Immagini della pagina
PDF
ePub

"

tiers des Carthaginois et ceux des Numides, l'intervalle qui séparait le camp d'Asdrubal et celui du roi, la disposition des postes et des gardes, afin de s'assurer si la nuit ou le jour serait plus favorable à la surprise que l'on méditait. Comme les pourparlers devenaient plus fréquens, Scipion envoyait, chaque fois, de nouveaux émissaires, afin que tous les détails du camp fussent connus d'un plus grand nombre de Romains. Après des conférences prolongées, qui, de jour en jour, avaient donné à Syphax, et par suite aux Carthaginois, des espérances de paix plus positives, les députés romains déclarent au Numide, « que Scipion leur a défendu de revenir sans rapporter une réponse précise; qu'ainsi il la leur donne, si déjà il a pris son parti; ou, s'il a besoin de consulter Asdrubal et les Carthaginois, qu'il le fasse promptement. Le temps est venu, ou de conclure la paix, ou de continuer la guerre à outrance. » Pendant que Syphax consulte Asdrubal, et qu'Asdrubal renvoie à Carthage, les espions eurent le loisir de tout examiner, et Scipion celui d'achever ses préparatifs. D'ailleurs, la sécurité, l'espoir d'une paix prochaine, avaient ôté toute défiance aux Carthaginois et aux Numides, et ils étaient loin de redouter alors aucun acte hostile. Enfin la réponse arriva, et comme les Romains paraissaient désirer vivement la paix, ou avait saisi cette occasion d'ajouter certaines clauses dont la rigueur fournit fort à propos à Scipion le prétexte qu'il cherchait de rompre la trève. Il dit donc à l'envoyé du roi qu'il en délibèrerait avec son conseil, et, le lendemain, il rendit cette réponse : Malgré tous les efforts qu'il avait seul tentés, personne autre n'avait été d'avis de faire la paix. L'envoyé pouvait donc déclarer à son maître, que le seul moyen d'avoir

ducias, ut libera fide incepta exsequeretur: deductisque navibus (et jam veris principium erat) machinas tormentaque, velut a mari adgressurus Uticam, inponit. Et duo millia militum ad capiendum, quem antea tenuerat, tumulum super Uticam mittit simul ut ab eo, quod parabat, in alterius rei curam converteret hostium animos; simul ne qua, quum ipse ad Syphacem Asdrubalemque profectus esset, eruptio ex urbe et inpetus in castra sua, relicta cum levi præsidio, fieret.

V. His præparatis, advocatoque consilio, edicere exploratoribus jussis, quæ comperta adferrent, Masinissaque, cui omnia hostium nota erant; postremo ipse, quid pararet in proximam noctem, proponit. Tribunis edicit, ut, ubi, prætorio dimisso, signa concinuissent, extemplo educerent castris legiones. Ita, ut imperaverat, signa, sub occasum solis, efferri sunt cœpta; ad primam ferme vigiliam, agmen explicaverunt : media nocte (septem enim millia itineris erant), modico gradu ad castra hostium perventum. Ibi Scipio partem copiarum Lælio, Masinissamque ac Numidas, adtribuit; et castra Syphacis invadere, ignesque conjicere jubet. Singulos deinde separatim, Lælium ac Masinissam, seductos obtestatur, « ut, quantum nox providentia adimat, tantum diligentia expleant curaque. Se Asdrubalem punicaque

les Romains pour alliés était d'abandonner la cause de Carthage. >> Aussitôt il rompt la trève, afin de poursuivre de bonne foi l'exécution de ses desseins, remet ses navires à flot, car le printemps commençait, et embarque toutes ses machines de guerre, comme pour attaquer Utique par mer. En même temps, il détache deux mille hommes avec ordre de s'emparer de l'éminence qui domine la ville, et que déjà il avait occupée. Ces mouvemens avaient le double but de donner le change à l'ennemi sur son véritable projet, et, tandis qu'il marcherait en personne contre Syphax et Asdrubal, d'empêcher les assiégés de tenter une sortie et une attaque contre son camp où il ne laissait que peu de forces.

V. Quand il a tout préparé, il assemble son conseil, ordonne à ses explorateurs d'y rendre compte de leurs découvertes, consulte Masinissa qui connaissait à fond les habitudes, le caractère de l'ennemi, et déclare enfin lui-même le projet qu'il médite pour la nuit suivante. Il recommande aux tribuns de faire sortir du camp les légions, au premier signal donné, à l'issue du conseil : d'après cet ordre, l'armée se met en mouvement, au coucher du soleil. Vers la première veille de la nuit, elle se range en bataille, et à minuit, après une marche de sept milles, elle arrive, au petit pas, au camp des Africains. Alors Scipion donne à Lélius une partie des troupes, et le charge, ainsi que Masinissa et les Numides, d'attaquer

le

camp de Syphax et d'y mettre le feu. Ensuite il prend à part Lélius et Masinissa, et les conjure, chacun séparément, « de remédier à la confusion inséparable d'une expédition nocturne, par une vigilance, par un soin extrême. Il se réserve d'attaquer Asdrubal et les Carthaginois; mais il ne commencera, que lorsqu'il aura vu en

castra adgressurum. Ceterum non ante cœpturum, quam ignem in regiis castris conspexisset. » Neque ea res morata diu est; nam, ut proximis casis injectus ignis hæsit, extemplo proxima quæque, et deinceps continua amplexus, totis se passim dissipavit castris. Et trepidatio quidem, quanta necesse erat, in nocturno effuso tam late incendio orta est : ceterum, fortuitum, non hostilem ac bellicum, ignem rati esse, sine armis ad restinguendum incendium effusi, in armatos incidere hostes, maxime Numidas, ab Masinissa, notitia regiorum castrorum, ad exitus itinerum idoneis locis dispositos. Multos in ipsis cubilibus semisomnos hausit flamma: multi in præcipiti fuga, ruentes super alios alii, in angustiis portarum obtriti sunt.

VI. Relucentem flammam primo vigiles Carthaginiensium, deinde excitati alii nocturno tumultu quum conspexissent, ab eodem errore credere et ipsi sua sponte incendium ortum; et clamor inter cædem et vulnera sublatus, an ex trepidatione nocturna esset, confusus, sensum veri adimebat. Igitur pro se quisque inermes, ut quibus nihil hostile suspectum esset, omnibus portis, qua cuique proximum erat, ea modo, quæ restinguendo igni forent, portantes, in agmen romanum ruebant. Quibus cæsis omnibus, præterquam hostili odio, etiam ne quis nuncius effugeret, extemplo Scipio neglectas, ut

feu le camp de Syphax. » Il n'attendit pas long-temps; car la flamme, mise aux premières cabanes, gagna rapidement de proche en proche, et se communiqua bientôt dans tout le camp. Le désordre fut tel que devait le causer un incendie nocturne répandu si loin en peu d'instans. Cependant les Barbares, qui l'attribuaient au hasard plutôt qu'à une ruse de guerre, accourent sans armes pour l'éteindre, et rencontrent les ennemis bien armés, surtout les Numides, que Masinissa, instruit des localités, avait postés habilement à toutes les issues. Le feu en étouffa un grand nombre à demi endormis dans leurs lits plusieurs, précipitant leur fuite, et tombant les uns sur les autres, furent écrasés aux passages trop étroits des portes du camp.

VI. Frappés de la lueur des flammes, les sentinelles des Carthaginois, et ceux que le bruit avait réveillés en sursaut, tombèrent dans la même erreur, et crurent eux aussi que le feu avait pris par accident; et l'idée que les cris des soldats égorgés ou blessés provenaient d'un tumulte nocturne, empêchait entièrement de distinguer la vérité. Aussi, dans leur empressement, ils se précipitent sans défiance par toutes les issues qu'ils rencontrent, sans porter d'autres armes que celles qu'on emploie contre les incendies, et viennent heurter contre les troupes romaines. Ils sont tous massacrés, par haine nationale, et plus encore par crainte qu'un seul ennemi ne répande l'alarme en fuyant. Les portes du camp d'Asdrubal se trouvaient abandonnées, comme il arrive

« IndietroContinua »