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nir, l'avenir plein d'obstacles, de périls, qui s'ouvre devant nous de ce côté, le gouvernement français n'aura rien à regretter, rien à retracter, rien à désavouer dans la conduite qu'il a tenu jusqu'ici. S'il n'a pas réussi dans l'oeuvre de pacification qu'il avait entreprise, il a du moins posé par là les bases d'une entente durable entre les puissances médiatrices, les bases d'une conduite commune entre les puissances limitrophes, seul moyen de retablir un jour la paix intérieure, l'ordre moral et social dans cet infortuné pays.

IV.

Extrait des explications données par M. Guizot, président du Conseil et ministre des affaires étrangères, sur les affaires de la Suisse, en réponse aux observations du Comte de la Redorte, dans la séance de la Chambre des Pairs du 15. Janvier 1848.

Avant d'entrer dans la discussion j'ai besoin d'éclairer un fait que M. le Comte de la Redorte a indiqué tout-à-l'heure et de rassurer votre commission et la chambre elle même sur l'emploi qu'elle a fait, dans son projet d'adresse, du mot les cantons Suisses. C'est le mot consacré c'est le mot qui se trouve dans toutes les lettres de créance des ambassadeurs du Roi en Suisse, non seulement des ambassadeurs français, mais aussi de la plupart des ambassadeurs étrangers. Les lettres de créance de M. le Comte de Pontois, de M. le Comte de Bois-le-Comte portent:,,Nous l'avons nommé pour résider près des louables cantons composant la confédération Suisse, avec le caractère d'ambassadeur." Ainsi quand la commission de la chambre se sert du mot cantons suisses elle ne fait qu'employer un terme usité et légal dans nos relations avec la Suisse... Je ne veux point rentrer dans le fond de la question; je tiens encore pour acquis les points de droit et les points de fait établis par mon honorable ami M. le duc de Broglie *)... Depuis 1830 la politique de la France envers la Suisse a été constamment favorable d'une part à l'indépendance de la Suisse au dehors; de l'autre à ses libertés au de*) Voyez la pièce précédente.

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dans, et au progrès de son Gouvernement intérieur. Je n'en veux que deux preuves irréfragables, c'est l'attitude et la conduite que nous avons tenues envers la Suisse dans deux grandes occasions. L'abord en 1830 et 1831 au moment où se sont accomplies ses revolutions intérieures qui ont suivi la nôtre. Ces revolutions ont rencontré notre appui net, décidé, appui qui a contribué à leur assurer la sécurité qu'elles ont promptement obtenue en Europé. Dans la seconde occassion, en 1832 ét 1833, quand il s'agissait de la révision du pacte fédéral, nous avons appuyé, autant qu'il nous appartient, cet exercice légitime du droit de la Suisse dans son propre sein.... L'esprit religieux se reveillait en Suisse de 1815 à 1830 et de 1830 à 1840 avec une extrême vivacité chez les protestans et les catholiques, se revelant chez les uns par des sectes dissidentes, chez les autres par l'activité des corporations religieuses et en particulier des jésuites. A côté de ce réveil de l'esprit réligieux se plaçait le progrés du parti radical. Ce parti est naturellement anarchique, tyrannique, querelleur, et de nos jours irréligieux, profondément irréligieux. La lutte s'est donc promptement declarée entre le parti radical vainqueur dans la majorité des cantons et l'esprit réligieux, actif et ardent dans les autres. C'est là, Messieurs, ce qui a fait la situation actuelle de la Suisse; c'est ce qui nous a obligés à modifier notre attitude en vers la Suisse. Avons-nous pris vis-à-vis d'elle une attitude belligérante? Pas le moins du monde. Au même moment où nous avons senti la necessité de prendre envers la Suisse une attitude d'observation et d'avertisse ment, à ce même moment nous avons rendu hommage au principe de l'indépendance des nations et des gouvernemens étrangers. ... Quand est arrivée l'explosion, quand la conciliation des Suisses entre eux et par eux mêmes a été évidemment impossible, quand les députés des sept cantons dissidents se sout retirés de la diète, nous avons à l'instant provoqué l'action commune des grandes puissances européennes. De toutes, car nous avons mis une grande importance à ce que cette action fût unanime. Il fallait qu'elle fût unanime pour que l'in fluence morale des puissances européennes fût efficace sur la Suisse. Nous avons également recherché cette unanimité par une raison française, dans l'intérêt de notre politique générale. Indépendamment de l'intérêt

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Suisse dans l'unité européenne de l'action, nous avons mis une grande importance à ce que l'Angleterre entrât dans cette action. J'ai fait dés le premier moment des sacrifices pour arriver à ce resultat. Je crois avoir le droit de dire que l'indépendance de notre politique à l'égard de l'Angleterre est maintenant bien prouvée. Mais nous n'en avons pas moins continué, nous n'en conti→ nuerons pas moins à mettre aux bonnes relations, à la bonne intelligence entre la France et l'Angleterre une extrême importance; nous n'en continuerons pas moins à penser que dans les grandes occasions, dans les causes de la civilisation et de la justice, l'action commune de la France et de l'Angleterre est puissante et salutaire pour la paix du monde... Le principal secrétairé-d'etat de S. M. Britannique avait manifesté son opinion et caractérisé sa politique par une depêche que le 9. Juin 1832, il avait adressé au ministre de l'Angleterre près la confédération helvétique avec ordre de la communiquer à la diète. Mon honorable ami, le duc de Broglie, y a fait allusion. (Le ministre den donna lecture). Ainsi en 1832 le sentiment des puissances signataires des traités de Vienne sur la portée de ces traités, sur les droits de la souveraineté cantonale, sur la relation né cessaire établie entre ces droits et da neutralité perpé tuelle de la Suisse, ce sentiment était universellement admis, lets nous pouvions espérer qu'il le serait également dans la circonstance actuelle. Il en a été sautrement; nous n'avons aucun droit de nous en plaindre; un gouvernement est parfaitement le maitre de modifier sa politique; mais lorsque nous avons fait des sacrifices de temps et de langage, pour avoir le concours de l'Angleterre à notre proposition de mediation, afin que par son unanimité elle fût efficace en Suisse, nous avions quelque droit d'espérer ce résultat. Je n'ai aucun repentir des sacrifices que j'ai conseillés au Gouvernement du Roi pour obtenir l'unanimité dont je parle, quoique ces sa→ crifices aient retardé l'offre et par conséquent empêché l'efficacité de la médiation. Je m'en repens d'autant moins que la question suisse me parait bien loin encore d'être terminée. (Suit un tableau de l'état où se trou vait alors la Suisse et de ce qui s'y est passé après la défaite du Sonderbund et l'entrée des troupes fédérales dans la ville de Lucerne; M. Guizot donna aussi lecture de la Protestation du Nonce du Pape en date du 27,

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decembre 1847 qui se trouve imprimée dans notre Nouveau Recueil général Tome XI p. 66. Il termina ses explications par ce qui suit:) Messieurs, croyez-vous que cet état intérieur de la Suisse, croyez-vous que ce soit là l'état régulier de la confédération helvétique et de ses rapports avec l'Europe? Je n'hésite pas à dire non, et à dire qu'un pareil état ne doit pas subsister. Je sais quel est le mal, je ne veux pas dire le vice des sociétés très démocratiques quand elles sont tombées sous le joug des idées et des passions radicales; je sais qu'il est difficile de secouer ce joug; je sais qu'on ne s'y décide guère qu'à la dernière extrémité, et lorsque le mal est devenu si grave, si pressant, si lourd, si scandaleux, que tout le monde le sent et est prêt à succomber sous le poids du fardeau. On finira par le sentir en Suisse.... Il n'y a en Europe dans le coeur d'aucune des grandes puissances, qui traitent cette grande affaire, il n'y a pas l'ombre, il n'y a pas l'apparence même la plus lointaine d'un mauvais dessein, d'un mauvais vouloir contre la Suisse. L'indépendance, la prospérité, la neutralité de la Suisse, sont aujourd'hui, comme en 1815, necéssaires à l'Europe; elles sont desirées et voulues par l'Europe tout entière. La Suisse n'a qu'à rentrer dans l'ordre légal, régulier, établi par les traités, dans le seul ordre qui lui convienne à elle, même comme à l'Europe. Cela depend d'elle. J'ai la confiance que cela arrivera .. mais cela n'arrivera - qu'à la condition que l'entente, l'union, l'action commune de l'Europe seront évidentes aux yeux de la Suisse et donneront aux honnêtes gens la force de faire ce qui doit y être fait en leur en faisant sentir la nécessité.

V.

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Extrait de l'Adresse de la chambre des Pairs en reponse au discours du Trône, présentée au Roi le 19 Janvier par la grande deputation de la chambre.

Nous croyons, avec V. M., que la paix du monde est assurée. Elle est essentielle à tous les gouvernemens et à tous les peuples. Cet universel besoin

est la garantie des bons rapports qui existent entre les Etats. Nos voeux accompagneront les progrès que cha

que pays pourra accomplir dans son action propre et indépendente. Une ère nouvelle de civilisation et de liberté s'ouvre pour les Etats italiens. Nous secondons de toute notre sympathie et de toutes nos espérances le pontife magnanime qui l'inaugure avec autant de sagesse que de courage, et les souverains qui suivent, comme lui, cette voie de réformes pacifiques où marchent de concert les gouvernemens et les peuples.

La paix des cantons suisses, ces anciens et fidèles amis de la France, a été troublée par des discordes intestines. Il est regrettable qu' une médiation bienveillante n'ait pu prévenir la guerre civile. Nous désirons qu'elle ne laisse point de traces funestes, et que les droits de tous soient respectés. La confédération helvétique recounaitra que la situation qui lui est garantie par les traités, conformément à toutes les traditions historiques. est la base de son repos et le gage de securité donné aux Etats voisins.

Sire, la sympathie des nations généreuses reste fidèle à un droit impérissable. Votre Majesté, d'accord avec les sentiments de la France, n'oubliera pas une nation opprimée en faveur de laquelle elle a déjà protesté.

Nous nous felicitons d'apprendre que les espérances, souvent deçues, du rétablissement de nos relations commerciales avec les republiques de la la Plata pourront enfin être réalisées.

Sire, nos princes, vos enfans bien-aimés, animés d'un zêle patriotique, accomplissent, sous la direction de votre gouvernement, les devoirs de serviteurs de l'Etat. L'installation du nouveau gouverneur de l'Algérie vient d'être signalée par un événement heureux. Il avait été préparé par la guerre que son illustre prédécesseur avait conduite avec une habile activité, par la valeureuse constance de notre armée, et par la sagesse prévoyante qui avait présidé à nos rapports avec le Maroc. Une tâche non moins glorieuse reste à votre digne fils. Affermir notre établissement en Afrique, favoriser son développement, veiller avec une calme assiduité à sa securité intérieure, lui assurer une administration juste et regulière, tels sont les bienfaits que la colonie et la mèrepatrie attendent de la sagesse, de la fermeté et des lumières dont il a déjà donné des preuves.

De bruyantes manifestations où se mêlaient aveuglement des idées vagues de reforme et de progrès, des

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