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omnibus corporis sensibus quos numeramus; sed illi sunt quibus numeramus, nec imagines istorum sunt, et ideo valde sunt. Rideat me ista dicentem qui eos non videt, et ego doleam ridentem me. Et dans son livre de l'Immortalité de l'Ame (chap. 40): Ea quæ intelligit animus, quum se avertit a corpore, non sunt profecto corporea, et tamen sunt maxime quæ sunt, nam eodem modo semper sese habent. Nam nihil absurdius dici potest, quam ea esse quæ oculis videmus, ea non esse quæ intelligentia cernimus.

M. Arnauld prétend aussi qu'il n'est pas nécessaire que l'esprit soit uni à son objet immédiat. Selon lui, c'est un préjugé; car, selon lui, la réalité objective n'est que la modalité de l'âme. Et saint Augustin continue: Hæc autem quæ intelliguntur eodem modo esse habentia, quum ea intuetur animus, satis ostendit, se illis esse conjunctum miro quodam eodemque incorporali modo, scilicet non localiter. En un mot, il faut que M. Arnauld, qui est si prodigue en citations, ait la mémoire du monde la plus malheureuse pour avoir avancé que saint Augustin n'a pas cru qu'on vit en Dieu d'autres vérités que de morale, et qu'il ne s'est point expliqué sur la manière dont on voyait ces vérités; car il n'y a rien dont saint Augustin parle tant dans ses ouvrages de philosophie, où il établit ses principes. Je crois que seulement dans son second livre du Libre arbitre, depuis le chapitre 8 jusque vers la fin, il condamne plus de vingt fois le sentiment de M. Arnauld. Chose étrange que le chagrin de M. Arnauld lui ait fait oublier ce qu'il a traduit autrefois dans les Confessions de saint Augustin et dans le Livre de la véritable Religion.

IX. Afin, Monsieur, que vous découvriez plus clairement la quatrième et dernière méprise où M. Arnauld est tombé dans une seule période de sa critique, il faut que je vous la répète encore tout entière: « Ce sont ces vérités de morale que saint Augustin dit souvent que nous voyons en Dieu; mais comme il ne s'est point expliqué sur la manière dont nous les voyons, cela ne peut servir à cet auteur (je viens

de répondre à tout cela), qui a même été assez sincère pour ne se point prévaloir de l'autorité de ce saint, parce qu'il n'était pas de son opinion. »> «< Car nous ne disons pas ', << dit-il, que nous voyons en Dieu en voyant les vérités éter<< nelles, comme le dit saint Augustin, mais en voyant les « idées de ces vérités. Car l'égalité entre les idées, qui est la «< vérité, n'est qu'un rapport qui n'est rien de réel. »

Je réponds à M. Arnauld que je n'ai point la fausse sincérité qu'il m'attribue, et que j'ai toujours cru et soutenu que saint Augustin était de mon opinion à l'égard de la manière dont on voit en Dieu les vérités géométriques et métaphysiques, aussi bien que celles de morale. M. Arnauld se trompe fort d'avoir cru le contraire; mais il ne prend pas garde à ce qu'il fait, d'apporter le passage qu'il cite de la Recherche de la Vérité, pour preuve que je n'ai pas sur cela le même sentiment que saint Augustin. Selon ce passage même, saint Augustin prétend que l'on voit Dieu en quelque manière lorsqu'on voit les vérités éternelles. Et moi je dis dans ce même passage, qu'on voit Dieu en quelque manière lorsqu'on voit les idées de ces vérités. Voilà la différence qui, selon ce passage de la Recherche de la Vérité, est entre le sentiment de saint Augustin et le mien. N'est-il pas visible que toute cette différence ne consiste que dans la manière d'expliquer une même chose; et que nous convenons saint Augustin et moi, que l'on voit en Dieu les vérités éternelles? Pourquoi donc M. Arnauld dit-il, « que je suis assez sincère pour ne me point prévaloir de l'autorité de saint Augustin, parce qu'il n'était pas de mon opinion? » Et pourquoi cite-t-il un passage qui dit tout le contraire de ce qu'il prétend prouver? N'est-ce point que lorsqu'on renonce à la raison, que l'on combat ses pouvoirs, qu'on ne la veut point pour son maître, qu'on lui substitue des modalités qui ne sont que ténèbres, ou représentatives de sentiments confus, elle nous

Recherche de la Vérité, chap. 6 de la deuxième partie du troisièm

livre.

abandonne à nous-mêmes? Car enfin, Monsieur, combien de méprises en peu de paroles, et de quelle grosseur serait un volume, si j'examinais en particulier tout l'ouvrage de M. Arnauld, qui certainement est composé avec la dernière négligence, où il n'y a rien de solide ou de vraisemblable à dire contre ce sentiment, « qu'on voit en Dieu ou dans la raison universelle toutes les choses que l'on connaît, ou dont on a des idées claires. >>

CHAPITRE XXII.

Réponses aux vingt-unième et vingt-deuxième chapitres.

I. Je ne crois pas devoir rien répondre à M. Arnauld sur son vingt-unième chapitre, où il prétend faire voir que je me suis expliqué confusément sur les quatre manières dont on voit les choses; si ce n'est que quand on se met un peu sur le tard à philosopher, on ne prend pas facilement le sens de ceux qui méditent; et que cela même est moralement impossible, quand le chagrin est de la partie.Car je n'ai encore vu personne accoutumé à la méditation, qui ne conçût distinctement et sans peine les quatre manières dont je dis dans la Recherche de la Vérité, qu'on peut connaître les choses. Mais il n'y a rien qu'on ne trouve confus quand on n'a pas l'esprit net, et il ne peut rien venir de bon de ceux que nous n'aimons pas, principalement quand l'imagination est excitée et que les passions sont en mouvement. Car c'est une propriété essentielle aux passions de répandre leur malignité sur les objets qui les excitent, pour la même raison que les sens attachent, aux objets qui les frappent, les qualités sensibles dont ils sont touchés à l'occasion de ces mêmes objets. Les passions n'ont point de meilleur moyen pour justifier leur déréglement et leur injustice. Ceux qui auront lu et bien conçu la Recherche de la Vérité jugeront si j'ai tort de répondre ainsi cavalièrement au vingt-unième chapitre de M. Arnauld, et si cette réponse ne suffirait pas même pour les chapitres qui suivent

jusqu'à la fin de son livre. Vous l'allez voir, Monsieur, en partie dans un examen plus particulier de son vingt-deuxième chapitre, dans lequel il prétend prouver, que selon mes principes, j'ai dû dire que nous voyons notre âme en Dieu et par son idée. Voici comme il raisonne :

II. Selon mon sentiment, les idées de toutes choses sont en Dieu, et je connais en elle les créatures, parce que Dieu me les découvre. « Or, dit M. Arnauld, l'idée de notre âme n'est-elle pas en Dieu, aussi bien que celle de l'étendue? Et ce qu'il y a en Dieu qui représente notre âme, n'est-il pas aussi spirituel, aussi intelligible et aussi présent à l'esprit que ce qui représente les corps? Et il est même sans difficulté que ce qu'il y a en Dieu qui représente notre âme, qui a été créée à son image et à sa ressemblance, parce qu'il a voulu qu'elle fût comme lui une nature intelligente, est plus propre à faire que notre âme se puisse voir en Dieu, que ce qu'il y a en lui qui représente les corps, qui, ne pouvant être qu'éminemment et non pas formellement étendu, figuré, divisible, mobile, ne peut être propre à les faire voir à notre esprit, qui les doit concevoir étendus, figurés, divisibles, mobiles. Pourquoi donc, si notre âme voyait les corps en Dieu, ne s'y verrait-elle pas elle-même ?

<«< Tout ce que peut dire cet auteur, est que Dieu n'a pas voulu découvrir à notre âme ce qui est dans lui qui la représente, au lieu qu'il veut bien lui découvrir ce qui est dans lui qui représente les corps. Mais qui lui a appris que Dieu veut l'un et qu'il ne veut pas l'autre ? N'appréhendet-il point, en mettant comme il lui plaît ces inégalités dans la conduite de Dieu, ce qu'il témoigne appréhender si fort en d'autres rencontres, qu'elle n'ait pas assez les caractères qu'il prétend se devoir toujours rencontrer dans la conduite de l'Etre parfait, qui est d'être uniforme, constante, réglée? Car y pourrait-on trouver de l'uniformité si, au regard de la même âme à qui il a bien voulu être intimement uni, il lui découvrait celles de ses perfections qui représentent les plus

viles de ses créatures, savoir les choses matérielles, en lui cachant celles qui représentent les plus nobles, savoir les spirituelles? Quelle uniformité pourrait-on trouver en cela? » RÉPONSE. III. Paraît-il, Monsieur, par ce discours, que M. Arnauld sache seulement distinguer entre connaître et sentir, entre avoir l'idée claire d'une chose ou le sentiment confus? « L'idée, dit-il, ou l'archetype de l'âme est en Dieu, aussi bien que celle du corps. Pourquoi donc ne voyons-nous pas l'âme en Dieu et par son idée, aussi bien que nous connaissons l'étendue qui la représente? » La réponse est facile. C'est que nous ne connaissons pas même notre âme, et que nous n'en avons qu'un sentiment intérieur et confus. Si nous la connaissions aussi clairement que l'étendue, nous la connaîtrions en Dieu, qui seul est lumière, en qui toutes choses sont lumière, et hors de qui l'âme, quoique spirituelle, est entièrement inintelligible à elle-même. Nous la connaîtrions par l'idée sur laquelle elle a été formée, et dans laquelle, quoique nous n'eussions jamais senti la douleur, nous découvririons clairement que nous en pourrions sentir de même que Dieu connaît la douleur et toutes les qualités sensibles sans les sentir. Mais nous ne pouvons pas sentir en Dieu la douleur, où elle n'est pas sentiment confus, mais lumière intelligible; nous ne pouvons la sentir qu'en hous-mêmes, par l'action néanmoins de celui qui seul a la puissance de nous la faire sentir, et qui en cela ne nous communique point sa sagesse et sa lumière.

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IV. « Qui m'a appris, dit M. Arnauld, que Dieu veut que je voie l'étendue par son idée et non pas l'âme ? » Je lui réponds que pour moi je suis sûr que j'ai intelligence de l'étendue, et qu'en contemplant l'idée des corps j'y découvre clairement qu'ils peuvent être ronds, carrés, pyramidaux, etc. Je puis méditer éternellement sur les rapports de l'étendue, et découvrir sans cesse de nouvelles vérités en contemplant l'idée que j'en ai; mais je sens fort bien que je ne puis faire le même de l'âme. Je ne puis, quelque effort que je fasse,

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