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de ses affections et des forces qui l'assiégent, mais elle reconnaît aussi les lois de la pensée et de la logique.

Ceux qui ne voient dans les affaires humaines que le jeu des passions et des circonstances extérieures tombent nécessairement dans le scepticisme: l'histoire les désespère ou les divertit selon leur humeur; mais elle ne peut ni les convaincre, ni les exalter, ni les soutenir.

Ceux qui au contraire ne sont préoccupés que de la loi nécessaire et cherchent pour ainsi dire à deviner d'un seul coup le secret de la mécanique sociale, rompent violemment avec le passé, car ils estiment que jusqu'à eux l'humanité s'est grossièrement abusée; pour eux l'histoire est un scandale, une folie.

L'idéalisme social que nous concevons

échappe à ces deux contresens; d'une part il reconnaît dans les choses humaines la présence d'une nécessité divine, et de l'autre il ne confond pas la vérité géométrique et la vérité morale.

L'opinion irréfléchie qui bannit de l'histoire les lois générales n'a guère besoin aujourd'hui de réfutation; mais la confusion de la vérité géométrique et de la vérité morale est plus dangereuse, car elle fausse et pervertit de nobles efforts.

Dans l'ordre géométrique tout se démontre, parce que tout se calcule et se mesure, et la science produit une certitude qui porte toujours avec elle sa démon

stration.

Dans l'ordre moral l'esprit conçoit, il induit, il croit, et la science produit une

certitude qui, pour exister, ne peut se passer ni de foi, ni d'espérance.

Si vous portez dans l'ordre moral les exigences de l'ordre géométrique, vous, le détruisez tout entier, et vous douterez de tout, parce que vous serez dans l'impuissance de rien affirmer mathématique

ment.

C'est ne pas consentir à la nature et à la grandeur de l'humanité que de n'accorder le nom de vérité qu'aux choses qui se démontrent, se mesurent et se pèsent. Au surplus, l'humanité elle-même proteste par ses actes contre cette opinion, car elle ne pas seulement de raisonnement et de démonstration; elle vit surtout par l'intelligence et par la foi.

vit

L'union de l'intelligence et de la foi constitue les grands systèmes métaphysi

ques et religieux qui, d'époque en époque, ont servi d'appui aux destinées de l'humanité. La conception, la divination, le désir et la foi concourent à former la vérité morale qui nourrit le genre humain.

Reprocher à l'idéalisme d'être destitué de la certitude mathématique, est d'un esprit peu scientifique. La religion et la philosophie sont en dehors des formules logiques par lesquelles nous nombrons et mesurons les choses.

L'intelligence humaine dont la loi est l'unité, et qui dans son essence est égale à l'intelligence divine, se développe à travers les temps; et le mode de ce développement est à la fois logique et passionné, inégal et nécessaire. L'intelligence humaine est complète dans chaque siècle et dans chaque nation; seulement parmi

ses aptitudes quelques-unes peuvent être supérieures ou médiocres dans un point du temps ou de l'espace. Mais l'ensemble du travail humain s'accomplit sous une loi nécessaire de progrès et de triomphe : l'humanité ne marche pas au néant, mais à la gloire. Nous nous attachons à l'histoire, parce qu'elle nous présente à côté des malheurs et des vices de l'homme ses prospérités et ses grandeurs, parce que la comédie finit toujours par y devenir héroïque, parce que l'action, si compliquée qu'elle soit par les mauvais instincts et les passions comiques, aboutit toujours à une leçon. Nous sommes dévoués à la cause de l'idéalisme et de la philosophie, parce que nous croyons à l'unité de la pensée humaine, qu'elle s'appelle religion ou métaphysique, qu'elle se développe dans Memphis ou en Judée, à Alexandrie ou dans Athènes, à Berlin ou à Paris. Unité dans le point de départ et dans le

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