compte-rendu que je devais vous présenter; si ces travaux sont peu nombreux, vous avez au moins la conscience d'avoir appliqué toutes vos forces à propager les bonnes méthodes, et c'est beaucoup quand on sait combien on a de résistance à vaincre, combien il est difficile de faire le bien. Mais vous avez entrepris une tâche que vous saurez toujours accomplir avec zèle et courage.

PRONONCÉ, LE 19 septembre 1841,

AU CONCOURS AGRICOLE D'ÉCARDENVILLE-SUR-EURE,

Par M. Vallon,

Sous-Préfet de l'arrondissement de Louviers,
Président de la Section.

MESSIEURS,

J'assiste avec une satisfaction extrême, dans votre pays où je suis arrivé depuis peu de temps, à cette fête de l'agriculture. Le jour où j'ai été appelé à Louviers, j'ai désiré être membre de la Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres de l'Eure; votre Section m'a conféré sa présidence, en replaçant au bureau les mêmes collaborateurs avec moi. J'en sens tout le prix et je vous en remercie hautement.

Quand on vient en Normandie, Messieurs, on sait que l'on arrive sur une terre riche et savamment exploitée. Quand on y est depuis quelque temps, et que l'on voit vos efforts pour ajouter des titres à cette réputation qui n'enivre pas de bons esprits comme les vôtres, on avoue que tous les progrès incessamment poursuivis sont loin d'être atteints: que, par une admirable loi d'encouragement, les améliorations s'enchaînent et présentent toujours en avant des résultats nouveaux plus faciles à obtenir à mesure que l'on est entré dans leurs voies: que la routine enfin a encore ses préjugés à vaincre. Nous sommes ici pour travailler d'après ces idées, et votre réunion seule sur ce terrain d'épreuve et de concours, prouve vos soins, votre volonté, vos espérances et la certitude de votre but.

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