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cette prononciation a laissées dans les parlers modernes, voir M. P., p. 40 ss.

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On distingue ici deux changements différents: ou bien c'est un b (v) qui passe à 1, et dans ce cas la consonne suivante est en général une dentale, ou bien c'est un t, et alors la consonne suivante est une palatale. M. Meyer-Lübke, Gram. I § 538, croit que la consonne qui précède la voyelle atone est devenue spirante avant la chute de cette voyelle. Pour -aticum, on serait par conséquent arrivé à -adego, forme qui se serait déve loppée en castillan à -azgo, en léonais à -algo. Dans dolda, etc., / est d'après M. Meyer-Lübke guttural. Cette dernière hypothèse paraît en effet très probable, puisque la différence entre un u sémi-voyelle et un vélaire n'est pas grande. M. Munthe ne dit rien sur la valeur de cet / dans l'asturien moderne, mais il paraît probable qu'elle est autre que dans -algo, car ces deux phénomènes ne se suivent pas. M. Munthe, Ant. p. 38, aussi bien que M. Braulio Vigón1 donnent des exemples de < b d, mais il n'y a chez M. Munthe aucun exemple de <d—c, et M. Vigón n'en donne qu'un, pielgo, qui peut fort bien n'être qu'un emprunt. Quant à -aticum (et en général t—c), nous ne croyons pas avec M. Meyer-Lübke qu'il faut partir de -adego pour expliquer -algo. Si le phonème était arrivé jusqu'à -adego, il n'est guère probable qu'il eût pris la forme de algo. Et si dans sedecim, etc., où il faut évidemment admettre que l'assibilation du c s'était accomplie avant la syncope, un s'était rencontré avec un s, il est certain que le résultat serait devenu seze (cf. placitum > plazo). Nous croyons par conséquent que algo remonte à adgo, forme qui n'est d'ailleurs pas rare. Dg, étant un groupe peu conforme aux habitudes du langage, a été refondu en léonais sur le modèle des mots contenant un / suivi d'une explosive, tandis qu'en castillan le d passe à l'état de spirante, passage qui n'a pourtant guère eu lieu qu'après la syncope, et qui ne dépend par conséquent pas de la position intervocalique de la dentale.

Parmi les mots de nos documents, énumérés ci-dessus, il faut observer pelgassen, XXXIX 9, dont le thème se retrouve

1 Cf. aussi M. P., p. 41, tout particulièrement les formes mirandaises.

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dans pedgadores, LVI 34. L'étymologie de ces mots doit être pedicare, pedicatores. Dans les dialectes modernes se retrouve un mot pielga à Colunga (Asturies) et à Serradilla (Caceres), pielgo en Salamanca. A Colunga ce mot a d'après Vigón la signification d'une «pieza semicircular, cerrada con una clavija, que se pone en la mano del buey para que no pueda saltar> et, au sens figuré, d'une «persona pesada, importuna.>> Dans les deux passages où nous avons trouvé le mot, il ne peut pas avoir cette signification. Il n'y a que le premier de ces passages qui puisse nous aider à le comprendre. On y dit à propos d'un héritage en litige que «el electo... dio por juizio y mando que Juan Garcia ye sos sobrinos pelgassen aquella heredat de Miguel Esana ye la mostraria al prior de Piascha. ¿ que la partissen por medio». Le sens qui nous paraît le plus naturel, c'est celui de mesurer: le mot serait donc un terme d'arpentage. Le mot latin pedicare n'est pas connu dans ce sens, et pedica n'a pas non plus de signification qui puisse appuyer la supposition d'un dérivé pareil. Mais M. Thomas, R. XXXVI (1897), p. 442, parle d'un mot pie «nom donné en Franche-Comté aux parcelles de l'assolement, aux soles.>> Ce mot existe dans le sud-est de la France du Nord, et dans le Nord-Est de la région provençale y correspond un pea, qui plus loin vers le sud ou l'ouest est remplacé par peazo < pedationem. M. Thomas en conclut que le peda qu'on trouve chez Ducange et d'où dérive pie(e) est le substantif verbal d'un verbe pedare, signifiant mesurer en pieds. Nous supposons que notre pelgar remonte à *pedicare. derivé de ce pedare. Pedgadores signifierait par conséquent arpenteurs. Il ne serait point étonnant de trouver des représentants de ce métier parmi les témoins d'un document tel que le N° LVI.

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Le groupe roman m'n.

40. Le groupe latin mn donne en espagnol . Dans les mots savants, on trouve mn conservé, mais il s'est alors souvent

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introduit un ou un p entre met n: damnado, mais aussi dampnado, dambnado et dabnado. Il en est autrement du groupe roman. En castillan, l'n s'y est changé en r, et un b s'est intercalé entre le m et le r:1 hombre, nombrar.

M. Gessner fait remarquer, p. 10, que les anciens textes léonais paraissent favoriser un autre développement. On y rencontre souvent des formes avec mn: nomne, mansidumne, etc. D'autre part, M. Gessner pense avec raison que le castillan pour arriver à mbr doit avoir passé par mn, et il hésite entre deux façons de comprendre les formes léonaises: ou bien ces formes sont les résultats d'un développement dialectal particulier au léonais, ou bien elles représentent un degré de développement antérieur, dont les traces ont été plus longtemps conservées dans les textes léonais que dans les castillans. M. Gessner est pourtant disposé à voir dans les formes avec mn plutôt un trait dialectal particulier aux régions septentrionales, où l'influence portugaise et provençale aurait empêché, jusqu'à une époque assez avancée, le développement de mn en mbr. — En effet mn est une graphie qui n'est pas rare dans les textes castillans, mais il n'y a pas de doute que cette prononciation ne se soit maintenue beaucoup plus longtemps dans le léonais, et les patois modernes de l'Asturie occidentale et centrale montrent (M. P. p. 42) que mn s'est même en plusieurs endroits changé comme en portugais en m.

Dans nos documents, les mots en question sont généralement abrégés d'une façon qui ne permet pas de savoir au juste quelle était leur vraie forme. C'est ce qui arrive surtout pour le mot hominem (ome, ce). Il y a pourtant un certain nombre de formes écrites en toutes lettres et qui rendent possibles quelques conclusions. Nous les avons réunies dans le tableau suivant.

Tableau statistique.

Groupe I. Doc. IX nomne 1; XIII nomrada 11, firmedumbre 25; XV firmedumbre 47; XVIII omnes 1, nombrado 5, 21; XXIV

1 Cf. Baist Gr. p. 905, Menéndez Pidal Gram. § 59, 1 et Meyer-Lübke Gram. I § 526.

pornonbrado 9; XXVI lumbrera 17, legumbre 20, pornombrado 43; XXXIII sembrada 31, sembre 33; XLI nonbrados 57, alunbrar 62; XLII omnes 1, alumnar 73; XLV ommes 2, nombre 7; XLVII nombrado 6; L pornombrados 30; LVI pernombrado 9; LVII nombre 1, senbrar 17, techumbre 31; LVIII pornombrado 4, 32, 44, 53, nombrado 5, 33, 45, 54; LX nombre 27, costumbre 29, pornombrada 59; LXIII nombre 43, ffirmidumbre 52; LXIV ffirmedumbre 55; LXV ffirmedumbre 65; LXVIII nombre 2, 54; LXXII alumbrar 17.

Groupe II. Doc. XVII nomrados 9, omre 12, 14; XLIII nombrada 10; LV pornomnado 17; LXVII acustumo 23; LXIX nombre 52; LXXI nomne 59, fermedumbre 74; LXXVII nomne

I;

49; LXXIX nomre 1; LXXXI pornomnados 8, firmedumne 44; LXXXII nomne 6; LXXXIII pornomnada 9; LXXXIV pornomnades 8; LXXXVIII nomrado 9; XC nomre 31, 44.

Groupe III. Doc. XIV firmedomne 42; XCIV ome 29; XCVII nomrado 5; XCVIII acustomado 26; C nomrado 7; CI queixumes 7, firmedume 48, costume 85.

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Nous observons d'abord qu'il y a des exemples de la forme en mr, dont M. Gessner ne parle pas (voir doc. XIII 11, XVII 9, 12, 14, LXXIX 1, LXXXVIII 9, XC 31, 44, XCVII 5 et C 7). M. de Lollis croit que mn est devenu mbr sans passer par l'étape mr. Cette dernière graphie, dont M. Gorra2 cite deux exemples tirés d'un document castillan de 1206, n'est pour lui qu'un essai d'ortographe étymologique, une sorte de compromis entre mbr et mn. La rareté des exemples avec mr, dont M. de L. ne paraît avoir rencontré que ceux cités par M. Gorra, le confirme dans cette opinion. Nous ne croyons pas à cette théorie. D'abord les exemples que nous avons réunis et qui appartiennent presque tous au léonais central ou occidental, tandis que le groupe I n'offre qu'un seul exemple analogue, font croire qu'on se trouve en présence d'un phénomène phonétique plus fréquent en léonais qu'en castillan. Ensuite, il nous paraît nécessaire pour expliquer le b de supposer une étape antérieure mr. Sans cela, il faudrait croire que b se soit intercalé entre m et n, 1 Studj di Filologia romanza VIII (1901) p. 371. Lingua e litteratura spagnuo'a delle origini p. 67.

aprés quoi n se serait changé en r. Mais comment expliquer alors l'absence totale de la graphie mbn? Si la graphie mr

est plus richement représentée en léonais qu'en castillan, cela tient à ce que le développement mn > mbr s'est opéré beaucoup plus lentement dans un dialecte que dans l'autre; dans la région la plus occidentale, il n'a même jamais eu lieu.1

Les formes avec mbr se trouvent naturellement représentées surtout dans le groupe I. Mais même dans ce groupe, il y a assez de formes avec mn pour qu'on puisse y voir un caractère dialectal. Doc. XVIII, on remarque omnes à côté de nombrado; dans un cas pareil, il n'est pas nécessaire de comprendre mn comme une graphie représentant mbr, ce que fait M. de Lollis; l'influence castillane pouvait ici comme dans d'autres cas ame

une prononciation double. Dans le groupe II, mn est prépondérant, mais il y a à côté des formes avec mn et mr quelques exemples avec mbr, prononciation qui commençait par conséquent à pénétrer aussi dans le léonais central. Dans le groupe III, enfin, la plupart des formes montrent le développement portugais de mn en m, il n'y a qu'une forme avec mn, firmedomne, et deux avec mr, nomrado.

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Nous devons peut-être faire remarquer ommes du doc. XLV (où l'on trouve aussi nombre). Il est certain que cette forme était très répandue dans l'ancien castillan. M. de Lollis, 1. c., la fait dériver du nominatif homo par la voie savante. Ce serait d'abord dans le langage juridique qu'aurait pris naissance cette forme, répondant au nominatif si fréquent dans les formules latines. M. de Lollis croit aussi pouvoir constater que la forme en question est particulièrement fréquente dans les textes du genre du Fuero Fuzgo et des Siete partidas. Quant au pluriel, on l'aurait formé par l'addition simple d'un s au singulier home. En tout cas, la vie de cette forme n'aurait été que pour ainsi dire artificielle, et la concurrence de la forme populaire hombre l'a bientôt fait disparaître.

1 M. P. p. 42.

2 Cf. Gessner p. 11, note.

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